Relations sociales et sentiment d'insécurité
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Si tu n'avais pas rajouter ta dernière phrase, je l'aurais rajoutée !
Parfois, parler à un psy qui ne comprend pas la véritable cause de votre mal-être est bien pire que de rester à ne rien dire. Mais parler à des amis qui comprennent ce que vous dites, là, oui, cela remplace une thérapie. C'est pour cela, je pense, que le forum est aussi important pour beaucoup. Se savoir compris, c'est primordial.
Parfois, parler à un psy qui ne comprend pas la véritable cause de votre mal-être est bien pire que de rester à ne rien dire. Mais parler à des amis qui comprennent ce que vous dites, là, oui, cela remplace une thérapie. C'est pour cela, je pense, que le forum est aussi important pour beaucoup. Se savoir compris, c'est primordial.
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Condoléances. (pour le syndicalisme)Jean a écrit :Tu me fais penser à une émission TV où Georges Huard explique que "l'autisme, c'est comme le syndicalisme : il résiste au changement".
Celà me plaît beaucoup - en tant que syndicaliste.
La formule de Huard est percutante.
Je suis complètement d'accord.Parce que j'ai compris un jour, malgré tous les stages sur l'adaptation au changement auxquels j'ai participé, que la résistance au changement était un mécanisme sain de protection de l'individu. L'individu résiste au changement qui ne va pas dans son sens.
On résiste à ce qui nous est a priori nocif, réaction saine. Mais ça n'a rien de spécifiquement autiste, c'est la nature! L'instinct de conservation, l'immunologie, c'est exactement pareil.
Je te suis totalement, là encore.Et il n'y a pas de bon stress (contrairement à ce que m'expliquait mon DRH).
Le genre de "malentendu" cultivé et entrevenu par le "manachement" qui fait grands dégâts de nos jours...
Puisses-tu dire juste concernant la psychothérapie.En ce qui concerne "l'origine", la question, pour moi, n'est pas de ne pas la connaître : c'est de ne pas la considérer, se l'avouer ... Le travail avec un psychothérapeute sera d'arriver à le dire, le faire apparaître, le faire reconnaître à sa propre conscience.
En temps habituel, il y a d'autres moyens - même non remboursés par la sécu : le conjoint, les parents, les amis etc ..
Malheureusement les gens ne veulent souvent pas entendre ni admettre ce que leur disent leurs proches: il faut que ce soit un étranger ou un "docteur" qui le leur dise pour qu'ils le croient. Les psys ont de l'avenir devant eux et la sécu aussi.
«Nous sommes tous des farceurs: nous survivons à nos problèmes.» (Cioran)
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Re: ado autiste agressé à Nantia (Hte-Vienne)
Inside the bullied brain - The alarming neuroscience of taunting
A l'intérieur du cerveau de la victime d'intimidation -Les neurosciences alarment sur les railleries
http://www.boston.com/bostonglobe/ideas ... in/?page=1
par Emily Anthes - 28 Novembre 2010
Dans le sillage de plusieurs tragédies qui ont fait de l'intimidation une question de grand intérêt, il devient clair que le harcèlement par les pairs est quelque chose de plus qu'un rite de passage. Les enfants victimes d'intimidation sont plus susceptibles d'être déprimés, anxieux et suicidaires. Ils ont du mal à l'école - quand ils décident de se montrer à tous. Ils sont plus susceptibles de porter des armes, d'aller dans des combats, et de consommer des drogues.
Mais quand il s'agit du préjudice réel de l’intimidation, l'image devient plus trouble. Le tourment psychologique que ressentent les victimes est réel. Mais peut-être parce que beaucoup d'entre nous ont vécu ce genre de cruauté à l’école et ont survécu pour raconter l'histoire, le harcèlement par les pairs est encore couramment décrit comme forme "douce" de violence - celle qui ne laisse pas de blessures apparentes et que la plupart des victimes ont simplement surmonté.
Il est facile d'imaginer que, aussi douloureuse que l'intimidation puisse être, tout ce à quoi elle fait mal, c'est à nos sentiments.
Une nouvelle vague de recherche sur les effets de l'intimidation, cependant, suggère maintenant quelque chose de plus – qu’en fait, l'intimidation peut laisser une empreinte indélébile sur le cerveau d'un adolescent à un moment où il est encore en croissance et en développement. Être mis à l'écart par ses pairs, semble-t-il, peut dérouter les hormones des adolescents, conduire à une connectivité réduite dans le cerveau, et même au sabotage de la croissance de nouveaux neurones.
Ces cicatrices neurologiques, il s'avère qu’elles sont très proches de celles qui sont supportées par les enfants abusés physiquement et sexuellement dans la petite enfance. Les neuroscientifiques savent maintenant que le cerveau humain continue de grandir et de changer longtemps après les premières années de la vie. En révélant les dommages internes physiologiques que peut faire l'intimidation, les chercheurs ne le refondent pas comme un simple rite malheureux de passage, mais comme une forme grave de traumatisme de l'enfance.
Ce changement de perspective peut avoir toutes sortes d'effets d'entraînement pour les parents, les enfants et les écoles, elle offre une nouvelle façon de penser à la douleur subie par les enfants frappés d'ostracisme, et pourrait stimuler de nouvelles politiques antibullying. Il offre la perspective que le harcèlement par les pairs, tout comme les mauvais traitements et d'autres expériences traumatisantes, de plus en plus peut être considérée comme un problème médical - qui peut être mesurée avec des scans du cerveau, et qui peuvent céder à de nouveaux types de traitement clinique.
Pendant la première moitié du 20e siècle, même la maltraitance des enfants a été considéré comme un grave problème en grande partie psychologique dans ses effets à long terme, les bosses des enfants émotionnellement d'une façon qui fait qu'il est difficile pour eux de devenir des adultes heureux.
Peu à peu cependant, les scientifiques ont commencé à examiner le cerveau des adultes qui avaient été maltraités dans leur enfance et de réaliser que le dommage n'est pas seulement émotionnelle: Leur cerveau avait subi des révélateurs des changements à long terme. Au cours des deux dernières décennies, les neuroscientifiques ont rassemblé de nombreuses preuves que de graves sévices physiques et sexuels pendant l'enfance peuvent développer un court-circuit du cerveau normal.
Mais est-ce qu’il s’agit de cruauté émotionnelle plutôt que physique? Qui vient de leurs pairs plutôt que des parents? Et qu’est ce qui se passe à l'école plutôt qu'à la maison, quand le cerveau des enfants n’est plus si jeune et malléable? En d'autres termes, qu’est ce qui relève de l'intimidation?
