Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Echolalie a écrit :yant décidé de changer d'orientation professionnelle, je me lance à présent dans l'enseignement. Je viens de recevoir ma première affectation en tant que prof de lettres dans le secondaire (collège) et je sollicite auprès de vous quelques conseils car me voilà lâché dans la jungle sans aucune indication.
Je ne peux pas donner de réponse très précises parce que je suis dans le premier degré. Je te donne des pistes qui fonctionneront, j'espère, pour le second degré ?
La première question, je pense c'est de savoir si tes élèves ont un manuel et des listes de livres à lire. La plupart des manuels disposent de guide pédagogique, destiné à l'enseignant. A l'intérieur, tu y trouve tout le détail de la séance en général (plus ou moins détaillé selon l'éditeur). Pour les listes de livre à lire, il s'agit souvent d'édition scolaire et quand tu vas sur le site de l'éditeur ils proposent des pistes pédagogique, voir des fiches séances
Le manuel a mon avis c'est la base. Tu le suis au plus proche pour un début de carrière et petit à petit tu pourras y apporter tes modifications, amélioartions en fonction de tes besoins et de ceux de tes élèves. En plus tu en auras besoin parce que sinon tu vas passer ta vie à faire des photocopies.
Si les élèves n'ont pas de manuels attitrés, je te conseillerai de te rendre à l'INSPE ou à la biblioothèque Canopé la plus proche de chez toi. Là ils disposent de plein de manuels scolaires que tu peux consulter, en chercher un qui te plaise pas trop mal et l'emprunter.
Il existe aussi sur Gigatribe des groupes de PE qui partagent leurs ressources et notamment leurs manuels numérisés. Ca évite de payer et ça permet de jongler sur plusieurs supports .Il faut essayer de trouver le groupe gigatribe collège via facebook je pense et demander à être admise. Avec le logiciel et les noms d'utilisateurs tu pourras trouver des documents.
Enfin, mais d'après mon expérience, il faut garder ça pour la fin il doit bien exister des blogs de profs, sites ou groupe FB où les enseignants s'échangent des documents. Par contre, pour l'avoir expérimenté, je déconseille de commencer par ça. Lorsqu'on débute, on se retrouve vite noyée par les milliards de propositions . Ne pas oublier également que si vous les avez trouvé sur le net, les élèves les trouveront aussi... ainsi que leurs parents, les inspecteurs. Personnellement,je commence par construire mes "cours" avec les manuels, puis - QUAND J'AI LE TEMPS !!!!!! - je tape le nom de la notion travaillé sur internet et je regarde si je peux piocher une ou deux idées pour approfondir, ou rendre plus ludique. Mais attention, il y a de tout sur le net. Et surtout c'est chronophage. On a envie de faire tout ce que font les collègues, et on oublie qu'ils en sont à leur 20ème année d'enseignement donc que nous ne sommes pas égaux face aux temps de préps.
Dernier conseil : ne pas se laisser vampiriser par la préparationd es cours à mon avis, surtout en secondaire où vous devez avoir des heures de correction de copie. Ma conseillère péda m'aavit dit de choisir sur chaque semaine une notion, un objectif que je travaillais en créant ma séquence et pour le reste prendre du clé en main en suivant le manuel. Puis la semaine d'après on fait pareil avec une autre notion, et petit à petit on construit son enseignement. Mais pas tout d'un coup au risque de devenir fou.
Bon courage (le collège pour moi c'est l'équivalent de l'enfer )
Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Vous dites que cest si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre." Anhouil
J'ai été enseignante en collèges difficiles et très difficiles pendant des décennies. La vie de famille en plus du travail + les mesures qu'on a imposées aux élèves après le déconfinement (qui m'ont profondément heurtée) ont débouché sur un énième burn out qui a marqué le point final de ma carrière. C'était pourtant mon intérêt spécifique majeur.
Aujourd'hui, je me repose et plus tard, viendra le reclassement. J'ai été déclarée inapte à ma profession à ma demande et celle de mon médecin.
En ce qui me concerne, au vu de ma fatigue et de la dégradation extrême de nos conditions de travail, j'estime être partie au bon moment même si cela a été un deuil difficile.J'ai passionnément aimé mon métier mais ma santé et ma famille passent avant.
Belle continuation à tous.tes
Diag HP en 2014, diag TSA en 2019 confirmé par un 2ème bilan en 2021
Il y a pas mal d'enseignants autistes, j'ai l'impression.
