[Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

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Deoxys
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par Deoxys »

Super intéressant !

Je ne connaissais que vaguement Tibo In Shape, mais je voyais à peu près le personnage. Je me souviens avoir ressenti un certain malaise avec son histoire de "petites"...
Étant une quiche dans tout ce qui se rapporte de près ou de loin au sport, je n'aurais pas du tout pensé à tout ce que soulève C3PO. Je voyais plus le côté méritocrate, influence sociale, valeurs traditionnelles... C'est pire que ce que je croyais. :/

Pour rebondir sur cette partie du message d'hazufel :
Enfin, la troisième vague masculiniste joue, quant à elle, sur "un amalgame" entre "masculinité" et "réussite professionnelle", à l'image d'Andrew Tate, "un ancien champion de kickboxing qui s'est confronté à Greta Thunberg dans une espèce de passe d'armes par réseaux sociaux interposés, condamné il y a quelques années, alors qu'il résidait en Roumanie, pour proxénétisme et trafic d'êtres humains."
C'est d'autant plus flippant que là-bas, ce sombre personnage est une des figures emblématiques des mouvances incels, red pill, masculinistes...

Les gourous comme lui sont des tyrans à l'égo surdimensionné, mais leurs suivants (et suivantes quoique plus rares, j'y reviendrai) sont souvent des personnes influançables, fragilisées, ou perdues dans des notions "nouvelles" (démocratisées grâce à Internet mais qui demandent une approche ouverte du monde), ou ayant déjà une prédisposition conservatrice et qui pourraient s'améliorer mais qui à la place vont tomber dans ce que l'on qualifie en anglais de rabbit hole (un sujet dans lequel on s'enfonce et qui prend toute notre attention, tout notre temps, jusqu'à parfois en altérer notre vision de la réalité).

Le masculinisme à l'américaine/anglaise regorge de concepts repris allègrement ensuite sur diverses plateformes françaises (dont le tristement connu JVC).


Liste non-exhaustive en rapport à Andrew Tate :

:arrow: Le bodycount, ou nombre de personnes avec qui on a couché (ou plutôt avec qui une femme a couché). Tate lui-même a twitté (mais il y a plein d'autres résultats à ce sujet) : "The traditional body count before marriage is 0", avec une petite vidéo qui en dit long sur le personnage.
Cette idée selon laquelle une femme vaudrait moins si elle a déjà eu des/trop de partenaires (voire plus rien, on a par exemple le slogan "No Hymen No Diamond", Pas d'Hymen, Pas de Bague (de fiançailles/mariage) ; sachant qu'en plus d'être misogyne à souhait, cela contribue à un mythe patriarcal).
Certains vont jusqu'à considérer qu'un bodycount élevé, une sexualité active, élargirait le vagin et le rendrait "béant"... Par contre, pas avec un seul partenaire, même en ayant une sexualité active (car il est souvent attendu de la femme "pure" qu'elle soit une tigresse une fois avec son unique amant, c'est bien logique).
En revanche, la virginité masculine devient une honte (sauf valeurs traditionalistes du côté des hommes aussi mais cela ne rend pas cela sain pour autant) et le gars doit savoir "assurer au lit"... L'obsession de la performance, encore et toujours, alliée à une conception de la dignité à géométrie variable.

:arrow: On a aussi l'idée qu'une femme est au sommet de sa désirabilité quand elle est très jeune, à peine majeure. Pour Tate, une femme est plus attirante à 19 ans qu'à 25, car pour lui, "elle est passée par moins de bites" (et qu'à 25 ans "elle a plus de risques d'avoir plein de problèmes [plus d'expérience(s) aussi] qu'il devra ensuite éponger, alors qu'à 19 ans si elle est fraîche, il pourra avoir une influence sur elle et en faire une bonne personne" (blablabla) ; traduction de cet extrait.)
Dans la manosphère de manière plus large, ce "pic" est parfois corrélé à la fertilité (c'en devient un fantasmes à en croire certaines publications lubriques...).

:arrow: Il y a aussi la fameuse hoe. À la base c'est un terme argotique pour désigner une travailleuse du sexe, mais il est fréquemment repris pour désigner la femme sexuellement active, ou qui en tout cas s'assume, s'habille de manière "indécente" selon eux, c'est parfois une top modèle. Ces "hoes" sont les méchantes du conte masculiniste, et pourtant, Tate (et son frère qui ne relève guère le niveau) comme de nombreuses figures de ce mouvement adorent s'afficher avec et en font même un business. (Et quand on sait maintenant les crimes ayant été commis... c'est encore plus à gerber.)
On notera par cet article que ces gourous tant adulés n'hésitent pas à exploiter leurs adorateurs, qui se font ainsi doublement avoir...

:arrow: Vient ensuite l'alpha, le mâle dominant. Bon, là c'est pas compliqué : Tate a écrit un livre dessus, facilement trouvable, How To Be an Alpha Male Who Does Not Give a Fuck!.
Dans le même style, on a (de Tate toujours) Think Outside The Matrix - 25 Ways to Resist the Slave Mind. Il semble aussi se prendre pour un gladiateur... Sauf que les gladiateurs, si certains étaient des hommes libres qui décidaient d'eux-mêmes d'en devenir, étaient surtout souvent... des esclaves. 🤭 (et également des prisonniers, des condamnés à mort...)

:arrow: Il y aussi le cuck, ou cocu en français. Le pauvre homme qui est menacé à tout instant de tromperie par sa hoe de copine, dont l'amant a de fortes chances d'être (et c'est là que ça se recoupe et que l'on retrouve l'idée du Grand Remplacement) un homme noir.
Et qu'est-ce que notre Andrew a à dire là-dessus ? Que si vous aimez faire à manger en tant qu'homme, vous êtes un "cuck" !

:arrow: L'adhérence féminine, quoique plus rare, existe bien ; un des cas les plus sévères est sans doute celui de Hannah Pearl Davis.
(Quant aux femmes dans leur vie quotidienne : pour les incels et autres masculinistes qui parviendraient à en trouver une (et il y en a) sans pour autant changer d'état d'esprit, je n'ose pas imaginer les relations toxiques et les interdits/obligations diverses subies... Bon, "heureusement" — ou pas —, une bonne partie des adhérents sont des personnes déjà isolées, et qui en partant dans des délires d'alt-right, s'enfoncent d'elles-mêmes dans la condamnation dont elles se sentent victimes...)


