Gros doutes

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Hatshepsut
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Gros doutes

Message par Hatshepsut »

Bonsoir à tous,

Je forme l'espoir que ceux qui liront ces lignes se trouvent en meilleure posture que moi en cet instant. Hélas, ma situation est loin d'être enviable.

Il y a quelque temps, un diagnostic est tombé : autisme, rien de moins. Cette nouvelle m'a semblé offrir une clef pour comprendre mes afflictions, youpi ! Pourtant, aujourd'hui, lors d'une conversation avec mon psychiatre – qui n'est pas celui qui a posé ce diagnostic –, ce dernier a exprimé une quasi-certitude que je ne suis pas autiste. Je dois avouer que cela a confirmé mes propres doutes persistants.

Cette conversation a eu lieu dans le cadre d'un travail approfondi sur ma personnalité évitante. J'ai confié que mes principaux tourments se résument à une crainte du rejet, de déranger mais également une anxiété de perdre mes facultés intellectuelles, et une peur paralysante l'échec.

J'ai accumulé divers diagnostics et j'avais naïvement pensé que, face à un éventail de pathologies qui semblent converger vers un handicap global, il serait peut-être plus simple de tout attribuer à ce dernier pour alléger le fardeau de l'analyse.

Pour contexte, je suis atteinte de : trouble obsessionnel compulsif (TOC), personnalité borderline, évitante, dépression, anxiété sociale et TDAH.

Mes doutes n'ont jamais cessé de me hanter : mes intérêts spécifiques sont éphémères (pour la majorité, durent moins d'un mois), bien que constamment présents à l'esprit ; je parviens à m'en détacher temporairement mais avec brio. J'ai une empathie débordante qui me submerge, je désire ardemment nouer des amitiés, je vais vers les gens, mais l'entretien d'une relation amicale m'échappe toujours. En fait, je sais ce que je devrais faire : appeler les gens, dire oui aux sorties voire en proposer, ne pas foutre des vents de plusieurs mois… Il faut se rendre à l'évidence, j'en suis bel et bien incapable. Je souffre de tocs, mais comment distinguer ces obsessions de stéréotypies ? Je ne suis experte en rien, je soutiens le regard des autres sans hésitation, on me disait même que c'était flippant, je n'ai pas de routine stricte…

Aller en cours est devenu une épreuve insurmontable, tant je suis inadaptée (se préparer, sortir, rencontrer des gens, écouter des cours qui ne me captivent jamais, tenter de créer des liens, échouer misérablement).

À vrai dire et pour en revenir à ce qui me préoccupe, je ne crois pas être autiste et je ne l'ai jamais réellement cru.

Cependant, aujourd'hui, je me suis effondrée. Pourquoi ? Parce que je sais que les gens me trouvent bizarre, parce que je manifeste de l'intérêt pour les relations sociales (même si je n'en ai qu'une, avec mon conjoint) et parce que je m'imagine ce que peuvent penser mes pairs. Cool non ?

Sauf que pour mon psy, les autistes ne peuvent pas émettre des théories sur ce que les autres pensent et à raison : ça ne les intéresse pas. En termes d'affect, un caillou ou un être humain, c'est kif-kif pour eux, et ils se fichent d'être marginalisés. Ce n'est pas mon cas ; je rêve de pouvoir parler à quelqu'un, d'être moins "timide", mais je n'arrive jamais à maintenir une conversation trop longtemps.
D'ailleurs, je ne suis timide que lorsqu'il y a un enjeu : démontrer que je ne suis pas débile. Le cas échéant, je me liquéfie sur place, sinon, je vais carrément harceler des gens qui ne m'ont rien demandé dans la rue pour sentir que moi aussi, je gère carrément les relations sociales et que je suis vachement cool.

Quand il m'a dit (le psy, vous suivez ?) que je ne l'étais finalement pas, ça m'a retourné les tripes. Pas parce qu'il y a des signes qui le démontrent, je suis au courant et je l'ai (lamentablement) accepté, mais plutôt parce que la raison, je la trouve merdique.

Ouais, c'est de la merde d'être soudainement persuadée qu'on est pas plongé dans cette condition au motif pour lequel on croyait y être. Je pensais que mes hontes sociales s'expliquaient par l'autisme et finalement, c'est elles qui font que je ne le suis pas.

Ouiii ok, ça me tient à coeur d'être diagnostiquée et d'ainsi justifier mes difficultés, ce qui fait de moi une accro aux apparences.
Ouiii, pour plein de gens un diagnostic n'est qu'un mot, c'est prosaïque, mais pas pour moi.

Lorsqu'on m'a dit que j'étais TSA, j'ai pensé qu'on allait m'aider à être moins bizarre, moins obsessionnelle, moins inadaptée, moins ostracisée.

Mais là, désolée du terme, ça nique tout. On m'a fait croire que je pouvais appartenir à une communauté de gens qui, pour certains, auraient des obstacles infranchissables similaires aux miens, mais ce n'est pas le cas. La concordance de toutes ces merdes rend ce bordel innommable, me rendant viscéralement différente. Et d'ailleurs, ce capharnaüm-ci, bah il n'explique même pas tout et ça, ça me ronge.

J'ai été moquée, raillée parce que j'étais bizarre, parce que j'avais des passions étranges, parce que mes périodes vestimentaires (reflet de modes de vies divers et variés) ne convenaient à personne excepté moi. Égoïste pour mon entourage, dérangée pour mes pairs et simplement trop mature pour mon enfoiré de pédopsychiatre.

En rentrant dans le supérieur, je me suis dit : "chouette, il est venu le temps de la résurrection", que dalle. On ne veut toujours pas manger avec moi, pas créer une quelconque connivence qui me serait salvatrice, non. On préfère entretenir un lien malsain pour me conforter à ma place d'"intello avec de petites particularités trop chou". Je suis un petit chien enjoué, sympa et passionné par les chats. C'est ambivalent, tout le monde me remarque et tout le monde m'ignore. On ne connaît pas mon prénom, mais on sait que je suis complètement à côté de la plaque.