Martin Teicher, neuroscientifique à l'hôpital McLean à Belmont, a examiné tous ces types de scénarios. Il a commencé par étudier les effets d'être agressé verbalement par un parent. Dans son étude de plus de 1.000 jeunes adultes, Teicher a constaté que la violence verbale peut être aussi dommageable pour le fonctionnement psychologique que celle de type physique - que les mots ont été aussi douloureux que les fameux bâtons et pierres. Cette découverte a déclenché une nouvelle idée: «Nous avons décidé de regarder la victimisation par les pairs », dit-il.
Alors Teicher et ses collègues sont retournés à leurs sujets adultes jeunes, en se concentrant sur ceux qu'ils avaient pris comme en bonne santé à cet égard - qui n’avaient eu aucune histoire d'abus de leurs parents. Les sujets, cependant, avaient divergé en ce qui concerne le harcèlement verbal - comme des taquineries, moqueries, critiques, cris et injures - qu'ils avaient reçu de leurs pairs.
Ce que les scientifiques ont trouvé était que les enfants qui avaient été victimes d'intimidation rapportaient davantage de symptômes de dépression, d'anxiété et d'autres troubles psychiatriques que les enfants qui ne l’avaient pas été. En fait, la violence psychologique par les pairs s'est avérée aussi préjudiciable à la santé mentale que la violence psychologique des parents. «C'est un important facteur précoce de stress" a déclaré Teicher. Les données ont été publiées en Juillet dans l'American Journal of Psychiatry.
Les choses sont devenues encore plus intéressantes quand Teicher a décidé de scanner les cerveaux de 63 de ses jeunes sujets adultes. Ceux qui ont déclaré avoir été maltraités par leurs pairs avaient des anomalies observables dans une partie du cerveau connue sous le nom du corps calleux - une liasse épaisse de fibres qui relie les hémisphères droit et gauche du cerveau, et qui est vitale dans le traitement visuel, la mémoire, et plus encore. Les neurones dans leur corpus calleux ont eu moins de myéline, un revêtement qui accélère la communication entre les cellules - vital dans un organe comme le cerveau, où les millisecondes ont de l’importance.
...
A l'intérieur du cerveau de la victime d'intimidation -Les neurosciences alarment sur les railleries
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par Emily Anthes - 28 Novembre 2010
Dans le sillage de plusieurs tragédies qui ont fait de l'intimidation une question de grand intérêt, il devient clair que le harcèlement par les pairs est quelque chose de plus qu'un rite de passage. Les enfants victimes d'intimidation sont plus susceptibles d'être déprimés, anxieux et suicidaires. Ils ont du mal à l'école - quand ils décident de se montrer à tous. Ils sont plus susceptibles de porter des armes, d'aller dans des combats, et de consommer des drogues.
Mais quand il s'agit du préjudice réel de l’intimidation, l'image devient plus trouble. Le tourment psychologique que ressentent les victimes est réel. Mais peut-être parce que beaucoup d'entre nous ont vécu ce genre de cruauté à l’école et ont survécu pour raconter l'histoire, le harcèlement par les pairs est encore couramment décrit comme forme "douce" de violence - celle qui ne laisse pas de blessures apparentes et que la plupart des victimes ont simplement surmonté.
Il est facile d'imaginer que, aussi douloureuse que l'intimidation puisse être, tout ce à quoi elle fait mal, c'est à nos sentiments.
Une nouvelle vague de recherche sur les effets de l'intimidation, cependant, suggère maintenant quelque chose de plus – qu’en fait, l'intimidation peut laisser une empreinte indélébile sur le cerveau d'un adolescent à un moment où il est encore en croissance et en développement. Être mis à l'écart par ses pairs, semble-t-il, peut dérouter les hormones des adolescents, conduire à une connectivité réduite dans le cerveau, et même au sabotage de la croissance de nouveaux neurones.
Ces cicatrices neurologiques, il s'avère qu’elles sont très proches de celles qui sont supportées par les enfants abusés physiquement et sexuellement dans la petite enfance. Les neuroscientifiques savent maintenant que le cerveau humain continue de grandir et de changer longtemps après les premières années de la vie. En révélant les dommages internes physiologiques que peut faire l'intimidation, les chercheurs ne le refondent pas comme un simple rite malheureux de passage, mais comme une forme grave de traumatisme de l'enfance.
Ce changement de perspective peut avoir toutes sortes d'effets d'entraînement pour les parents, les enfants et les écoles, elle offre une nouvelle façon de penser à la douleur subie par les enfants frappés d'ostracisme, et pourrait stimuler de nouvelles politiques antibullying. Il offre la perspective que le harcèlement par les pairs, tout comme les mauvais traitements et d'autres expériences traumatisantes, de plus en plus peut être considérée comme un problème médical - qui peut être mesurée avec des scans du cerveau, et qui peuvent céder à de nouveaux types de traitement clinique.
Pendant la première moitié du 20e siècle, même la maltraitance des enfants a été considéré comme un grave problème en grande partie psychologique dans ses effets à long terme, les bosses des enfants émotionnellement d'une façon qui fait qu'il est difficile pour eux de devenir des adultes heureux.
Peu à peu cependant, les scientifiques ont commencé à examiner le cerveau des adultes qui avaient été maltraités dans leur enfance et de réaliser que le dommage n'est pas seulement émotionnelle: Leur cerveau avait subi des révélateurs des changements à long terme. Au cours des deux dernières décennies, les neuroscientifiques ont rassemblé de nombreuses preuves que de graves sévices physiques et sexuels pendant l'enfance peuvent développer un court-circuit du cerveau normal.
Mais est-ce qu’il s’agit de cruauté émotionnelle plutôt que physique? Qui vient de leurs pairs plutôt que des parents? Et qu’est ce qui se passe à l'école plutôt qu'à la maison, quand le cerveau des enfants n’est plus si jeune et malléable? En d'autres termes, qu’est ce qui relève de l'intimidation?
Martin Teicher, neuroscientifique à l'hôpital McLean à Belmont, a examiné tous ces types de scénarios. Il a commencé par étudier les effets d'être agressé verbalement par un parent. Dans son étude de plus de 1.000 jeunes adultes, Teicher a constaté que la violence verbale peut être aussi dommageable pour le fonctionnement psychologique que celle de type physique - que les mots ont été aussi douloureux que les fameux bâtons et pierres. Cette découverte a déclenché une nouvelle idée: «Nous avons décidé de regarder la victimisation par les pairs », dit-il.
