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Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Hufflepuff
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Message par Hufflepuff »

Bonjour,

J’aimerais écrire un roman depuis longtemps, mais je suis pris d’anxiété de performance chaque fois que je repense à ce projet.
Comment faire original ? Entraînant ? Lisible même, car mon autisme fait qu’on me redemande de reformuler souvent, mes premières intentions sont rarement très claires.

Est-ce que vous avez déjà envisagé un tel exercice et qu’est-ce qui vous a fait dépasser la page blanche ?
Désolé par avance si ce sujet à déjà été abordé
Diagnostiqué autiste de niveau 1 (ex Asperger) , trouble anxieux généralisé fluctuant et troubles de la fonction exécutive, PTSD, TDA typé inattentif.
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Lilas
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Message par Lilas »

Je n'avais pas du tout ce type d'anxiété pour mon premier roman que j'écrivais avant tout pour moi, sans penser à d'éventuels lecteurs.
J'ai eu un peu plus de pression pour le suivant, car j'avais eu d'excellents retours sur le premier, et je craignais ne pas être capable de faire aussi bien.
Pas de problème de page blanche, mais j'ai dû m'y reprendre à trois fois avant d'avoir un début d'histoire qui me satisfasse et m'entraîne ensuite jusqu'à la fin.
Je dirais qu'il ne faut pas songer au but, mais simplement se laisser porter par son besoin d'écrire et de raconter une histoire.
Lilas - TSA (AHN - Centre Expert - 2015)

Mes romans :
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Flower
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Message par Flower »

C'est une question très courante chez les aspirants écrivains, à laquelle il n'y a pas vraiment de réponse. Au fond, même la plus originale des histoires à déjà été racontée au moins une fois, parce que dans tous les genres, tu peux descendre au résumé le plus brut (celui qui doit sauver un monde; l'héroïne un peu perdue qui tombe amoureuse d'un mec hyper craquant; le policier qui doit résoudre une affaire de meurtre; la personne handicapée qui affronte ses difficultés; etc.). Et en même temps, toutes les histoires sont différentes, car chaque auteur va créer son propre univers, apporter son approche personnelle, avec sa sensibilité, ses valeurs, son message unique.
Bref, il ne faut pas chercher "l'originalité", mais ta voix, ta manière de raconter l'histoire. Et pour la trouver, il faut écrire. Des histoires courtes, des nouvelles, des romans, peu importe, mais il faut se chercher dans l'écriture.
Parfois, ce sera très naturel. Parfois, il faut se méfier un peu de ses inspirations littéraires, pour ne pas "copier" inconsciemment ses œuvres préférées (je pense ici au style plus qu'au contenu).

Pour la performance, c'est simple: pars du principe que ta première version sera de toute façon pas publiable en l'état. Tous les écrivains, même les plus célèbres, doivent éditer leurs manuscrits, souvent plusieurs fois. Reformuler, réorganiser, couper, ré-écrire, se faire relire, pour aboutir à la meilleure version possible de l'histoire. C'est d'ailleurs la grande chance de l'écriture, on peut recommencer autant de fois que nécessaire à un coût très faible ! Encore plus aujourd'hui si on écrit sur ordinateur, on n'utilise ni papier ni encre... Mais si tu regardes des manuscrits de l'époque où il fallait encore écrire à la main, tu remarqueras qu'il y a énormément de ratures. :wink:

Donc pour surmonter la peur de la page blanche, deux choses à faire:
- planifier un minimum son histoire (qui, quoi, quand, où, quel objectif, comment y arrive-t-on ?)
- commencer sans se poser de questions, peu importe la qualité de la première phrase tant qu'elle est écrite ! Si elle est nulle, tu la reprendras plus tard.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Tugdual
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Message par Tugdual »

Voir éventuellement ici (particulièrement la série de vidéos dédiées à l'écriture).
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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EdenEden
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Message par EdenEden »

Hufflepuff a écrit : lundi 6 février 2023 à 11:58 Bonjour,

J’aimerais écrire un roman depuis longtemps, mais je suis pris d’anxiété de performance chaque fois que je repense à ce projet.
Comment faire original ? Entraînant ? Lisible même, car mon autisme fait qu’on me redemande de reformuler souvent, mes premières intentions sont rarement très claires.

Est-ce que vous avez déjà envisagé un tel exercice et qu’est-ce qui vous a fait dépasser la page blanche ?
Désolé par avance si ce sujet à déjà été abordé


Je pense un jour publier mes mémoires.
Diagnostiquée, oui
Une Kanner devenue Asperger...

Je m'appelle Amanda-Eden
Hufflepuff
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Re: Ecrire

Message par Hufflepuff »

Merci de vos réponses très précises qui font avancer ma reflexion
Diagnostiqué autiste de niveau 1 (ex Asperger) , trouble anxieux généralisé fluctuant et troubles de la fonction exécutive, PTSD, TDA typé inattentif.
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rekkan
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Re: Ecrire

Message par rekkan »

Un conseil pour tous les apprentis écrivains : pour commencer, astreignez-vous à une discipline stricte mais raisonnable : écrire, par exemple, une page par jour.

Ensuite, si rédiger un roman vous semble inaccessible, commencer par écrire des nouvelles. Un jour, vous aurez le déclic et ça viendra tout seul.

