Faut-il avoir des enfants ?

[Neverland]

Racontage de vie : *on*

Je vais sur mes 30 ans cette année et beaucoup de femmes autour de moi, de mon âge, sont en essai bébé, sont enceintes, viennent d'accoucher, etc. Et je pense que ce sera une tendance qui va durer les 10 prochaines années.

Ce qui me renvoie inévitablement à ma propre situation : célibataire, n'arrivant pas à entretenir une relation amoureuse équilibrée, si désespérée de trouver une personne qui me convienne que j'en suis à me demander si je ne préférerais pas rester seule (plutôt "que mal accompagnée").

Les constructions sociales ont fait que je me suis toujours vue devenir maman. Je me suis longtemps imaginée dans la peau de cette maman que je serai. J'arrive à éprouver la joie et le bonheur d'être un jour aux côtés de ce petit être que j'aurais conçu par amour.
Aujourd'hui, je suis en train d'y renoncer, c'est très dur, et c'est comme dix ans de croyances que je suis en train de mettre au placard. Un peu par égoïsme parce que je ne me sens pas capable de gérer un enfant, d'encaisser les jours où il sera malade, maltraité, face à la cruauté, aux conséquences de l'anthropocène, etc.

En gros, ça m'a l'air trop compliqué mais...

Je ne peux pas dire que ça ne me rend pas triste. Au contraire, j'envie ceux qui ont des relations stables et qui s'aiment tant - ou ont l'impression en tout cas - qu'ils en arrivent à se lancer dans ce projet de vie qu'est de faire/avoir et élever un enfant ensemble. Je veux dire, il faut quand même avoir sacrément confiance en l'autre et dans l'avenir pour signer un tel projet, non ? Sans faire de généralités, bien sûr.

Et vous ?
Pourquoi avez-vous décidé d'avoir des enfants / de ne pas en avoir ?
Avez-vous confiance ?

[freeshost]

Chaque personne a le droit d'avoir des enfants, donc de ne pas en avoir. Un droit n'est pas un devoir.

Pour ma part, le célibat sans enfant me va très bien. Je ne suis pas du tout préoccupé par quelque vie de couple ou familiale. Je suis plus préoccupé par mes activités : langues, autisme, sciences sociales, droits humains, lutte contre le harcèlement et le syndrome d'épuisement.

Il existe des femmes, autistes comme non autistes, qui ne veulent pas d'enfants.

Donc, faut voir ce que TU veux indépendamment de ce que les autres veulent, se distancer de tout conformisme comme de tout anti-conformisme. Tu n'as pas à te justifier.

En plus, les interactions sociales (qui s'entassent dans les relations) sont plus fatigantes pour les personnes autistes.

[freeshost]

Bon, en fait, on peut aussi envisager d'autres pistes : rester célibataire et adopter. Après, il faut voir les critères et les démarches selon les pays.

[Neverland]

Ce n'est pas comme ça que je vois la vie de famille : célibataire avec un enfant. Pour moi, avoir un enfant a toujours été la croyance et l'envie qu'il soit le fruit d'un amour sincère et d'un projet de vie commun.

Si j'étais en couple, je serais tout autant peu sûre de moi quant à ce projet pour les raisons évoquées ci-dessus.

Mais là, ne pas être en couple, ça ne me laisse même pas le choix. C'est certes conformiste comme façon de penser, mais je ne suis pas capable à l'heure actuelle d'envisager une autre forme de vie de famille.

As-tu toujours été désintéressé par ce sujet ?
Si oui, comment as-tu fait pour y échapper ?

C'est une question qui me tracasse beaucoup, pour ma part.

[LiterallyMe]

Ahlala, question très dure pour ceux qui osent se la poser, là où notre entourage et aussi forcément tous nos ancêtres l'ont fait sans se questionner

Comme dit au dessus c'est un droit et non pas un devoir, fait ce que tu veux tant que t'es sure de ne pas finir avec des regrets le jour où ça ne sera plus possible

Si ton hésitation est liée à des peurs plutôt qu'à des raisons concrètes alors braves ta peur, tout le monde avant nous y est passé et je pense que ça reste une expérience formidable, et avoir un gosse donne un sens à nos vies, ça nous poussera à continuer à avancer et se construire afin de donner une enfance de qualité et une vie où ils pourront bénéficier de ce qu'on leur a légué

Moi même pendant longtemps je ne me suis jamais vu avoir d'enfant et encore maintenant je n'arrive pas à m'imaginer en tant que père mais je pense que si je ne deviens jamais un père, ma vie n'aura plus aucun sens, je ne me vois pas travailler et bâtir ma vie pour le simple plaisir d'être riche et consommer sans restrictions, mais pour transmettre mes connaissances, mes biens, et voir mes hypothétiques enfants aller encore + loin

Il est vrai que c'est une envie qui est égoïste car on pourrait aussi se dire qu'on force quelqu'un à naître et à potentiellement vivre une vie terrible

Mais à ça je répondrais que jusque là j'ai en grande majorité vécu une vie terrible psychologiquement et socialement parsemées d'envies de me jeter jusqu'à ces deux dernières années où les choses se sont arrangées, mais tout le long j'ai quand même toujours aimé vivre juste pour le fait d'apprendre et découvrir, d'admirer les choses belles

[Neverland]

Mon hésitation n'est pas liée à des peurs irrationnelles, alors à mon sens le fait de "braver ces peurs" n'est pas ce qui résoudra mon questionnement.