Alors Teicher et ses collègues sont retournés à leurs sujets adultes jeunes, en se concentrant sur ceux qu'ils avaient pris comme en bonne santé à cet égard - qui n’avaient eu aucune histoire d'abus de leurs parents. Les sujets, cependant, avaient divergé en ce qui concerne le harcèlement verbal - comme des taquineries, moqueries, critiques, cris et injures - qu'ils avaient reçu de leurs pairs.
Ce que les scientifiques ont trouvé était que les enfants qui avaient été victimes d'intimidation rapportaient davantage de symptômes de dépression, d'anxiété et d'autres troubles psychiatriques que les enfants qui ne l’avaient pas été. En fait, la violence psychologique par les pairs s'est avérée aussi préjudiciable à la santé mentale que la violence psychologique des parents. «C'est un important facteur précoce de stress" a déclaré Teicher. Les données ont été publiées en Juillet dans l'American Journal of Psychiatry.
Les choses sont devenues encore plus intéressantes quand Teicher a décidé de scanner les cerveaux de 63 de ses jeunes sujets adultes. Ceux qui ont déclaré avoir été maltraités par leurs pairs avaient des anomalies observables dans une partie du cerveau connue sous le nom du corps calleux - une liasse épaisse de fibres qui relie les hémisphères droit et gauche du cerveau, et qui est vitale dans le traitement visuel, la mémoire, et plus encore. Les neurones dans leur corpus calleux ont eu moins de myéline, un revêtement qui accélère la communication entre les cellules - vital dans un organe comme le cerveau, où les millisecondes ont de l’importance.
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Re: ado autiste agressé à Nantia (Hte-Vienne)
Suite et fin de la traduction :
L’étude de Teicher est juste l’une d'un certain nombre d'études récentes qui ont constaté des troublants effets physiques de la même intimidation verbale. Pour les dernières années, Tracy Vaillancourt, psychologue à l'Université d'Ottawa, a suivi un groupe âgé de 12 ans, comprenant certains qui avaient des antécédents de victimisation par leurs pairs, et en évaluant leur fonctionnement tous les six mois. Entre autres choses, elle a découvert que d'être tourmenté par les autres enfants peut étalonner les niveaux de cortisol des enfants, une hormone pompée par le corps pendant les périodes de stress.
Dans un document de 2008 publié dans la revue « Aggressive Behavior», Vaillancourt a démontré que les garçons qui sont parfois victimes d'intimidation ont des niveaux plus élevés de cortisol que leurs pairs. Les filles victimes d'intimidation, de son côté, semblent avoir des niveaux anormalement bas de l'hormone. (Ce n'est pas très clair pourquoi c'est le cas, mais de faibles niveaux de cortisol sont parfois le signe d'un corps qui a été si souffert de stress chronique qu'il a appris à fabriquer moins de cette hormone.)
Vaillancourt spécule que le cortisol peut, en effet, sous-tendre de nombreux effets néfastes de l'intimidation : il peut affaiblir le fonctionnement du système immunitaire, et à des niveaux élevés peut endommager et même tuer des neurones dans l'hippocampe, menant potentiellement à des problèmes de mémoire qui pourraient rendre plus difficiles les études. En effet, Vaillancourt a déjà constaté que les adolescents qui sont victimes d'intimidation ont de moins bons résultats aux tests de mémoire verbale que leurs pairs. Une de ses études suivantes consiste à essayer de parvenir directement à cette question : elle sera évaluée pour certains de ses sujets - maintenant âgés de 16 et 17 ans - dans un appareil d'IRM pour rechercher des signes de dommages à l'hippocampe.
La recherche sur les animaux suggère que Vaillancourt pourrait être sur quelque chose. Pour modéliser le type de stress psychosocial qui accompagne l'intimidation, Daniel A. Peterson, un neuroscientifique de l'École de médecine de Chicago, a fait une série d'expériences dans lesquelles il a mis un rat jeune, subordonné dans une cage appartenant à un rat beaucoup plus grand, plus âgé, plus agressif. Le rat dominant - le roi de ce terrain de jeu particulier - a rapidement commencé à s’imposer au plus petit autour. "Nous l’avons laissé aller à un point où il y a eu contact physique important, peut-être une ou deux morsures," a dit Peterson. Ensuite, les chercheurs sauvaient le jeune rat, en l’enlevant de la cage avant qu’il ait pu être gravement blessé.
Comme Peterson l’a documenté dans un article de 2007 dans le Journal of Neuroscience, juste une seule séance de ce genre d'intimidation a suffi pour laisser une marque sur le cerveau du petit rat. En particulier, Peterson et ses collègues ont examiné le taux de neurogenèse, ou naissance de nouvelles cellules du cerveau, dans ce même fabricant-important-de-la-mémoire: l'hippocampe. Les rats intimidés ont encore fait de nouveaux neurones à une vitesse normale, mais il y avait un hoquet important dans le processus - un pourcentage exceptionnellement élevé des cellules mourraient avant de devenir matures.
Ce n’est pas encore clair combien de temps ces dernières changent. Peterson suspecte que la survie des neurones retourne à la normale si l'intimidation est un seul incident isolé, comme c’était avec ses rats. Mais, dit-il, "je pense que si vous aviez un facteur de stress plus persistant de ce niveau, cela peut réinitialiser le thermostat de sorte que vous ayiez un niveau inférieur de neurogenèse."
La recherche sur les effets neurologiques de l'intimidation est encore au stade préliminaire, et des modèles animaux ne sont pas des répliques parfaites du comportement social humain. Mais ensemble, ces résultats préliminaires donnent à penser que l'intimidation, même du genre verbal, est plus semblable à la violence physique et sexuelle que nous ne voulions l'admettre. Nous ne pouvons plus tracer une ligne claire entre les deux sortes de mauvais traitements - ils peuvent produire tous deux le même genre de traumatisme.
Cela reste encore beaucoup nécessaire aux neuroscientifiques de trier, cependant. Il reste difficile de bien démêler la cause et l’effet : il est possible, par exemple, que les enfants ayant certains niveaux hormonaux ou certaines caractéristiques du cerveau sont plus susceptibles, pour une raison quelconque, de se laisser intimider, en premier lieu. Et, fait encourageant, les changements dans le cerveau ne se traduisent pas toujours des dommages à long terme : en effet, quelques-uns des sujets qui avaient ce que les chercheurs soupçonnent être des changements du cerveau liés à l'intimidation sont maintenant des adultes heureux et en bonne santé.
