Cool, merci pour le partage !
freeshost a écrit : ↑jeudi 3 octobre 2024 à 19:24Bon, rajoute un
e (avec des écritures comme
grandE,
grand_e,
grand.e, etc.) renforce la vision binaire (deux genres : un masculin et un féminin), non ?
Si on veut se développer non binaire, on peut utiliser le substantif personne :
les personnes professionnelles, par exemple.
Nous sommes des personnes diverses. Ne rêvons pas d'homogénéité.
Non, elle ne la renforce pas ; l'écriture inclusive offre effectivement deux options binaires (une de plus que le traditionnel masculin par défaut, afin de mettre le féminin au même niveau) mais ne renforce pas la binarité, puisqu'elle propose tout autant une troisième option non-binaire. Y'en a pour tous les genres en gros.
Après, la binarité n'a rien de mauvais en soi ; pour beaucoup de personnes elle a une importance dans leur identité et elle compte dans la défense des droits des personnes trans (qui rentrent pour beaucoup dans la binarité masculin/féminin comme les personnes cis, bien que certaines soient non-binaires ou autres).
Elle n'est juste pas l'unique façon d'être. Et on peut tout à fait admettre la binarite ET la non-binarité en même temps.
Je vois parfois des personnes (réfractaires au progrès social) s'imaginer que le progrès veut se débarrasser de toute notion de genre binaire, voire de genre tout court... Euh, non hein, le but c'est juste d'élargir le champ des possibles, pour les gens qui ne sont ni hommes ni femmes, ou les deux, ou d'un genre différent de celui assigné à la naissance. Ce sont juste des options en plus de ce qui est déjà admis par défaut, et qui finalement n'en sont pas si éloignées — ça reste dans le même registre.
(Plus exactement : il n'y a pas réellement besoin "d'élargir" ce "champ des possibles", la diversité existe déjà depuis longtemps ; le challenge, c'est que ça devienne un acquis.)
Et je suis d'accord sur l'emploi de formules neutres (
personnes par exemple comme tu dis est pas mal pour ça ; ou
gens quand il n'y a pas d'accord genré ensuite ; je ne me soucie pas non plus de l'écriture inclusive quand les mots ne concernent pas directement des personnes humaines
[donc pas pour les animaux, les objets, les concepts, etc.], ce qui limite donc également son utilisation).
D'accord aussi sur la dernière phrase.
(J'ai que ça en drapeaux sorry les autres ! )
rekkan a écrit : ↑jeudi 3 octobre 2024 à 20:23La non-binarité n'est pas reconnue officiellement et l'écriture inclusive en passe d'être interdite.
Pour répondre à plus haut, oui, c'est bien la vidéo concernée.
Heureusement que les personnes non-binaires ne se basent pas sur une reconnaissance officielle/légale/administrative/etc. pour être qui iels sont et exister.
Non parce que, l'homosexualité — vu que c'est le sujet à la base —, était classée en France comme un trouble psychiatrique
jusqu'en 1992 (et ce n'est
qu'en 1982 que les dernières discriminations pénales ont été abrogées : majorité sexuelle plus tardive et aggravation des peines en cas « d’attentat aux mœurs sur mineurs » — parce qu'apparemment c'était moins grave entre personnes adulte et mineure de genres opposés).
L'homosexualité n'était pas valide avant du coup, elle n'existait pas en tant que telle ? Ou alors la reconnaissance officielle (bien qu'elle soit un droit important) ne change rien à l'existence des personnes ?
