[Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Pour les gens qui ont simplement envie de discuter sans souhaiter faire passer d'information particulière.
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freeshost
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par freeshost »

Ah ! Ouais, là, il vaut mieux toujours garder un œil sur lui. :lol: :lol: :lol:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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freeshost
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par freeshost »

Puis même si les chargeurs ne sont pas reliés au réseau électrique, il risque de les casser.

Ou de les mettre en bouche.

Ou s'étrangler avec les câbles.

Ou de se mettre dans l’œil.

Vaut mieux ne pas laisser traîner tous ces objets dangereux.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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lulamae
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par lulamae »

C'est sûr qu'un enfant doit faire des expériences, on ne doit pas le protéger de tout, mais ça doit être proportionnel à ses forces. Regardez les mères animales, elles ne blaguent pas avec les dangers, par la peau du cou et tu ne la ramènes pas.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Tugdual
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Tugdual »

Mieux apprendre & étudier :
Spoiler : ▮▶ : 
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Tugdual
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Tugdual »

Pour faire suite :
Spoiler : ▮▶ : 
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Tugdual »

Les alternatives à l’éducation fondée sur des preuves :
Extrait :
En préalable, je propose de distinguer deux types de recherche : les recherches descriptives, qui recueillent des données sur des faits observables, quelle qu’en soit la méthode. Et les recherches explicatives, qui visent à expliquer certains des faits observés, c’est-à-dire généralement établir des relations de cause à effet entre différents faits, et potentiellement construire des modèles capables de prédire les effets sachant les causes.

Dans le domaine de l’éducation, les recherches descriptives visent généralement à décrire les apprentissages des élèves, les pratiques des enseignants, les politiques éducatives, ou encore les représentations des différents acteurs. Elles peuvent également décrire des corrélations entre les différentes observations. Les recherches explicatives, elles, tentent d’établir des liens de causalité entre différents faits parmi les politiques, les représentations, les pratiques et les apprentissages.

Les recherches descriptives et explicatives sont parfaitement complémentaires : la description d’un certain nombre de faits est un préalable indispensable à la formulation d’hypothèses concernant l’explication de ces faits.

[...]

La démarche « d’éducation fondée sur des preuves » est souvent critiquée, et pourtant il ne s’agit que de la démarche scientifique usuelle appliquée à l’éducation : celle qui consiste à demander des données convaincantes à l’appui des affirmations énoncées. Certains chercheurs rejettent l’éducation fondée sur des preuves en se réclamant d’une épistémologie alternative. Mais cela ne doit pas empêcher de se demander dans quelle mesure leurs affirmations sont convaincantes, et donc de questionner si des données factuelles viennent à l’appui de ces affirmations ou pas, et de se demander si des hypothèses alternatives ne seraient pas tout aussi compatibles avec les données connues. Autrement dit, l’appel à une épistémologie alternative n’est pas une échappatoire viable permettant de se soustraire à la nécessité d’apporter des preuves convaincantes de ce que l’on affirme.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Tugdual
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Tugdual »

Pourquoi les jeunes enfants veulent-ils :
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
user8110
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par user8110 »



😱 😱 😱 😭 😭 😭 😭
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Tugdual »

« Les devoirs, est ce que ça aide vraiment », par PsykoKouac :
Spoiler : ▮▶ : 
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Lilas
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Lilas »

Je ne sais pas si mes questionnements et réflexions ont bien leur place dans ce fil.
Si ce n'est pas le cas, je m'auto-modèrerai :wink:

Posons d'abord la genèse de mes interrogations.

Pour ceux qui l'ignoreraient encore, j'ai la lubie d'écrire des romans.

Il y a quelque temps, je me suis inscrite sur le discord Spectrum pour en faire la promotion auprès de ses membres (étant bien sûr dans le thème du discord puisque mes romans parlent d'autisme).

Et là, misère, l'accueil n'est pas celui attendu.
Pour résumer, on m'a fait le reproche qu'en me lisant "on avait l'impression de lire un livre", ce qui était rédhibitoire apparemment.
Par contre, d'autres propositions de textes partagés recueillent des opinions bien plus positives malgré un français des plus approximatifs.

