Indépendance, autonomie, logement

[Anty28]

Bonjour à toutes et à tous.

Je poste ici parce que je pense que le sujet est pertinent pour ce forum-ci.

En soi, mes difficultés professionnelles actuelles (que j'ai déjà mentionnées dans le topic Emploi-TSA) devraient déjà être assez préoccupantes comme sujet, mais cela impacte aussi, notamment, mes perspectives de me trouver un logement à Paris ou ailleurs en région parisienne, à court ou à moyen terme. En effet, je ne gagne pas suffisamment d'argent pour l'instant pour vivre de façon pleinement indépendante et autonome, et cela m'angoisse parfois. J'ai bien fait une demande de logement social à la mairie de Paris, mais je n'en suis encore qu'au tout début pour le moment.

À l'âge que j'ai, j'habite encore chez mes parents, mais j'ai de plus en plus envie de m'en émanciper définitivement.

C'est pourquoi je me posais la question : y a-t-il eu d'autres personnes qui ont eu des difficultés avec l'acquisition de l'autonomie ? Si oui, comment vous en êtes sorti(e)s ?

[freeshost]

Au niveau financier, je m'en suis sorti avec des rentes auxquelles nous avons droit en tant que personnes avec des handicaps, et avec quelques cours d'appui privés à domicile.

Pour l'administratif, il y a une personne formée qui travaille dans une fondation qui aide les personnes avec handicaps dans leur quotidien. Celle-ci m'aide si j'ai des questions administratives.

Pour le reste, une bonne partie consiste à ne pas accumuler les retards donc tout de suite faire les choses (trouver des moyens pour éviter la procrastination ). Tout de suite laver la vaisselle, tout de suite payer les factures (gestion du compte en ligne), etc. Ne rien laisser s'accumuler.

Une tâche X(i) est prioritaire si la négligence de X(i) engendre le bordel (qui, accumulé, sera source de découragement face à la montagne érigée par le cumul de tâches non exécutées). Parmi les priorités, on peut citer par exemple :

- payer les factures - si tu ne paies pas, il peut y avoir des frais de rappel, des frais de poursuite, une spirale de l'endettement (cf. gérer un budget, fixer des limites, prévenir l'achat compulsif parmi les troubles obsessionnels compulsifs) ;
- nettoyer l'appartement et les vêtements (aspirer, récurer, lessiver, ranger, jeter les déchets, etc.) - si tu ne le nettoies pas, ça va puer, ça va devenir insalubre, ça va augmenter les risques pour la santé ;
- entretenir sa santé (bien manger, éviter les addictions, dormir et se reposer suffisamment, un brin d'activité physique, se couper des relations toxiques, etc.) - si tu n'es pas en bonne santé, tu augmentes le risque d'être malade et cloué au lit, ce qui t'empêche de réaliser des tâches ;
- cuisiner ; nécessaire pour manger donc survivre, pour bien se nourrir sans vider son compte en banque en allant toujours au restaurant ;
- classer tous les papiers administratifs (donc ne pas oublier de relever le courrier) ; important pour s'y retrouver, retrouver un document précis rapidement, séparer les paiements réalisés de ceux non réalisés (donc pour éviter des retards de paiement notamment, pour bien gérer sa déclaration d'impôts) ;
- entretenir des plages horaires (au moins une par jour) pour les loisirs, les intérêts spécifiques et autres sources de motivation ; bon pour la santé mentale et l'épanouissement, la confiance en soi, les beaux souvenirs, le moral, la relaxation ;
- communiquer (écrire des lettres, notamment pour tout ce qui est administratif ; répondre ou communiquer qu'on ne veut pas répondre ; échanger avec d'autres personnes [autistes notamment], en face-à-face ou à l'aide de messageries diverses) ; permet de ne pas se sentir trop seul, d'échanger et partager des informations, des connaissances, des ressentis ; bon, okay, voilà une des difficultés principales des personnes autistes (surtout au niveau non verbal et des codes sociaux) mais les sciences et arts sociaux peuvent aider (pour autant qu'ils nous intéressent ) ;
- etc*.

* Notons que certaines choses peuvent être une priorité pour une personne et pas pour une autre.