Après, on peut toujours s'améliorer ! Bon, à part les Andrew Tate.

À mes heures les plus sombres, j'ai pu avoir une très mauvaise compréhension des enjeux féministes au point de dire des horreurs de type "le féminisme c'est débile" (sisi, j'ai envie de péter la gueule à l'adolescente que j'étais), "je ne suis pas féministe mais humaniste" (un peu plus tard et comme par hasard c'était un mec qui m'avait demandé, le même qui m'avait aussi dit "qu'il m'avait d'abord pris pour une végane extrémiste" parce que j'avais les cheveux colorés [quel soulagement pour lui, je n'étais pas encore tout ça à l'époque :mrgreen:]), ou encore que "les femmes sont en moyenne moins puissantes que les hommes" (...et ? un homme plus petit et moins musclé qu'un autre doit se soumettre à lui en toute circonstance peut-être ? la loi du plus fort ? :lol:).

Et j'ai aussi un frère qui a réussi à se sortir du rabbit hole. :kiss:
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hazufel
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par hazufel »

Mille mercis Deoxys de tes ajouts et précisions :bravo: bon sang c'est à se noyer dans un océan de vomi toutes ces horreurs exposées en tous ces contenus horrifiques et sexistes :sick: :sick: :sick:

Ce que tu indiques là :
Deoxys a écrit :Les gourous comme lui sont des tyrans à l'égo surdimensionné, mais leurs suivants (et suivantes quoique plus rares, j'y reviendrai) sont souvent des personnes influençables, fragilisées, ou perdues dans des notions "nouvelles" (démocratisées grâce à Internet mais qui demandent une approche ouverte du monde), ou ayant déjà une prédisposition conservatrice et qui pourraient s'améliorer mais qui à la place vont tomber dans ce que l'on qualifie en anglais de rabbit hole (un sujet dans lequel on s'enfonce et qui prend toute notre attention, tout notre temps, jusqu'à parfois en altérer notre vision de la réalité).
me semble le plus important et c'est sur ces leviers qu'il faut ouvrir les consciences, absolument, autant qu'on peut, auprès d'autant de personnes que l'on peut.

Il a été réalisé un documentaire sur cet affreux bonhomme :

Toxique : la vérité sur Andrew Tate

Un article de Télérama, ce type est une horreur :sick: :
Spoiler : article : 
Andrew Tate, masculiniste américano-britannique, a été arrêté à Bucarest en décembre 2022, accusé de trafic d’êtres humains et de viols. Ce documentaire va au contact de celui qui se définit comme un influenceur et, collant à son sujet, rassemble des vidéos que Tate poste sur les réseaux sociaux et des extraits de podcasts. C’est une éprouvante plongée dans la misogynie, la maltraitance et le porno, qui documente incontestablement ce qu’est le masculinisme. Violence débridée (« Étrangle-la jusqu’à ce qu’elle t’appartienne »), propos sans filtres (« J’aime les pays sans foi ni loi où les gouvernements et la police sont faibles »), mégalomanie sévère (« Je suis aujourd’hui l’homme le plus connu d’Internet »), apologie de la prostitution (« Je suis devenu proxénète, faites comme moi : transformez une femme inutile en mine d’or »)… Éhontément violent, Tate est suivi sur les réseaux sociaux par des millions de fans, souvent de droite et d’extrême droite, dont beaucoup sont jeunes.

La première partie du film, qui décrit son enfance, est éclairante. Le père souffrait d’un « trouble de la personnalité narcissique ». Son rejeton a misé sur les émissions de téléréalité, où il a compris que c’est en disant le plus d’horreurs possible qu’il se ferait remarquer. La réalisatrice le relie au conspirationniste Alex Jones et à Donald Trump, ces trois hommes défiant chacun à sa façon le droit et la démocratie. Malgré une facture très américaine, parfois presque complaisante, cette exploration a le mérite d’ouvrir les yeux sur ce qu’on préférerait ne pas savoir.
Deoxys a écrit :À mes heures les plus sombres, j'ai pu avoir une très mauvaise compréhension des enjeux féministes au point de dire des horreurs de type "le féminisme c'est débile" (sisi, j'ai envie de péter la gueule à l'adolescente que j'étais), "je ne suis pas féministe mais humaniste" (un peu plus tard et comme par hasard c'était un mec qui m'avait demandé, le même qui m'avait aussi dit "qu'il m'avait d'abord pris pour une végane extrémiste" parce que j'avais les cheveux colorés [quel soulagement pour lui, je n'étais pas encore tout ça à l'époque :mrgreen:]), ou encore que "les femmes sont en moyenne moins puissantes que les hommes" (...et ? un homme plus petit et moins musclé qu'un autre doit se soumettre à lui en toute circonstance peut-être ? la loi du plus fort ? :lol:).
La force est de reconnaître les erreurs qu'on peut commettre, en prendre la responsabilité, et choisir de se remettre en cause. :bravo: La force est avec toi :mryellow:
Deoxys a écrit :Et j'ai aussi un frère qui a réussi à se sortir du rabbit hole
Génial :bravo:
Faut dire qu'avec la sœur qu'il a, les discussions doivent être bien plus ouvrantes que fermantes ! :mryellow:

Quant à leurs allusions aux gladiateurs ou aux Alpha, je n’ai pas de mots pour décrire mon abyssale exaspération. :?
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lepton
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par lepton »