Cette plaque, j'en ai conscience, j'essaie de la combattre. Par exemple, en cinquième, on m'a appris le concept de mode et, depuis, j'ai tout essayé pour m'y conformer. Comme à l'accoutumée, ça ne fonctionne jamais.

À présent, je m'apprête à entrer dans une école où j'aurai besoin de m'affirmer, mais je n'y arriverai pas. Comment vais-je faire pour sortir tous les jours, me préparer, me faire à manger ? Comment vais-je faire pour rivaliser avec l'intelligence et la culture des autres ? J'ai l'impression que ma vie se compose à 90 % de repos, que je dois constamment me conditionner à l'avance pour tout et n'importe quoi. Quand je suis dehors, j'y suis, alors je fais ce que j'ai à faire même si ce n'est pas toujours agréable. Je reste dans la rue après mes cours pour discuter pendant des heures avec des gens qui m'oublient instantanément après, leur mentant sur ma vie incroyable alors que je passe mes journées à regarder des séries, cherchant une autre passion pour oublier mes problèmes. Eux, ils sont contents, ils ont "blablaté", moi, je suis exténuée et dépitée, parce que je sais que j'ai forcément fauté et que je ne l'ai tout bonnement pas remarqué.

Je dois travailler et m'investir alors que je ne m'en sens pas capable ? Non, à la place, je commande des blobs, je suis attentivement un forum de calamophiles sans y participer, je prends un chat, puis un deuxième, puis j'analyse pendant trois semaines leurs besoins nutritionnels exacts, je trouve la litière parfaite et c'est enfin fini… Ah non ! Maintenant c'est au tour du harnais ! Ce n'est jamais terminé, j'ai toujours été ainsi ! J'écoute les mêmes musiques pendant des semaines puis je m'en lasse, je me lasse de tout, de tout le monde, pour un rien. À l'instant T, le mec de la fille que je viens à peine de rencontrer m'intéresse, mais quand je suis chez moi, je n'ai nullement la force que d'accorder du crédit à ce qui m'ennuie.

Mon psy m'a bien fait comprendre que les autistes n'ont pas de cœur ou du moins, qu'il ne laisse pas de place aux autres, foutaises ! Mais si c'était vrai ? Moi, je suis philanthrope, alors je ne suis pas TSA. Je ne comprends pas pourquoi un rien m'insupporte.

Les autistes sont censés être honnêtes. Je suis une menteuse et quand je ne le suis miraculeusement pas, je n'ose jamais rien dire, par peur de contrarier. Je suis malhonnête, alors ai-je vraiment un cœur ?

Quoi d'autre, tant qu'on y est… Oui, j'ai été harcelée, je n'ai rien dit mais c'était une bonne raison pour souffrir. Désormais, je suis ignorée donc je vais vers les gens, je fais un forcing incroyable, qui met tout le monde mal à l'aise, mais je me dis qu'à un moment ça va fonctionner. Dès qu'on m'accorde de l'attention, ça ne m'intéresse plus. Ensuite, quand j'ai une question à poser, je reviens… Je leur envoie le signal que je me fiche d'eux, je les ignore, puis je me plains qu'on me fasse (presque) la même chose !

Et d'ailleurs, je n'ai tellement pas confiance en moi que je vais faire relire ce message, y passer des heures (cette fois, je suis courageuse, je ne le relis qu'une fois) alors même que ces aveux constituent une épreuve tellement humiliante. Je sais que vous allez me juger, les autistes ne constituent pas une entité monolithique et même si vous avez la réputation d'être bienveillants, je ne me fie plus à ces généralités.

Eh oui, je tiens compte des apparences. Paraît-il, selon mon psy, que ce n'est pas le cas des autistes, je vous envie immensément.

Et merde, j'envie cette insouciance hypothétique qui pourrait permettre de se foutre royalement de l'opinion des autres. Moi, je me traîne dans un marasme émotionnel incessant, essayant de me conformer à des normes sociales qui me semblent aussi futiles qu'inatteignables. Une partie de moi hurle que tout ça, c'est absurde et une autre s'acharne à trouver un sens, une harmonie dans ce bordel.

Je suis sempiternelle et mon message doit vous être insupportable tant il est confus et misérable.

Voilà, c'est dit, je ne suis très certainement pas TSA, je ne sais pas ce que j'ai et ça me tue.
TDA/H diagnostiquée hier (Lundi 26 Juin 2023), trouble de la personnalité évitante et TOC. Ah, et accessoirement diagnostiquée (Lundi 5 Février 2024) TSA :)
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Ostara
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Re: Gros doutes

Message par Ostara »

Hatshepsut a écrit : lundi 1 juillet 2024 à 19:28 Bonsoir à tous,

Je forme l'espoir que ceux qui liront ces lignes se trouvent en meilleure posture que moi en cet instant. Hélas, ma situation est loin d'être enviable.

Il y a quelque temps, un diagnostic est tombé : autisme, rien de moins. Cette nouvelle m'a semblé offrir une clef pour comprendre mes afflictions, youpi ! Pourtant, aujourd'hui, lors d'une conversation avec mon psychiatre – qui n'est pas celui qui a posé ce diagnostic –, ce dernier a exprimé une quasi-certitude que je ne suis pas autiste. Je dois avouer que cela a confirmé mes propres doutes persistants.

Cette conversation a eu lieu dans le cadre d'un travail approfondi sur ma personnalité évitante. J'ai confié que mes principaux tourments se résument à une crainte du rejet, de déranger mais également une anxiété de perdre mes facultés intellectuelles, et une peur paralysante l'échec.

J'ai accumulé divers diagnostics et j'avais naïvement pensé que, face à un éventail de pathologies qui semblent converger vers un handicap global, il serait peut-être plus simple de tout attribuer à ce dernier pour alléger le fardeau de l'analyse.

Pour contexte, je suis atteinte de : trouble obsessionnel compulsif (TOC), personnalité borderline, évitante, dépression, anxiété sociale et TDAH.

