Essayer de se comprendre après le diagnostic

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Kumi_44
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Kumi_44 »

Erreur classique ! (J'aurais fait la même perso) Il est vrai que je n'ai pas de solution à te proposer. A voir en habilités sociales ou avec une psy ?

Il va falloir que tu travailles sur cet équilibre entre vouloir être avec les autres et les moments où tu as besoin d'être seule. Tu n'exagères pas ! C'est un apprentissage long surtout quand on a eu le diag récemment. J'ai des moments où je ressens que j'exagère, je pourrais faire un effort... mais c'est de moins en moins souvent et je le remplace par "ils minimisent mes besoins", "je n'ai pas à faire des efforts puisqu'eux même n'en font pas". La colère et l'indignation est venue remplacer cette culpabilité. Je ne suis pas une personne colérique loin de là mais je me laisse de moins en moins faire et j'écoute les appels de mon corps (maux de tête, hypersensibilité augmentée, conversation devenant des brouhahas difformes et pleins d'autres).

Malheureusement, on ne peut pas y faire face à 100% si personne n'est au courant de nos particularités. Alors on fait avec. Par contre, accepter la dissociation pour rester avec eux n'est pas une bonne idée, mais vraiment pas ! Car déjà, ils s'en ficheront. Ensuite ça a coup énorme sur ta santé : incapable de faire quelque chose allant jusqu'à plusieurs jours, une fatigabilité augmentant à mesure jusqu'à même... un burn out. Fais bien attention à ça.

Effectivement, ça me l'a fait aussi surtout quand je suis dehors. Je stimmais sans le savoir mais le blocage de certains aspects arrive après le diag. Mais il y a d'autres aspects qui ont "explosé" après mon diag. Tout était si instable et j'étais perdue. Je me demandais même si je nessayais pas inconsciemment "d'imiter" les traits du TSA. Je sais aujourd'hui que c'est faux et que c'est juste que j'apprenais à connaître ma réelle identité.
Je restimme maintenant pas mal, je ne peux pas m'en passer. C'est un besoin. J'essaie petit à petit à moins vouloir tout masquer et à assumer le fait que j'ai un TSA. Un combat au quotidien.
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Philippine
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Philippine »

Kumi_44 a écrit : vendredi 29 septembre 2023 à 20:20 Erreur classique ! (J'aurais fait la même perso) Il est vrai que je n'ai pas de solution à te proposer. A voir en habilités sociales ou avec une psy ?

Il va falloir que tu travailles sur cet équilibre entre vouloir être avec les autres et les moments où tu as besoin d'être seule. Tu n'exagères pas ! C'est un apprentissage long surtout quand on a eu le diag récemment. J'ai des moments où je ressens que j'exagère, je pourrais faire un effort... mais c'est de moins en moins souvent et je le remplace par "ils minimisent mes besoins", "je n'ai pas à faire des efforts puisqu'eux même n'en font pas". La colère et l'indignation est venue remplacer cette culpabilité. Je ne suis pas une personne colérique loin de là mais je me laisse de moins en moins faire et j'écoute les appels de mon corps (maux de tête, hypersensibilité augmentée, conversation devenant des brouhahas difformes et pleins d'autres).

Malheureusement, on ne peut pas y faire face à 100% si personne n'est au courant de nos particularités. Alors on fait avec. Par contre, accepter la dissociation pour rester avec eux n'est pas une bonne idée, mais vraiment pas ! Car déjà, ils s'en ficheront. Ensuite ça a coup énorme sur ta santé : incapable de faire quelque chose allant jusqu'à plusieurs jours, une fatigabilité augmentant à mesure jusqu'à même... un burn out. Fais bien attention à ça.

