Une recherche co-menée par une personne autiste, Monique Botha, explore la manière dont les personnes autistes perçoivent leur identité et gèrent la stigmatisation associée à l'autisme.
Vingt personnes autistes âgées de 21 à 62 ans ont été interviewées, voici les résultats :
𝟭. 𝗜𝗱𝗲𝗻𝘁𝗶𝘁é 𝗲𝘁 𝗮𝘂𝘁𝗶𝘀𝗺𝗲
Les participants considèrent l'autisme comme une composante fondamentale, et indissociable, de leur identité. Loin de le percevoir comme un défaut, ils le décrivent comme une caractéristique intrinsèque et neutre, semblable à un trait comme la latéralité (gaucher/droitier).
« L'autisme n'est pas une maladie ; c'est juste un câblage cérébral différent. » – (Polly, 32 ans, Britannique, blanche, femme, diagnostiquée)
Iels rejettent également l'idée que "tout le monde est un peu autiste".
𝟮. 𝗦𝘁é𝗿é𝗼𝘁𝘆𝗽𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝘀𝘁𝗶𝗴𝗺𝗮𝘁𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻
Les participant·e·s décrivent un conflit entre leur perception neutre ou positive de l’autisme et la vision négative dominante, qui l’associe souvent à une déficience.
Les participant·e·s décrivent le stéréotype de la personne autiste comme celui d'un enfant, généralement un garçon blanc peu verbal.
𝟯. 𝗚𝗲𝘀𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝘀𝘁𝗶𝗴𝗺𝗮𝘁𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻
Les participant·e·s mettent en place les stratégies suivantes :
- Dire ou ne pas dire : iels oscillent entre le risque d’être jugés sur leur autisme s’ils en parlent, ou sur leur comportement s’ils n'en parlent pas. Beaucoup ont également évoqué la pression intense pour dissimuler leurs traits autistiques afin de correspondre aux attentes sociales. De plus, lorsqu’iels font leur coming-out, iels sont souvent confronté·e·s à la minimisation ou au déni de leur diagnostic.
- La réappropriation du langage : iels privilégient l'expression "autiste" plutôt que "personne avec autisme", pour souligner que l'autisme est une partie intégrante de leur identité.
- La recontextualisation : iels contestent les visions négatives de l'autisme en partageant leur propre perspective. Le coming-out est parfois un acte militant qui permet de challenger la façon dont l’autisme est perçu.
Autre chose qui m'a marquée : les participant·e·s soulignent aussi que ça n’est pas l’autisme qui cause de la souffrance, mais le fait de vivre dans un monde neurotypique, ce qui engendre isolement, discrimination et victimisation. C’est ce que je dis systématiquement dans mes conférences !
Cette étude renforce l'importance de repenser l'autisme à travers le prisme de la neurodiversité et de l'inclusion.
Source : https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10. ... le-content