Mes doutes n'ont jamais cessé de me hanter : mes intérêts spécifiques sont éphémères (pour la majorité, durent moins d'un mois), bien que constamment présents à l'esprit ; je parviens à m'en détacher temporairement mais avec brio. J'ai une empathie débordante qui me submerge, je désire ardemment nouer des amitiés, je vais vers les gens, mais l'entretien d'une relation amicale m'échappe toujours. En fait, je sais ce que je devrais faire : appeler les gens, dire oui aux sorties voire en proposer, ne pas foutre des vents de plusieurs mois… Il faut se rendre à l'évidence, j'en suis bel et bien incapable. Je souffre de tocs, mais comment distinguer ces obsessions de stéréotypies ? Je ne suis experte en rien, je soutiens le regard des autres sans hésitation, on me disait même que c'était flippant, je n'ai pas de routine stricte…

Aller en cours est devenu une épreuve insurmontable, tant je suis inadaptée (se préparer, sortir, rencontrer des gens, écouter des cours qui ne me captivent jamais, tenter de créer des liens, échouer misérablement).

À vrai dire et pour en revenir à ce qui me préoccupe, je ne crois pas être autiste et je ne l'ai jamais réellement cru.

Cependant, aujourd'hui, je me suis effondrée. Pourquoi ? Parce que je sais que les gens me trouvent bizarre, parce que je manifeste de l'intérêt pour les relations sociales (même si je n'en ai qu'une, avec mon conjoint) et parce que je m'imagine ce que peuvent penser mes pairs. Cool non ?

Sauf que pour mon psy, les autistes ne peuvent pas émettre des théories sur ce que les autres pensent et à raison : ça ne les intéresse pas. En termes d'affect, un caillou ou un être humain, c'est kif-kif pour eux, et ils se fichent d'être marginalisés. Ce n'est pas mon cas ; je rêve de pouvoir parler à quelqu'un, d'être moins "timide", mais je n'arrive jamais à maintenir une conversation trop longtemps.
D'ailleurs, je ne suis timide que lorsqu'il y a un enjeu : démontrer que je ne suis pas débile. Le cas échéant, je me liquéfie sur place, sinon, je vais carrément harceler des gens qui ne m'ont rien demandé dans la rue pour sentir que moi aussi, je gère carrément les relations sociales et que je suis vachement cool.

Quand il m'a dit (le psy, vous suivez ?) que je ne l'étais finalement pas, ça m'a retourné les tripes. Pas parce qu'il y a des signes qui le démontrent, je suis au courant et je l'ai (lamentablement) accepté, mais plutôt parce que la raison, je la trouve merdique.

Ouais, c'est de la merde d'être soudainement persuadée qu'on est pas plongé dans cette condition au motif pour lequel on croyait y être. Je pensais que mes hontes sociales s'expliquaient par l'autisme et finalement, c'est elles qui font que je ne le suis pas.

Ouiii ok, ça me tient à coeur d'être diagnostiquée et d'ainsi justifier mes difficultés, ce qui fait de moi une accro aux apparences.
Ouiii, pour plein de gens un diagnostic n'est qu'un mot, c'est prosaïque, mais pas pour moi.

Lorsqu'on m'a dit que j'étais TSA, j'ai pensé qu'on allait m'aider à être moins bizarre, moins obsessionnelle, moins inadaptée, moins ostracisée.

Mais là, désolée du terme, ça nique tout. On m'a fait croire que je pouvais appartenir à une communauté de gens qui, pour certains, auraient des obstacles infranchissables similaires aux miens, mais ce n'est pas le cas. La concordance de toutes ces merdes rend ce bordel innommable, me rendant viscéralement différente. Et d'ailleurs, ce capharnaüm-ci, bah il n'explique même pas tout et ça, ça me ronge.

J'ai été moquée, raillée parce que j'étais bizarre, parce que j'avais des passions étranges, parce que mes périodes vestimentaires (reflet de modes de vies divers et variés) ne convenaient à personne excepté moi. Égoïste pour mon entourage, dérangée pour mes pairs et simplement trop mature pour mon enfoiré de pédopsychiatre.

En rentrant dans le supérieur, je me suis dit : "chouette, il est venu le temps de la résurrection", que dalle. On ne veut toujours pas manger avec moi, pas créer une quelconque connivence qui me serait salvatrice, non. On préfère entretenir un lien malsain pour me conforter à ma place d'"intello avec de petites particularités trop chou". Je suis un petit chien enjoué, sympa et passionné par les chats. C'est ambivalent, tout le monde me remarque et tout le monde m'ignore. On ne connaît pas mon prénom, mais on sait que je suis complètement à côté de la plaque.

Cette plaque, j'en ai conscience, j'essaie de la combattre. Par exemple, en cinquième, on m'a appris le concept de mode et, depuis, j'ai tout essayé pour m'y conformer. Comme à l'accoutumée, ça ne fonctionne jamais.

À présent, je m'apprête à entrer dans une école où j'aurai besoin de m'affirmer, mais je n'y arriverai pas. Comment vais-je faire pour sortir tous les jours, me préparer, me faire à manger ? Comment vais-je faire pour rivaliser avec l'intelligence et la culture des autres ? J'ai l'impression que ma vie se compose à 90 % de repos, que je dois constamment me conditionner à l'avance pour tout et n'importe quoi. Quand je suis dehors, j'y suis, alors je fais ce que j'ai à faire même si ce n'est pas toujours agréable. Je reste dans la rue après mes cours pour discuter pendant des heures avec des gens qui m'oublient instantanément après, leur mentant sur ma vie incroyable alors que je passe mes journées à regarder des séries, cherchant une autre passion pour oublier mes problèmes. Eux, ils sont contents, ils ont "blablaté", moi, je suis exténuée et dépitée, parce que je sais que j'ai forcément fauté et que je ne l'ai tout bonnement pas remarqué.