Effectivement, ça me l'a fait aussi surtout quand je suis dehors. Je stimmais sans le savoir mais le blocage de certains aspects arrive après le diag. Mais il y a d'autres aspects qui ont "explosé" après mon diag. Tout était si instable et j'étais perdue. Je me demandais même si je nessayais pas inconsciemment "d'imiter" les traits du TSA. Je sais aujourd'hui que c'est faux et que c'est juste que j'apprenais à connaître ma réelle identité.
Je restimme maintenant pas mal, je ne peux pas m'en passer. C'est un besoin. J'essaie petit à petit à moins vouloir tout masquer et à assumer le fait que j'ai un TSA. Un combat au quotidien.
Ah ben justement, je me suis inscrite à des ateliers sur les habilités sociales ! Mais cela ne commence qu'en décembre. Je pense que j'en ai bien bien besoin.

Cette phrase : "je n'ai pas à faire des efforts puisqu'eux même n'en font pas" est tellement vrai. Je ne me l'étais jamais dit comme ça. Cela me fait relativiser.
Là où il y a un enjeu c'est que quand je respecte mes besoins de façon consciente, cela génère un stress chez moi, du type "est-ce que j'ai raison/c'est légitime ?", "est-ce que c'est socialement acceptable ? ça passe auprès des collègues" ?
Du coup il y a des moments où je ne m'écoute pas presque par facilité parce que je ne me pose pas ces questions là.

Concernant les sorties entre collègues, je ne sais pas pourquoi j'ai envie d'y aller. Cela se passerait très bien sans moi. Je fais acte de présence tout au plus. Je me sens systématiquement nulle. Je vais essayer de renoncer à ce type de sortie et écouter davantage mon besoin de solitude. Là, je suis complètement saturée. Pas dans le burn out complet (je peux encore faire des petits trucs), mais clairement, je ne suis pas bien. J'ai qu'une envie, c'est de me poser seule.

Merci pour ton témoignage concernant le stimming. Quels sont les aspects qui ont "explosé" après ton diagnostic ?
Moi aussi je me suis demandée si je n'imitais pas les traits des TSA. Mais non, je ne crois pas. Quand je doute, je repense à mon score à l'ADOS-2 et je me dis qu'on ne peut pas complètement fausser un test comme ça. J'essaie de me raccrocher aux preuves que j'ai...
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Flower
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Flower »

Le stimming, c'est le seul truc que j'ai en fait moins cherché à masquer après le diagnostic, mais que je me suis sciemment autorisée à faire (enfin, pas trop en public quand même :wink: ).
Mais oui, pas évident de trouver un équilibre...
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Kumi_44
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Kumi_44 »

Philippine a écrit : vendredi 29 septembre 2023 à 21:54 Ah ben justement, je me suis inscrite à des ateliers sur les habilités sociales ! Mais cela ne commence qu'en décembre. Je pense que j'en ai bien bien besoin.

Cette phrase : "je n'ai pas à faire des efforts puisqu'eux même n'en font pas" est tellement vrai. Je ne me l'étais jamais dit comme ça. Cela me fait relativiser.
Là où il y a un enjeu c'est que quand je respecte mes besoins de façon consciente, cela génère un stress chez moi, du type "est-ce que j'ai raison/c'est légitime ?", "est-ce que c'est socialement acceptable ? ça passe auprès des collègues" ?
Du coup il y a des moments où je ne m'écoute pas presque par facilité parce que je ne me pose pas ces questions là.

Concernant les sorties entre collègues, je ne sais pas pourquoi j'ai envie d'y aller. Cela se passerait très bien sans moi. Je fais acte de présence tout au plus. Je me sens systématiquement nulle. Je vais essayer de renoncer à ce type de sortie et écouter davantage mon besoin de solitude. Là, je suis complètement saturée. Pas dans le burn out complet (je peux encore faire des petits trucs), mais clairement, je ne suis pas bien. J'ai qu'une envie, c'est de me poser seule.