Quand on a des difficultés, il est possible voire conseillé de demander de l'aide (une autre difficulté chez pas mal de personnes autistes ), éventuellement de déléguer.

Exemples :

1. Pour la déclaration d'impôt, ce n'est pas moi qui fais tous les calculs et divers formulaires à remplir. Chaque début d'année, je fournis à une fiduciaire tous les documents que je dois fournir. C'est un exemple de délégation.

2. Pour communiquer, je suis moins expérimenté dans la gestion des conflits, dans la gestion d'un groupe (notamment gérer la discipline), dans la voix forte et ferme. Entre autres pour cette raison, je préfère vivre en solo plutôt que cohabiter avec d'autres mammifères (il y a bien parfois des araignées ou des guêpes, mais elles sont autonomes ). M'exposer ? Je pratique l'évitement, ayant pris l'habitude d'être discret - vie privée, intimité, secret professionnel, secret de fonction, calme, etc. - dans l'espace public présentiel face-à-face. Je préfère être tranquille dans ma discussion au lieu faire le m'as-tu-vu qui a sans cesse besoin d'attention (et de klaxonner, de faire vrombir le moteur, etc.).

3. Pour l'administratif, je fais juste le nécessaire. Ce n'est pas ce qui me motive le plus. Alors autant faire les tâches administratives tout de suite. Ainsi, je n'ai plus à y penser.

4. Au niveau financier, les difficultés étaient plus présentes quand je ne connaissais pas l'autisme et n'avais pas de rentes. Par chance, ma mère a entendu parler de l'autisme peu après. (puis le diagnostic fait assez rapidement, les droits aux rentes ont été honorés ) Mais de nouveau, faut que je me motive pour l'administratif. Pour ne pas dépasser les limites budgétaires, je me dis tout de suite NON quant aux choses non nécessaires. Je sais que je dois économiser, par exemple pour payer, chaque année, en une fois l'abonnement général suisse (au lieu de payer par tranches).

5. Dire NON. Pas toujours facile, mais nécessaire. NON, je ne vais pas acheter telle tentation. NON, je ne suis pas disponible maintenant pour t'aider. Le mieux est de tout de suite dire NON car il est plus difficile de dire NON après avoir dire OUI (dissonance cognitive, pied-dans-la-porte). NON. NEIN. NO. NIE. Et sans se justifier, tsé. Parfois, il m'arrive de me laisser tenter (quand un nouveau restaurant ouvre par exemple mais y aller, c'est augmenter les dépenses).

6. Gérer le temps et les activités. Il y a du bon et du moins bon. Le bon, c'est que j'arrive bien à planifier dans mon agenda papier les rendez-vous. Je sais combien de temps (mesure puis arrondis vers le haut, toujours pour prévoir de la marge) je fais pour certaines activités (préparer telle salade, marcher de ma porte au quai de la gare, etc.), je sais calculer alors ma vitesse (vitesse = distance/temps) avec la chance d'aimer le calcul mental (et une calculatrice à disposition). Je peux alors estimer le temps que je prendrai pour telle marche (selon la distance sur la carte et les dénivelés et les conditions géographiques). Le moins bon, c'est la difficulté à renoncer à mes divers intérêts, à gérer cette multitude. [D'ailleurs, étant plongé dans une activité, on peut oublier le temps. Je vais devoir éteindre l'ordinateur. Il est bientôt minuit. Faut que j'aille dormir. Il y avait une période lointaine où j'avais un horaire décalé à force de clavarder avec des personnes québécoises. ]

7. Les voyages, j'aime ça. Bon, pour en faire, il faut avoir appris à économiser (je n'ai pas gagné à l'Euromillion, non ). Je suis plutôt à l'aise avec les transports publics, le calcul du budget, le sens de l'orientation, et j'aime les langues. Internet fourmille de renseignements utiles. Bon, par contre, rares sont les voyages où je n'ai rien égaré. Je supporte les dortoirs d'auberges de jeunesse si ça peut réduire le prix de la nuitée. Prendre les précautions qui s'imposent pour réduire le risque de se faire voler - il y a partout des personnes voleuses. Bon, comme je voyage souvent seul, je ne peux pas demander à autrui de surveiller mes bagages. J'essaie donc d'avoir au maximum une valise et un sac à dos. De nouveau, faut résister aux nombreuses tentations qui épuiseraient le budget du voyage.

