Pondéral, un autre Médiator ?

[Jean]

Editorial de la revue Sésame Autisme - 1er trimestre 2011
Un scandale peut en cacher un autre
Au moment de Noël, on a beaucoup parlé du Médiator, un médicament prescrit pour traiter le diabète (en réalité un coupe-faim) qui a tué peut-être 500 personnes. Le même laboratoire Servier avait commercialisé deux autres amphétamines l’Isoméride et le Pondéral (interdit en 1997, avec deux ans de retard en France). Tout cela a été très bien analysé par l’Inspection Générale des Affaires Sociales, qui a remis un rapport mi-janvier. J’ai lu ce rapport de 2 000 pages (avec les annexes).

Ce qui est moins connu, c’est que le Pondéral avait été prescrit pour traiter l’hyperactivité dans l’autisme dans les années 90, par des médecins psychiatres français. Évidemment, ces prescriptions se faisaient hors AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), et sans déposer une demande d’expérimentation auprès de l’Agence du Médicament (loi Huriez).
Un ami, médecin psychiatre, m’a dit qu’il se souvenait avoir reçu un visiteur médical des laboratoires dans son service à l’hôpital qui lui avait laissé des boîtes de médicaments...

Après avoir été reçu par le directeur du cabinet de Xavier Bertrand, le 23 décembre, et m’être adressé par écrit à l’Arapi et à l’Ancra (Association Nationale des Centres de Ressources) pour obtenir leur accord afin de rechercher les patients concernés pour qu’ils consultent un cardiologue, je n’ai pas reçu de réponse, ce qui est particulièrement navrant. Avec l’accord du Ministère, je lance un
AVIS DE RECHERCHE
Auprès des familles susceptibles d’être concernées.

Vous souvenez-vous qu’on ait prescrit ce médicament (frère jumeau du Médiator) à votre enfant, à un proche ? Si c’est le cas, écrivez immédiatement à la Fédération. J’appellerai toutes les familles qui se seront signalées.

Je suis scandalisé que trop souvent on traite nos enfants comme des « cobayes ». Ce qui est vrai du Pondéral, l’est de l’utilisation abusive des neuroleptiques, sans même que celle-ci fasse l’objet d’un suivi correct (prises de sang régulières, échographies cardiaques, etc.).
Nous avons sans doute besoin de ces substances, mais pourquoi donc ne se donne-t-on pas la peine de surveiller un peu mieux l’état de santé des personnes avec autisme ? Comme vous le savez, l’un de ces produits fait actuellement l’objet d’une surveillance renforcée de l’Afsapps, qui a beaucoup à se faire pardonner.

Marcel HERAULT
Président de la Fédération SESASAME-AUTISME