Outre la déception ressentie face à ce rejet assez massif de la part d'un lectorat jeune (mais ce n'est pas le sujet de mon post), je m'interroge sur l'accès à la littérature des nouvelles générations.

Je m'explique : il est certain qu'au collègue je ne devais pas être meilleure autrice que les collégiens d'aujourd'hui, mais je lisais beaucoup, et je lisais des livres (eh oui, de mon temps internet n'existait pas encore). Or j'ai l'impression qu'aujourd'hui, du moins pour une partie de ces jeunes, la lecture s'appuie surtout sur des récits ou des fan-fictions écrits par d'autres jeunes du même âge plutôt que par des livres d'auteurs. D'où le rapport à l'éducation et l'enseignement. Si l'on progresse dans sa propre maîtrise de la langue en lisant, qu'en est-il si l'on lit uniquement des récits qui sont grammaticalement de mauvaise qualité, sans juger du reste.

Je découvre ça un peu désappointée, et s'il y a des enseignants ou ex-enseignants dans l'assistance, ou parents d'ados, ça m'intéresserait de savoir s'ils ont constaté ce phénomène, s'il est généralisé, si les lectures des générations d'aujourd'hui sont vraiment d'un niveau faible par rapport à ce que nous avons connu avant Internet.

Voilà, voilà, c'était un peu mon coup de gueule du jour aussi.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

Mes romans :
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hazufel
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par hazufel »

Je comprends absolument ton désarroi et je pense que le problème se situe à plusieurs niveaux :

- la sursollicitation virtuelle, qui empêche quelque part la solitude nécessaire à la lecture sur le long terme.

- la difficulté de concentration qui va crescendo depuis des années, à cause de ces multiples sollicitations et autres interruptions incessantes
(Voir par exemple cet article du Monde mais il y a des tas d’études sur le sujet : Le combat pour l’attention est à mener avec les étudiants)

- l’exemple dans la famille. Les ados aujourd’hui ont des parents d’une quarantaine d’années qui passent, pour la plupart, une très grande partie de leur temps sur autre chose que des livres.

- l’accès facile à toutes sortes de sources d’informations, qui, si elle est positive dans certains cas, noie aussi beaucoup l’attention dans des multi tâches qui ne laissent pas grand chose en mémoire. Une vidéo de 5 minutes ne vous fera pas retenir autant d’informations sur le cheminement d’écriture de Zola que de lire ses ouvrages.

- J’ai un peu peur que la vulgarisation de l’IA leur fasse penser qu’il n’est pas besoin de se creuser pour approfondir ou écrire, puisqu’elle peut le faire à leur place. :-S
Sauf qu’elle n’élaborera pas leur pensée, ni ne leur permettra de travailler leur esprit critique ni surtout une des choses les plus importantes à mes yeux : le sens de l’effort. C’est un vrai problème que celui là.
L’accès rapide à presque tout biaise ces capacités là, et je crains que ça augure beaucoup de difficultés plus tard dans la construction des identités, et dans la possibilité de manipulation de celles-ci…

Je trouve ça désolant et je crois que ça n’atteint pas que les plus jeunes. Regarde dans le train. Avant, nous étions nombreux à lire. Aujourd’hui nous sommes bien rares :-(

Pour l’exemple mes deux plus jeunes fils ont 13 ans, sont en 4e.
Ils ont à lire dans l’année,
Au bonheur des dames de Zola
Le Cid de Corneille
Le Horla de Maupassant
Claude Gueux Hugo
Les jeux de l’amour et du hasard de Marivaux.