Je dois travailler et m'investir alors que je ne m'en sens pas capable ? Non, à la place, je commande des blobs, je suis attentivement un forum de calamophiles sans y participer, je prends un chat, puis un deuxième, puis j'analyse pendant trois semaines leurs besoins nutritionnels exacts, je trouve la litière parfaite et c'est enfin fini… Ah non ! Maintenant c'est au tour du harnais ! Ce n'est jamais terminé, j'ai toujours été ainsi ! J'écoute les mêmes musiques pendant des semaines puis je m'en lasse, je me lasse de tout, de tout le monde, pour un rien. À l'instant T, le mec de la fille que je viens à peine de rencontrer m'intéresse, mais quand je suis chez moi, je n'ai nullement la force que d'accorder du crédit à ce qui m'ennuie.

Mon psy m'a bien fait comprendre que les autistes n'ont pas de cœur ou du moins, qu'il ne laisse pas de place aux autres, foutaises ! Mais si c'était vrai ? Moi, je suis philanthrope, alors je ne suis pas TSA. Je ne comprends pas pourquoi un rien m'insupporte.

Les autistes sont censés être honnêtes. Je suis une menteuse et quand je ne le suis miraculeusement pas, je n'ose jamais rien dire, par peur de contrarier. Je suis malhonnête, alors ai-je vraiment un cœur ?

Quoi d'autre, tant qu'on y est… Oui, j'ai été harcelée, je n'ai rien dit mais c'était une bonne raison pour souffrir. Désormais, je suis ignorée donc je vais vers les gens, je fais un forcing incroyable, qui met tout le monde mal à l'aise, mais je me dis qu'à un moment ça va fonctionner. Dès qu'on m'accorde de l'attention, ça ne m'intéresse plus. Ensuite, quand j'ai une question à poser, je reviens… Je leur envoie le signal que je me fiche d'eux, je les ignore, puis je me plains qu'on me fasse (presque) la même chose !

Et d'ailleurs, je n'ai tellement pas confiance en moi que je vais faire relire ce message, y passer des heures (cette fois, je suis courageuse, je ne le relis qu'une fois) alors même que ces aveux constituent une épreuve tellement humiliante. Je sais que vous allez me juger, les autistes ne constituent pas une entité monolithique et même si vous avez la réputation d'être bienveillants, je ne me fie plus à ces généralités.

Eh oui, je tiens compte des apparences. Paraît-il, selon mon psy, que ce n'est pas le cas des autistes, je vous envie immensément.

Et merde, j'envie cette insouciance hypothétique qui pourrait permettre de se foutre royalement de l'opinion des autres. Moi, je me traîne dans un marasme émotionnel incessant, essayant de me conformer à des normes sociales qui me semblent aussi futiles qu'inatteignables. Une partie de moi hurle que tout ça, c'est absurde et une autre s'acharne à trouver un sens, une harmonie dans ce bordel.

Je suis sempiternelle et mon message doit vous être insupportable tant il est confus et misérable.

Voilà, c'est dit, je ne suis très certainement pas TSA, je ne sais pas ce que j'ai et ça me tue.
Je suis désolée de lire ta détresse :kiss:
Ce psychiatre a beaucoup de clichés sur l'autisme,
Bien sûr que si une personne autiste peut être préoccuper par ce que pensent les autres, simplement il peut y avoir un côté fatiguant a celà et/où décalé dans la façon de l'exprimer, ça demande un effort mental,ce n'est pas réflexe.

Les personnes autistes peuvent apprendre a décoder ce que pensent les autres,les implicites ect,

Et enfin non les personnes autistes ne se fichent pas toutes d'être marginalisés,il y en a qui en ont beaucoup souffert et qui en souffre encore.Moi je m'en fous aujourd'hui mais ça n'as pas toujours été le cas.

Et il y a des personnes autistes qui ont des intérêts cycliques,de durée varié,et certains alternent,cumulent,

Et une personne autiste n'as pas forcément le regard évitant,le regard trop fixe justement peut aussi être un indicateur (il as été retenu pour mon amnanèse,regard trop fixe,en alternance avec un regard évitant pour ma part)

Ah et pour les apparences ben moi aussi il pourrait remettre en cause mon diagnostic ton psychiatre,car je suis coquette,j'aime me teindre les cheveux de mille couleurs,me maquiller et me parfumer,

Il aurait peut être besoin qu'on lui rappelle,que les gens avant d'avoir un TSA,TDA, borderline, schizophrène ect,sont des individus uniques a part entière avec leurs goûts et leurs préférences,leurs caractères,leurs vécus,

Ce qui va aussi influencer les intérêts spécifiques.
Diagnostic TSA avec suspicion de TDA associé,trouble anxio-dépressif de type épuisement.
Ma page perso fragrantica: https://www.fragrantica.fr/members/58816

Savoir,Vouloir,Oser,
Se taire.
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Flower
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Re: Gros doutes

Message par Flower »

L'autisme entraîne notamment des troubles de communication, le comportement social ne correspond pas à la "norme". Cela peut signifier que la personne montre peu d'intérêt envers les autres, mais cela peut aussi signifier que la personne s'y prend mal avec les autres.
Et désolée, mais pour moi, les gens et les cailloux, ce n'est pas du tout la même chose. Moi aussi, j'ai envie d'être acceptée, d'avoir des amis, de bien m'entendre avec mes collègues, etc. Et moi aussi, j'ai souvent eu très peur du rejet. Le hic, c'est que je n'y arrive pas forcément ou alors au prix de gros efforts. Que ça me fatigue d'aller vers les autres, que je m'y prends mal parfois, que je n'arrive pas à accepter des invitations ni à en lancer parce que je risque d'être trop fatiguée le jour j...

Ce psychiatre qui met en doute un diagnostic posé par un confrère, est-il spécialisé dans les TSA ? T'a-t-il fait passer des tests ou étudié les résultats des tests que tu as déjà passés ? Te connaît-il depuis longtemps ?
Si c'est non à ces questions, sa parole n'a aucune valeur.