8. Apprendre ? Il y a plein de choses qui m'intéressent. Par contre, je n'aime pas apprendre à un rythme sous pression et avec des examens et des travaux écrits. J'apprends donc librement, en autodidacte pour diverses choses (il y a plein de pdf et de vidéos sur internet , pas besoin de payer tant pour des hautes écoles et des livres ). Je suis plutôt à utiliser des stratégies d'évitement du stress. (non, je ne vais pas travailler chez McUt pour devoir préparer x sandwichs en y minutes)

Je ne m'en sors pas si mal. Chus [l'plus] chanceux.

Pour le logement, je vais rester autant que possible là où je suis car le loyer est relativement bon marché, l'endroit est assez calme tout en étant pas trop loin du centre, assez bien desservi en transports publics. C'est possible de trouver des appartements calmes et pas chers à Paris ? [Hmmm... concernant les transports publics, on a plus de chance en Suisse qu'en France... puis, ces temps-ci, les tracteurs bloquent les autoroutes en France, les agriculteurs se révoltent dans plusieurs pays, il y a des grèves des transports en Allemagne... et pas sûr que l'ange Gabriel nous apporte le salut...]

P.S. : Je n'utilise pas de planche à repasser. Donc ce n'est pas aussi bien plié et présenté que dans les magasins de vêtements. J'étends sur des fils pour ne pas gaspiller d'énergie avec le séchoir.

[Anty28]

Bonjour, merci d'avoir pris le temps de répondre à mon message.

Mais ma priorité en ce moment, cela reste surtout et avant tout de trouver un emploi. Je n'ai pas trop de problèmes avec les tâches administratives.

[freeshost]

Bon, trouver un poste de travail est difficile, encore plus pour les personnes autistes en général.

[NewTee]

Vous cherchez quel type de poste ?

[Deoxys]

Pour ma part, oui, j'ai eu (j'ai toujours) des problèmes d'acquisition de l'autonomie.

J'ai stoppé mes études (j'ai annulé ma rentrée en 3ème année de licence), je n'arrivais pas à les maintenir et à m'y investir, je pensais travailler à la place (j'avais déjà un peu travaillé pendant les périodes de vacances).
...Oui mais non. Dès mon premier jour de travail — donc avant d'arrêter mes études — j'avais bien senti que je galérais anormalement. Mais j'ai persisté. J'ai donc continué à travailler par-ci par-là mais ce fut une catastrophe qui est allée de mal en pis, je me suis épuisée chaque fois un peu plus jusqu'à ne plus être capable d'assumer le moindre poste (plus l'énergie mais aussi la peur d'y retourner, "phobique").

J'ai eu une période où j'ai vécu hébergée chez la famille, à vivre des économies qu'il me restait (salaires, chômage de ma période Pôle Emploi avant mon "burn out" — je mets les guillemets car il n'a pas été diagnostiqué —, vente de certains de mes biens).

Puis j'ai demandé un suivi avec un psychiatre de ville (après avoir essuyé un rendez-vous avec un premier qui m'a dit que "j'étais trop dans l'introspection et que j'avais juste besoin de gagner en expérience, de passer mon permis, de sortir avec mes ami·es sauf que je suis asociale assumée"). C'est sur lettre d'adressage de mon médecin traitant que je me suis rendue là-bas — lettre qui mentionnait d'ailleurs "beaucoup de questions existentielles".


Ce qui m'a vraiment aidée à avancer dans mon autonomie c'est l'obtention de l'AAH (taux d'incapacité entre 50 et 79 % avec restriction substantielle et durable d'accès à un emploi).
Grâce à elle, j'ai pu trouver un appartement dans le privé, les délais pour les logements sociaux étant trop longs.
Mais bon, j'ai eu de la chance (et en même temps, pas trop, car au vu de l'immeuble et des soucis que des proches ont eus avec le même propriétaire, il semblerait que je ne sois pas tombée sur la boîte la plus bienfaisante du marché... mais au moins de mon côté je n'ai pas de problème, et surtout j'ai un toit, une caverne à moi).
Ça dépend aussi de la zone où l'on cherche (Paris c'est vraiment très cher).