Tu reconnais les programmes qu’on avait à peu près à leur âge.
Pour ça, je trouve que ça se maintient donc.
MAIS dans leurs devoirs à rendre (ils sont au cned mais le programme est celui de l’EN), la partie production d’écrits (nos rédac d’antan) sont facultatives :-( eux les font toujours et avec grand plaisir, et ont un très bon niveau mais je trouve que le fait que ce soit facultatif nivelle vers le bas quand même.
Ils lisent les ouvrages avec grand plaisir, en parlent puisqu’on les a lus, qu’on tache de leur trouver en parallèle les pièces ou films en vidéo.
En parallèle pour leur plaisir, ils lisent beaucoup de romans, surtout des sagas, sont abonnés à 3 magazines nature, 2 ados, 1 de science, 1 d’histoire, 1 de lecture.
Ils ne veulent pas en arrêter, quand je leur demande si je continue les abonnements et ils lisent tout dans ces magazines.
Ils lisent beaucoup de BD aussi, dont pas mal d’Historiques, et ont toujours un livre en route, mais je sais qu’ils font un peu figure d’exceptions pour leur âge contrairement à ceux que nous étions.
Ils n’ont pas de portables, ont des pc mais ne vont pas seuls sur internet, jouent à des jeux mais en temps compté et pas en ligne.
Modifié en dernier par hazufel le dimanche 10 décembre 2023 à 21:22, modifié 6 fois.
TSA
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Lilas
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Lilas »

Ah, je ne savais pas que les rédactions étaient devenues facultatives.
Je m'interrogeais justement sur leur qualité actuelle, sans avoir qu'elles étaient sur la liste rouge des espèces en voie de disparition.
Sans surprise, j'adorais ça, même si j'étais souvent désappointée par les sujets proposés.
Mais créer une histoire avec ses propres mots, quoi de plus exaltant ?

De mon côté, je suis face à des jeunes qui a priori aiment lire et écrire, mais je m'interroge quant à la qualité de leurs lectures (sans parler de lire les classiques, mais au moins de lire des ouvrages qui respectent les règles grammaticales), glanées sur les plate-forme de partage plutôt que dans les bibliothèques.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

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Eratosthène
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Eratosthène »

Le problème ne s'arrête pas à la lecture : ils ne connaissent pas les grands classiques du cinéma (même populaire), ne connaissent finalement que peu de BD, juste quelques mangas et pas forcément les meilleurs, la lecture on n'en parle même pas , j'ai un mal fou à trouver des références communes avec eux (ce qui est pour moi la base de ma pédagogie,, me servir de ce qu'ils connaissent pour les amener à approfondir sur un plan supérieur) : comme si toute la communication et le rapport à l'écrit et au langage se concentrait sur du pur relationnel, mais sans contenu informatif.
Le pire, qui va dans ton sens, c'est quand je me rends compte qu'ils vont chercher sur des courts en ligne d'un niveau nullissime bourrés de raccourcis débilitants, au lieu de me poser des questions sur le contenu de mon cours : là ça devient vexant :mryellow:
Après une suspicion de TSA-SDI, confirmation par le médecin traitant. Enfin diagnostiqué TSA-SDI par médecin psychiatre le 09/02/2024
Cardamome
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par Cardamome »

Mon fils était plongé en permanence dans les livres de toute sorte, dès l'âge de 5 ans quand il a su suffisamment bien lire pour pouvoir comprendre les histoires. Mais à un point dingue. Tout son temps libre, dans les livres. (Romans divers, BD, mangas, dictionnaire, Picsou magazine, etc). Il empruntait à la bibli municipale, aux CDI des établissements fréquentés, auprès du CDI du lycée où je bosse aussi, à la super médiathèque pourtant située à 60 kms de chez nous...

Ça a duré ainsi jusqu'à la fin du lycée.

Il n'a pas eu accès à Internet à volonté, jusqu'en terminale. Pas de Smartphone. Wifi accordé ponctuellement à la maison, avec code provisoire et limité.

Ce qui a contribué à ce qu'il continue à passer le plus clair de son temps libre, à lire (quand il ne faisait pas de sport).

Il est désormais équipé d'un smartphone avec donc internet dessus... Il passe de moins en moins de temps à lire des livres papier.
Le WE, je récupère le smartphone. Quand il en est privé, il traîne au lit le soir et le matin pour bouquiner des livres.
Les écrans à dispo contribuent à ce qu'il lise moins. :innocent:

Sinon, il emprunte toujours des livres (à la BU). De toute sorte. Mais il est un peu un extra terrestre parmi ses pairs.