Merci pour ton témoignage concernant le stimming. Quels sont les aspects qui ont "explosé" après ton diagnostic ?
Moi aussi je me suis demandée si je n'imitais pas les traits des TSA. Mais non, je ne crois pas. Quand je doute, je repense à mon score à l'ADOS-2 et je me dis qu'on ne peut pas complètement fausser un test comme ça. J'essaie de me raccrocher aux preuves que j'ai...
Bon au moins tu y es inscrite ! Moi j'en n'ai pas vraiment, je crois que j'en fais avec mon orthophoniste spécialiste du TSA en individuel. J'ai eu des habilités socio-pro pendant les premiers mois de formation en groupe. Même si c'était intéressant, c'était très général et il n'y avait pas vraiment le temps pour approfondir. Ce que j'avais bien aimé (même si c'est dur), c'était les mises en situation. Tu te rends vraiment compte en tant qu'actrice mais aussi spectatrice, c'était très enrichissant.

Je te comprends la dessus et j'y travaille sur la notion d'enjeu. Par défaut, je la mets le plus haut possible ce qui me met dans des situations pas possibles. Ça s'améliore un petit peu mais j'ai encore beaucoup de travail. Mon orthophoniste et mon psychologue m'aident beaucoup pour ça. La première sur ce qui est acceptable ou non, si ça passe envers les autres... et le psychologue plus sur la notion de stress que ça engendre jusqu'au trouble anxieux.

Peut être que tu as envie d'être intégrée tout simplement et que tu as peur qu'on te rejette. Ce n'est pas forcément agréable de voir les gens être plus proches, s'échanger des anecdotes que tu ne comprendrais pas... mais saches que même si tu y vas avec eux, ça ne changera pas ce décalage. De plus, ça te fait du mal. A savoir quand tu peux te permettre d'y aller et échanger vraiment avec eux...
Pour ma part, je ne fais plus cet effort à part si vraiment ça vaut le coup. Dans un bar, non merci !

Les aspects qui ont explosé sont surtout les crises autistiques. Avant, je prenais beaucoup sur moi jusqu'à avoir des crises d'épilepsie. Maintenant, j'en ai plus (stabilisation via traitement + connaissance de mon TSA et TAG).
J'ai pris conscience à tel point que je n'étais pas bien et que j'aurais dû relâcher mais ça bloquait. C'est là où je me suis posée des questions du genre "pourquoi maintenant ?", "est ce que je simule ?". Elles étaient toujours là : j'étais irritable, m'isolait comme je pouvais... mais je me forçais énormément ! Je pensais faire des caprices et pourtant, j'avais mal. Aujourd'hui, il m'arrive d'être mutique ce que je cachais avant jusqu'à m'en faire mal.
Aussi au niveau des émotions, j'ai eu une très grosse dysrégulation : larmes, joie... J'ai demandé à ma psychiatre si je ne refaisais pas une dépression mais pas de problème de ce côté là. Ça va mieux maintenant : j'ai travaillé les différentes émotions et comment elles s'expriment. J'arrive à mieux exprimer la colère qui était inexistante avant.
Pour les preuves, j'en n'avais pas à part le certificat médical de ma psychiatre. D'où le besoin de faire d'autres tests. Le bilan orthophonique m'a beaucoup appris surtout que c'était 4h ! Exprès pour bien te fatiguer et être "toi même". Elle m'a dit que j'avais tenu 2h30 ! Je me réfère à ça quand j'ai des doutes.

J'espère avoir répondu à ta question.
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Philippine
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Philippine »

Kumi_44 a écrit : samedi 30 septembre 2023 à 14:44
Philippine a écrit : vendredi 29 septembre 2023 à 21:54 Ah ben justement, je me suis inscrite à des ateliers sur les habilités sociales ! Mais cela ne commence qu'en décembre. Je pense que j'en ai bien bien besoin.