C'est assez normal de douter du diagnostic, surtout quand on vit une vie à peu près normale. J'ai beaucoup douté à un moment. Sauf que finalement, tout ce que j'ai pu faire et vivre ces dernières années tend à confirmer que je suis effectivement autiste... Le dernier truc en date étant un bilan psychomoteur, à la restitution la psychomotricienne commence à m'expliquer mon fonctionnement de manière très précise tout en disant que c'était fréquent chez les personnes autistes. Ça faisait un moment que je ne m'étais pas pris une claque pareille...
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
Soline34
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Re: Gros doutes

Message par Soline34 »

Hatshepsut a écrit : lundi 1 juillet 2024 à 19:28 Pourtant, aujourd'hui, lors d'une conversation avec mon psychiatre – qui n'est pas celui qui a posé ce diagnostic –, ce dernier a exprimé une quasi-certitude que je ne suis pas autiste.
Un médecin qui réfute au doigt mouillé les conclusions de ses confrères sans faire d’examen complémentaires, n’est pas un bon médecin (quelle que soit le sujet). Soit il se base sur l’examen des tests réalisés et il a une autre interprétation, formule ses doutes et demande à faire d’autres analyses soit il se tait.
Je dois avouer que cela a confirmé mes propres doutes persistants.
Réaction très humaine.
Mes doutes n'ont jamais cessé de me hanter : mes intérêts spécifiques sont éphémères (pour la majorité, durent moins d'un mois), bien que constamment présents à l'esprit ; je parviens à m'en détacher temporairement mais avec brio.
Cela ne signifie pas que tu n’es pas autiste pour autant. La seule chose qu’on peut conclure c’est que tu arrives à fonctionner. Ce qui est une bonne nouvelle ;)
J'ai une empathie débordante qui me submerge, je désire ardemment nouer des amitiés, je vais vers les gens, mais l'entretien d'une relation amicale m'échappe toujours. En fait, je sais ce que je devrais faire : appeler les gens, dire oui aux sorties voire en proposer, ne pas foutre des vents de plusieurs mois… Il faut se rendre à l'évidence, j'en suis bel et bien incapable.
Alors puisqu’on parle d’impressions et de diagnostic au doigt mouillé j’aurais dit que ça c’était assez typique du TSA…

[quote{
Je souffre de tocs, mais comment distinguer ces obsessions de stéréotypies ? [/quote]

Euh? L’un n’empêche pas l’autre. Faut pas croire que tous les autistes ont des stéréotypies. Et on peut être autiste et avoir des tocs.
Je ne suis experte en rien,
En même temps, si j’ai bien interprété ton texte tu dois avoir entre 18 et 23 ans à peu près… Ne pas être experte à cet âge c’est normal…
je soutiens le regard des autres sans hésitation, on me disait même que c'était flippant,
C’est justement ça qui est significatif à mon avis
je n'ai pas de routine stricte…
Tous les autistes n’ont pas de routine stricte sur tout 24h/24.
Aller en cours est devenu une épreuve insurmontable, tant je suis inadaptée (se préparer, sortir, rencontrer des gens, écouter des cours qui ne me captivent jamais, tenter de créer des liens, échouer misérablement).
Je suis désolée de l’apprendre et espère que tu arriveras à t’extirper de ce cercle vicieux

À vrai dire et pour en revenir à ce qui me préoccupe, je ne crois pas être autiste et je ne l'ai jamais réellement cru.
La plupart des êtres humains ne rentrent pas totalement dans un tableau clinique quel qu’il soit. C’est bien pour ça qu’on doit passer des tests. Si a vue de nez on pouvait détecter toutes les personnes TSA, tout le monde serait diagnostiqué pendant l’enfance.

Sauf que pour mon psy, les autistes ne peuvent pas émettre des théories sur ce que les autres pensent et à raison : ça ne les intéresse pas.
Les personnes TSA ont plus de mal que les NT à émettre des théories CORRECTES sur ce que pensent les autres. Cela ne veut pas dire que cela ne les intéresse pas. Pour certains cette inaptitude plus ou moins importante peut être une source de souffrance. Pour d’autres, ils réagissent de manière plus pragmatique: « je n’arrive pas à décrypter, donc je vais attendre que la personne explicite pour ne pas me perdre en conjectures »
En termes d'affect, un caillou ou un être humain, c'est kif-kif pour eux,
Mode humour: non, tu confonds avec un(e) géologue :)
Les TSA ne sont pas des psychopathes. Bien sûr que non ce n’est pas pareil en terme d’affects.
et ils se fichent d'être marginalisés.
Non. Comme n’importe quel être humain marginalisé avec ou sans TSA: certains ont appris à faire avec, voire trouvent du plaisir à ne communiquer qu’avec un groupe très restreint de qualité. D’autres en souffrent.
Ouais, c'est de la merde d'être soudainement persuadée qu'on est pas plongé dans cette condition au motif pour lequel on croyait y être. Je pensais que mes hontes sociales s'expliquaient par l'autisme et finalement, c'est elles qui font que je ne le suis pas.
Toujours au doigt mouillé j’aurais dit au contraire que c’est plutôt un argument qui va dans le sens du TSA mais pas que.

Ouiii, pour plein de gens un diagnostic n'est qu'un mot, c'est prosaïque, mais pas pour moi.
Ce n’est qu’un avis personnel de NT mais j’ai jamais pu supporter ce genre de remarque à la noix « mais pourquoi voulez vous mettre votre fille dans une case; et gnagnagni et gnagnagna… » Il y a une différence entre poser un diagnostic et enfermer une personne dans une vision erronée du diagnostic.
Lorsqu'on m'a dit que j'étais TSA, j'ai pensé qu'on allait m'aider à être moins bizarre, moins obsessionnelle, moins inadaptée, moins ostracisée.
Aïe là par contre, je crains que tu aies fondé trop d’espoirs dans le diagnostic. Y a bien les groupes habiletés sociales (je n’ai aucune idée de ce que ça vaut), mais à part ça on ne peut pas remodeler ton cerveau pour qu’il soit plus conforme à la majorité de la population. (Et heureusement d’ailleurs!)
Néanmoins la connaissance puis l’acceptation du diagnostic pourra peut être te permettre d’être moins dure avec toi même et d’accepter plus facilement y’a manière de fonctionner. Et trouver un équilibre