Deoxys a écrit : mercredi 29 mai 2024 à 12:27 :arrow: L'adhérence féminine, quoique plus rare, existe bien ; un des cas les plus sévères est sans doute celui de Hannah Pearl Davis.
On a aussi notre Elisabeth Lévy nationale. Bon, vaut mieux en rire...
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user6539
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par user6539 »

hazufel a écrit : mercredi 29 mai 2024 à 9:39

Et en Ajout (HS mais pas tant, on est dans de la discrimination par le corps), par rapport au culte du sport biaisé sur les réseaux, dont les contenus, qui en plus de ne pas être techniquement contrôlés et maitrisés comme le souligne C3PO, peuvent entrainer des dérives catastrophiques :
Influenceurs sportifs, une influence dangereuse sur les ados
Influenceurs sportifs : une influence dangereuse sur les ados ?
Ventre plat, muscles dessinés. Sur les réseaux sociaux, des centaines de comptes, très suivis par les plus jeunes, prônent régime monacal et sport à haute dose. Une obsession pour la “bonne santé” et le culte du corps parfait pas si positive qu’elle y paraît.
Spoiler : article : 
Au début, je le faisais pour changer mon corps. Même si c’est toujours un peu le cas, j’essaye de me focaliser maintenant davantage sur mon bien-être. » En 2020, Esther se met à suivre la chaîne YouTube de l’influenceuse Océane Andréa, qui propose des séances de fitness. L’adolescente pratique d’abord régulièrement les exercices d’une vingtaine de minutes dans sa chambre. Mais, depuis quelques mois, Esther, 15 ans, se rend à la salle de sport deux à trois fois par semaine. Une démarche qui la remotive, et pour laquelle elle regarde des tutos afin de structurer sa séance sur « les machines ». « C’est un plaisir, ça défoule. Tu te sens bien en sortant de la salle, reposée après un effort physique. » Pour autant, la jeune fille a conscience des effets néfastes que peuvent susciter beaucoup de comptes chez ses pairs. « Les influenceurs muscu ont “un corps de salle”, et on peut avoir envie de leur ressembler à tout prix. Ça peut être toxique. »

Ils se nomment Tibo Inshape, Juju Fitcats, Bodytime, Sonia Tlev, Sissy Mua, Olivier Jacquin… Sur Instagram et TikTok s’étalent leurs pectoraux impressionnants et autres impeccables ventres plats. Leurs comptes sont suivis par des milliers, voire des millions d’abonnés. Leur recette ? Sport et nourriture saine, pour espérer un corps parfait. Comprenez, selon les normes en vigueur dans notre société contemporaine. Guillaume Vallet, sociologue et auteur de l’ouvrage La Fabrique du muscle, explique que cette fascination pour le corps ne date pas d’hier. « La question de la performance, du dépassement de soi et de la distinction individuelle date du milieu du XIXᵉ siècle et de l’avènement du système capitaliste. » L’arrivée des réseaux sociaux ayant démultiplié l’image que nous présentons aux autres. « C’est une interface de soi qui permet de “classer” les individus dans notre monde social, avec le corps au centre de ce processus. »

Tous à la salle !

Mais attention, comme toujours quand on parle réseaux sociaux, il convient de nuancer. Le psychiatre Bruno Rocher, spécialiste des troubles du comportement alimentaire au CHU de Nantes, constate que le fitness « peut aussi être un moindre mal par rapport à l’anorexie ; car celle-ci comporte un besoin de contrôle, qui peut être satisfait aussi par le sport ». Le médecin a ainsi vu un de ses patients souffrant d’anorexie mentale passer de 50 à 80 kg « en trouvant son apaisement et sa réassurance dans le sport ». Le Dr Rocher rappelle que la question principale en addictologie est bien celle de l’usage : « Si le sport vient entraver les relations sociales, qu’il devient une contrainte et que l’on persiste dans un effort physique que notre corps ne peut supporter, alors oui, on peut parler d’excès. » Le médecin observe tout de même qu’« aller à la salle » est aujourd’hui une norme pour de nombreux adolescents. « Depuis une dizaine d’années, un de mes patients sur deux s’y rend. Si ça envahit les chaînes YouTube, cela envahit aussi mes consultations. »

Dans cette corrélation entre sport et réseaux sociaux, les hommes sont loin d’être en reste. Dans sa thèse de médecine psychiatrique de 2020, « L’influence des réseaux sociaux sur la perception de l’image corporelle et son implication dans les troubles du comportement alimentaire », Barbara Jiotsa Nguetsop explique que, pour eux, la pression sociale « prend la forme du culte du corps musclé […], appelé dysmorphie musculaire ou encore complexe d’Adonis ». On parle également, pour cette obsession liée à la musculature qui mène à un entraînement extrême couplé à un régime strict, d’anorexie inversée.

Pour chaque compte, il faut se questionner. Que me procure-t-il : motivation ou dévalorisation ?

Ely Killeuse, ancienne « fitgirl »

Les psychiatres vont donc discerner ce qui est problématique de ce qui ne l’est pas… Oui, mais au quotidien, comment un adolescent peut-il faire pour ne pas se laisser happer par toutes ces vidéos de corps sculptés ? Pas de recette miracle pour Yasmine, alias Ely Killeuse, sur Instagram. Cette ancienne « fitgirl » (contraction de fitness girl) a opéré un étonnant revirement il y a quelques années en modifiant totalement ses contenus, devenant ainsi influenceuse body positive, un mouvement qui prône l’acceptation de soi et de tous les corps. « Après un énième régime où je pesais mes œufs et mon fromage, je me suis dit stop. J’avais envie de m’accepter physiquement, de ne plus fournir tous ces efforts. » Celle qui avait commencé les régimes à 12 ans, à cause d’un professeur de sport l’ayant jugée « trop grosse », a fait le tri dans ses abonnements Instagram. Yasmine invite les jeunes à se fier à leur instinct : « En tant qu’ado, trouve des comptes safe qui te plaisent. Si tu likes des vidéos culpabilisantes, Insta va t’en proposer d’autres du même genre. » Et à supprimer d’office un compte qui les fait se sentir mal : « Les meilleurs discours sont les plus nuancés. Pour chaque compte, il faut se questionner. Que me procure-t-il : motivation ou dévalorisation ? »

C’est ainsi qu’Adam, 16 ans, a rapidement cessé de suivre la star des influenceurs musculation, Tibo Inshape. « Je n’aime pas trop le côté culpabilisant envers ceux qui ne font pas de sport, comme si tout le monde devait avoir le même mode de vie que lui. » L’adolescent, lycéen en sport études, est pourtant un sportif chevronné. « Je me dévalorisais, ça ne me stimulait pas. Je me disais que mes résultats n’étaient pas top, alors que c’est idiot, chacun a sa morphologie, son parcours, son histoire de vie. » Très vite, le jeune homme perçoit les failles de ces influenceurs, se lasse de regarder des vidéos d’hommes musculeux soulevant des poids. Il comprend aussi que beaucoup, sans le dire, prennent un certain nombre de produits pour arriver à ce corps-là…
Le YouTubeur Tibo Inshape, 9,13 millions d’abonnés, admet lui-même être « bigorexique » (dépendant au sport).