Cette phrase : "je n'ai pas à faire des efforts puisqu'eux même n'en font pas" est tellement vrai. Je ne me l'étais jamais dit comme ça. Cela me fait relativiser.
Là où il y a un enjeu c'est que quand je respecte mes besoins de façon consciente, cela génère un stress chez moi, du type "est-ce que j'ai raison/c'est légitime ?", "est-ce que c'est socialement acceptable ? ça passe auprès des collègues" ?
Du coup il y a des moments où je ne m'écoute pas presque par facilité parce que je ne me pose pas ces questions là.

Concernant les sorties entre collègues, je ne sais pas pourquoi j'ai envie d'y aller. Cela se passerait très bien sans moi. Je fais acte de présence tout au plus. Je me sens systématiquement nulle. Je vais essayer de renoncer à ce type de sortie et écouter davantage mon besoin de solitude. Là, je suis complètement saturée. Pas dans le burn out complet (je peux encore faire des petits trucs), mais clairement, je ne suis pas bien. J'ai qu'une envie, c'est de me poser seule.

Merci pour ton témoignage concernant le stimming. Quels sont les aspects qui ont "explosé" après ton diagnostic ?
Moi aussi je me suis demandée si je n'imitais pas les traits des TSA. Mais non, je ne crois pas. Quand je doute, je repense à mon score à l'ADOS-2 et je me dis qu'on ne peut pas complètement fausser un test comme ça. J'essaie de me raccrocher aux preuves que j'ai...
Bon au moins tu y es inscrite ! Moi j'en n'ai pas vraiment, je crois que j'en fais avec mon orthophoniste spécialiste du TSA en individuel. J'ai eu des habilités socio-pro pendant les premiers mois de formation en groupe. Même si c'était intéressant, c'était très général et il n'y avait pas vraiment le temps pour approfondir. Ce que j'avais bien aimé (même si c'est dur), c'était les mises en situation. Tu te rends vraiment compte en tant qu'actrice mais aussi spectatrice, c'était très enrichissant.

Je te comprends la dessus et j'y travaille sur la notion d'enjeu. Par défaut, je la mets le plus haut possible ce qui me met dans des situations pas possibles. Ça s'améliore un petit peu mais j'ai encore beaucoup de travail. Mon orthophoniste et mon psychologue m'aident beaucoup pour ça. La première sur ce qui est acceptable ou non, si ça passe envers les autres... et le psychologue plus sur la notion de stress que ça engendre jusqu'au trouble anxieux.

Peut être que tu as envie d'être intégrée tout simplement et que tu as peur qu'on te rejette. Ce n'est pas forcément agréable de voir les gens être plus proches, s'échanger des anecdotes que tu ne comprendrais pas... mais saches que même si tu y vas avec eux, ça ne changera pas ce décalage. De plus, ça te fait du mal. A savoir quand tu peux te permettre d'y aller et échanger vraiment avec eux...
Pour ma part, je ne fais plus cet effort à part si vraiment ça vaut le coup. Dans un bar, non merci !

Les aspects qui ont explosé sont surtout les crises autistiques. Avant, je prenais beaucoup sur moi jusqu'à avoir des crises d'épilepsie. Maintenant, j'en ai plus (stabilisation via traitement + connaissance de mon TSA et TAG).
J'ai pris conscience à tel point que je n'étais pas bien et que j'aurais dû relâcher mais ça bloquait. C'est là où je me suis posée des questions du genre "pourquoi maintenant ?", "est ce que je simule ?". Elles étaient toujours là : j'étais irritable, m'isolait comme je pouvais... mais je me forçais énormément ! Je pensais faire des caprices et pourtant, j'avais mal. Aujourd'hui, il m'arrive d'être mutique ce que je cachais avant jusqu'à m'en faire mal.
Aussi au niveau des émotions, j'ai eu une très grosse dysrégulation : larmes, joie... J'ai demandé à ma psychiatre si je ne refaisais pas une dépression mais pas de problème de ce côté là. Ça va mieux maintenant : j'ai travaillé les différentes émotions et comment elles s'expriment. J'arrive à mieux exprimer la colère qui était inexistante avant.
Pour les preuves, j'en n'avais pas à part le certificat médical de ma psychiatre. D'où le besoin de faire d'autres tests. Le bilan orthophonique m'a beaucoup appris surtout que c'était 4h ! Exprès pour bien te fatiguer et être "toi même". Elle m'a dit que j'avais tenu 2h30 ! Je me réfère à ça quand j'ai des doutes.