Cette plaque, j'en ai conscience, j'essaie de la combattre. Par exemple, en cinquième, on m'a appris le concept de mode et, depuis, j'ai tout essayé pour m'y conformer. Comme à l'accoutumée, ça ne fonctionne jamais.
Conclusion: profite que tu sois étudiante pour t’habiller comme tu le souhaites tant que ça respecte la loi et le strict minimum des conventions sociales avant de rentrer dans la vie active.
À présent, je m'apprête à entrer dans une école où j'aurai besoin de m'affirmer, mais je n'y arriverai pas. Comment vais-je faire pour sortir tous les jours, me préparer, me faire à manger ? Comment vais-je faire pour rivaliser avec l'intelligence et la culture
Si tu es prise dans cette école c’est que tu as le niveau. On ne t’y a pas accueilli par hasard ou charité.
Je dois travailler et m'investir alors que je ne m'en sens pas capable ? Non, à la place, je commande des blobs, je suis attentivement un forum de calamophiles sans y participer, je prends un chat, puis un deuxième, puis j'analyse pendant trois semaines leurs besoins nutritionnels exacts, je trouve la litière parfaite et c'est enfin fini… Ah non ! Maintenant c'est au tour du harnais ! Ce n'est jamais terminé, j'ai toujours été ainsi !
Par hasard: voudrais-tu revenir sur tes déclarations précédentes sur tes intérêts spécifiques ? :))) Non parce que ça y ressemble un peu là pour la profane que je suis;)
J'écoute les mêmes musiques pendant des semaines puis je m'en lasse, je me lasse de tout, de tout le monde, pour un rien. À l'instant T, le mec de la fille que je viens à peine de rencontrer m'intéresse, mais quand je suis chez moi, je n'ai nullement la force que d'accorder du crédit à ce qui m'ennuie.
Non mais ça j’ai l’impression que c’est tout le monde avec ou sans TSA…
Mon psy m'a bien fait comprendre que les autistes n'ont pas de cœur ou du moins, qu'il ne laisse pas de place aux autres,
C’est ton psy que je trouve « sans cœur » personnellement…
Que quelqu’un ose dire ça de ma fille, je le coupe en tranches:))

Les autistes sont censés être honnêtes. Je suis une menteuse et quand je ne le suis miraculeusement pas, je n'ose jamais rien dire, par peur de contrarier. Je suis malhonnête, alors ai-je vraiment un cœur ?
J’avoue ne pas avoir compris le raisonnement là…
(Et sinon scoop: ma fille ment de temps en temps. Elle a même menti pour couvrir un camarade de classe et pourtant elle est TSA)

Et d'ailleurs, je n'ai tellement pas confiance en moi que je vais faire relire ce message, y passer des heures (cette fois, je suis courageuse, je ne le relis qu'une fois) alors même que ces aveux constituent une épreuve tellement humiliante.
Mode humour: « les autistes sont indifférents aux autres » ce forum étant essentiellement constitués de personne TSA, personne ne jugera donc ton message CQFD
Mode sérieux: tu devrais trouver un psy qui, au lieu de remettre en question ton diagnostic, t’aide à travailler ta confiance en toi. Parce que je ne vois pas ce qui est humiliant dans ce que tu as pu dire ici. En revanche parler de soi avec une telle intensité a dû te vider totalement
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Re: Gros doutes

Message par Flower »

Il y a mensonge et mensonge... Je ne sais pas combien de fois j'ai dû dire que le bus n'était pas passé/en retard/parti trop tôt parce que je n'avais pas regardé l'heure en étant chez ma copine. Ou évoqué des problèmes de transport parce que j'étais en retard au travail, alors qu'en vrai mon réveil n'avait pas sonné. Ou prétexté une migraine pour demander à rentrer plus tôt (et dormir).
Bref, je sais parfaitement mentir pour me "couvrir" quand c'est nécessaire. Ce n'est pas de la malhonnêté à ce niveau-là. Pas quand en même temps je signale quand une caissière oublie de scanner le deuxième plat préparé ou le deuxième paquet de foie gras, que je rapporte un porte-monnaie trouvé, ce genre de choses.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Re: Gros doutes

Message par MrMétaphysique »

Hatshepsut a écrit : lundi 1 juillet 2024 à 19:28 Cette nouvelle m'a semblé offrir une clef pour comprendre mes afflictions, youpi !

Pour contexte, je suis atteinte de : trouble obsessionnel compulsif (TOC), personnalité borderline, évitante, dépression, anxiété sociale et TDAH.

On m'a fait croire que je pouvais appartenir à une communauté de gens qui, pour certains, auraient des obstacles infranchissables similaires aux miens, mais ce n'est pas le cas.

Voilà, c'est dit, je ne suis très certainement pas TSA, je ne sais pas ce que j'ai et ça me tue.
Tu souffres de ce que la société a fait des diagnostics médicaux : des identités personnelles pour répondre au questionnement existentiels des hommes, alors qu’il s’agit de catégories médicales descriptives.

« Être ou ne pas être autiste » n’est pas la question. Ce qui te fait souffrir dans ta vie est la question. Rien d’autre.

La solution que tu croyais trouver en appartenant à une communauté était partiellement un mirage : d’un côté, un handicap n’est pas une identité communautaire comme si on accédait à un club, même si le diagnostic de l’autisme est présenté comme ça sur les réseaux sociaux ; de l’autre, rencontrer des gens avec qui tu as des expériences communes te ferait du bien.

Je ne sais pas si tu es autiste ou non, peut-être ne le suis-je moi-même pas et que nous vivons tous sous le règne d’un malin génie comme Descartes en a fait l’hypothèse pour ensuite l’écarter, mais rencontrer une personne qui connaît tout sur la litière des chats me plairait, même si je n’ai pas de chat, car ça me rassurerait en me disant « si un jour j’adopte un chat, je saurais à qui demander quelle est la meilleure litière ».

Tu devrais t’orienter vers la neuroatypie pour y échanger avec des gens qui ne sont pas dans la norme, autisme ou pas. Personnellement, je sais que rien de ce qui est atypique ne m’est entièrement étranger et que je me sens mieux avec les gens qui ne sont pas normaux, peu importe la raison. J’évite juste la violence, les mensonges et les addictions, qui me terrorisent.