(Je précise, car je sais que de prime abord je semble m'éloigner de ce qui a été dit, que notre ami cité ci-dessus a pris plusieurs fois la parole sans que personne ne lui ait rien demandé au sujet de la non-binarité, à laquelle il "ne croit pas", qu'il "trouve absurde" ; je soupçonne donc très fortement que derrière "n'est pas reconnue officiellement" il y ait "n'exitse pas" en filigrane. Mais je serais ravie de lire — et de constater — le contraire par la suite. Une progression serait pas mal depuis le temps. )
Quant à la
proposition de loi visant à interdire l'écriture inclusive dans certains domaines, si elle met en avant un argument qui s'entend (qu'elle peut compliquer la lecture avec le point médian), elle participe néanmoins à l'effacement des personnes non-binaires (le pronom
iel ou les formes neutres comme
celleux par exemple) et maintient la règle du masculin qui l'emporte.
Alors autant de ne pas la rendre obligatoire, c'est logique ; mais de
l'interdire... Il y a clairement une réticence évidente au progrès, puisque
iel ne pose aucune difficulté
(si ce n'est son emploi chez les gens pour qui s'est au-dessus de leurs forces, pauvres lapinous ), d'autant que plein de mots sont neutres. Et pour le reste on pourrait imaginer par exemple de mettre des accords féminins sans point médian qui du coup inclueraient plus ou moins les deux formes ; sans oublier que de nombreuses contractions sont possibles (
auteurice par exemple) et se lisent sans problème. Ces contractions seraient même plus pratiques :
toustes au lieu de
tous et toutes,
celleux au lieu de
celles et ceux, ...
Même
iel, au-delà de la non-binarité, peut servir au pluriel à parler d'un groupe avec que des personnes binaires, au genre masculin ou féminin uniquement (au lieu de
ils ; ce qui est bien plus sensé quand justement le groupe ne compte pas que des mecs
).
Ahhh, c'est tellement mieux l'anglais, avec
they et les adjectifs (et nombreux noms) neutres !
Quoique... Ce n'est pas pour autant que les anglophones appellent toustes volontier les personnes non-binaires
they (lorsque celles-ci ont choisi ce pronom bien sûr) ; ah, là étrangement, le neutre fait tout de suite plus chier.
D'ailleurs, en Floride, il y a eu la loi
Don't Say Gay, interdisant les discussions sur les orientations sexuelles et identités de genre dans les écoles. Un level au-dessus dans le conservatisme par rapport à la France, mais il y a quand même un petit air de ressemblance (la proposition du Sénat concernant entre autres l'enseignement).
Enfin.
Le français n'en demeure pas moins une langue vivante, qui sait à quoi elle ressemblera dans 10, 50, 500 ans...
Et puis, il y a l'oral, la vie de tous les jours, les discussions, ... Là, y'a pas de problème pour au moins daigner employer le pronom
iel, n'est-ce pas ?
...N'est-ce pas...?
Ouais, je me doute bien que pour certain·es, l'argument de la complexité de lecture ou encore de la préservation de la langue
(et des petites règles sympas genre masculin prio' baby) cache en réalité une fermeture d'esprit. Mais bonne nouvelle : un esprit ça peut s'ouvrir !
Attention, là je n'incrimine pas quiconque n'utiliserait pas l'écriture inclusive ; moi-même j'ai parfois opté pour ne pas l'utiliser car plus simple, ou bien je tourne mes phrases de manière à limiter l'utilisation du point médian — et pourtant je suis une horrible gauchiasse aux cheveux bleus. Par contre, une opposition à l'écriture inclusive, générale (pas juste une préférence pour soi), pose question, et il n'est pas rare qu'il y ait anguille sous roche comme on dit. Quant à refuser à une personne son vrai pronom et donc nier son vécu en voulant la mettre dans une case qui ne lui correspond pas... On peut aussi parfaitement discriminer sans le vouloir ; ne pas prendre la mesure de l'importance de l'inclusion dans notre langue de personnes qui gagneraient pourtant à y être représentées, ou de l'égalité pour les femmes, et ne pas chercher les meilleurs compromis (à défaut de mieux pour l'instant), ou ne pas souhaiter a minima que la langue devienne plus inclusive à l'avenir, ce n'est pas négligeable, et cela contribue au maintien des inégalités.