J'espère avoir répondu à ta question.
Oui, tu as répondu, merci :D
Moi, en fait, j'ai eu mon diagnostic fin juin et ensuite j'ai eu 2 mois de vacances (je suis prof). Du coup j'ai presque arrêté d'y penser parce que j'étais tout le temps chez moi et globalement, quand je suis à la maison et que je ne vois quasi personne, je ne me rends pas compte que je suis autiste. Depuis la rentrée, tout me revient en pleine figure. J'avais oublié pendant les vacances ce que c'était le bruit et les interactions sociales quasi constantes (que ça soit avec les élèves ou les collègues). Je suis de plus en plus fatiguée. Cette semaine a été très dure. Maintenant, je compte les jours avant les vacances de la Toussaint.
Tout cela fait que, forcément, je repense à mon diagnostic et cela me réinterroge, j'essaie de comprendre comment je fonctionne, qu'est-ce qui est bon pour moi, qu'est-ce qui ne l'est pas, comment je dois gérer mes rapports avec les collègues.
J'ai commencé à travailler il y a un an et c'est d'être constamment avec des gens et en situation d'emploi qui m'a conduite à découvrir mon TSA (en raison du gouffre qu'il y avait entre mes collègues et moi). Mais comme je n'ai eu le véritable diagnostic qu'en toute fin d'année scolaire dernière, je n'avais pas trop eu le temps d'y réfléchir et de me faire à l'idée.

Et je crois que tu as raison quand tu dis que si j'ai autant envie de voir mes collègues c'est parce que je veux être intégrée. Mais effectivement, je ne peux pas être intégrée comme une personne "normale". Ca fait un peu mal d'y renoncer mais c'est un fait.
Des fois, ma "naïveté" les fait rire et c'est un peu la seule façon que j'ai de faire partie du groupe, sauf que ce n'est pas quelque chose que je contrôle...

Tu as l'air d'être bien entourée en tout cas et d'être plus avancée que moi sur pas mal de points. J'espère que je vais aussi réussir à trouver ma "voie", comprendre mes limites, respecter mes besoins et que ça sera moins une source de stress à l'avenir. Si déjà je pouvais re-stimmer en me foutant la paix, ça serait pas mal
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Kumi_44
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Kumi_44 »

Effectivement c'est très récent ! Il est normal qu'on ne soit pas au même stade toutes les deux. Le temps et les suivis feront le boulot.

De plus et tu as raison de ce côté là, je suis bien entourée. Mais ce n'était pas gagnée car j'ai eu 7 ans d'errance diagnostic. Du coup, j'ai forcé la main pour être bien entourée dès que j'ai eu le diagnostic, j'y ai pensé pendant longtemps (vu le temps que ça a pris entre les différents médecins, mes blocages...). Ça ne se fait pas du jour au lendemain. Par contre, il faut que tu saches qu'être bien entourée médicalement fatigue énormément et par moments fait mal car tu ne peux plus fuir qui tu es.

J'espère pour toi que tu avanceras dans ce sens avec des personnes compétentes. Tu commences à aller dans ce sens alors je ne m'inquiète pas là dessus.