Tu dis que tu ne sais pas ce dont tu souffres, mais tu cumules déjà six diagnostics. C’est quand même un bout du chemin de fait.

L’autisme n’est pas la question. C’est l’illusion que ce diagnostic allait te guérir qui disparaît. Ce n’était qu’une illusion. Rien n’a changé dans tes problèmes. Ils ne sont ni réduits ni renforcés. Ce sont les mêmes.

Passe à autre chose.
Diagnostiqué TSA et TDAH. Sans emploi. Sous Ritaline. "À ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim" (Jules Vallès, Le Bachelier)
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Re: Gros doutes

Message par Pivoine »

Hatshepsut a écrit : lundi 1 juillet 2024 à 19:28 Bonsoir à tous,

Je forme l'espoir que ceux qui liront ces lignes se trouvent en meilleure posture que moi en cet instant. Hélas, ma situation est loin d'être enviable.

Il y a quelque temps, un diagnostic est tombé : autisme, rien de moins. Cette nouvelle m'a semblé offrir une clef pour comprendre mes afflictions, youpi ! Pourtant, aujourd'hui, lors d'une conversation avec mon psychiatre – qui n'est pas celui qui a posé ce diagnostic –, ce dernier a exprimé une quasi-certitude que je ne suis pas autiste. Je dois avouer que cela a confirmé mes propres doutes persistants.

Cette conversation a eu lieu dans le cadre d'un travail approfondi sur ma personnalité évitante. J'ai confié que mes principaux tourments se résument à une crainte du rejet, de déranger mais également une anxiété de perdre mes facultés intellectuelles, et une peur paralysante l'échec.

J'ai accumulé divers diagnostics et j'avais naïvement pensé que, face à un éventail de pathologies qui semblent converger vers un handicap global, il serait peut-être plus simple de tout attribuer à ce dernier pour alléger le fardeau de l'analyse.

Pour contexte, je suis atteinte de : trouble obsessionnel compulsif (TOC), personnalité borderline, évitante, dépression, anxiété sociale et TDAH.

Mes doutes n'ont jamais cessé de me hanter : mes intérêts spécifiques sont éphémères (pour la majorité, durent moins d'un mois), bien que constamment présents à l'esprit ; je parviens à m'en détacher temporairement mais avec brio. J'ai une empathie débordante qui me submerge, je désire ardemment nouer des amitiés, je vais vers les gens, mais l'entretien d'une relation amicale m'échappe toujours. En fait, je sais ce que je devrais faire : appeler les gens, dire oui aux sorties voire en proposer, ne pas foutre des vents de plusieurs mois… Il faut se rendre à l'évidence, j'en suis bel et bien incapable. Je souffre de tocs, mais comment distinguer ces obsessions de stéréotypies ? Je ne suis experte en rien, je soutiens le regard des autres sans hésitation, on me disait même que c'était flippant, je n'ai pas de routine stricte…

Aller en cours est devenu une épreuve insurmontable, tant je suis inadaptée (se préparer, sortir, rencontrer des gens, écouter des cours qui ne me captivent jamais, tenter de créer des liens, échouer misérablement).

À vrai dire et pour en revenir à ce qui me préoccupe, je ne crois pas être autiste et je ne l'ai jamais réellement cru.

Cependant, aujourd'hui, je me suis effondrée. Pourquoi ? Parce que je sais que les gens me trouvent bizarre, parce que je manifeste de l'intérêt pour les relations sociales (même si je n'en ai qu'une, avec mon conjoint) et parce que je m'imagine ce que peuvent penser mes pairs. Cool non ?

Sauf que pour mon psy, les autistes ne peuvent pas émettre des théories sur ce que les autres pensent et à raison : ça ne les intéresse pas. En termes d'affect, un caillou ou un être humain, c'est kif-kif pour eux, et ils se fichent d'être marginalisés. Ce n'est pas mon cas ; je rêve de pouvoir parler à quelqu'un, d'être moins "timide", mais je n'arrive jamais à maintenir une conversation trop longtemps.
D'ailleurs, je ne suis timide que lorsqu'il y a un enjeu : démontrer que je ne suis pas débile. Le cas échéant, je me liquéfie sur place, sinon, je vais carrément harceler des gens qui ne m'ont rien demandé dans la rue pour sentir que moi aussi, je gère carrément les relations sociales et que je suis vachement cool.

Quand il m'a dit (le psy, vous suivez ?) que je ne l'étais finalement pas, ça m'a retourné les tripes. Pas parce qu'il y a des signes qui le démontrent, je suis au courant et je l'ai (lamentablement) accepté, mais plutôt parce que la raison, je la trouve merdique.

Ouais, c'est de la merde d'être soudainement persuadée qu'on est pas plongé dans cette condition au motif pour lequel on croyait y être. Je pensais que mes hontes sociales s'expliquaient par l'autisme et finalement, c'est elles qui font que je ne le suis pas.

Ouiii ok, ça me tient à coeur d'être diagnostiquée et d'ainsi justifier mes difficultés, ce qui fait de moi une accro aux apparences.
Ouiii, pour plein de gens un diagnostic n'est qu'un mot, c'est prosaïque, mais pas pour moi.

Lorsqu'on m'a dit que j'étais TSA, j'ai pensé qu'on allait m'aider à être moins bizarre, moins obsessionnelle, moins inadaptée, moins ostracisée.

Mais là, désolée du terme, ça nique tout. On m'a fait croire que je pouvais appartenir à une communauté de gens qui, pour certains, auraient des obstacles infranchissables similaires aux miens, mais ce n'est pas le cas. La concordance de toutes ces merdes rend ce bordel innommable, me rendant viscéralement différente. Et d'ailleurs, ce capharnaüm-ci, bah il n'explique même pas tout et ça, ça me ronge.

J'ai été moquée, raillée parce que j'étais bizarre, parce que j'avais des passions étranges, parce que mes périodes vestimentaires (reflet de modes de vies divers et variés) ne convenaient à personne excepté moi. Égoïste pour mon entourage, dérangée pour mes pairs et simplement trop mature pour mon enfoiré de pédopsychiatre.