Il y en a pas mal qui font des burn outs aussi, voire qui mettent un terme à leur carrière pour faire autre chose.
C'est un métier difficile, encore plus quand on est autiste. Malgré tout, certains autistes arrivent à enseigner sans trop de problèmes.
Il faudrait faire des statistiques, sur le nombre d'enseignants en arrêt long ou en reclassement, quel pourcentage sont autistes Asperger
Il y a pas mal d'enseignants autistes, j'ai l'impression.
Non je pense que c'est un biais, parce que nous sommes sur un forum de personnes avec TSA. Dans le lot il y a évidemment des enseignants... Mais je ne pense pas qu'il y ait tant que ça d'enseignants avec TSA, en tout cas pas dans le premier degré ou le second degré. Peut-être plus dans le supérieur...
I
l y en a pas mal qui font des burn outs aussi, voire qui mettent un terme à leur carrière pour faire autre chose.
Il y a énormément d'enseignants qui n'en peuvent plus, mais là encore je ne pense pas que les enseignants TSA soient plus nombreux que les NT dans les burn-out, ou reconversion.
C'est un métier éprouvant pour n'importe quel être humain, en fait.
Je pense que si les conditions de reconversion/reclassement 'étaient moins difficiles on verrait encore plus de démissions... je vois beaucoup de collègues NT qui trainent des pieds matin et soir, qui aimeraient changer de boulot mais qui ne le font pas parce qu'elles ont peur de ne jamais rien trouver d'autre. Moi même j'aimerai pouvoir me reconvertir. Ce n'est pas urgent, ce n'est pas un projet pour tout de suite néanmoins je sais déjà que ce sera difficile, voire impossible. Il faudra que j'anticipe bien avant, que je me forme seule, que j'investisse donc du temps et de l'argent... Ce n'est pas à la portée de tout le monde. C'est néanmoins dommage pour les élèves qui se retrouvent avec des profs en arrêt maladie en permanence, démotivés et non investi...
Aujourd'hui, c'est mon premier jour de fermeture de classe : ma classe est officiellement devenue un cluster hier midi avec la déclaration du 10ème cas de COVID ! Je pense que le plus bizarre est que je n'ai encore jamais eu ce virus alors que je vis quasiment avec mes élèves (non masqués car trop petits).
En tout cas ça m'a valu une prise de tête avec la directrice qui a estimé que puisque je n'avais pas d'élèves je devrais appeler les parents de la classe de ma collègue en arrêt pour leur dire que je prenais leurs élèves. Je lui ait dit clairement que c'était niet. Je ne suis pas baby-sitter et je suis censée assurer la continuité pédagogique pour mes élèves. Donc soit je m'occupe de mes élèves soit de ceux de ma collègue, mais pas les deux... d'autant que j'estime que ce n'est pas un bon message à envoyer aux parents que de leur dire que les enseignants sont interchangeables, peu importe qu'ils ne connaissent ni la progression, ni la programmation (et dans mon cas même pas les élèves) En gros de faire exactement ce que l'on reproche au gouvernement : un enseignant est un avant tout un baby-sitter. L'essentiel c'est que vous puissiez être tranquilles. Si l'enfant apprend au passage c'est du bonus, mais ce n'est plus le rôle premier de l'enseignant. Elle était pas ravie, elle a essayé de me faire culpabiliser face aux "pauvres parents qui doivent gérer les problèmes de garde etc." Là j'ai vu que j'avais changé et que je m'affirmais (à presque 36 ans il est temps de faire sa crise d'ado ) parce que j'ai tenu bon et j'ai dit que je comprenais bien le problème mais qu'il n'était pas de mon ressort. C'est à l'inspection de remplacer les enseignants malades, c'est au ministère de prendre la décision de recruter plus de remplaçants si ils viennent à manquer (c'est pas comme si ça faisait pas deux ans qu'on est en situation sanitaire ingérable et des années qu'il n'y a plus assez de remplaçants même sans épidémie)... mais pas à moi. Et je dois déjà assez prendre sur moi pour combattre ma sensation que je n'en fais pas assez (à 50H /semaine) dont je n'ai pas besoin d'elle pour ça (ça je ne lui ait pas dit, mais je l'ai pensé). Bon je crois qu'elle boude mais le message est passé.