Je suis persuadée que les écrans qui captivent beaucoup, empêchent de prendre le temps de lire en ce qui concerne mon fils qui avait développé une passion dévorante pour la lecture.

Parmi les jeunes, il y a des lecteurs; je le vois au CDI du lycée où je travaille, mais impossible de te dire avec certitude que si certains ne restaient pas rivés sur leurs écrans, ils seraient plus nombreux au CDI.

Je pense aussi hélas que certains tombent trop jeunes dans les écrans mais auraient peut être eu une passion pour lire en étant tenus à l'écart des écrans?? Mais pas forcément.
Quand je repense à mon propre cas (bientôt 50 ans)... Pas d'accès libre à la TV dans mon enfance, et très peu à mon adolescence et ayant appris à lire à 5 ans avant d'entrer à l'école, je passais le plus clair de mon temps à lire. Je me souviens au collège on se moquait de moi parce que j'aimais lire et aller au CDI.
C'était presque mal vu...
La plupart ne comprenait pas comment on peut choisir de lire un livre. Eux, ça leur était imposé par le prof de français.
Spoiler : 
Sur ce, je pose mon téléphone et je repars...lire :lol:
maman d'un jeune homme diagnostiqué avec TSA.

"Caminante, no hay camino, se hace camino al andar."
Antonio Machado
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hazufel
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Re: [Index Éducation] Parlons ici d'éducation, d'enseignement...

Message par hazufel »

Dans Télérama, et entendu ce matin sur France Culture, à propos de la confirmation de la fermeture de l'école d'Art de Valenciennes, seule école de secteur du domaine, et ayant dans ses élèves, une très grande majorité de boursiers.

Les écoles d’art et de design vont-elles disparaître ?
Les propos controversés de Rachida Dati, envisageant la fermeture de plusieurs d’entre elles, l’ont confirmé. De Chalon à Toulouse, les écoles d’art et de design, dépendantes de collectivités financièrement exsangues et délaissées par l’État, sont en danger.
En conclusion :
Alors que le nombre de candidats aux études artistiques augmente, il semble pour elle plus confortable de montrer du doigt Villes et Régions au cas où de nouveaux établissements seraient défaillants. « Le malaise de ces écoles est un symptôme de plus dans une société où on a tout démoli. Comme celui des infirmières, des médecins, de l’Éducation nationale, des agriculteurs », résume une professeure. Et pendant ce temps les coûteuses formations privées prospèrent.
Spoiler : Article complet : 
Assemblée nationale, mardi 19 mars. Devant les députés de la commission des affaires culturelles, Rachida Dati se dit prête à « fermer certaines écoles » d’art et de design « déconnectées de la réalité ». Chez les étudiants et les enseignants, c’est la consternation. La veille, leurs syndicats étaient reçus par le cabinet de la ministre. La rencontre s’était plutôt bien passée, après un long silence et une année scolaire 2022-2023 marquée par les crises et les grèves. Mais après la sortie de Rachida Dati à l’Assemblée, le syndicat étudiant Le Massicot envisage « de fortes mobilisations ». Quelques jours après, la ministre tente de corriger le tir en déclarant son attachement au service public. Trop tard. L’inter-organisations Écoles d’art et design en lutte avertit aussitôt de sa « vigilance ».

La menace de fermeture, l’École média art (ÉMA), à Chalon-sur-Saône, la connaît déjà. Dans cette ville où la ministre a passé son enfance, l’État vient de retirer l’ÉMA de Parcoursup, la plateforme d’inscription en ligne pour l’enseignement supérieur. L’école ne peut plus accueillir de candidats en première année pour 2024. Le ministère de la Culture et le président du Grand Chalon, Sébastien Martin, de droite tendance Xavier Bertrand, se renvoient la responsabilité d’une situation très confuse.

Enseignants et étudiants, eux, ont appris la nouvelle dans la presse locale. Depuis, le cabinet de Sébastien Martin assure vouloir « ne laisser personne sur la touche » en attendant qu’une nouvelle « formation artistique » se mette un jour en place. Et les cours du soir pour amateurs continueront. Mais l’association des étudiants, le Club-Made, n’admet pas cette triste fin annoncée, alors que ses représentants se disent « très bien accompagnés » par l’équipe pédagogique.