Mais les résultats sont certainement provocateurs, et ils soulèvent de sérieuses questions sur la façon dont nous devrions penser à l'intimidation. Le fait d'être victimes de violence a-t-il des effets subtils sur le fonctionnement cognitif que nous n'avons même pas encore remarqué ? Est-ce que certains enfants seraient-ils plus susceptibles de développer les caractéristiques neurologiques de l'intimidation ? Maintenant que nous savons que les victimes subissent de profonds changements physiologiques, y a-t-il des interventions médicales qui seraient aussi utiles, sinon plus, que le conseil et la thérapie ? Souhaitez-vous démontrer que les cicatrices du cerveau du fait de l’intimidation rendent plus facile de poursuivre les intimidateurs en justice ?
Vaillancourt, pour sa part, voit un autre type de valeur à la nouvelle recherche neurobiologique : comme outil pour changer la façon dont l'intimidation est perçue par le public, ainsi que par les éducateurs qui pourraient être en mesure d'intervenir. Dans le passé, Vaillancourt a été frustrée de voir que ses études sur les effets émotionnels et psychologiques de l'intimidation n'ont pas suscité beaucoup d'attention. "Quand je montre que quelque chose est biologique, cela fait les manchettes», dit-elle. "Pour quelque raison, je pense que les humains sont plus obligés de croire les preuves biologiques que lorsque quelqu'un dit, 'Oh, je suis déprimé. Je ne me sens pas bien’. J'espère que c'est un changement de politique."
Il n'est pas encore tout à fait clair si ces changements dans le corps calleux puissent conduire à, ou s’ils sont connectés à des taux plus élevés de dépression que Teicher a découvert chez les enfants harcelés. "Il peut y avoir quelques difficultés neurocognitives subtiles,» dit-il. «Nous sommes en train de faire la recherche qui nous permettra de mieux répondre à cette question."Inside the bullied brain - The alarming neuroscience of taunting
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L’étude de Teicher est juste l’une d'un certain nombre d'études récentes qui ont constaté des troublants effets physiques de la même intimidation verbale. Pour les dernières années, Tracy Vaillancourt, psychologue à l'Université d'Ottawa, a suivi un groupe âgé de 12 ans, comprenant certains qui avaient des antécédents de victimisation par leurs pairs, et en évaluant leur fonctionnement tous les six mois. Entre autres choses, elle a découvert que d'être tourmenté par les autres enfants peut étalonner les niveaux de cortisol des enfants, une hormone pompée par le corps pendant les périodes de stress.
Dans un document de 2008 publié dans la revue « Aggressive Behavior», Vaillancourt a démontré que les garçons qui sont parfois victimes d'intimidation ont des niveaux plus élevés de cortisol que leurs pairs. Les filles victimes d'intimidation, de son côté, semblent avoir des niveaux anormalement bas de l'hormone. (Ce n'est pas très clair pourquoi c'est le cas, mais de faibles niveaux de cortisol sont parfois le signe d'un corps qui a été si souffert de stress chronique qu'il a appris à fabriquer moins de cette hormone.)
Vaillancourt spécule que le cortisol peut, en effet, sous-tendre de nombreux effets néfastes de l'intimidation : il peut affaiblir le fonctionnement du système immunitaire, et à des niveaux élevés peut endommager et même tuer des neurones dans l'hippocampe, menant potentiellement à des problèmes de mémoire qui pourraient rendre plus difficiles les études. En effet, Vaillancourt a déjà constaté que les adolescents qui sont victimes d'intimidation ont de moins bons résultats aux tests de mémoire verbale que leurs pairs. Une de ses études suivantes consiste à essayer de parvenir directement à cette question : elle sera évaluée pour certains de ses sujets - maintenant âgés de 16 et 17 ans - dans un appareil d'IRM pour rechercher des signes de dommages à l'hippocampe.
La recherche sur les animaux suggère que Vaillancourt pourrait être sur quelque chose. Pour modéliser le type de stress psychosocial qui accompagne l'intimidation, Daniel A. Peterson, un neuroscientifique de l'École de médecine de Chicago, a fait une série d'expériences dans lesquelles il a mis un rat jeune, subordonné dans une cage appartenant à un rat beaucoup plus grand, plus âgé, plus agressif. Le rat dominant - le roi de ce terrain de jeu particulier - a rapidement commencé à s’imposer au plus petit autour. "Nous l’avons laissé aller à un point où il y a eu contact physique important, peut-être une ou deux morsures," a dit Peterson. Ensuite, les chercheurs sauvaient le jeune rat, en l’enlevant de la cage avant qu’il ait pu être gravement blessé.
Comme Peterson l’a documenté dans un article de 2007 dans le Journal of Neuroscience, juste une seule séance de ce genre d'intimidation a suffi pour laisser une marque sur le cerveau du petit rat. En particulier, Peterson et ses collègues ont examiné le taux de neurogenèse, ou naissance de nouvelles cellules du cerveau, dans ce même fabricant-important-de-la-mémoire: l'hippocampe. Les rats intimidés ont encore fait de nouveaux neurones à une vitesse normale, mais il y avait un hoquet important dans le processus - un pourcentage exceptionnellement élevé des cellules mourraient avant de devenir matures.
Ce n’est pas encore clair combien de temps ces dernières changent. Peterson suspecte que la survie des neurones retourne à la normale si l'intimidation est un seul incident isolé, comme c’était avec ses rats. Mais, dit-il, "je pense que si vous aviez un facteur de stress plus persistant de ce niveau, cela peut réinitialiser le thermostat de sorte que vous ayiez un niveau inférieur de neurogenèse."
La recherche sur les effets neurologiques de l'intimidation est encore au stade préliminaire, et des modèles animaux ne sont pas des répliques parfaites du comportement social humain. Mais ensemble, ces résultats préliminaires donnent à penser que l'intimidation, même du genre verbal, est plus semblable à la violence physique et sexuelle que nous ne voulions l'admettre. Nous ne pouvons plus tracer une ligne claire entre les deux sortes de mauvais traitements - ils peuvent produire tous deux le même genre de traumatisme.
Cela reste encore beaucoup nécessaire aux neuroscientifiques de trier, cependant. Il reste difficile de bien démêler la cause et l’effet : il est possible, par exemple, que les enfants ayant certains niveaux hormonaux ou certaines caractéristiques du cerveau sont plus susceptibles, pour une raison quelconque, de se laisser intimider, en premier lieu. Et, fait encourageant, les changements dans le cerveau ne se traduisent pas toujours des dommages à long terme : en effet, quelques-uns des sujets qui avaient ce que les chercheurs soupçonnent être des changements du cerveau liés à l'intimidation sont maintenant des adultes heureux et en bonne santé.