Comme elle même est en arrêt je suis tranquille aujourd'hui et demain. On verra la suite lundi. Et mardi si tout va bien je récupère mes zouaves
Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Vous dites que cest si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre." Anhouil
Je pense que le plus bizarre est que je n'ai encore jamais eu ce virus alors que je vis quasiment avec mes élèves
non pas si bizarre, tu l'as peut être eu de manière asymptomatique et on n'est pas tous égaux (facteurs génétiques par ex), certains le chopent plusieurs fois, d'autres au milieu de leur famille covidée (sans masque donc souvent) n'ont rien
Quelles sont vos premières recommandations à suivre ?
oups un peu tard, mais je lance quand même
sinon comme on est en cours d'année, j'imagine que tu fais un remplacement??
contacter le prof que tu remplaces et regarder sur Pronote ce qui a été fait, consulter les programmes
Bon courage...
TSA (diagnostic en 2019 par psychiatre spécialisé) - troubles anxio-dépressifs
J'ai été prof de maths en collège pendant 18 ans.
Je me suis reconvertie il y a 4 ans, après un 2e burnout je savais que je ne pouvais pas continuer. En plus, cela faisait quelques années que je ressentais une perte de sens de ce qu'avait été mon métier.
J'ai beaucoup aimé mon boulot, mais c'était bien trop prenant pour moi. On ne s'arrête jamais, en fait.
Et les dernières années, je n'avais plus l'impression de faire beaucoup de mathématiques ...
C'est triste, mais j'ai quitté le navire sans remords.
TSA (diagnostic par psychiatre spécialisée, septembre 2020)
"Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir, parce que la lumière me gêne." Boris Vian
Depuis que je contribue sur ce forum, je lis régulièrement ce qui est posté dans cette rubrique. Je ne travaille plus. Mon activité professionnelle n'était pas enseignante mais pendant 4 ans (de juin 2012 à août 2016), j'ai fréquenté l'univers de l'Education Nationale, avant d'avoir connaissance de ma condition, en tant qu'assistante formation au sein de la formation continue des adultes de l'Education Nationale. Ce que j'y ai vécu/subi m'a valu de faire un épuisement professionnel qui était, en fait, un épuisement autistique. Donc, tout ce que j'ai pu lire ici a raisonné en moi... Je compatis sincèrement.
Lorsque j'ai lu ce que je poste ci-dessous -qui concerne tous les types de handicap-, je l'ai rapproché immédiatement à tous les témoignages présents dans cette rubrique.
Education : le SOS de 300 profs handicapés en détresse
Les enseignants handicapés, grands oubliés de l'école inclusive ? 300 d'entre eux adressent une (énième) lettre ouverte au ministère de l'Education pour réclamer l'instauration d'un dialogue et une prise en compte de leurs besoins. Coup de gueule !
9 février 2022 • Par Cassandre Rogeret / Handicap.fr
La maltraitance des enseignants handicapés semble donc, hélas, être un phénomène endémique au sein de l'Education Nationale...
Pré-diagnostic TSA asperger, de niveau faible à modéré, par psychologue clinicien en 03/2019
Confirmation par psychiatre en 04/2019, à 51 ans
Juin 2020 : tests du bilan diagnostic réalisés dans le privé - QI hétérogène
Je pose ça là, parce que je trouve que ça a aussi sa place ici :
Fluxus a écrit : ↑dimanche 6 novembre 2022 à 9:51
J'hésite encore entre pas mal de choses mais au vu de mes études, ce sera bien-entendu, dans le milieu de l'éducation...
Je suis un peu paumée parce que mes idées vont toujours de l'enseignement à la recherche, en passant par l'enseignement spécialisé ou l'orthopédagogie ou même l'éducation spécialisée... Et même, pourquoi pas, l'animation socio-culturelle...
Pour le moment, mon cursus universitaire est assez "généraliste" et complet sur le domaine de l'éducation, ce qui fait que je n'exclue aucune possibilité même si j'aimerais vraiment me tourner vers des concepts inclusifs et travailler essentiellement avec des personnes en situation de handicap et des élèves à besoins spécifiques...
Mais j'avoue que j'aimerais bien, malgré le fait que tous ces métiers cités ci-dessus soient différents, toucher à un peu tous les domaines dans le milieu de l'éducation. Faire des choses polyvalentes, rencontrer des publics différents, voir tous les aspects de l'éducation sous des angles différents.
