Je vous partage la légende polynésienne (plus exactement marquisienne),sur le célèbre bouquet umuhei,dont on fais aussi un monoï,le monoï umuhei:
Légende du Umuhei
Autrefois vivaient dans la vallée de Omoa à Fatuiva, Tohiàu et son épouse Tevaitotokuapekaòa. Un jour la femme de Tohiàu tomba malade. Des plaies apparurent à son pied. Malgré tous les médicaments appliqués dessus, il fut impossible de le guérir. Alors Tevaitotokuapekaòa demanda à son mari de monter dans la vallée pour lui ramener des plantes afin de guérir son pied malade.
Au fond de la vallée
Celui-ci remonta la vallée et arriva au fond vers la fin de la journée, lorsque le soleil commença à se coucher. Il faisait sombre dans cette partie de la vallée. Des frissons commencèrent à parcourir le corps de Tohiàu. Il tremblait de frayeur. Soudain une vahine hae (tupapa’u femme, revenante) surprit Tohiàu, en volant tout autour de lui. Elle voulait l’effrayer. Est-ce bien l’homme courageux et vaillant à qui elle pensait ?
La nuit surprit Tohiàu. Il était tard et comme il ne pouvait pas entrer chez lui, il s’abrita dans une grotte pour y passer la nuit.
Sa femme chantait
Pendant ce temps sa femme l’attendait. Elle chantait des anaunau afin qu’il ait la force de revenir :
Tohiàu e e hua
Tohiàu e e hua
E hua te poèa e hua
A hua mai òe io to vehine
O Tevaitotokuapekaòa.
Elle reprit sa chanson anaunau, une fois puis deux fois puis encore et encore… Tohiàu l’entendait mais que faire il ne pouvait pas rentrer, la nuit était trop noire.
Vahine hae, l’effrayante revenante
Vahine hae essayait à nouveau de l’effrayer. Elle faisait de terribles grimaces : sa langue pendait jusqu’au sol, ses yeux devenaient énormes. Tohiàu avait droit à d’autres affreuses grimaces. Cela dura toute la nuit jusqu’à l’aube. Au petit matin, la revenante prit son aspect humain. Elle devenait une belle femme.
Alors Tohiàu lui dit : « Pourquoi as-tu voulu me faire peur ? Pourquoi m’as-tu fait d’horribles grimaces ? Il suffisait de me parler ».
Elle lui répondit : « Pourquoi donc es-tu venu traîner au fond de la vallée, ce n’est ni le lieu ni l’heure pour des humains.
– « Si je suis là, c’est parce que ma femme est malade. Ses plaies au pied ne veulent pas guérir. Alors je suis venu pour ramasser des plantes afin de la soigner. »
Il lui expliqua en détail comment cela lui était arrivé, que cela s’est passé lorsque sa femme est monté sur un ùpe sacré, interdit aux femmes. La revenante lui expliqua donc que ce sont les morts qui rongeaient le pied de sa femme et elle lui demanda de rentrer chez lui. Puis elle lui donna rendez-vous le soir suivant, à la même heure pour qu’elle lui remette le remède qui soignerait la plaie de sa femme.
Retour les mains vides
Après l’avoir compris, il retourna auprès de sa femme qui lui demanda : « Pourquoi n’es-tu pas rentré hier soir ? »
– « J’ai été surpris par la nuit et je n’ai pas pu rentrer. J’ai entendu ton anaunau. Mais il faut que je retourne de nouveau dans la vallée. J’ai rencontré une revenante (vehine hae) Elle me donnera un remède pour te guérir. »
– « Je suis inquiète ne retourne pas, tout ça me fait peur. »
La seconde expédition dans la vallée
Tohiàu dit bien que c’était pour récupérer un remède pour la soigner qu’il devait retourner au fond de la vallée. Ils dinèrent ensemble avant de partir. Ensuite, il remonta dans la vallée jusqu’à la grotte. Il attendit Vahine hae, la revenante, qui lui apparut dans une forme encore plus effrayante. Il n’avait pas peur et attendit patiemment jusqu’à l’aube. Soudain le sol se mit à trembler sous ses pieds. La grotte bougeait. La revenante faisait tout pour l’effrayer. Mais Tohiàu n’avait pas peur.
Il sortit de la grotte et vit la revenante qui volait autour de lui avec un récipient (òipu) dans les mains. Ce òipu contenait le remède de sa femme. La revenante continuait à voler en regardant dans toutes les directions. Aussi, Tohiàu attendit le moment propice pour se saisir du récipient. Il pensait tout bas qu’en trois enjambées, il arriverait sûrement à avoir le récipient. Profitant que la revenante eut le dos tourné il courut mais au bout de deux enjambées, la revenante se retourna et l’aperçut. Elle lui lança le récipient à la tête.
Le parfum se répandit dans toute l’île
A ce moment l’òipu se cassa et laissa échapper tous ses parfums dans la vallée d’Omoa. Le parfum se répandit dans la vallée et dans toute l’ile de Fatuiva, puis ensuite dans toutes les autres îles des Marquises.
Lorsque Tevaitotokuàpekaoa sentit le parfum, la tête de Tohiàu roula à ses pieds. Elle comprit alors pourquoi son mari était allé dans la vallée et pleura longtemps sur la tête de son époux puis voulut disparaitre avec lui. Elle se dirigea vers la mer, mais au fur et à mesure qu’elle avançait dans l’eau, la mer bouillonnait autour de son pied malade. Son pied guérissait grâce à la mer. Son chagrin redoublait car elle aurait pu guérir sans que son mari ne se sacrifie pour aller au fond de la vallée et y trouver la mort.
Grâce à son sacrifice, l’île de Fatuiva (Fatu Hiva) a gardé le savoir-faire du Umuhei.
Texte tiré du site :
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