L’École supérieure d’art et de design de Valenciennes subit le même sort. Elle a été écartée de Parcoursup en 2023 faute de financement local : depuis près de dix ans, le maire Horizons et président de la communauté d’agglomération, Laurent Degallaix, rabotait les crédits. Le précédent directeur ayant démissionné, une directrice provisoire gère les affaires courantes en attendant une probable fermeture. Et avant Valenciennes et Chalon, l’école de Rueil-Malmaison avait déjà baissé le rideau en 2011, suivie par celle de Perpignan en 2016.
Des déficits parfois abyssaux

Les trente-quatre écoles publiques d’art et de design territoriales délivrent en trois ou cinq ans des diplômes nationaux, mais leur budget dépend à 87 % des collectivités locales. Elles ne luttent pas à armes égales face aux dix nationales (Beaux-Arts de Paris ou de Nancy, École nationale supérieure de création industrielle, Arts-Déco de Paris…), qui forment aux mêmes diplômes, mais sont financées par l’État. Or, depuis 2022, les territoriales subissent de plein fouet l’inflation — compensée par l’État dans les écoles nationales.

À cela s’est ajoutée une réévaluation des salaires, qui représentent 80 % de leurs dépenses. Certaines ont ainsi accumulé des centaines de milliers d’euros de déficit. « Pour boucler notre budget, nous puisons dans nos réserves. D’ici quatre ans, elles seront épuisées. C’est déjà le cas dans d’autres établissements. La situation va immanquablement se dégrader », prévient Ulrika Byttner, directrice de l’École supérieure d’art et design Le Havre-Rouen, et coprésidente de l’Andea, Association nationale des directeurs d’écoles supérieures d’art.

À lire aussi :

Rachida Dati affirme que la fermeture d’écoles d’art n’est pas “un objectif” mais “un risque”

La qualité de l’enseignement s’en ressent. En 2023, par exemple, Toulouse a accordé à son école une rallonge d’un million, en contrepartie d’un plan d’économie de 400 000 euros en 2024. Conséquence : « Cette année, nous n’organisons pas de conférences, nous n’invitons pas d’artistes à des workshops, nous n’envoyons pas les élèves en voyage d’études. Et les horaires d’ouverture des ateliers ont été réduits », regrette un représentant syndical. Là où les écoles sont adossées à un centre d’art, comme l’ensemble Moco-Esba (Montpellier Contemporain-École supérieure des beaux-arts), les choses se passent mieux, mais au prix d’une diminution du budget consacré aux expositions.

Ces difficultés poussent certaines collectivités à augmenter les frais d’inscription. C’est le cas pour Tours-Angers-Le Mans, où, en février, un projet de forte hausse (de 520 euros pour les non-boursiers cette année, ces frais passeraient à 920 en 2026) a provoqué une occupation des locaux par les étudiants. Ces décisions sont d’autant plus mal vécues que les boursiers paient plein pot (ou avec une petite réduction), alors qu’ils sont exonérés dans les écoles nationales, où, pourtant, s’inscrire coûte souvent moins cher (438 euros aux Beaux-Arts de Paris, 600 euros à Nantes-Saint-Nazaire). Or les territoriales accueillent de nombreux boursiers (plus de 50 % dans cinq écoles, selon la Cour des comptes).

Face à l’urgence, le gouvernement a débloqué en 2023 une aide de 2 millions, qui « ne compense même pas la hausse des salaires », constate Ulrika Byttner. L’inter-organisations, elle, chiffre à 60 millions le montant qu’il faudrait apporter aux écoles pour les faire tourner correctement. En décembre dernier, le Sénat a voté une augmentation de leur dotation de 16 millions, mais le gouvernement les a retirés de la loi de finances définitive.
Une loi attendue désespérément

Les causes du désarroi sont avant tout structurelles. Le ministère en a été informé par trois rapports successifs. Il a lui-même commandité le dernier en date, rendu en octobre 2023 par Pierre Oudart, directeur de l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille-Méditerranée. En le présentant aux sénateurs en décembre, celui-ci a décrit un système « mal fichu ». La carte de l’enseignement supérieur artistique remonte au XVIIIe siècle et à ses écoles municipales de dessin, complétées au XIXᵉ par des formations pour le textile ou la céramique. Renommées écoles des beaux-arts au XXᵉ siècle, elles ont ensuite, pour certaines, intégré le design. Avec le statut de régies municipales : les communes prenaient en charge leur gestion.