Ce qui est certain, c'est que j'aime apprendre, j'aime transmettre, j'aime aider, j'aime expliquer, j'aime voir la satisfaction et les gens heureux lorsqu'ils réussissent ou comprennent quelque chose, j'aime passionner les gens et j'aime beaucoup aussi, la façon dont les gens peuvent nous le rendre. Je trouve ça gratifiant.
Beaucoup de gens qui se sont tournés vers l'enseignement disent avoir la sensation de gérer des choses qui relèvent plus d'un autre type d'éducation (qui n'est pas spécifiquement celle qu'on donne en milieu scolaire) alors qu'initialement, enseigner, c'est "élever" une personne, l'instruire, c'est l'aider à développer ses capacités intellectuelles, physiques et morales... Et bien c'est peut-être c*n, mais moi, c'est justement la diversité qu'on trouve aujourd'hui dans ce milieu là qui m'intéresse.
Alors je sais, j'ai pas encore touché de près au domaine, professionnellement parlant, je peux pas encore en parler mais voilà...
TSA sans déficience intellectuelle et sans altération du langage + trouble anxiodépressif associé - CRA régional (2021)
Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. ~ Les Shadoks
Article de Mediapart Des profs en situation de handicap se disent malmenés par le Cned
Audrey Chabal, Marion Esquerré
Lundi, après les vacances de la Toussaint, Sandra Vétier-Rey, enseignante agrégée en écogestion, ne sera pas devant ses élèves. Après sept années en poste adapté au Centre national d’enseignement à distance (Cned), elle a repris en septembre le travail en établissement, malgré sa situation de handicap, dans un lycée de Nîmes (Gard). Mais son état de santé ne lui permet plus d’assurer sa mission.
Sandra Vétier-Rey a certes obtenu un mi-temps, comme l’a préconisé son médecin traitant. Tout l’été, elle s’est aussi démenée pour que le fauteuil sur mesure dont elle a besoin pour travailler soit livré à temps. D’abord sans attribution dans le lycée, elle avait proposé de récupérer deux classes de première, après la démission d’un collègue, la veille de la rentrée. Elle aime son métier et détesterait se sentir « inutile ».
L’enseignante est reconnue comme travailleuse handicapée depuis 2010, aujourd’hui avec un taux d’incapacité supérieur à 80 %. Elle subit les assauts d’une maladie chronique, évolutive et invisible, qui l’empêche de soutenir longtemps les positions debout et assise. Jusqu’en juin, elle travaillait allongée, à domicile, pour le Cned – 1 150 enseignantes et enseignants de l’Éducation nationale s’y occupent à distance de près de 23 000 élèves de primaire et de collège, et de plus de 14 600 élèves de lycée.
Travail sur les cours du Cned (Centre national d’enseignement à distance).
Sandra n’imaginait pas qu’un renouvellement de son poste au Cned lui serait refusé. Et pourtant. « Compte tenu du caractère limitatif du contingent (60 postes) » et « du nombre élevé de demandes », elle a été « classée dans le groupe “non prioritaire” », lui a signifié le rectorat dans un courrier le 28 mars. Ce dernier rappelle que « le dispositif d’affectation sur des postes adaptés est une aide temporaire aux personnels en difficulté de santé, dans la perspective d’une reprise des fonctions initiales ou de la préparation d’une reconversion professionnelle ».
Quelques semaines après la réception de cette lettre, une entreprise mandatée par le rectorat est venue chez l’enseignante pour aménager son poste de travail. Une adaptation qu’elle réclamait depuis trois ans, mais désormais inutile…
Une fois en classe, comme elle le craignait, elle s’est rapidement affaiblie. « Mon corps a lâché. Je n’arrive plus à marcher sans béquilles », confiait-elle dès le 22 septembre. Mais elle a continué d’aller au lycée. Puis, pour tenter de récupérer, elle a passé toutes les vacances de la Toussaint allongée. En vain. Juste avant la rentrée de novembre, elle a constaté qu’elle ne serait pas en état de retourner devant les élèves. « Ce n’est pas une vie », souffle-t-elle. Elle compte réitérer une demande de poste au Cned pour la rentrée 2023.