Mais les résultats sont certainement provocateurs, et ils soulèvent de sérieuses questions sur la façon dont nous devrions penser à l'intimidation. Le fait d'être victimes de violence a-t-il des effets subtils sur le fonctionnement cognitif que nous n'avons même pas encore remarqué ? Est-ce que certains enfants seraient-ils plus susceptibles de développer les caractéristiques neurologiques de l'intimidation ? Maintenant que nous savons que les victimes subissent de profonds changements physiologiques, y a-t-il des interventions médicales qui seraient aussi utiles, sinon plus, que le conseil et la thérapie ? Souhaitez-vous démontrer que les cicatrices du cerveau du fait de l’intimidation rendent plus facile de poursuivre les intimidateurs en justice ?
Vaillancourt, pour sa part, voit un autre type de valeur à la nouvelle recherche neurobiologique : comme outil pour changer la façon dont l'intimidation est perçue par le public, ainsi que par les éducateurs qui pourraient être en mesure d'intervenir. Dans le passé, Vaillancourt a été frustrée de voir que ses études sur les effets émotionnels et psychologiques de l'intimidation n'ont pas suscité beaucoup d'attention. "Quand je montre que quelque chose est biologique, cela fait les manchettes», dit-elle. "Pour quelque raison, je pense que les humains sont plus obligés de croire les preuves biologiques que lorsque quelqu'un dit, 'Oh, je suis déprimé. Je ne me sens pas bien’. J'espère que c'est un changement de politique."
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Je savais que Snip avait signalé des articles sur le sujet. J'ai fait la traduction du second. Je le déplace ici.snip a écrit :Il y a 2 articles pour ceux qui s'intéressent au sujet :
le premier sur les effets à long terme du harcèlement moral et l'ostracisation :
http://www.boston.com/news/local/massac ... _bullying/
le second sur les "cicatrices" visibles dans le cerveau de la maltraitance psychique :
(...)
http://www.boston.com/bostonglobe/ideas ... p_Emailed2
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
c'est bien mon impression, comme si on se liait à une partie inconsciente des personnes. Moi mes amis m'aiment bien mais en même temps me fuient par ce qu'il se trouvent confrontés à une résistance en eux comme cela se produit pour ceux qui vont en psychanalyse.annemarie a écrit :En vivant et en zappant l'insécurité, en me faisant des toutes petites zones où je déconnecte.
Je suis incapable de savoir si je peux avoir confiance, je ne connais des autres que les émotions que je perçois chez eux.
Ca ne me renseigne pas sur leurs sentiments à mon égard.
Donc je vis en sachant qu'aucun lien n'est garant de quoi que ce soit.
cela donne des sentiments contraires aux émotions...
le sentiment général est de ne pas pouvoir avoir confiance, je crois qu'on déclenche chez les gens des rémises en question ou des sentiments trop forts, qui souvent renvoient à des problèmes non résolus de l'enfance.. Or, les adultes veulent nier l'enfance: cela donne des attitudes fuyantes et des amitié bancales sans confiance.
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Harcèlement à l'école : "Ça reste gravé dans ma mémoire, je n'aurai jamais de bons souvenirs d'enfance"
Le Monde.fr | 02.05.11
Souvent, les enfants victimes de harcèlement n'osent pas en parler à leurs parents.
C'était il y a six ans. Elève de quatrième d'un collège très calme de la banlieue de Rouen, Sébastien bégayait un peu. Ce fut assez pour tout déclencher. Au début de l'année, alertés par des moqueries d'adolescents au téléphone, ses parents en parlent au professeur principal. Chacun croit l'affaire close. Par la suite, aucun incident n'est signalé. "Sébastien ne disait rien", rapporte sa mère, Monique Teriac. Mais un jour de mars, le collégien prend un appel sur la ligne fixe du domicile. La communication dure trois minutes, puis il remonte dans sa chambre… et se pend.
Ses parents n'ont alors aucune idée de ce qui a pu se passer, jusqu'à la découverte sur le blog de leur fils d'un message laissé après le drame par un élève. Ils comprennent que Sébastien était persécuté. Une plainte est déposée, d'abord classée sans suite, mais l'enquête révèle peu à peu l'ampleur de ce que le jeune garçon avait subi. Finalement, plusieurs de ses tourmenteurs sont reconnus coupables par un tribunal pour enfants. Les violences physiques n'étaient pas les pires.
"On voulait le pousser à bout", dit sa mère, qui rapporte l'exemple de courriels orduriers envoyés à son fils lors d'un cours de technologie. "Des profs, assure-t-elle, étaient au courant, ils n'ont pas bougé. Si nous avions su, nous aurions pu le changer de collège." Les parents ont attaqué l'Etat devant le tribunal administratif. L'audience a eu lieu le 14 avril, le jugement est en délibéré. "C'est pour que d'autres ne subissent pas la même chose que nous agissons."
UN "LAXISME AHURISSANT"
Le harcèlement peut donc détruire. Le plus souvent, il ne fait "que" blesser profondément. Laurent, 25 ans, fleuriste, ne veut pas que soit publié son patronyme. "Ça ferait trop plaisir à certaines personnes", dit-il en pensant à ceux qui, il y a bientôt douze ans, l'ont fait souffrir. Alors en quatrième dans un collège du Val-de-Marne, en zone résidentielle, il venait de prendre conscience de son homosexualité et ressentait une attirance envers un autre élève. Il se confie à une amie proche, connue à l'école primaire.
Celle-ci le trahit aussitôt. Quelques jours plus tard, commencent les agressions verbales et physiques. "On fouillait mes affaires, on écrivait sur mes vêtements, on me frappait", raconte-t-il. En s'excusant d'user de mots crus, il ajoute : "Je me faisais choper les couilles dans un couloir au prétexte de voir si j'en avais, j'étais suivi dans la rue avec des phrases obscènes"… Plus que d'homophobie, il s'agissait surtout, selon lui, d'un "rejet de toute différence". A la fin de la quatrième, il ne sortait plus en récréation et ses résultats s'étaient effondrés.
Impossible d'en parler avec ses parents ignorant son homosexualité. Pas d'autres interlocuteurs. "Les profs étaient d'un laxisme ahurissant, j'en veux beaucoup au corps enseignant", dit-il. Finalement, Laurent a redoublé et poursuivi sa scolarité dans le même collège, où sa situation s'est progressivement améliorée. "J'étais avec des élèves plus jeunes. Je me suis fait oublier, je me suis blindé, aussi. C'est après que j'ai eu une dépression. Ça m'a laissé une fragilité."