Courage d'ici tes vacances de Toussaint, enseigner avec des particularités sensorielles de type hyper est vraiment difficile et épuisant. :kiss:
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Philippine »

Je voyais le diagnostic comme la fin de tout ça (suivi, rdv psy etc), une sorte de solution à mes problèmes. Finalement, je pense que j'ai bien besoin d'un accompagnement.
Oui, je vois ce que tu veux dire dans cette phrase "être bien entourée médicalement fatigue énormément et par moments fait mal car tu ne peux plus fuir qui tu es". J'ai déjà ressenti ça en passant mes bilans (neuropsy, mais Clacos et ADOS-2 surtout). Ils ont été épuisants et mis en évidence ce que je ne savais pas faire. Je ne l'avais jamais vu aussi clairement avant cela. Se faire accompagner c'est accepter de se confronter à nos points faibles.
Les mises en situation en ateliers d'habilités sociales, ça doit être quelque chose ahah, ça me fait peuuur.

Merci en tout cas !
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Philippine »

Bonsoir,
Je repasse par là ce soir.
Le temps a un peu passé depuis mes derniers messages et j'avance sur le chemin de la reconquête de moi-même. Il y a des hauts et des bas niveau moral (surtout des bas en fait) mais ça avance et je sens que je passe des caps. Je remets moins souvent en question mon diagnostic. Je cherche moins d'autres explications possibles. J'ai obtenu la RQTH et, en un sens, cela a validé mon besoin d'aménagements, mes difficultés (même si je ne l'ai pas encore mise en oeuvre au travail car j'attends mon rdv avec ma directrice à la fin du mois).
Je suis en train d'accepter que je suis différente, et pas forcément plus nulle, même si je dois parfois encore me faire violence (comme aujourd'hui) pour ne pas me fustiger trop souvent.

J'accepte que je suis différente et du coup, je "masque" moins. C'était déjà le cas depuis plusieurs mois parce que l'état de (quasi?)burnout autistique dans lequel je me trouve depuis un moment maintenant, ne me permet plus de masquer aussi bien qu'avant. Néanmoins, la nouveauté est que je parviens à ne plus faire d'efforts, à ne plus me cacher quand j'ai les yeux dans le vide parce que regarder les feuilles des arbres danser par la fenêtre est beaucoup plus intéressant que participer à la discussion dans la pièce. Je me mêle moins aux conversations, je ne me force plus à déjeuner avec mes collègues ni à parler quand je n'en ai pas l'envie ou la force. J'utilise des fidget toys qui me font du bien lorsque j'en ai besoin...
La plupart du temps, je suis fière de ces avancées. Pour l'instant, je ne peux pas me dire que cela me serve réellement car je reste dans un état de fatigue extrêmement prononcé, mais je me dis que je suis certainement sur la bonne voie.

J'essaie aussi de ne plus me faire d'illusion. Mon but n'est plus de "retrouver ma forme d'avant quand j'arrivais à faire plein de choses", car c'est ce "plein de choses" qui ne cesse de me faire tomber en shutdown, dans le burnout. Là mon objectif c'est juste d'être moi. Cela passe par des trucs bêtes comme essayer de trouver ce que j'aime vraiment faire et arrêter des faire des choses que je n'aime pas par simple stratégie de copiage. Du coup, je me suis remise au dessin et à la musique et cela me fait du bien, bien que je ne sois pas spécialement douée.

Pourtant, malgré ces avancées, aujourd'hui j'ai un coup de mou. Je suis sortie cet après-midi en ville avec 2 collègues. Je pense pouvoir qualifier l'une d'entre elle d'amie car elle m'apporte beaucoup, c'est une personne exceptionnelle qui se soucie tout le temps du bien-être des autres (dont le mien) et qui est très respectueuse des différences. Elle est donc au courant de mon TSA et fait réellement de son mieux pour que je me sente bien. Elle joue un grand rôle dans mon rapport au TSA et l'acceptation que j'arrive progressivement à en avoir. Avec nous, il y avait une collègue que je connais moins bien, même si je l'apprécie quand même (elle n'est pas au courant pour le TSA).