« Stop à la maltraitance »
Le cas de Sandra Vétier-Rey n’est pas isolé. Plusieurs enseignant·es souffrant de handicap ont décrit à Mediapart une hiérarchie lointaine, aux réponses lentes – quand elles arrivent. Elles et ils constatent l’incapacité de l’Éducation nationale à compenser pleinement leur handicap. L’ association nationale créée en 2019 pour défendre les enseignant·es en situation de handicap compte aujourd’hui 530 adhérentes et adhérents. En septembre, elle a lancé une pétition qui a récolté près de 18 000 signatures mais n’a suscité pour l’heure aucune réponse du ministère.
« Cela vient de loin, rappelle Anne-Sophie Parisot, avocate de plusieurs enseignant·es concerné·es. Jusqu’à la loi Handicap de 2005, l’entrée dans la fonction publique passait par une visite médicale d’aptitude. Il fallait être en bonne santé, valide. » Cela explique probablement que le ministère reste l’un des mauvais élèves concernant l’obligation d’emploi de personnes déclarées handicapées, avec un taux de 3,37 % au 31 décembre 2020, contre 6 % attendus.
Où sont les carences ? D’abord dans les dispositifs d’adaptation, conçus « en paliers », comme nous l’a expliqué le ministère par écrit. On commence par l’aménagement de poste, c’est-à-dire une aide humaine ou matérielle visant à compenser le handicap sur le lieu de travail.
« Mais l’enseignant peut se confronter à un refus, au motif que sa demande entre en concurrence avec les contraintes de son établissement », constatent Ludivine Debacq et Hervé Moreau, du syndicat Snes-FSU. « Les médecins de prévention des rectorats gèrent la pénurie de moyens », insiste pour sa part Maud Valegeas, de Sud-Éducation.
Deuxième palier : l’allègement de service, qui permet aux enseignants et enseignantes de travailler à temps partiel pour raison médicale, sans réduction de salaire. Cette aide est limitée dans le temps, et son renouvellement soumis à examen chaque année, y compris lorsque le handicap est permanent. Le ministère confirme : « Compte tenu des demandes présentées tous les ans par les agents, [les services académiques] en font bénéficier ceux dont les situations paraissent prioritaires. »
Troisième palier : les postes adaptés, de courte durée (un an, renouvelable deux fois) ou de longue durée (quatre ans renouvelables sans limite), permettent aux enseignant·es qui ne peuvent plus faire classe de travailler au Cned ou, dans une moindre mesure, dans des services administratifs ou de documentation. Cependant, « les capacités d’affectation des académies sur postes adaptés sont limitées », indique le Cned à Mediapart. Qui ajoute que cette affectation « ne constitue réglementairement pas un droit ».
Dans un document diffusé en septembre 2021, la direction des ressources humaines du ministère annonçait d’ailleurs un « travail de réécriture » du Code de l’éducation, pour clarifier ce dispositif qui « n’a jamais eu vocation à devenir une affectation définitive et une mesure pérenne de compensation du handicap ». Objectif : le renommer « dispositif de transition professionnelle » et limiter sa durée à douze ans maximum.
Craignant d’être mis à la retraite d’office, il se suicide
Enfin, le dernier palier conduit à la porte de sortie. Dans ce cas, les profs bénéficient « d’un accompagnement dans le reclassement en cas d’inaptitude aux fonctions », assure le ministère. Sandra affirme pourtant, comme d’autres, n’avoir jamais bénéficié d’un quelconque accompagnement. Elle-même ne voit pas, dans son état et à 51 ans, quel reclassement envisager. Alors que le cadre aménagé du Cned lui permettait de poursuivre le métier qu’elle aime, son retour en établissement revient à la « pousser vers l’inaptitude et la retraite pour invalidité », dénonce-t-elle.
La retraite pour invalidité, c’était la grande crainte de Jean-Christophe Da Silva, professeur certifié d’anglais en collège depuis 2000. Il s’est suicidé en septembre 2021. Une chute en 2016, alors qu’il souffrait déjà de multiples pathologies invalidantes, l’avait conduit à demander un poste adapté de longue durée (Pald) au Cned, à mi-temps. Il l’avait obtenu à la rentrée 2017.
« Il était très content, murmure sa sœur, Francine Da Silva. Le Cned sonnait comme un nouveau départ, avec la possibilité de reprendre pleinement sa rééducation tout en continuant à travailler. » Espoir rapidement douché par la cadence « infernale » du Cned. Dans un message envoyé à sa sœur en janvier 2018, Jean-Christophe Da Silva écrit : « Il me reste 64 copies en retard, ils ne me reprendront jamais en Pald. » Le mois suivant, il écrit au Cned de Rouen, dont il dépend, pour justifier son impossibilité à respecter le rythme imposé de vingt-cinq minutes par copie.