"NE SURTOUT PAS EN PARLER"
Aurélie Piaud, 27 ans aujourd'hui, a été harcelée dès les petites classes. L'élément déclencheur est souvent dérisoire : pour elle, c'était l'habillement. "Ma famille n'avait pas beaucoup de moyens, on s'habillait au Secours catholique." A l'école primaire, elle était la cible d'attaques verbales. A son entrée en sixième, dans un collège public d'Eure-et-Loir, le phénomène passe au stade supérieur : elle prend des coups.
Le stress et l'anxiété lui font déclarer une épilepsie dont elle a une première crise en classe. Ses bourreaux se déchaînent en imitant ses convulsions. Un jour, elle est mise à nu dans un car scolaire : zéro réaction du côté de l'encadrement de son établissement. "Il ne s'était rien passé, il ne fallait surtout pas en parler", dit-elle. La plupart des ex-harcelés ne pardonnent pas aux adultes qui n'ont pas su les protéger. Même s'ils se rappellent aussi, selon un schéma classique de culpabilité, avoir tout fait pour cacher leur malheur.
C'est au lycée, après avoir failli "sauter à la gorge" d'une persécutrice, qu'Aurélie a "cessé de se laisser faire". Elle témoigne d'une voix claire et énergique, comme une personne définitivement tirée d'affaire et surtout préoccupée d'éviter que "ça continue" pour des élèves d'aujourd'hui. Mais, dit-elle, "ça reste gravé dans ma mémoire, je n'aurai jamais de bons souvenirs d'enfance".
UNE AIGUILLE DANS LE DOS
Gabriel Gonnet, 57 ans, est l'auteur de Kenny, un film de fiction, réalisé en 2010 avec une classe de seconde du lycée Claude-Bernard, à Paris, qui doit être projeté aux Assises sur le harcèlement organisées par le ministère de l'éducation nationale les 2 et 3 mai. L'histoire d'un lycéen harcelé parce qu'il est roux.
Mais le cinéaste a lui-même été un élève harcelé, verbalement et physiquement, au motif que son apparence était jugée ridiculement hors de la mode. L'affaire a pris des proportions insensées. "Un élève se mettait derrière moi en classe et me plantait une aiguille dans le dos. J'avais très mal mais je ne criais pas car je ne voulais pas que mon cas soit public, je pensais arranger les choses tout seul." Ses bourreaux lui avaient donné un surnom… qu'il refuse de prononcer. "Non, je ne tiens pas à réveiller tout ça…" A quarante-cinq ans de distance, c'est encore douloureux.
Luc Cédelle
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et ... 73688.html
Le Monde.fr | 02.05.11
Souvent, les enfants victimes de harcèlement n'osent pas en parler à leurs parents.
C'était il y a six ans. Elève de quatrième d'un collège très calme de la banlieue de Rouen, Sébastien bégayait un peu. Ce fut assez pour tout déclencher. Au début de l'année, alertés par des moqueries d'adolescents au téléphone, ses parents en parlent au professeur principal. Chacun croit l'affaire close. Par la suite, aucun incident n'est signalé. "Sébastien ne disait rien", rapporte sa mère, Monique Teriac. Mais un jour de mars, le collégien prend un appel sur la ligne fixe du domicile. La communication dure trois minutes, puis il remonte dans sa chambre… et se pend.
Ses parents n'ont alors aucune idée de ce qui a pu se passer, jusqu'à la découverte sur le blog de leur fils d'un message laissé après le drame par un élève. Ils comprennent que Sébastien était persécuté. Une plainte est déposée, d'abord classée sans suite, mais l'enquête révèle peu à peu l'ampleur de ce que le jeune garçon avait subi. Finalement, plusieurs de ses tourmenteurs sont reconnus coupables par un tribunal pour enfants. Les violences physiques n'étaient pas les pires.
"On voulait le pousser à bout", dit sa mère, qui rapporte l'exemple de courriels orduriers envoyés à son fils lors d'un cours de technologie. "Des profs, assure-t-elle, étaient au courant, ils n'ont pas bougé. Si nous avions su, nous aurions pu le changer de collège." Les parents ont attaqué l'Etat devant le tribunal administratif. L'audience a eu lieu le 14 avril, le jugement est en délibéré. "C'est pour que d'autres ne subissent pas la même chose que nous agissons."
UN "LAXISME AHURISSANT"
Le harcèlement peut donc détruire. Le plus souvent, il ne fait "que" blesser profondément. Laurent, 25 ans, fleuriste, ne veut pas que soit publié son patronyme. "Ça ferait trop plaisir à certaines personnes", dit-il en pensant à ceux qui, il y a bientôt douze ans, l'ont fait souffrir. Alors en quatrième dans un collège du Val-de-Marne, en zone résidentielle, il venait de prendre conscience de son homosexualité et ressentait une attirance envers un autre élève. Il se confie à une amie proche, connue à l'école primaire.
Celle-ci le trahit aussitôt. Quelques jours plus tard, commencent les agressions verbales et physiques. "On fouillait mes affaires, on écrivait sur mes vêtements, on me frappait", raconte-t-il. En s'excusant d'user de mots crus, il ajoute : "Je me faisais choper les couilles dans un couloir au prétexte de voir si j'en avais, j'étais suivi dans la rue avec des phrases obscènes"… Plus que d'homophobie, il s'agissait surtout, selon lui, d'un "rejet de toute différence". A la fin de la quatrième, il ne sortait plus en récréation et ses résultats s'étaient effondrés.
Impossible d'en parler avec ses parents ignorant son homosexualité. Pas d'autres interlocuteurs. "Les profs étaient d'un laxisme ahurissant, j'en veux beaucoup au corps enseignant", dit-il. Finalement, Laurent a redoublé et poursuivi sa scolarité dans le même collège, où sa situation s'est progressivement améliorée. "J'étais avec des élèves plus jeunes. Je me suis fait oublier, je me suis blindé, aussi. C'est après que j'ai eu une dépression. Ça m'a laissé une fragilité."
"NE SURTOUT PAS EN PARLER"
Aurélie Piaud, 27 ans aujourd'hui, a été harcelée dès les petites classes. L'élément déclencheur est souvent dérisoire : pour elle, c'était l'habillement. "Ma famille n'avait pas beaucoup de moyens, on s'habillait au Secours catholique." A l'école primaire, elle était la cible d'attaques verbales. A son entrée en sixième, dans un collège public d'Eure-et-Loir, le phénomène passe au stade supérieur : elle prend des coups.