En rentrant dans le supérieur, je me suis dit : "chouette, il est venu le temps de la résurrection", que dalle. On ne veut toujours pas manger avec moi, pas créer une quelconque connivence qui me serait salvatrice, non. On préfère entretenir un lien malsain pour me conforter à ma place d'"intello avec de petites particularités trop chou". Je suis un petit chien enjoué, sympa et passionné par les chats. C'est ambivalent, tout le monde me remarque et tout le monde m'ignore. On ne connaît pas mon prénom, mais on sait que je suis complètement à côté de la plaque.

Cette plaque, j'en ai conscience, j'essaie de la combattre. Par exemple, en cinquième, on m'a appris le concept de mode et, depuis, j'ai tout essayé pour m'y conformer. Comme à l'accoutumée, ça ne fonctionne jamais.

À présent, je m'apprête à entrer dans une école où j'aurai besoin de m'affirmer, mais je n'y arriverai pas. Comment vais-je faire pour sortir tous les jours, me préparer, me faire à manger ? Comment vais-je faire pour rivaliser avec l'intelligence et la culture des autres ? J'ai l'impression que ma vie se compose à 90 % de repos, que je dois constamment me conditionner à l'avance pour tout et n'importe quoi. Quand je suis dehors, j'y suis, alors je fais ce que j'ai à faire même si ce n'est pas toujours agréable. Je reste dans la rue après mes cours pour discuter pendant des heures avec des gens qui m'oublient instantanément après, leur mentant sur ma vie incroyable alors que je passe mes journées à regarder des séries, cherchant une autre passion pour oublier mes problèmes. Eux, ils sont contents, ils ont "blablaté", moi, je suis exténuée et dépitée, parce que je sais que j'ai forcément fauté et que je ne l'ai tout bonnement pas remarqué.

Je dois travailler et m'investir alors que je ne m'en sens pas capable ? Non, à la place, je commande des blobs, je suis attentivement un forum de calamophiles sans y participer, je prends un chat, puis un deuxième, puis j'analyse pendant trois semaines leurs besoins nutritionnels exacts, je trouve la litière parfaite et c'est enfin fini… Ah non ! Maintenant c'est au tour du harnais ! Ce n'est jamais terminé, j'ai toujours été ainsi ! J'écoute les mêmes musiques pendant des semaines puis je m'en lasse, je me lasse de tout, de tout le monde, pour un rien. À l'instant T, le mec de la fille que je viens à peine de rencontrer m'intéresse, mais quand je suis chez moi, je n'ai nullement la force que d'accorder du crédit à ce qui m'ennuie.

Mon psy m'a bien fait comprendre que les autistes n'ont pas de cœur ou du moins, qu'il ne laisse pas de place aux autres, foutaises ! Mais si c'était vrai ? Moi, je suis philanthrope, alors je ne suis pas TSA. Je ne comprends pas pourquoi un rien m'insupporte.

Les autistes sont censés être honnêtes. Je suis une menteuse et quand je ne le suis miraculeusement pas, je n'ose jamais rien dire, par peur de contrarier. Je suis malhonnête, alors ai-je vraiment un cœur ?

Quoi d'autre, tant qu'on y est… Oui, j'ai été harcelée, je n'ai rien dit mais c'était une bonne raison pour souffrir. Désormais, je suis ignorée donc je vais vers les gens, je fais un forcing incroyable, qui met tout le monde mal à l'aise, mais je me dis qu'à un moment ça va fonctionner. Dès qu'on m'accorde de l'attention, ça ne m'intéresse plus. Ensuite, quand j'ai une question à poser, je reviens… Je leur envoie le signal que je me fiche d'eux, je les ignore, puis je me plains qu'on me fasse (presque) la même chose !

Et d'ailleurs, je n'ai tellement pas confiance en moi que je vais faire relire ce message, y passer des heures (cette fois, je suis courageuse, je ne le relis qu'une fois) alors même que ces aveux constituent une épreuve tellement humiliante. Je sais que vous allez me juger, les autistes ne constituent pas une entité monolithique et même si vous avez la réputation d'être bienveillants, je ne me fie plus à ces généralités.

Eh oui, je tiens compte des apparences. Paraît-il, selon mon psy, que ce n'est pas le cas des autistes, je vous envie immensément.

Et merde, j'envie cette insouciance hypothétique qui pourrait permettre de se foutre royalement de l'opinion des autres. Moi, je me traîne dans un marasme émotionnel incessant, essayant de me conformer à des normes sociales qui me semblent aussi futiles qu'inatteignables. Une partie de moi hurle que tout ça, c'est absurde et une autre s'acharne à trouver un sens, une harmonie dans ce bordel.

Je suis sempiternelle et mon message doit vous être insupportable tant il est confus et misérable.

Voilà, c'est dit, je ne suis très certainement pas TSA, je ne sais pas ce que j'ai et ça me tue.
Bonsoir

J'ai eu une période de doutes également et je suis toujours en recherche de nouvelles informations sur l'autisme pour m'y confronter.
Mon diagnostic a été important pour pouvoir avancer et continuer à évoluer, mais ce n'est pas un miracle, mes difficultés et mes particularités sont toujours là. Cela m'a permis de mieux me comprendre toutefois.

Quand je te lis, j'ai tout de même l'impression que le premier diagnostic est juste pour toi 😁

Tu sais, voilà ce que je pense .... Le mot TSA est finalement un mot qui a été inventé pour y regrouper des personnes ayant certaines particularités, mais on est tous humain et tous différent finalement.
L'important, c'est d'arriver à faire ton propre chemin dans cette vie .... chacun fait ce qu'il peut....
Je voyais la vie comme énormément d'obstacles et de difficultés à surmonter.... maintenant avec l'âge, l'expérience, une meilleure connaissance de soi... je me dis que je suis fière de mes différences et j'essaie tout doucement d'en faire une force .... de montrer aux autres une autre façon de penser, aimer, fonctionner.

Courage à toi
Diagnostiquée TSA et HPI en octobre 2023
Mariée et maman de 5 enfants