Dans leur maison en briques à Villeneuve-d’Ascq, sa sœur Francine, son beau-frère et sa nièce épluchent son dossier. Au milieu de la paperasse administrative et médicale, quelques feuilles volantes rédigées à la main sortent du lot. Jean-Christophe Da Silva y avait méticuleusement comptabilisé le temps passé sur chaque copie. Non pour se plaindre, mais pour montrer que ses élèves de 4e et 3e avaient besoin de ce niveau de correction pour progresser.
Il passait en moyenne une heure et huit minutes sur chaque copie. « Ce mail prouve qu’il voulait être à la hauteur. Il n’a jamais eu de réponse. Et il en a délaissé sa santé. Il avait besoin de cinq heures de rééducation par jour pour supporter ses douleurs », déplore Francine.
En juin 2018, ne tenant plus le rythme, le prof d’anglais est placé en arrêt maladie longue durée. Après une petite année, un expert médical envoyé par le rectorat lui annonce qu’il doit réintégrer le Cned. Par un recours, il obtient qu’une nouvelle expertise ait lieu, après qu’il aura effectué un séjour en centre de rééducation.
Hélas, ce projet est reporté d’un an à cause du covid, qu’il contracte. Il attend une nouvelle date de séjour de rééducation lorsque, le 28 septembre 2021, il reçoit un message du Cned lui demandant de prendre contact avec un nouvel expert médical. Ce message ne dit rien de plus mais entre violemment en résonance avec son angoisse : être mis à la retraite pour invalidité à 50 ans. Vers minuit, il appelle sa sœur, qui tente de le rassurer. À 4 h 27, le 29 septembre, Jean-Christophe envoie un texto : « J’en ai ma claque. Prenez soin de vous, adieu. »
Ce message n’est vu qu’au réveil. « Le temps de nous rendre chez lui, il était déjà trop tard », dit Francine, en pleurs. Ce suicide, elle en tient pour responsable « la machine à broyer qu’est le Cned ». Institutrice à la retraite, elle cherche depuis à obtenir que « l’institution reconnaisse ses dysfonctionnements et y remédie ».
En juin dernier, accompagnée par le Snes-FSU, elle transmet au rectorat une demande de reconnaissance du décès de son frère en accident de service (l’équivalent de l’accident du travail pour la fonction publique), afin de pouvoir lancer une enquête interne sur les conditions de sa mort. La réponse officielle, le 19 juillet, lui indique qu’elle n’a juridiquement pas le droit d’engager une telle procédure, car, en tant que sœur de la victime, elle ne peut pas prétendre à une réparation financière.
Le 29 septembre dernier, Francine relance le ministère afin qu’il s’empare du dossier. On lui a assuré par mail qu’il serait traité. Notre sollicitation du ministère sur ce dossier est restée sans réponse. « Il ne s’agit pas d’établir la culpabilité du Cned, mais d’enquêter sur les conditions de travail pour ensuite faire de la prévention, précise le Snes. Si un suicide est toujours multicausal, quand il advient au travail – et le domicile d’un enseignant du Cned est aussi son lieu de travail –, c’est que le travail n’a pas joué son rôle d’équilibre dans la vie des gens. »
Aucun collectif de travail
C’est là tout le paradoxe du Cned, qui accueille des enseignantes et enseignants fragilisés par leur état de santé. Outre que cette solution est précaire et soumise à des réévaluations régulières souvent vécues comme humiliantes, le travail y est rébarbatif et s’y pratique dans l’isolement. Le Cned organise bien des réunions virtuelles entre enseignant·es, mais plusieurs témoins nous ont indiqué ne pas s’y sentir à l’aise pour échanger librement, en particulier sur les conditions de travail. Certain·es ont créé des espaces de discussion parallèles sur les réseaux sociaux.
« La logique taylorienne de correction des copies du Cned dépossède les enseignants de leur capacité à créer du travail », souligne Hervé Moreau, chargé des questions de santé au Snes.
« Ce n’est pas marrant de corriger des copies à la chaîne », abonde Agnès Medvedev, professeure de mathématiques, au Cned pendant plus de dix ans, jusqu’à sa récente retraite. Évoquant une intensification du travail, notamment avec le passage au tout-numérique, elle estime que la pression y est plus forte qu’en établissement (voir notre article de 2021).