Ely Killeuse connaît bien les dessous de ces comptes à la mentalité « no pain no gain », celles qui n’avalent rien de la journée pour avoir le ventre plat sur une photo, ceux qui photographient leur assiette, mais qui derrière ne la mangent pas. Elle-même cuisinait des gâteaux pour d’autres en annonçant fièrement ne même pas lécher la cuillère. « Il faut ouvrir les yeux aux ados, appuie l’influenceuse. Les réseaux sociaux, ce n’est pas la vraie vie. Ils sont trop nombreux à se dire, moi aussi je veux être une fitgirl ou un Tibo Inshape ! » « Être influenceur, ce n’est pas un diplôme d’État, renchérit le Dr Bruno Rocher. Les exercices proposés ne sont pas toujours maîtrisés ou adaptés. Les influenceurs s’adressent à une masse, pas aux particularités de chacun. » En tant qu’étudiant-athlète, Adam a la chance d’avoir un coach diplômé qui l’a mis en garde. « Je garde une certaine distance et je fais confiance aux pros, pas au nombre de followers. » Autre chose le gêne dans ce culte du corps : ce qu’on y attend des filles, les ramenant encore une fois à une posture d’objet de désir. « C’est bizarre, ce qu’on leur propose à elles, c’est plutôt des choses pour plaire aux mecs, des exercices fessiers, ce genre de trucs. J’ai déjà vu une fille se faire insulter sur TikTok parce qu’elle était trop musclée, et que si tu as trop de pectoraux, tu n’as plus assez de seins. »

Pour le sociologue Guillaume Vallet, les réseaux sociaux ont exacerbé cette volonté de « faire de son corps un capital ». La quête identitaire des adolescents, premiers touchés, passant quasiment toujours par l’interface du corps et de la mise en scène de soi. Au détriment sans doute des plus fragiles d’entre eux. Comme pour toute activité à double tranchant, un regain d’intérêt parental concernant les influenceurs préférés de sa progéniture en pleine puberté semble, encore et toujours, le meilleur moyen de déceler les problèmes, si problème il y a. Dites-vous qu’en plus, en tant qu’adulte dépassé, vous allez y gagner un peu de culture jeune des réseaux sociaux. « En tant qu’ado, on est plus fragile face à ces comptes, il faut faire attention à cette recherche du “beau corps” », soutient Esther. « Reprenez le lead, conclut Ely Killeuse. Vous êtes acteurs de ce que vous followez. »
Il est d'usage de faire preuve de la plus grande circonspection à l'égard de ceux qui exaltent le culte de la performance et l'apothéose du dépassement de soi. Ces grands prêtres de l'excellence, souvent incarnés par des coachs sportifs aux allures de gourous, finissent invariablement par révéler leur véritable credo : l'apologie de la médiocrité la plus abyssale. Sous les apparences séduisantes de la motivation et de l'entraînement se cachent des dérives aussi diverses que révoltantes.

Leurs discours flamboyants et leurs méthodes prétendument infaillibles masquent souvent une culture insidieuse de sexisme et de misogynie, où les femmes sont réduites à des objets de désir ou de faiblesse. Les remarques dégradantes et les comportements discriminatoires sont monnaie courante, dissimulés sous le vernis de la camaraderie sportive. On ne leur propose que des exercices destinés à développer un physique qui plaît aux hommes, reléguant ainsi leurs aspirations sportives légitimes à l'arrière-plan. Les programmes d'entraînement pour les femmes se concentrent souvent sur la minceur et les courbes attrayantes, au détriment de la force ou de l'endurance. Une athlète désirant développer sa musculature (Notamment les muscles pectoraux majeurs et mineurs) sera souvent perçue comme une anomalie dans ce monde obsédé par l'apparence.

À cela s'ajoute un racisme latent, une xénophobie à peine voilée, où l'origine ethnique et culturelle devient un critère de suspicion et d'exclusion. Les athlètes issus de minorités sont souvent contraints de travailler deux fois plus pour obtenir la moitié de la reconnaissance accordée à leurs homologues majoritaires. Les stéréotypes insidieux insinuant que les filles seraient naturellement attirées par les hommes afro-descendants, en raison de leur physique avantageux, soi-disant attribué par la nature, réduisent les relations interpersonnelles à de simples clichés raciaux. Un athlète noir sera souvent loué uniquement pour sa "force naturelle" plutôt que pour son dévouement ou ses compétences techniques, et cette réduction à un stéréotype simpliste se répercute sur la perception des relations.

Que dire de l'homophobie et de la transphobie rampantes, qui transforment les vestiaires en lieux de terreur pour ceux dont l'identité de genre ou l'orientation sexuelle dévie de la norme hétérosexuelle et cisgenre ? Les insultes, les moqueries et les agressions verbales, voire physiques, sont trop souvent tolérées, voire encouragées, dans cet environnement prétendument sain et compétitif. Un athlète ouvertement gay pourrait se voir harcelé quotidiennement, sa sécurité et sa dignité constamment menacées, tandis qu'un athlète transgenre serait systématiquement rejeté ou exclu des compétitions, en dépit de ses compétences.

Mais les dérives ne s'arrêtent pas là. Le dopage est un secret de Polichinelle, une pratique endémique qui trahit l'essence même du sport. La triche est institutionnalisée, transformant la quête de la victoire en une farce grotesque où la morale et l'éthique sont sacrifiées sur l'autel de la gloire éphémère. Des athlètes célèbres ayant remporté des médailles olympiques ont ensuite été déchus de leurs titres en raison de pratiques de dopage, dévoilant ainsi la façade mensongère de leur succès. Des équipes entières ont été disqualifiées pour avoir manipulé les règles du jeu, transformant des compétitions en parodies de justice sportive.

Et ce n'est pas tout. Le capacitisme se manifeste par une exclusion systématique de ceux qui vivent avec des handicaps, leur déniant l'accès aux mêmes opportunités sportives. Les athlètes en situation de handicap sont souvent perçus comme inférieurs, incapables de rivaliser avec leurs homologues valides. Un sportif en fauteuil roulant, par exemple, pourrait être marginalisé, ses accomplissements minimisés, et ses besoins ignorés dans la quête d'une fausse perfection physique.