Le stress et l'anxiété lui font déclarer une épilepsie dont elle a une première crise en classe. Ses bourreaux se déchaînent en imitant ses convulsions. Un jour, elle est mise à nu dans un car scolaire : zéro réaction du côté de l'encadrement de son établissement. "Il ne s'était rien passé, il ne fallait surtout pas en parler", dit-elle. La plupart des ex-harcelés ne pardonnent pas aux adultes qui n'ont pas su les protéger. Même s'ils se rappellent aussi, selon un schéma classique de culpabilité, avoir tout fait pour cacher leur malheur.
C'est au lycée, après avoir failli "sauter à la gorge" d'une persécutrice, qu'Aurélie a "cessé de se laisser faire". Elle témoigne d'une voix claire et énergique, comme une personne définitivement tirée d'affaire et surtout préoccupée d'éviter que "ça continue" pour des élèves d'aujourd'hui. Mais, dit-elle, "ça reste gravé dans ma mémoire, je n'aurai jamais de bons souvenirs d'enfance".
UNE AIGUILLE DANS LE DOS
Gabriel Gonnet, 57 ans, est l'auteur de Kenny, un film de fiction, réalisé en 2010 avec une classe de seconde du lycée Claude-Bernard, à Paris, qui doit être projeté aux Assises sur le harcèlement organisées par le ministère de l'éducation nationale les 2 et 3 mai. L'histoire d'un lycéen harcelé parce qu'il est roux.
Mais le cinéaste a lui-même été un élève harcelé, verbalement et physiquement, au motif que son apparence était jugée ridiculement hors de la mode. L'affaire a pris des proportions insensées. "Un élève se mettait derrière moi en classe et me plantait une aiguille dans le dos. J'avais très mal mais je ne criais pas car je ne voulais pas que mon cas soit public, je pensais arranger les choses tout seul." Ses bourreaux lui avaient donné un surnom… qu'il refuse de prononcer. "Non, je ne tiens pas à réveiller tout ça…" A quarante-cinq ans de distance, c'est encore douloureux.
Luc Cédelle
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et ... 73688.html
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Bouhhh, ces témoignages font mal.....
Dès qu'on sort de la norme: trop grand, trop gros, noir, boutonneux, mal fringué, différent....Les autres attaquent.!C'est hallucinant de voir autant de cruauté je trouve..... Et surtout que faire pour que ça s'arrête? Je pense que ça n'est pas possible, hélas....
Dès qu'on sort de la norme: trop grand, trop gros, noir, boutonneux, mal fringué, différent....Les autres attaquent.!C'est hallucinant de voir autant de cruauté je trouve..... Et surtout que faire pour que ça s'arrête? Je pense que ça n'est pas possible, hélas....
Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
J'espère que si. Les établissements scolaires vont recevoir des instructions à ce sujet...
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Les conséquences du harcèlement à l"école se paient très cher et pendant très longtemps ( j'espère cependant pas toute la vie... )
A notre dernière balade dans Limoges, Mysterio me disait encore qu'il n'aimait pas croiser un groupe de jeunes, car il avait toujours peur de se faire agresser... Et les conséquences sont encore bien plus grave parfois.... mais trop personnelles pour être relater ici.
Bref, la violence à l'école concerne aujourd'hui tous les enfants, malheureusement, et encore bien plus les enfants différents. Je n'arrive personnellement toujours pas à comprendre comment on en est venu à cet état d'esprit, mais maintenant qu'il est bien établi, j'espère que les enseignants et tous ceux qui sont chargés d'encadrer les jeunes trouveront des solutions...
Et n'oublions pas non plus que les enfants battus deviennent souvent les bourreaux du futur...
A notre dernière balade dans Limoges, Mysterio me disait encore qu'il n'aimait pas croiser un groupe de jeunes, car il avait toujours peur de se faire agresser... Et les conséquences sont encore bien plus grave parfois.... mais trop personnelles pour être relater ici.
Bref, la violence à l'école concerne aujourd'hui tous les enfants, malheureusement, et encore bien plus les enfants différents. Je n'arrive personnellement toujours pas à comprendre comment on en est venu à cet état d'esprit, mais maintenant qu'il est bien établi, j'espère que les enseignants et tous ceux qui sont chargés d'encadrer les jeunes trouveront des solutions...
Et n'oublions pas non plus que les enfants battus deviennent souvent les bourreaux du futur...
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Ayant souffert de ce genre de truc au collége - je constat que parfois je retrouve les mêmes sentiments devant un groupe de personnes même aujourd'hui maint d'années plutard...et ça m'arrivé devant mes étudiants aussi. Triste que les commentaires et les actes parfois inconscient train autant dans la vie...
Recemment je me suis retrouvé en contacte avec certains qui m'ont fait peur au collége - elles sont aujourd'hui des adultes avec enfants elles mêmes - et je trouve qu'elles ont bien compris le gravité de leurs actes qui etaient pour eux à l'epoque que des taquinages. On a discuté longuement et en fait on trouve un certain amitié. Elles n'ont vraiment pas compris comment leurs commentaire m'ont touché et perturbé ma quotidien.
Bref, il y a d'espoir. Faut que les explications clairs sont donné aux enfants qu'ils tolere la difference et qu'au moins ils laissent les enfants un peu differnts tranquilles - mais encore mieux, qu'ils les protege et les accueillent.
Recemment je me suis retrouvé en contacte avec certains qui m'ont fait peur au collége - elles sont aujourd'hui des adultes avec enfants elles mêmes - et je trouve qu'elles ont bien compris le gravité de leurs actes qui etaient pour eux à l'epoque que des taquinages. On a discuté longuement et en fait on trouve un certain amitié. Elles n'ont vraiment pas compris comment leurs commentaire m'ont touché et perturbé ma quotidien.
Bref, il y a d'espoir. Faut que les explications clairs sont donné aux enfants qu'ils tolere la difference et qu'au moins ils laissent les enfants un peu differnts tranquilles - mais encore mieux, qu'ils les protege et les accueillent.
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Oui, c'est aussi mon impression. Quelqu'un me l'a dit une fois, "elle évitait de me voir parce que je la faisais culpabiliser".jean thevenet a écrit :je crois qu'on déclenche chez les gens des rémises en question ou des sentiments trop forts, qui souvent renvoient à des problèmes non résolus de l'enfance.. Or, les adultes veulent nier l'enfance: cela donne des attitudes fuyantes et des amitié bancales sans confiance.
