Aspergers travaillant dans l'enseignement

[Eratosthène]

Sois patiente surtout en effet, et ne pars pas du principe que tu es mauvaise si tout n'est pas tout de suite parfait :
les codes sont en fait hyper simples dans l'absolu , mais il faut un temps d'adaptation, donc ne te décourage surtout pas si tout ne marche pas du premier coup, c'est normal, et point très très important, ça vaut aussi pour les neurotypiques

Oui, j'imagine que pour les "neurotypiques" c'est déjà pas simple alors pour les neuroatypiques et autres personnes avec des particularités ou difficultés, je veux bien croire que ce soit pas bien plus simple...

En fait, pour une fois nous partons de la même ligne sur les starting block ^^ Et à terme nous ne sommes pas forcément les plus désavantagés (avec notre côté décalé qu'aiment bien parfois les élèves ^^ )

[AAA]

J'ai eu l'occasion d'enseigner pendant deux ans en fac de droit, j'avais les étudiants de L2, L3 et M1.

Parmi les aspects positifs :

- Dans un cursus sélectif, où le tri s'est fait en première année, ceux qui restent sont motivés et bosseur. Pas besoin de faire la police en cours, ni de sentiment "d'essayer de faire boire des ânes qui n'ont pas soif" comme mon père, qui est prof de lycée, disait de ses propres élèves.

- Des échanges intéressants avec les étudiants.

- Beaucoup de liberté, à l'université, quant au contenu de notre enseignement.

Parmi les aspects négatifs :

- Difficulté à jauger mon comportement entre prof trop sympa et tyran. Au début, j'étais un peu trop gentille (sauf dans la notation) et les étudiants pouvaient en profiter, puis je suis devenue au contraire trop stricte.

- Difficulté à gérer le "marchandage" de certains étudiants. On ne sait pas toujours quoi répondre tant certaines demandes sont parfois culottées.

- Difficulté à comprendre les attentes de la hiérarchie : Pas de souci pour les étudiants des groupes dans le cursus classique de la fac que j'avais suivi, avec qui j'avais pris l'habitude d'être très exigeante, comme mes enseignants l'avaient toujours été quand j'étais étudiante. Ils semblaient même reconnaissants de mon enseignement à la fin du semestre. Mais j'ai aussi eu temporairement un groupe de 4ème année d'un cursus privé aux frais d'inscriptions assez élevés et je n'avais pas compris que l'objectif de la directrice de ce diplôme n'était pas de former des juristes d'excellence, mais de donner satisfaction aux étudiants qui avaient payé leur année, comme un commerçant cherche à rester dans les bonnes grâces des consommateurs. Du coup, mon habitude de mettre un zéro pointé à ceux qui ne faisaient pas leur TD et de noter sec a été très mal perçue et je n'ai pas gardé longtemps ces étudiants. Ils se sont vite plaint à la directrice de master et, à ma grande surprise, elle les a soutenu et m'a retiré ce groupe.

- La paie minable pour les vacataires d'enseignement. L'Etat se permet des abus qu'il n'autoriserait pas aux entreprises privées.

- Le système opaque de recrutement des maître de conférence. Beaucoup de facs sont connues pour faire ce que l'on appelle des "postes à moustache", c'est-à-dire qu'elles publient parfois des annonces de recrutement dont les exigences sont pratiquement un copier/coller du CV d'un docteur qui est entré dans les bonnes grâces d'un universitaire local influent. Difficile de réussir dans ces conditions pour quelqu'un qui ne perçoit pas les jeux de pouvoir et a des difficultés à sociabiliser.

Au final, c'était une belle expérience, mais je n'ai pas voulu en faire mon métier. J'ai quitté l'enseignement sans regret après ma soutenance de thèse. Je ne m'interdis pas de donner ponctuellement des conférences ou des formations continues si un jour l'envie me prend de le faire.

[Fluxus]

Oh oui, j'imagine bien que dans l'enseignement supérieur, ça doit être encore autre chose d'enseigner !

[Fluxus]

Ça fait que 2 jours et les élèves m'ont déjà achevée...

Mais je suis très contente d'être dans cet établissement et avec ces élèves.

Je me suis déjà attachée à eux... Presque le seum de pas les voir demain.

[Mizunotama]

Ça fait que 2 jours et les élèves m'ont déjà achevée...

Mais je suis très contente d'être dans cet établissement et avec ces élèves.