Le classisme exclut ceux qui n'ont pas les moyens financiers de s'offrir des équipements coûteux ou un entraînement de qualité. Les athlètes issus de milieux défavorisés doivent souvent surmonter des obstacles considérables, se voyant refuser l'accès aux ressources nécessaires pour exceller. Un jeune talent sans les moyens d'intégrer un club prestigieux sera souvent laissé à la marge, ses potentiels éclipsés par l'inégalité économique.

La grossophobie condamne ceux dont le corps ne correspond pas aux standards esthétiques imposés. Les athlètes plus corpulents sont régulièrement humiliés, considérés comme paresseux ou indisciplinés, indépendamment de leur force ou de leurs capacités. Une gymnaste talentueuse mais jugée "trop grosse" peut voir sa carrière entravée par des préjugés aussi cruels qu'infondés.

La discrimination religieuse persiste encore et toujours dans le rejet des athlètes dont les pratiques spirituelles diffèrent de la majorité. Les sportifs qui observent des rites particuliers, comme le port du voile ou le jeûne, sont souvent confrontés à des obstacles supplémentaires. Une joueuse de football portant un hijab pourrait se voir interdire de jouer, ses convictions religieuses étant perçues comme incompatibles avec les règlements sportifs.

En fin de compte, ces apôtres du dépassement de soi ne prônent rien d'autre que le culte de la médiocrité, déguisé en grandeur illusoire. Ils piétinent les valeurs authentiques du sport, sacrifiant l'humanité sur l'autel d'une perfection chimérique. Derrière chaque trophée scintillant, se cachent l'hypocrisie et l'injustice, corrodant l'essence même du véritable esprit sportif.

Racisme, xénophobie, sexisme, misogynie, homophobie, transphobie, capacitisme, classisme, grossophobie, discrimination religieuse — et la liste est longue — sont, depuis toujours, l'apanage des faibles. Ce sont les armes pitoyables de ceux qui, incapables de briller par leur mérite ou leur intégrité, préfèrent s'élever par l'oppression et la tromperie.

Ils dissimulent leur propre médiocrité en écrasant les autres, révélant ainsi leur véritable nature : incapacité et petitesse d'esprit.

Quelques éclairages scientifiques :

Les morphologies humaines présentent une variabilité incessante entre les individus, modulant leurs aptitudes physiques de manières multiples et complexes. Cette variabilité est fondamentalement influencée par des facteurs génétiques et physiologiques spécifiques. Par exemple, certains individus manifestent une prédisposition génétique à l'hypertrophie musculaire rapide, principalement en raison de la dominance des fibres musculaires de type II, connues également sous le nom de fibres à contraction rapide. Ces fibres sont spécifiquement caractérisées par une capacité élevée à produire de l'adénosine triphosphate (ATP) par le biais de la glycolyse, les rendant particulièrement efficaces pour des activités nécessitant une force et une puissance explosive considérables, telles que le sprint et la musculation.

En contraste, d'autres individus possèdent une proportion plus significative de fibres musculaires de type I, ou fibres à contraction lente. Ces fibres se distinguent par une densité mitochondriale élevée et une capacité remarquable à utiliser l'oxygène pour générer de l'ATP via des processus oxydatifs. Cette caractéristique confère à ces individus une endurance supérieure, optimisant leurs performances dans des activités de longue durée et de faible intensité, telles que la course de fond ou le cyclisme de longue distance. Par ailleurs, certains individus présentent une force explosive exceptionnelle, souvent attribuable à une synergie optimale entre la composition des fibres musculaires, une structure osseuse favorable, et une activation neuromusculaire efficiente, culminant en des performances athlétiques remarquables.

On pourrait également citer des facteurs génétiques et physiologiques spécifiques tels que la taille, le poids, la densité musculaire, la distribution des graisses, la capacité cardiovasculaire, la flexibilité, la force, l’endurance, la coordination, la vitesse, l’agilité, la composition osseuse, la forme des membres, la structure corporelle, le métabolisme de base, ou encore la récupération musculaire…

Cette hétérogénéité morphologique et physiologique, rigoureusement documentée dans la littérature scientifique, met en lumière l'importance de reconnaître et de valoriser les divers types de morphologies corporelles en fonction des exigences spécifiques de chaque discipline sportive. Une approche réductionniste et stéréotypée ne saurait saisir la complexité et la richesse des adaptations biologiques inhérentes à la performance humaine. La reconnaissance de cette diversité est essentielle pour optimiser les entraînements, prévenir les blessures et maximiser les performances athlétiques, en tenant compte des particularités individuelles qui rendent chaque athlète unique.

Et pour anticiper toute invective ou polémique de bas étage, orchestrée par ces érudits de pacotille qui se targuent de tout connaître sans jamais esquisser la moindre argumentation ou réflexion inclusive, et qui, ce faisant, personnifient à merveille la quintessence même de cette platitude ambiante :
Spoiler : 
Pour intégrer équitablement les athlètes transgenres dans les compétitions sportives, l’on pourrait instaurer des critères scientifiques rigoureux et/ou concevoir des catégories de compétition inclusives. À titre d'exemple non exhaustif, on pourrait imposer des seuils précis de testostérone, maintenus pendant au moins 12 mois avant la compétition, afin de minimiser les avantages physiologiques découlant de la puberté masculine. Des évaluations régulières permettraient de s'assurer du respect continu de ces critères.

De surcroît, la création de catégories ouvertes pourrait atténuer les disparités physiques, offrant ainsi une alternative aux catégories masculines et féminines traditionnelles. Cette approche contribuerait à l'établissement d'un environnement sportif à la fois inclusif et équitable, en honorant la diversité des morphologies et des capacités athlétiques, tout en préservant l'intégrité des compétitions.
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freeshost
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par freeshost »

C'est important de faire le plus de pompes en un temps donné ? :lol:

Encore du capacitiste et du culte de la performance pour nourrir du virilisme.