Je commence à comprendre, après avoir longtemps déconnecté des réactions des autres et du stress que ça me provoquait, que je ne fonctionne que sur l'explicite et que l'implicite me met en panique.
Je m'explique un peu mieux:
à la base de toute relation que ce soit travail, amitié ou amour, il y a en gros ce qu'on se dit au départ, puis la relation bouge, mais souvent de façon implicite.
Que l'évolution me soit favorable ou pas, si elle n'est pas dite, j'en reste à l'explicite du départ, ça peut durer des années.
Donc, là où l'autre en est au point B et croit que j'en suis au même point d'acceptation, j'en suis toujours au point de départ.
Le gros problème est que dès que je suis mise à mal par cet implicite, je ne peux plus verbaliser ce que je ressens, ni demander à l'autre une mise au point verbale.
L'autre ressent ce stress, n'ayant aucune explication, il l'interprète comme il peut et c'est le début d'une spirale de non-communication.
Quand j'arrive, de façon fragmentaire, à dépasser le stress et à demander à l'autre pourquoi il a changé les termes du contrat initial, ça ce passe mal aussi.
Je crois que les gens se servent de l'implicite pour tout ce qui les arrange, consciemment ou inconsciemment et n'ont par conséquent, aucune envie de le verbaliser, et peut-être même de le voir.
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
Malheureusement je n'y crois pas une seconde.Mars a écrit :J'espère que si. Les établissements scolaires vont recevoir des instructions à ce sujet...
Lees instructions ne changent pas les gens. Ni les harceleurs ni les lâches qui ferment les yeux.
Je suis ressortie du système scolaire avec la conviction que les gens sont des lâches, des coupables, des chiens de meute aussi grégaires que stupides et agressifs.
Qu'hormis les lâches et les maladroits, il n'y a qu'une seule alternative avec eux: c'est d'être soit victime soit bourreau. Je ne veux pas monter en grade, je ne veux plus jamais être ni l'un ni l'autre.
Que la seule manière de garder ses secrets, c'est de ne les confier à personne.
Que la seule manière d'être effectivement en sécurité, c'est d'être seul.
Que même armés réellement de bonnes intentions, leur maladresse les trahit immanquablement (spéciale dédicace aux proches).
Le pire, c'est que même aujourd'hui en observant les gens entre eux, leurs petites trahisons, leurs motivations, etc., ces vieux souvenirs trouvent encore plein de raisons de rester vivants.
Ces "faiblesses" ordinaires et autres petites lâchetés que tout le monde recèle, c'est foutu, je n'ai que trop appris à les reconnaître, je les vois trop. Trop bien, trop tôt, trop nettement. Il faut pouvoir "ne pas voir" ou fermer les yeux sur bien des choses pour faire confiance aux les gens... ils me déçoivent trop tôt, dès le départ c'est foiré à plus ou moins court terme.
Certes il y a des exceptions, des accalmies, des rencontres... pour moi des heureux hasards. J'en profite, mais ne perds jamais de vue leur nature versatile et éphémère.
Carpe diem, comme on dit.
Je veux bien croire que l'aventure scolaire marque à tout jamais.
Et que cela soit déterminant pour les relations sociales à l'avenir. Mais pour ceux qui y auraient échappé à l'enfance et à l'adolescence, il y a aussi largement matière à se rattraper plus tard.
«Nous sommes tous des farceurs: nous survivons à nos problèmes.» (Cioran)
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
la norme. Grande question pour moi. Je ne vois toujours pas ce que c'est.Murielle a écrit :Bouhhh, ces témoignages font mal.....
Dès qu'on sort de la norme: trop grand, trop gros, noir, boutonneux, mal fringué, différent....Les autres attaquent.!C'est hallucinant de voir autant de cruauté je trouve.....(
La norme étant la majorité. La différence étant faire partie d'une minorité.
Pour être dans la norme, il faudrait être asiatique pour commencer. Ensuite définir la taille normale ca ne doit pas être évident. Ils mesurent combien les gens normaux ?
Les fringues, on a tous des looks différents. C'est quoi des fringues normales ?
C'est vraiment un concept qui m'échappe.
Je vois bien ce qu'est une diformité... et franchement ca n'a rien de drôle. Je vois bien ce qu'est un handicap, physique, mental ou social... et là encore je ne vois pas pourquoi ca conduit l'autre, "normalement" constitué, à des comportements moqueurs ou agressifs.
Je constate que c'est pourtant le cas, je ne suis pas aveugle. Mais le principe qui conduit à ca m'échappe totalement.
On est encore dans le même principe qui conduit les NT à réagir en fonction de l'émotif, du ressenti avant tout, même si la réaction est contraire à la logique la plus évidente.
Affligeant. Déroutant. Etrange.
Papa (Aspi) de 2 enfants ; Raphaël (6 ans, Aspie) et Hadriel (4 ans et demi NT).
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Re: Relations sociales et sentiment d'insécurité
C'est ce qui sera "référencé" dans la rubrique "Mode".....Complètement subjectif.!Schehade a écrit :C'est quoi des fringues normales ?
Heureusement avec l'âge ce genre de "code" a tendance à disparaître, mais malheureusement, en collège (surtout) et lycée ça fait des ravages.! Affligeant, oui, c'est bien le terme....
Les tout petits ne font pas attention à cela, ils se moqueront plus volontiers d'un gros, d'un grand, d'un roux....Mais pas vraiment sur les fringues, mais dès le CM2/6 ème.....et vraiment au collège, j'étais hallucinée de voir les proportions que ça pouvait prendre.!
Ma fille ayant 3 ans de plus que mon fils, ça m'a donné une "petite" idée de la chose....Du coup, Léo étant déjà "différent", j'ai fait très attention à ne pas lui faire porter n'importe quoi pour au moins lui éviter ce type d'agression....Donc, il est "à la mode", mais pas trop non plus....C'est disons, "discret".! Pas de rouge/orange/bleu électrique... trop voyants, mais plutôt du noir, jeans , marron, gris.... (couleurs plus passe-partout.!)
La norme, ça aussi vaste question...
Je pense que tu as donné une bonne définition Shehade.!Schehade a écrit :La norme étant la majorité. La différence étant faire partie d'une minorité.
Et si la norme c'était "être différent"????Ca serait pas plus chouette?
Ca me rappelle le T-shirt d'un vendeur de fromages à Piriac sur Mer:
Il était écrit ceci:
"Vous rigolez parce que je suis différent, moi je rigole parce que vous êtes tous pareils...."
J'avais adoré son t-shirt.!!! Il ne se souvenait hélas pas où il l'avait trouvé....dommage.!
Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.