Une vie où ils pourront bénéficier de ce qu'on leur a légué ? On leur a légué quoi ?

[Mizunotama]

J'ai la 30aine aussi, et la situation de célibataire sans enfant me convient. Après, en tant qu'homme, j'ai l'impression que c'est plus facile à assumer qu'en tant que femme.

Aujourd'hui, je suis en train d'y renoncer, c'est très dur, et c'est comme dix ans de croyances que je suis en train de mettre au placard. Un peu par égoïsme parce que je ne me sens pas capable de gérer un enfant, d'encaisser les jours où il sera malade, maltraité, face à la cruauté, aux conséquences de l'anthropocène, etc.

Je trouve que ce serait justement beaucoup plus égoiste de vouloir un enfant si tu ne te sens pas prête à t'en occuper. Comme le dit bien freeshot, ce n'est pas une obligation, c'est un choix avec des responsabilités qui ne doit pas être pris à la légère.

[freeshost]

Ben... je suis longtemps resté dans ma bulle.

Et les choses qui m'intéressent me prennent suffisamment de temps pour que je n'aie pas assez de temps à y consacrer.

Je semble moins souffrir de la solitude que pas mal de personnes.

Parmi mes chevaux de bataille, j'ai les droits humains (contre les discriminations sociales, le droit à la vie privée, le droit d'accès à la connaissance, aux ressources didactiques indépendamment des revenus, etc.), la lutte contre le harcèlement, la prévention du syndrome d'épuisement. Il y a aussi des questionnements quant au contraste entre sérénité (personnes sereines) angoisse (personnes angoissées), quant au besoin de certaines personnes d'avoir un bouc émissaire, quant à l'éventuelle nécessité d'une croissance de certains systèmes face à la finitude de référentiels (les ressources naturelles par exemple).

Quant à ce que nous leur léguons... des montagnes de déchets ? des discriminations sociales ? des connaissances scientifiques partagées ? des œuvres d'arts (picturales, musicales, etc.) ? des langues ? du calme ou du bruit ? des paysages ? ... d'un autre côté, l'ensemble des êtres vivants ne peut pas tout contrôler, donc ne peut pas être considéré comme totalement responsable de ce qui arrive à la Terre, de l'évolution du monde. La dictature du long-termisme est aussi dommageable que celle du court-termisme. On peut différencier ce qui est (le savant) de ce qui devrait être (le politique, le religieux, l'idéologique). On ne peut pas porter le poids du monde comme le géant Atlas.

Mais les plaisirs varient d'une personne à l'autre. Projeter les siens sur autrui, n'est-ce pas croire que les formes de plaisirs sont (ou devraient être) les mêmes pour toutes les personnes. Les personnes n'ont pas toutes les mêmes besoins et les mêmes préoccupations.

Quant à trouver un mec (ou une mèche ) avec lequel construire et entretenir une relation, là, ce n'est pas mon domaine d'expérience.

[Neverland]

J'ai la 30aine aussi, et la situation de célibataire sans enfant me convient. Après, en tant qu'homme, j'ai l'impression que c'est plus facile à assumer qu'en tant que femme.

Aujourd'hui, je suis en train d'y renoncer, c'est très dur, et c'est comme dix ans de croyances que je suis en train de mettre au placard. Un peu par égoïsme parce que je ne me sens pas capable de gérer un enfant, d'encaisser les jours où il sera malade, maltraité, face à la cruauté, aux conséquences de l'anthropocène, etc.

Je trouve que ce serait justement beaucoup plus égoiste de vouloir un enfant si tu ne te sens pas prête à t'en occuper. Comme le dit bien freeshot, ce n'est pas une obligation, c'est un choix avec des responsabilités qui ne doit pas être pris à la légère.

Ne vous méprenez pas, je ne me sens pas du tout obligée ou pressurisée d'en avoir. Ou par mimétisme, je m'en contrefiche.