Et cette course à la notoriété, au nombre de clics ou de suiveurs, aux records... juste pour une idolâtrie douteuse de l'image et de la réputation. "Si je ne me fais pas remarquer et ne suis pas célèbre, je n'existe pas." :lol:

Votre tit beau in chief, je ne le connaissais pas du tout avant de lire vos messages. :lol: :lol: :lol:

Tcheu... l'obsession du muscle et de l'apparence. Vive l'insouciance ! La grasse matinée mâtinée de grâce ! :mrgreen:

Que ce soit à "la salle" ou au bar, chaque personne se met une de ces pressions. Vous voyez laquelle j'ai choisie. :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Vaut mieux quitter définitivement ces réseaux du jugement, de l'image, de l'égo, de l'apparence, de l'attention, de la réputation, de la comparaison, de la concurrence sociale de tous les instants. :P

Nous pouvons co-vivre humanistes, sans besoin de bouc émissaire, d'esclave ou de dominance sociale. :P Même en se ménageant des périodes de solitude, d'insouciance, de sommeil, de discrétion.

Vive la diversité et le libre partage non marchand. :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Tugdual
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par Tugdual »

« Quand les mascus contre-attaquent », par Les couilles sur la table (podcast) :
Spoiler : ▮▶ : 
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Ostara
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par Ostara »

Les personnels hospitaliers vont devoir suivre un stage obligatoire contre les violences sexuelles et sexistes! Vu aux infos,

Eh ben ça va pas faire de mal je vous le dit y'a du boulot.
Diagnostic TSA avec suspicion de TDA associé,trouble anxio-dépressif de type épuisement.

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seul
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par seul »

Je sais pas si parfois l'influence des masculinistes n'est pas exagéré. Ils ont vraiment autant de pouvoir que ça ? Je vis dans une ville un peu bourgeoise, je n'y vois pas de mascu ou d'homme dominant des femmes comme des êtres inférieurs... Enfin j'en sais rien je suis sans doute à côté de la plaque je me pose juste des questions à ce sujet.
Et puis masculiniste c'est comme complotiste, quand on reçoit des étiquettes de l'étranger il faut voir si ces étiquettes sont réalistes. Si je m'auto-proclame phenoménologue j'ai le droit, par contre si je suis nommé phénoménologue de l'étranger je serai un peu perplexe.
J'ai l'impression qu'on vit plutôt un processus de libération de la femme en ce moment, où alors à nouveau suis-je complètement à côté de la plaque :lol: ? Dites moi. Oui les femmes vivent des violences, mais dans quel sens ça va ? Vers plus ou vers moins de violence ?
Diagnostic d'autisme chez un psychiatre. Pas certain du diagnostic." Glorieuse civilisation, certes, dont le grand problème est de savoir comment se débarrasser des monceaux de cadavres qu'elle a faits, une fois la bataille passée." Marx
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Ostara
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par Ostara »

seul a écrit : vendredi 31 mai 2024 à 22:23 Je sais pas si parfois l'influence des masculinistes n'est pas exagéré. Ils ont vraiment autant de pouvoir que ça ? Je vis dans une ville un peu bourgeoise, je n'y vois pas de mascu ou d'homme dominant des femmes comme des êtres inférieurs... Enfin j'en sais rien je suis sans doute à côté de la plaque je me pose juste des questions à ce sujet.
Et puis masculiniste c'est comme complotiste, quand on reçoit des étiquettes de l'étranger il faut voir si ces étiquettes sont réalistes. Si je m'auto-proclame phenoménologue j'ai le droit, par contre si je suis nommé phénoménologue de l'étranger je serai un peu perplexe.
J'ai l'impression qu'on vit plutôt un processus de libération de la femme en ce moment, où alors à nouveau suis-je complètement à côté de la plaque :lol: ? Dites moi. Oui les femmes vivent des violences, mais dans quel sens ça va ? Vers plus ou vers moins de violence ?
Non le masculinisme n'est pas un terme exagéré,
On ne le voit pas ce masculinisme,parce qu'il fait partie des discriminations faite aux femmes qui sont malheureusement banalisées et acceptée comme faisant partie du quotidien ordinaire pour nombre de gens,ce sont des violences banalisées, minimisées,trop encore a notre époque.
Diagnostic TSA avec suspicion de TDA associé,trouble anxio-dépressif de type épuisement.

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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par seul »

Ostara a écrit : vendredi 31 mai 2024 à 22:48
seul a écrit : vendredi 31 mai 2024 à 22:23 Je sais pas si parfois l'influence des masculinistes n'est pas exagéré. Ils ont vraiment autant de pouvoir que ça ? Je vis dans une ville un peu bourgeoise, je n'y vois pas de mascu ou d'homme dominant des femmes comme des êtres inférieurs... Enfin j'en sais rien je suis sans doute à côté de la plaque je me pose juste des questions à ce sujet.
Et puis masculiniste c'est comme complotiste, quand on reçoit des étiquettes de l'étranger il faut voir si ces étiquettes sont réalistes. Si je m'auto-proclame phenoménologue j'ai le droit, par contre si je suis nommé phénoménologue de l'étranger je serai un peu perplexe.
J'ai l'impression qu'on vit plutôt un processus de libération de la femme en ce moment, où alors à nouveau suis-je complètement à côté de la plaque :lol: ? Dites moi. Oui les femmes vivent des violences, mais dans quel sens ça va ? Vers plus ou vers moins de violence ?
Non le masculinisme n'est pas un terme exagéré,
On ne le voit pas ce masculinisme,parce qu'il fait partie des discriminations faite aux femmes qui sont malheureusement banalisées et acceptée comme faisant partie du quotidien ordinaire pour nombre de gens,ce sont des violences banalisées, minimisées,trop encore a notre époque.
D'accord il y a des violences faites aux femmes. Mais je croyais que les masculinistes étaient des influenceurs.
Diagnostic d'autisme chez un psychiatre. Pas certain du diagnostic." Glorieuse civilisation, certes, dont le grand problème est de savoir comment se débarrasser des monceaux de cadavres qu'elle a faits, une fois la bataille passée." Marx
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hazufel
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par hazufel »

Seul a écrit :D'accord il y a des violences faites aux femmes. Mais je croyais que les masculinistes étaient des influenceurs
Il n’y a pas que les violences faites aux femmes, il y a la manière de les considérer.
Il n’est pas nécessaire de lui mettre une claque pour la considérer comme inférieure.
L’idéologie masculiniste n’est pas née chez les influenceurs qui en sont les plus visibles portes drapeau, elle serait même présente depuis l’antiquité.
Les articles et les posts précédents décortiquent les origines et ce qu’elles déploient depuis.
Le rapport du haut conseil à l’égalité est assez clair sur les rapports de pouvoir qui prévalent dans la société (donc tout le monde, pas seulement les influenceurs) aujourd’hui.