Et au final, ce soir, je crois que je déprime parce qu'en fait, c'est dur. Même en ayant le diag de posé, la RQTH... Je ne sais pas comment agir. Quand je suis seule à seule avec une personne, je m'en sors. Mais à 3 c'est déjà compliqué. La dynamique est différente. Je ne sais pas comment me positionner dans l'échange. Il y a beaucoup de moments où je ne parle pas (souvent ce n'est même pas que je ne sais pas quoi dire mais pour moi ne pas parler c'est en continu c'est quasi vital). Certaines discussions ne m'intéressent pas vraiment... Ensuite, autour de nous c'est le monde, la ville un samedi aprem, les lumières des magasins, le brouhaha constant. J'entre dans ma bulle que je le veuille ou non. J'ai l'impression d'être dans un tunnel de bruit. De l'extérieur, je suppose que mon visage se ferme car je n'arrive plus à sourire. J'ai senti que ma collègue numéro 2 buguait un peu sur mes comportements. Je n'ai pas l'air assez contente d'être là. Je sors avant elles d'un magasin bondé pendant qu'elles sont à la caisse. Je ne sais pas si c'était plus à cause de l'environnement du magasin ou parce que cela m'a permis d'être seule quelques minutes. Sans doute un peu les deux car le magasin était très pénible.
Ce qui est dur à gérer avec le TSA, dans mon cas, c'est que comme je ne sais JAMAIS comment je me sens, je ne sais pas comment je dois agir, si je dois me préserver ou pas, si je suis en train de me forcer ou non, si je suis déjà complètement surstimulée ou si ça va aller, s'il faut rester ou partir, essayer de parler ou non.
Je suis tellement FRUSTREE d'avoir l'air bizarre. Certes, je ne me suis pas forcée à rester dans le magasin comme quand j'étais ado car à l'époque j'aurais simplement subi, mais j'ai toujours l'impression que si je cherche à m'écouter, alors je ne fais pas assez d'efforts. Ce sentiment est renforcé par le fait que je ne sais pas comment je me sens. La dynamique serait différente si je me disais clairement "je ne me sens pas bien, je ressens ça". Là, je réfléchis trop. A l'environnement et aux discussions que je dois avoir. Au fidget que je tiens dans ma main car je sais qu'il se voit. Au casque anti-bruit que j'ai dans mon sac mais que je n'ose pas sortir parce qu'il est trop voyant. Et en même temps, je sais que c'est un environnement dans lequel je ne PEUX PAS me sentir bien.
J'ai l'impression qu'il n'y a aucune bonne solution. Je rêverais vraiment de savoir comment je me sens. J'en ai marre d'être déconnectée de moi-même et de devoir me forcer pour prêter attention à mes éventuels ressentis. J'aimerais bien aussi retrouver un air plus sociable (car j'y arrivais mieux avant) mais en ce moment c'est franchement compliqué.
C'est dur de ne pas se prendre la tête et de ne pas se retrouver chez soi à 21h à essayer de retourner en boucle tous les moments de la sortie pour les analyser une nouvelle fois.
Voilà voilà pour ce soir ~
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Re: Essayer de se comprendre après le diagnostic

Message par Philippine »

Je rajoute qu'en même temps je suis un peu inquiète de tout ça. J'adore ma collègue numéro 1 et j'espère que mes bizarreries ne vont pas finir par la saouler. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un comme elle, qui m'accepte comme je suis. Mais du coup je vis avec la certitude quasi constante qu'à un moment elle va en avoir ras le bol de mes problèmes et de mes bizarreries. Ce qui fait que je suis toujours à la fois hyper contente de la voir et stressée parce que j'ai peur de la perdre de mon entourage (clairement pauvre en ami.e.s).
J'ai peur de ne pas être à la hauteur, d'être la relou de service qui ne peut rien faire comme tout le monde, même pas boire un café en terrasse. C'est pesant...
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