Ce sont vraiment deux envies contradictoires que je ressens maintenant depuis plusieurs années (depuis 2018 je dirais) + la tristesse de ne pas avoir le choix aujourd'hui

[Neverland]

Quant à ce que nous leur léguons... des montagnes de déchets ? des discriminations sociales ? des connaissances scientifiques partagées ? des œuvres d'arts (picturales, musicales, etc.) ? des langues ? du calme ou du bruit ? des paysages ? ...

Des maladies ? L'épuisement des ressources ? La famine, la guerre, la souffrance ?

Quant à trouver un mec (ou une mèche ) avec lequel construire et entretenir une relation, là, ce n'est pas mon domaine d'expérience.

Ci quoi une mèche ?

[freeshost]

C'est un jeu de mot avec : sec, sèche ; mec, mèche (les mots qui ressemblent à des féminins, comme : un cou, une colle (fou, folle ; mou, molle)).

Il y a du bon en ce monde, Monsieur Frodon, et il faut se battre pour cela.

Le seigneur des anneaux, le retour du roi

[Neverland]

Un cou

Mais pour se battre, il faudrait faire des enfants ? Qui va perpétuer tes belles idées sinon ?

[freeshost]

Mes idées ne sont pas à prendre pour parole d'évangile, pour un idéal absolu.

De toute façon, une fois mort, on ne contrôle plus la suite de l'avenir. Il me semble qu'on peut avoir confiance en l'avenir car celui-ci ne dépend pas uniquement de "moi".

[user6539]

Faites un geste pour la planète, cessez de procréer.
Faites un geste pour les millions d’orphelin, adoptez.

Je connais nombre de personnes qui ont une décennie de plus que toi et qui sont toujours en questionnement à ce sujet, une a même fait vitrifier puis cryopreserver ses ovocytes dans de l'azote liquide depuis la loi de 2021…

Mais je trouve que la plupart ne sont pas très claires sur ce « projet de vie ».

Car il me semble fort improbable de concilier le fruit d’un amour sincère avec la conception d’un enfant.
L’amour est un sentiment éphémère, à durée déterminée, si l’on fait fi que ce terme fut tant galvaudé qu’il n’a guère de véritable signification aujourd’hui.

Un enfant est, par essence, durable dans le temps.

En partant de ce postulat, où se situent les limites à la définition de cette création, fruit de l’amour ?

Un amour de vacances ?
Un engouement fugace ?
Une relation pérennisée au bout de plusieurs années de vie de couple ?

Ne fait-on pas plutôt un enfant dans le seul but de la projection d’un amour qui nous fait défaut ?
Et si cet enfant nous rejette, qu’advient-il de ce projet ?
On le délaisse et on essaie d’en faire un autre qui, on l’espère, correspondra plus à nos attentes ?
Avec la génétique, certains peuvent déjà choisir des traits physiques pour leur future progéniture.
C’est cela, être humain ?

C’est là l’essence même de l’impossibilité d’évolution de l’être humain.

En passant du nomadisme au sédentarisme il y a environ 10.000 ans, les femelles humaines ont pu procréer tous les 9 mois, rendant la démographie exponentielle, alors que celle-ci aurait du s’auto-réguler pour la préservation de sa propre espèce ainsi que pour celles des autres, et de son environnement.
L’augmentation de l’espérance de vie paracheva alors ce château de cartes.

L’espèce humaine étant dans l’impossibilité de maîtriser son instinct de reproduction, alors même qu’elle se pense « espèce la plus évoluée du vivant », connaîtra la même fin que le château de cartes rencontrant le courant d’air d’une porte qui claque.

L’excuse du « on ne pouvait pas savoir » ne fonctionne plus aujourd’hui.

[lucius]

Je connais des gens qui ne veulent pas d'enfants pour préserver la planète. En réalité, c'est qu'ils se servent de cette excuse pour mener leur petite vie sans s'impliquer.

Dont un type qui quitte le bureau en laissant la lumière allumée, qui part 2 à 4 fois par an dans des îles pour faire de la plongée. Je ne vous parle pas de sa voiture.
Une femme qui critique l'hyper-consumérisme de notre société alors qu'elle bosse dans une très grosse boite de pub (qui appartient en plus à Samsung et faisant d'après elle partie du top 20 mondial). Et qui gave son chien adoré (son vétérinaire l'a mis au régime). Je pense que son très gros salaire passe devant ses principes depuis des années.
Un autre type, rencontré par des connaissances communes et que je croise 1-3 fois par an, dit qu'il ne veut pas d'enfant pour préserver la planète mais on sait tous que c'est pour lui une excuse pour ne pas s'engager dans une relation sérieuse lorsque son amie du moment veut passer à l'étape suivante. Ce qui était drôle, c'est qu'une fois, une femme lui a dit qu'il avait raison mais qu'elle voulait quand même qu'ils emménagent ensemble. Il a été insupportable juste pour la pousser à le quitter d'après ce que l'on m'a raconté.