Aucune classe sociale est exclue de cette idéologie et la bourgeoisie est une des plus fervente défenseuse des idées conservatrices, qui gardent bien d’émanciper les femmes.
Il n’est qu’à lire tous les textes du XIX (et avant) où elles étaient cantonnées à apprendre le piano et la couture pour être de bonnes épouses, et que bien mal leur en prenait si jamais elles voulaient vivre hors de ces normes, lorsqu’elles appartenaient à ces classes.

Selon le rapport officiel du haut conseil à l’égalité, paru en début de cette année :
Voilà pourquoi le sexisme reste prégnant, s’aggravant même d’une année sur l’autre dans certaines catégories de population. Chez les jeunes adultes masculins, mais aussi parfois chez les femmes, on observe un retour aux valeurs traditionnelles : l’idée « qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants » gagne 7 points (34 %) chez les intéressées. La « résistance » masculine se fait également sentir par rapport aux évolutions de la société : 37% (+3 points) des hommes considèrent que le féminisme menace leur place. Plus d’un homme sur 5 de 25-34 ans considère normal d’avoir un salaire supérieur à sa collègue à poste égal. 70% des hommes pensent encore qu’un homme doit avoir la responsabilité financière de sa famille pour être respecté dans la société. Plus de la moitié de la population trouve encore normal ou positif qu’une femme cuisine tous les jours pour toute la famille.
Des chiffres qui montrent bien l’archaïsme de la pensée dominante :-(

Sur les origines et leur déploiement, derrière les influenceurs :
masculinisme, derrière les influenceurs une idéologie inquiétante

En definition dans le texte :
La pensée masculiniste est très liée à une pensée raciale et à l'idée d'une société martiale, qui reposerait sur des valeurs militarisantes, axée sur la conquête, la question de l’ordre, des valeurs familiales…Mélanie Gourarier, chercheuse au CNRS
En podcast si on ne veut pas lire :
TSA & SAMA
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Deoxys
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par Deoxys »

Des propos qui reflètent très justement la réalité et des sources intéressantes. :bravo:


Je pourrais ajouter (et il y a plein plein de choses à ajouter, c'est un sujet hyper vaste et complexe) par rapport au parallèle fait avec le complotisme...
seul a écrit : vendredi 31 mai 2024 à 22:23Et puis masculiniste c'est comme complotiste, quand on reçoit des étiquettes de l'étranger il faut voir si ces étiquettes sont réalistes. Si je m'auto-proclame phenoménologue j'ai le droit, par contre si je suis nommé phénoménologue de l'étranger je serai un peu perplexe.
Je trouve ce parallèle intéressant car on retrouve des éléments dans le masculinisme qui font penser au complotisme, à ses mécanismes.
(Parenthèse : je suis à moitié d'accord quant au fait que c'est à soi de poser une étiquette sur ce que l'on est, quand il s'agit d'une caractéristique, ou d'une spécialité comme pour phénoménologue — encore faut-il pouvoir prétendre à ce titre... Mais masculiniste, ou complotiste, ce sont des attitudes, des comportements, qui portent préjudice/atteinte aux autres mais aussi parfois à soi-même, même indirectement, basés sur une vision biaisée de la realité, et dont les personnes qui les perpétuent peuvent ne pas se rendre compte qu'elles sont masculinistes, complotistes, etc. Et si elles s'en revendiquent, elles n'ont souvent pas conscience de leur erreur et de son impact ; pour elles "c'est du bon sens".)

Je citais dans mon message précédent le livre d'Andrew Tate, Think Outside The Matrix - 25 Ways to Resist the Slave Mind. On y retrouve cette notion de "Matrix", en lien avec le mouvement Red Pill. Certes, ici il s'agit d'un gourou méprisable, mais ces notions de Matrix, de pilule rouge (ou bleue pour les personnes qui "veulent rester dans l'ignorance") se retrouvent dans moulte prises de paroles liées à ces idéologies, y compris par des personnes lambdas. On voit souvent, par exemple, dans ces discours, parler de personnes matrixées.
Dans le même style, on a l'homme-soja, pas uniquement pour le physique (bien que le culte du corps et de la performance soit monnaie courante) :
S'il désigne d'abord les végétaliens ou les vegans, qui, par définition, refusent la consommation de viande et recourent à des substituts comme ceux à base de soja, l’expression vise aussi plus généralement les hommes perçus comme libéraux (au sens américain), progressistes, gauchistes, social justice warriorswoke, ou des groupes similaires dont les hommes présenteraient des traits et des valeurs a priori féminines.
(Pour approfondir du côté "libéral au sens américain", on a en anglais la blue-haired liberal, parfois doublée de l'étiquette fille toxique ayant un rapport conflictuel avec son père. Après, je n'ai pas étudié le sujet, mais je dirais que le cliché cheveux bleus [ou autre] = woke a du vrai, dans la mesure ou si l'on défend des valeurs pro-diversité, on va moins chercher à coller à la norme. Ne pas oublier que la couleur la plus populaire au monde est le bleu, et les moins populaires... à peu près toutes les nuances de cheveux naturelles. :P)

On a aussi le terme réac. Un article là-dessus : « La pensée réactionnaire est le produit d’une panique morale ».
Extrait a écrit :Ces dernières années cette offensive s’est accentuée, elle est au cœur de la dénonciation de « l’islamo-gauchisme », du « wokisme » ou de la « cancel culture », des thématiques en partie empruntées à la droite dure et trumpienne américaine et reprises en France, parfois même à gauche, comme le « politiquement correct » auparavant.