Je me suis déjà attachée à eux... Presque le seum de pas les voir demain.

Oui, on s'y attache, même s'ils nous font souffrir,

Après, personnellement, je ne voudrais pas retourner dans ce cadre, je pense qu'il existe d'autres cadres/manières pour aider les autres sans passer par le cadre Education Nationale(pour le cadre de l'enseignement en particulier, et du social en général). Mais c'est vrai que je serais content d'avoir des nouvelles de mes anciens élèves (en espérant quand même que ce ne soit pas pour me dire qu'ils se sont plantés, et le pire, dans ma matière l'année où j'étais leur prof, )

[Fluxus]

Cette semaine je commence avec l'ULIS TSA.

Pour le moment, les élèves que j'ai sont adorables avec moi.

On verra au fur et à mesure que j'ai d'autres élèves.

[Fift]

Ah c'est pas bête ça, l'ULIS TSA. Je ne savais même pas que ça existait.

Comment gères-tu l'interaction constante avec tes élèves ? Et le bruit ? Les journées ne sont pas trop épuisantes ?

Ma fille rêve depuis qu'elle est toute petite d'être enseignante.
Or, je m'inquiète d'un possible TSA la concernant. Rien de flagrant pour le moment, notamment concernant les interactions sociales, mais quelques signes me préoccupent (synesthésie, sensibilité aux bruits, tendance à "aligner" les objets, etc), qui pourraient faire penser à un TSA qui se révélerait comme moi seulement à l'âge adulte.

[Fluxus]

Et cette semaine je suis avec des SEGPA, c'est vraiment pas simple à gérer au niveau du comportement, c'est vraiment une immense partie de gestion de classe à faire la police et une minime partie de "travail". Ce qui a l'air de compter le plus, c'est plus leur implication dans le fait de respecter un cadre (ils ont des notes qui leur rapportent des points bonus pour ça) que les apprentissages en eux-mêmes et leur contenu.

J'ai fait un petit tour sur l'ULIS TFC cet aprem, la semaine prochaine je suis avec eux.

Comment gères-tu l'interaction constante avec tes élèves ? Et le bruit ? Les journées ne sont pas trop épuisantes ?

Ma fille rêve depuis qu'elle est toute petite d'être enseignante.
Or, je m'inquiète d'un possible TSA la concernant. Rien de flagrant pour le moment, notamment concernant les interactions sociales, mais quelques signes me préoccupent (synesthésie, sensibilité aux bruits, tendance à "aligner" les objets, etc), qui pourraient faire penser à un TSA qui se révélerait comme moi seulement à l'âge adulte.

En tant que stagiaire actuellement, je n'ai pas les classes à moi seule, les enseignants restent dans la salle et supervisent beaucoup. Parfois, je n'interviens quasiment pas d'ailleurs, je reste dans le fond pour avoir une vue globale, j'observe et je prends des notes.

Ceci dit, en dehors des temps de cours, mon gros souci c'est que les élèves ne cessent de me poser des questions : Est-ce que je suis un homme ou une femme, est-ce que je suis nouvelle, est-ce que je suis élève, quel âge j'ai etc. Et donc c'est littéralement ce à quoi je m'étais préparée. C'est 45 fois par jour : En classe, à la cantine, dans les couloirs, sur le chemin à l'extérieur de l'établissement...

Sur les temps de classe, je prends sur moi lorsque les élèves sont très agités, bruyants et insupportables. Je tente de rester neutre mais c'est pas simple. Je me sens un peu démunie sur certains points mais je ne sais pas si c'est lié à mon autisme ou si c'est spécifique au métier d'enseignant. Je pense qu'il y a un peu des 2. Ce qui n'est pas simple à gérer, ce sont les moments où je pense être très naïve et niaise et où je n'ose pas réagir par peur de mal faire, de dire quelque chose qu'il ne faut pas ou autre.

Je trouve que c'est dur de se situer : Je ne suis pas élève du tout mais je ne suis pas enseignante non plus... Pourtant, ça n'empêche pas que les profs lâchent à longueur de journée à leurs classes que je suis "leur collègue".

Certains élèves me tutoient et d'autres me vouvoient. Je leur laisse le choix. Je ne veux pas paraître sèche, froide et sans âme non plus... Le problème c'est qu'il ne faut pas se marrer avec les élèves non plus, on n'est pas amis.