Après sont venus les diagnostics de TDAH puis de TSA au gré de mon parcours hospitalier, qui m'ont permis de poursuivre dans cette amélioration progressive (traitement pour le TDAH, accès à un SAVS dédié pour le TSA — prévu pour cette année normalement).


Donc pour l'instant, j'ai le logement, les ressources financières [de secours], et l'objectif maintenant est de me réinsérer dans le monde extérieur au niveau professionnel.

Sinon, hormis l'obligation pro (et médicale), je suis autonome dans ma vie privée, j'arrive à me gérer, mais je rame sur certaines choses (discipline personnelle/ménagère, l'administratif, l'habilité motrice...). Les seuls trucs où j'arrive à me donner à fond sont ceux en lesquels je vois un vrai intérêt ; sauf que pas de bol, ce sont souvent des trucs qui "ne servent à rien" en termes de productivité, plutôt le contraire même.

Il y a toutefois des choses de l'ordre du privé sur lesquelles je ne suis pas du tout autonome, mais où ça ne me dérange pas car ça colle avec la façon dont je veux vivre ma vie :

• pas de sorties sauf si nécessaire,
• pas de vie sociale/relationnelle hors famille (des fois ),
• pas de permis/véhicule (je n'ai nulle part où me rendre où mes jambes ou les transports en commun ne puissent pas m'emmener).

Voilà pour mon expérience passée et actuelle par rapport à l'acquisition de l'autonomie.
Bon courage à toi et à toute autre personne dans le même cas...

[Ostara]

J'ai toujours eue des problèmes d'autonomie,
Enfant j'ai eue des difficultées pour apprendre a me laver les cheveux seule,me laver seule,lire l'heure pour gérer le temps,faire mes lacets (que je n'ai su faire qu'à treize ans malgré moults tentatives),

J'ai des difficultées et des angoisses autour des tâches administratives,j'ai du mal a m'organiser et je me sens vite submergée,

Pour le ménage j'aime pas ça et je me cogne partout quand je le fais, mais comme j'aime l'ordre et les choses bien rangées et propre ,ça me rassure,je le fais,je suis lente et mon mari est plus a l'aise pour les tâches ménagères,mais comme on est deux a les faire,c'est plus simple ^^par le passé j'ai eue des difficultées a gérer les tâches ménagères aussi,j'ai mis du temps avant de gérer bien tout ça,

Je ne conduit que dans des endroits que je connais par coeur,et j'ai eue de grandes difficultées a avoir mon permis de conduire (passé six fois et encore on essayait de me convaincre pour que je le passe sur boîte automatique,ce que je refusait car j'ai tellement galéré pour l'obtenir sur boîte a vitesse manuelle que je voulais pas abandonner têtue et obstinée malgré les larmes et crises de fatigue que ça m'as coûté),et j'ai peur de conduire hors trajets routiniers,

Je suis naïve sur le plan financier/administratif ( beaucoup moins qu'avant j'ai appris de déboires mais fragilité quand même a ce niveau ) j'aurais du mal a capter si quelqu'un tentait de m'arnaquer, profiter de moi,me vendre un truc dont je n'ai pas besoin,mais pour pallier à mes lacunes je ne fais jamais de démarches bancaires/financières/achat importants comme voiture ect,sans mon mari car lui va savoir lire entre les lignes,voir arriver la tentative de vente malhonnête,la stratégie commerciale,moi même si je le sais théoriquement,en pratique j'ai fréquemment du mal a repérer tout ça spontanément,et ces situations demandent pourtant de réagir rapidement,
Si je suis seule face a ce type de situation je ne prend aucunes décisions par prudence,et j'attend la présence de mon mari.

Mais du coup après des déboires,je suis devenu plutôt méfiante et septique et même si je ne comprends pas du tout l'enjeu de la situation en face de moi par méfiance en mode "système par défaut automatique" je dirais "je ne sais pas,je réfléchis et je vous informe de ma décision" où "avant de décider de quoique ce soit on en parle ensemble avec mon mari quand il sera la et on vous répondra"

Conclusion : je suis quand même plutôt autonome,je pense,même si j'ai besoin d'aide pour certaines situations du quotidien.