Le Cned est « un laboratoire du management néolibéral dans l’Éducation nationale », affirmaient, mi-septembre, les enseignant·es et chercheur·es, Frédéric Grimaud et Laurence de Cock, sur le site de la revue Regards. On y parle « marque », « clients », « offre »… « Le ministère pousse le Cned à une démarche de rentabilité », confirme Hervé Moreau. Un contexte de travail peu favorable à l’inclusion ou au maintien dans l’emploi des travailleuses et travailleurs fragilisés.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
Bonsoir,
Je ne suis pas sûre de poster au bon endroit. Je suis toujours en cours de diagnostic (j'ose toutefois espérer approcher de la fin car le pré-diagnostic est très net). Je pense à l'après car je suis clairement en difficultés à mon travail.
Je suis prof, donc les échanges sociaux, j'y ai droit toute la journée. Mon travail auprès des élèves me plaît cependant.
J'ai en revanche beaucoup de mal à gérer les échanges avec les collègues. Malgré le fait que je sois en suradaptation constante, je commets des impairs (dont je ne me rends pas compte et qu'on me dit après coup... Après quoi je me sens systématiquement très mal).
Une collègue, la seule qui soit au courant (je l'apprécie beaucoup), pense qu'il faudra que je parle de mon diagnostic pour que tout le monde soit bien au clair sur ce que je peux faire ou pas.
Mais elle pense aussi que je pourrais être plus polie si je me forçais à dire les "s'il te plaît' que j'oublie. Que c'est un petit effort en plus. Sauf que l'effort est déjà permanent. Que ce qu'on me reproche c'est parfois mon ton brusque (sans le vouloir évidemment et sans arrière pensée) car je suis concentrée sur la tâche en cours. Qu'il faut aussi regarder dans les yeux, penser à sourire ... Et je ne parle pas du fait que ce soit déjà un effort d'être présente lors d'une réunion, d'interagir avec les autres, de transmettre des informations.
Je suis usée et j'ai l'impression de ne pas être comprise.
Je me sens malade à l'idée d'aller au travail demain (je vais enchaîner deux jours de réunion).
Y a-t-il des profs ici ? Comment avez-vous géré votre TSA au travail ? L'avez vous dit ? Des aménagements ont-ils été faits ? Les collègues ont-ils compris sans juger ?
Merci pour votre aide
Diagnostic TSA posé le 24/06/23
HPI détecté en février 2023
Je suis professeur des écoles et c'est très difficile.
Heureusement dans mon école personne ne se formalise si on zappe de se dire bonjour le matin et si on part sans faire le tour de tout le monde pour se dire au revoir.
Quant à te faire la moral sur les "stp" que tu oublies, ça me fait bien rire car je suis sûre que ceux qui te font se reproche zappe aussi beaucoup de les dire..
HPI (2018)
TSA (février 2020 en libéral, décembre 2021 au CRA)
TDAH (avril 2023)
Arcane a écrit : ↑mardi 20 juin 2023 à 22:04
Hello,
Je suis professeur des écoles et c'est très difficile.
Heureusement dans mon école personne ne se formalise si on zappe de se dire bonjour le matin et si on part sans faire le tour de tout le monde pour se dire au revoir.
Quant à te faire la moral sur les "stp" que tu oublies, ça me fait bien rire car je suis sûre que ceux qui te font se reproche zappe aussi beaucoup de les dire..
Merci pour ta réponse. Il est vrai que la personne à qui j'ai oublié de dire "stp" n'est pas la plus agréable ni celle qui communique le mieux.
Mais ce n'est pas cette personne qui m'a fait le reproche directement mais plusieurs autres collègues.
La semaine dernière c'était parce que j'avais soupiré... Quelque temps avant parce que j'avais eu l'air hyper froide / en colère alors que j'étais juste en train de parler normalement (et pas du tout en colère...) J'avais été fière de parvenir à m'exprimer et faire mon travail sérieusement, et on m'avait dit plus tard par message que j'avais eu l'air fâchée. Ça m'avait vraiment rendue triste.
Je suis en train de me pourrir toute seule ma réputation. Je ne parviens pas à progresser dans ces domaines...
Tes collègues sont-ils au courant de ta situation ?
Diagnostic TSA posé le 24/06/23
HPI détecté en février 2023