J'extrais ce passage, car c'est une prise de conscience que je traverse.*Eulalie* a écrit : ↑vendredi 15 avril 2022 à 20:21 car je suis bien obligée de constater que les autres personnes HPI que je connais, et qui sont bien plus douées que moi, n'ont pas mon besoin démesuré de silence et de solitude, ni mes difficultés sociales (j'ai cherché en long, en large et en travers sur Internet si ce besoin démesuré de silence et de solitude était une caractéristique du HPI, et je n'ai à peu près rien trouvé).
J'ai arrêté mes études après le master, alors que je voulais continuer.
J'ai "vu" les autres réussir les concours, faire un doctorat, trouver un emploi dans un domaine autre que notre domaine d'études.
Moi, je n'ai enchaîné que des échecs et je suis devenu un marginal sans activité (RSA).
Longtemps, j'ai pensé que, quelque part, eux aussi, ils souffraient socialement de faire ces études.
J'ai mis bien plus longtemps à accepter que ce n'est pas le cas et que rien dans ces études ne créée des difficultés sociales. Je ne parle même pas des difficultés d'attention, qui ne concernent pas le forum.
Ces difficultés sont les miennes, elles ne sont pas systématiques pour tous les étudiants de cette discipline. Elles ne viennent pas des études. Je souffrais depuis le début d'handicaps non diagnostiqués.
Pour sauver mon estime de moi-même, je me suis inventé des excuses pour ne pas voir mes difficultés de compréhension sociale (notamment la difficulté à distinguer le sérieux de l'humour dans les propos d'autrui). Aujourd'hui encore, je découvre l'ampleur du problème, parce que je refuse de voir le problème en face. Je considère chaque situation où cela arrive comme "anecdotique", "non mais c'est parce que... pas le bon lieu, le bon moment, la bonne personne", "ils sont juste trop cons", "ils sont méchants".
Une de ces excuses, c'était l'intelligence. Il n'en est vraiment rien. Il y a des gens intelligents parfaitement adaptés socialement. L'intelligence aide à l'adaptation sociale.
Notre problème (celui de ceux qui sont concernés par le TSA) est indépendant de l'intelligence.
Nous ne sommes pas trop intelligents pour être adaptés socialement.
C'est une prise de conscience douloureuse, parce que cela veut dire que je suis vraiment handicapé, et non seulement soit différent soit incompris. Il y a des tas de gens avec qui je ne pourrais jamais être ami ou en couple, parce que la communication ne passe pas. C'est aussi simple que ne pas arriver à avoir une conversation sans accroc toutes les dix secondes avec les plus normaux. Je suis limité, amoindri, restreint dans mes possibilités de création de relations sociales.
Je veux demain ne plus vivre caché, parce que je veux éviter de ressentir, une fois de plus, la honte de ne pas avoir compris.