En octobre 1918, dans le nord de la France, les occupants allemands quittent la petite ville médiévale de Marville après y avoir caché un détonateur pour faire exploser le dépôt de munitions qu'ils sont contraints d'abandonner. Le coiffeur, qui espionne pour le compte des Alliés, donne l'alerte avant d'être surpris et tué par un soldat. De la mairie au petit cirque de passage, tout le monde s'enfuit de la bourgade en oubliant les pensionnaires de l'asile. Désigné pour la mission suicide de désamorcer la bombe, cachée il ne sait où, un Écossais rêveur et francophone, Charles Plumpick, se glisse parmi eux pour échapper au bataillon allemand qui le poursuit. Accueilli avec chaleur par un soi-disant comte de trèfle et un pseudo évêque, il se présente, pris de court, comme le roi de cœur, avant de filer à la recherche d'un informateur fiable en laissant les portes ouvertes…
[...]
"La guerre est une folie à laquelle seuls les fous échappent", proclame la bande-annonce du film. Philippe de Broca, qui vient de réaliser avec un immense succès la bondissante trilogie "bébelienne" (Cartouche, L'homme de Rio, Les tribulations d'un Chinois en Chine), désarçonne son public avec cet ovni pacifiste et contemplatif qui laisse libre cours à sa poésie fantasque et à son sens de l'absurde teinté de mélancolie – on ne peut rire de la guerre que jusqu'à un certain point. Exaltant le charme de Senlis, alias Marville, le film réunit autour d'Alan Bates, roi bientôt conquis par la folie douce de ses étranges sujets, une cohorte d'autres acteurs merveilleux, de Michel Serrault à Jean-Claude Brialy, de Geneviève Bujold à Micheline Presle, sans oublier l'attachante ménagerie du cirque Jean-Richard. Le cinéaste, qui disait préférer Le roi de cœur à tous ses autres opus, peut-être parce qu'il fut en son temps le plus mal aimé, n'aura pas profité de sa triomphale résurrection en 2017, lorsque cette version restaurée a permis de découvrir en salle sa beauté singulière.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
Tugdual a écrit : ↑dimanche 18 août 2024 à 9:39
"La guerre est une folie à laquelle seuls les fous échappent", proclame la bande-annonce du film. Philippe de Broca, qui vient de réaliser avec un immense succès la bondissante trilogie "bébelienne" (Cartouche, L'homme de Rio, Les tribulations d'un Chinois en Chine), désarçonne son public avec cet ovni pacifiste et contemplatif qui laisse libre cours à sa poésie fantasque et à son sens de l'absurde teinté de mélancolie – on ne peut rire de la guerre que jusqu'à un certain point. Exaltant le charme de Senlis, alias Marville, le film réunit autour d'Alan Bates, roi bientôt conquis par la folie douce de ses étranges sujets, une cohorte d'autres acteurs merveilleux, de Michel Serrault à Jean-Claude Brialy, de Geneviève Bujold à Micheline Presle, sans oublier l'attachante ménagerie du cirque Jean-Richard. Le cinéaste, qui disait préférer Le roi de cœur à tous ses autres opus, peut-être parce qu'il fut en son temps le plus mal aimé, n'aura pas profité de sa triomphale résurrection en 2017, lorsque cette version restaurée a permis de découvrir en salle sa beauté singulière.
Je suis passée complètement à côté de ce bijou. Je viens de le regarder en obligeant mon ado à me tenir compagnie sous prétexte de ne pas l'avoir vu depuis 2 jours. (Je ne l'oblige pas vraiment il est libre de partir si ça ne lui plait pas).
Il a adoré et veut le faire découvrir à son ami de toujours et ça c'est génial.
J'ai pensé à Alice au pays des merveilles... J'ai été nostalgique d'une époque que je n'ai pas connu... L'apparente simplicité des répliques (des fous..) m'a profondément touchée et a fait mouche à chaque fois.
Les acteurs ..Serrault ! .. l'équilibre des rôles et personne ne se vole la vedette... sans doute parce que ce sont de grands acteurs de théâtre habitués à la troupe.
Ce film est toujours d'actualité ...
« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être adapté à une société malade » – J.Krishnamurti-
Pour son deuxième film américain, Max Ophuls réussit la prouesse d’adapter librement le chef-d’œuvre de Stefan Zweig, tout en préservant son extraordinaire délicatesse. Dans l’atmosphère en noir et blanc de la Vienne du début du siècle dernier, superbement reconstituée sous la lumière des studios, se déploie ainsi toute la dimension romanesque de Lettre d’une inconnue. À travers le récit tragique – et fantomatique – de cette histoire d’amour, obsession muette d’une part, oubli aveugle de l’autre, le cinéaste retrace avec une infinie douceur le parcours de ces deux héros sacrifiés, qui s'obstinent l’un et l’autre à fuir le bonheur. Le bellâtre séducteur (Louis Jourdan) est abusé par son orgueil égocentrique, l’amoureuse (Joan Fontaine), par le fantasme de sa passion absolue. Des âmes fragiles, dont Max Ophüls s’emploie à éclairer toute la profondeur des sentiments.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
Tugdual a écrit : ↑lundi 19 août 2024 à 23:03
Avec un peu le même genre de décalage poétique avec la réalité, il y a les films de Jacques Tati...
J'en ai vu certains mais je viens de voir qu'ils sont en VOD sur Canal je n'ai pas canal. "Mon Oncle" doit être celui que j'ai le plus vu puisque le plus diffusé.
Un film que j'ai vu récemment et que je n'avais jamais vu..
Spoiler :
"ou alors y'a longtemps ou bien j'ai oublié ou il sentait pas bon "... ha non c'est du Brel ça ... c'est Tati qui m'y fait penser surement pour le modernisme et le petit décalage alors que c'est totalement différent.
.. c'est L'Homme orchestre. Une belle surprise aussi , moderne et décalé et moi qui n'aimait pas De Funès je m'aperçois de son énorme talent. Et toujours un bonheur de le voir tourner avec son fils. Ils s'amusent ça se voit.
Le rêve de De Funès apparemment était de réaliser et interpréter "L'avare " et il l'a fait.
Je crois avoir lu qu'il n'a pas eu le succès espéré et que ça l'avait affecté. Perso je l'ai trouvé vraiment (vraiment)bien.
Engagé ou militant, le cinéma peut l’être de mille façons : par le choix d’un sujet, la politique de production, le type de montage choisi, voire en fonction de l’équipe qui l’a écrit ou le réalise. Mais entre les intentions qui président à la fabrication d’un objet cinématographique et la façon dont il est reçu, il y a parfois des écarts considérables.
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Non seulement il y a des cinémas politiques, mais ils reposent sur des conceptions du cinéma et de l’engagement parfois très éloignées les unes des autres.
Il faudrait alors accepter de déplacer les termes de la question : plutôt que de se demander ce qu’est le cinéma politique, se demander ce qui est politique dans un film. Un rapide coup d’œil à l’histoire de la critique et de la théorie du cinéma nous apprend que les réponses divergent. Pour les uns, ce qui est politique dans un film, c’est seulement son contenu, le « sujet » ou les thèmes abordés ; pour d’autres, ce sera la manière dont il a été produit, son modèle économique ou la position de son auteur dans le paysage intellectuel de l’époque ; d’autres enfin préféreront valoriser politiquement l’originalité formelle de l’œuvre plutôt que son sens explicite. En somme, il existe plusieurs modes de lecture de la politique au cinéma… parfois incompatibles les uns avec les autres.
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L’enjeu est aussi de repenser notre manière de faire l’analyse politique des films, et avant tout, en renonçant à l’idée selon laquelle il serait possible d’établir une fois pour toutes le positionnement d’une œuvre. Aucun film, ou presque, n’est simplement « de droite » ou « de gauche » : en plus de réduire la spécificité de l’engagement artistique, ce lieu commun empêche souvent de comprendre comment les modes de lecture se complètent ou se contredisent. C’est en travaillant dans les écarts entre ces propositions contradictoires que l’on peut espérer éclaircir les liens entre cinéma et politique, aussi bien dans le champ du cinéma « d’auteur » que dans celui de la culture populaire.
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Enfin, cette approche offre une tentative de réponse à l’éternelle question de savoir si « tout est politique ». Mais elle le fait en déplaçant les termes du problème : que tout soit politique ou non importe peu, ce qui est certain c’est que l’on peut tout politiser – reste à savoir avec quelles attentes et à partir de quelle grille de lecture.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).