La pensée réactionnaire est aussi le produit d’une panique morale de ces néoconservateurs vis-à-vis de la montée des droits des femmes et des exigences de droits des immigrés et de leurs enfants. La dénonciation des violences policières dans les quartiers leur est aussi insupportable.
On retrouve ici encore le lien entre discrimination sexiste et autres discriminations comme le racisme, la discrimination liée à la religion, ce qui suggère que le masculinisme s'inscrit dans une conception du monde généralisée, à contre-courant de tout, et qui serait "la bonne, ce sont les autres qui sont matrixés" en gros. Ainsi, toute opposition est prise comme confirmation que l'on a raison, ce qui n'est pas sans rappeler les mécanismes cognitifs du complotisme...

Il y a cette idée que "l'on a plus le droit de rien faire/dire". Chez les hommes — la femme leur étant historiquement considérée comme inférieure —, il peut se créer une confusion, et les restrictions par rapport aux comportements d'autrefois peuvent être vus comme une "castration" (le fameux "féminisme castrateur").
Pourtant... le masculinisme est également nocif pour les hommes, à cause de la pression à être un "VRAI homme", instaurée dès le plus jeune âge avec une éducation genrée (voir ici par exemple).

Mais ce "on n'a plus le droit de [...]", on peut aussi le retrouver chez les femmes.
Il y a parfois un amalgame de fait : comme quoi le féminisme serait anti-femme au foyer... Sauf que pas du tout. L'idée est justement d'encourager les femmes à choisir pour elles-mêmes ce qu'elles veulent — vraiment. Bien sûr qu'il y a des femmes qui s'épanouissent comme ça, qui veulent ça pour leur vie. Mais justement, le but est que cela puisse être un choix éclairé, car l'inverse est vrai aussi : d'autres femmes veulent d'autres choses (tout comme il y a des hommes qui s'épanouissent en tant que pères au foyer). Il faut déconstruire les rôles genrés traditionnels afin que ces rôles deviennent purement choisis, en connaissance de cause, et correspondent non pas au genre et à des valeurs, de manière pré-destinée, mais à la personne elle-même et à ses objectifs personnels.
On voit donc émerger des tendances comme celle des trad wives, qui prônent l'anti-féminisme.


Tout cela (mais pas que) est le signe de la profonde emprise d'une idéologie qui emprisonne les femmes mais aussi les hommes (et les autres).
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user6539
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par user6539 »

seul a écrit : vendredi 31 mai 2024 à 22:23 Je sais pas si parfois l'influence des masculinistes n'est pas exagéré. Ils ont vraiment autant de pouvoir que ça ?
Il est indubitable que certains incels, malgré leurs prétentions, se livrent à des actions terroristes, élevant leurs martyrs en symboles d’une cause aussi désespérante qu’abjecte.

Ces individus peuvent être considérés comme la branche armée d’une idéologie masculiniste extrême, opérant en tant que groupuscules radicalisés qui glorifient la violence et la haine, perpétuant ainsi un cycle de terreur et de ressentiment au sein de leur communauté.

Ils doivent donc être déradicalisés au même titre de d’autres groupuscules.

Ce processus exigera des efforts concertés pour déconstruire l'idéologie pernicieuse qui les anime et les réintégrer dans une société prônant les valeurs de respect et d'égalité.

Ce document, préparé par l’Institut pour le Dialogue Stratégique (ISD) et l’Institut McCain pour le Réseau des Praticiens de la Prévention des États-Unis, fournit une vue d’ensemble sur l’extrémisme violent des incels et des mouvements misogynes.

ÉDIT: Je vous prie de bien vouloir m'excuser, j'ai agi avec une certaine précipitation, ce document pourrait susciter de l'anxiété.
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par seul »

C3PO je croyais qu'incel ça voulait dire ne pas réussir à se mettre en couple, je ne pensais pas que ça signifiait quelque chose de dévalorisant.
Quant au XIXe siècle je crois qu'une proportion immense de l'époque vivait dans une misère terrible, souvent au service du capital. Hommes et femmes souffraient tous deux à cette époque. Il y avait certes une petite et une grande bourgeoisie composée d'hommes mais minoritaire.
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hazufel
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Re: [Index Sociologie] Le racisme/sexisme...

Message par hazufel »

seul a écrit : samedi 1 juin 2024 à 14:54 C3PO je croyais qu'incel ça voulait dire ne pas réussir à se mettre en couple, je ne pensais pas que ça signifiait quelque chose de dévalorisant.
Quant au XIXe siècle je crois qu'une proportion immense de l'époque vivait dans une misère terrible, souvent au service du capital. Hommes et femmes souffraient tous deux à cette époque. Il y avait certes une petite et une grande bourgeoisie composée d'hommes mais minoritaire.
Je laisserai C3PO développer mais non, les incels ne sont pas les hommes qui ne « réussissent » pas à se mettre en couple. S’il ne s’agissait que de cela, on ne parlerait pas d’idéologie.
C'est la contraction anglaise de célibataire involontaire. C'est une mouvance qui est apparue en ligne au début des années 2000 et qui regroupe ceux qui se définissent comme étant incapables de trouver une partenaire sexuel ou amoureuse. Et ils ont développé tout un discours marqué par la haine des femmes qui seraient supposément responsables de leur misère sexuelle et affective. Leur frustration, couplée à une vision particulièrement rétrograde des femmes, les fait graviter le plus souvent au sein de milieux liés à l'extrême droite. Et cette radicalité a poussé certains à commettre des actes particulièrement violents.
De l’émission :
Une idéologie qui promeut la haine des femmes

Quant à la place des femmes au XIX… bien entendu la misère est très prégnante, mais tu parlais de la bourgeoisie et pour ce qui est de toutes les femmes de cette époque, est inscrit dans le code civil :
Au XIX° siècle, le Code civil et les traditions faisaient des femmes des êtres inférieurs aux
hommes.
• elles devaient se soumettre à l’autorité de leur père puis de leur mari,
• elles ne possédaient rien,
• elles ne pouvaient pas travailler sans leur autorisation, ne pouvaient pas les quitter,
elles étaient charger de tenir la maison et d’éduquer les enfants,
• les femmes n’avaient qu’une place secondaire dans la société française,
• elles ne pouvaient pas participer à la vie économique et politique (elles n’avaient pas
le droit de vote).
J’évoquais la bourgeoisie car tu l’as mentionnée dans ce qu’elle pourrait aujourd’hui être exclue du mouvement masculiniste. Ce dernier étant une mouvance réactionnaire et conservatrice, on la trouvera facilement dans les milieux bourgeois….
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