Avec les ULIS, je n'ai eu absolument aucun problème de cet ordre là parce que les élèves sont plus calmes, plus en confiance, plus détendus et surtout, ils ne posent pas de questions intrusives ou indiscrètes et ils savent beaucoup mieux accepter l'aide qu'on leur apporte par rapport aux élèves qui rendent la gestion de classe difficile et les apprentissages quasi impossible par leurs mauvais comportements.


En terme de fatigabilité, c'est compliqué parce que j'ai des horaires lourds, notamment par rapport aux temps de transports. Et la fatigue se sent bien après des temps de classe très agités aussi...

Ceci dit, j'essaie, dès que je rentre chez moi, de maintenir un planning très précis et de m'accorder des temps de repos++ pour être en forme le lendemain.

[Fluxus]

Mais pour parler des points positifs quand même : Certains élèves sont super attachants et nous rendent bien ce qu'on leur apporte et c'est très gratifiant de réussir à gérer une activité avec des élèves et que ça se passe bien. Les sentir fiers d'eux et se dire qu'on a fait quelque chose de bien.

[Fift]

Merci pour ton témoignage Fluxus. Ça me rassure quant à la possibilité de ma fille à suivre sa vocation.

[Fluxus]

Après c'est que mon avis personnel sur mon stage et l'établissement dans lequel je le fais. Ça varie tellement d'un endroit à l'autre que je ne peux pas généraliser.

Je pense qu'il y a quand même une blinde de monde ici qui a bossé dans l'enseignement et que d'autres peuvent partager leurs expériences aussi.

[Fluxus]

Est-ce que par hasard il y a des personnes qui ont déjà passé des concours de l'Education Nationale en candidat libre ?

Si oui, comment est-ce que vous vous y êtes préparé ? Beaucoup d'annales, j'imagine...

Je demande ça spécifiquement pour les cas autres que le fait d'être dans un Master MEEF.

[Soline34]

C’est mon cas, mais je préfère t’en parler en mp si cela t’intéresse.

Pour les annales: à fond pour le bachotage, mais il faut aussi penser aux épreuves d’admission après les admissibilités (et donc les oraux en ce qui me concernait)

[Fluxus]

J'ai la chance d'avoir un immense réseau personnel d'enseignants (que ce soit en 1er, 2nd degré et même enseignement sup) et je trouve le moyen de poser la question ici... Avec du recul, c'est un peu chelou. Mais bon, la différence c'est que j'ai posté ici en l'occurrence par rapport au critère TSA...

Quand je parle de réseau personnel, ça va de connaissances à personnes très proches.

Je pense que je vais me lancer une grande mission prochainement. Qui me demandera beaucoup de boulot.

[Antigone]

Est-ce que par hasard il y a des personnes qui ont déjà passé des concours de l'Education Nationale en candidat libre ?

Si oui, comment est-ce que vous vous y êtes préparé ? Beaucoup d'annales, j'imagine...

Oui c'est mon cas - concours d'enseignant premier degré. En effet, ça a été du bachotage intensif avec des annales et des manuels niveau fin de collège (c'est le niveau attendu en mathématiques/grammaire). C'était fatigant mais ça a payé. J'ai été admissible avec des notes très honorables.
L'oral ça a été plus compliqué, on trouve beaucoup moins d'informations sur internet et dans les manuels. Sans compter bien sûr le stress puissance mille, mes gros problèmes à m'exprimer en public (mais bon, ça j'aurai pas été en candidate libre ça aurait été pareil ). Mais je l'ai fait... Les notes ont été nettement moins brillantes, du coup je n'ai pas été très bien classée et je n'ai pas pu choisir mon département. Mais j'ai réussi à avoir le concours dans une académie réputée 'exigeante", en travaillant seule (et avec un emploi plein temps à côté). Et je suis contente de ne pas avoir payé de préparation, ou pris une année de 'congés' pour faire une prépa INSPE. Donc ça peut se faire...
C'est après que ça été très difficile : l'affectation, les premières classes, l'INSPE, le mémoire, le manque d'empathie, de bienveillance des encadrants, de la hiérarchie. C'est là que j'ai perdu pied, et que j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre. Aujourd'hui j'ai trouvé un équilibre dans ce métier (aussi parce que j'ai eu la chance d'avoir une affectation stable et 'facile' assez vite), et je pense pouvoir le faire encore quelques années. Mais clairement pas jusqu'à ma retraite.
Bref, si tu as des questions plus précises n'hésite pas...