Mais, à partir des années 2000, la France s’est s’alignée sur le système universitaire européen en appliquant le « processus de Bologne », adopté en 1999 par vingt-neuf pays. Ce qui implique l’autonomie juridique et pédagogique des écoles. En 2011, de nouvelles structures, les établissements publics de coopération culturelle (EPCC), ont ainsi pris la suite des régies (sauf à l’ÉMA de Chalon, qui a gardé son ancien statut). Mais leur financement n’a pas été clairement défini : certains EPCC, pour des raisons historiques, sont plus soutenus par l’État que d’autres. Quant à la contribution des Régions et des métropoles, elle varie au gré des choix politiques et des ressources. À Rouen, par exemple, la métropole soutient son école, contrairement à Lyon ou Marseille.

De plus, les moyens de l’autonomisation n’ont pas suivi. Si bien que les EPCC ont le plus grand mal à assurer des tâches administratives toujours plus lourdes. Il faut rendre des rapports pour faire accréditer les diplômes, répondre à des appels à projets pour obtenir des crédits de recherche, établir des statistiques… Socle institutionnel « de bric et de broc » et bureaucratisation produisent un climat « délétère » et « une souffrance au travail généralisée », observe Pierre Oudart. Les arrêts maladie et les départs se multiplient, les directions valsent. Les professeurs, eux, se sentent « délaissés » : le salaire brut de base est de 1 969 euros par mois dans une école territoriale, contre 2 239 dans une nationale, et l’écart se creuse avec l’ancienneté. L’alignement sur l’université exige de ces enseignants un travail de recherche, mais ils ne peuvent prendre un congé rémunéré pour le réaliser, alors que les professeurs des écoles nationales y ont droit.

Le salut passe par une loi remettant les choses à plat. Mais, pour l’instant, Rachida Dati répond surtout « performance » et « professionnalisation ». Dès la rentrée 2024, tout le monde devra proposer l’alternance : les étudiants choisissant cette voie deviendront des salariés et partageront leur temps entre les cours et l’entreprise. Pourquoi pas, mais comment faire sans moyens supplémentaires ? Et quel artiste ou designer peut recruter un apprenti dans un paysage culturel largement précarisé ? Les sidérants effets d’annonce ont sans doute pour but de faire oublier la réalité : la ministre, à qui Bercy vient de retirer 204 millions d’euros, n’a plus aucune marge de manœuvre.

Alors que le nombre de candidats aux études artistiques augmente, il semble pour elle plus confortable de montrer du doigt Villes et Régions au cas où de nouveaux établissements seraient défaillants. « Le malaise de ces écoles est un symptôme de plus dans une société où on a tout démoli. Comme celui des infirmières, des médecins, de l’Éducation nationale, des agriculteurs », résume une professeure. Et pendant ce temps les coûteuses formations privées prospèrent.
Après les propos de cette ministre sur l'Archéologie préventive qui est selon elle, n'est que "creuser un trou pour creuser un trou", il est plus que désespérant, décourageant, terrifiant de percevoir la pauvreté en devenir du savoir et des connaissances offertes aux futurs élèves dans ce pays.

Que deviendront ces élèves issus de territoires où le chômage a déjà dévasté les familles après la fermeture de toutes les usines dans lesquelles travaillaient leurs grands-parents et leurs parents (les écoles de Valencienne et de Chalon sur Saône seront bientôt fermées, terrains ouvriers d'antan) et qui aspiraient à de nouvelles perspectives en décidant d'apprendre les gestes, les techniques, les connaissances que leur dictaient leurs sensibilités multiples ?

Mais suis-je bête, je devrais me réjouir, l'IA va les sauver :? :hotcry: :hotcry:
TSA