En tout cas, c'est ce qui s'est passé pour moi. Depuis j'ai écrit deux romans, dont un à reprendre à sérieusement.
Atteint de TAS, TPE, TSA,dyspraxie constructive visuo-spatiale.
Sors de dépression nerveuse.
En attente de diagnostic TDAH et/TPB et de TAG/TP.
THPI potentiel.
Hyperimpulsif.
Hypersensible.
Lou-2020
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Message par Lou-2020 »

Spoiler : 
Flower a écrit : lundi 6 février 2023 à 15:18 C'est une question très courante chez les aspirants écrivains, à laquelle il n'y a pas vraiment de réponse. Au fond, même la plus originale des histoires à déjà été racontée au moins une fois, parce que dans tous les genres, tu peux descendre au résumé le plus brut (celui qui doit sauver un monde; l'héroïne un peu perdue qui tombe amoureuse d'un mec hyper craquant; le policier qui doit résoudre une affaire de meurtre; la personne handicapée qui affronte ses difficultés; etc.). Et en même temps, toutes les histoires sont différentes, car chaque auteur va créer son propre univers, apporter son approche personnelle, avec sa sensibilité, ses valeurs, son message unique.
Bref, il ne faut pas chercher "l'originalité", mais ta voix, ta manière de raconter l'histoire. Et pour la trouver, il faut écrire. Des histoires courtes, des nouvelles, des romans, peu importe, mais il faut se chercher dans l'écriture.
Parfois, ce sera très naturel. Parfois, il faut se méfier un peu de ses inspirations littéraires, pour ne pas "copier" inconsciemment ses œuvres préférées (je pense ici au style plus qu'au contenu).

Pour la performance, c'est simple: pars du principe que ta première version sera de toute façon pas publiable en l'état. Tous les écrivains, même les plus célèbres, doivent éditer leurs manuscrits, souvent plusieurs fois. Reformuler, réorganiser, couper, ré-écrire, se faire relire, pour aboutir à la meilleure version possible de l'histoire. C'est d'ailleurs la grande chance de l'écriture, on peut recommencer autant de fois que nécessaire à un coût très faible ! Encore plus aujourd'hui si on écrit sur ordinateur, on n'utilise ni papier ni encre... Mais si tu regardes des manuscrits de l'époque où il fallait encore écrire à la main, tu remarqueras qu'il y a énormément de ratures. :wink:

Donc pour surmonter la peur de la page blanche, deux choses à faire:
- planifier un minimum son histoire (qui, quoi, quand, où, quel objectif, comment y arrive-t-on ?)
- commencer sans se poser de questions, peu importe la qualité de la première phrase tant qu'elle est écrite ! Si elle est nulle, tu la reprendras plus tard.
J'ai trouvé tes remarques très intéressantes Flower, merci !
HQI détecté dans l'enfance.
TSA diagnostiqué en 2020 dans un Centre Expert Asperger.
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lulamae
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Re: Ecrire

Message par lulamae »

Hufflepuff a écrit : lundi 6 février 2023 à 11:58 Bonjour,

J’aimerais écrire un roman depuis longtemps, mais je suis pris d’anxiété de performance chaque fois que je repense à ce projet.
Comment faire original ? Entraînant ? Lisible même, car mon autisme fait qu’on me redemande de reformuler souvent, mes premières intentions sont rarement très claires.

Est-ce que vous avez déjà envisagé un tel exercice et qu’est-ce qui vous a fait dépasser la page blanche ?
Désolé par avance si ce sujet à déjà été abordé
Je dirais que si c'est un roman que tu as envie d'écrire, c'est parce que tu as une histoire ou des personnages dans la tête, avec lesquels tu veux construire et exprimer quelque chose.
A mon sens, l'angoisse de la page blanche peut provenir de la difficulté à répartir en plus petites tâches accessibles cette grosse tâche : écrire un roman (d'emblée on se situe dans un certain nombre de pages, on va dire dans les 200), construire une intrigue (un roman est rarement linéaire) et, comme cela t'a été conseillé, trouver sa voix.
Je te conseillerais de commencer par ce qui te vient par la tête, d'écrire plusieurs pages comme un premier jet, sans te juger, mais en sachant que ce sera à retravailler. Tu peux écrire des parties éparses qui correspondent à des moments que tu as déjà en tête, des choses que tu as envie de dire ou de faire dire à tes personnages (des passages de dialogues peuvent être plus faciles au départ)...
En même temps, tu peux écrire sur ce que tu veux écrire, et développer ton projet au fur et à mesure, sans oublier de prendre constamment des notes, partout, dès qu'une idée te vient. Il faut faire feu de tout bois, trouver l'inspiration dans tout ce qui te vient. Tu peux même écrire à côté d'autres choses qui n'ont rien à voir, elles s'intégreront dans le processus créatif. Pour ces notes, trouve le bon support, mais ne te prends pas trop la tête : cela peut être un carnet, mais même des bouts de papier, ton smartphone, du moment que tu peux le faire partout, et que tu ne les perds pas.
L'écriture c'est un fil qui se déroule naturellement, mais il faut d'abord lancer la pelote dans une direction et la suivre.
Un problème peut-être lié à cette angoisse de la page blanche et à ce que tu soulignes, la peur de ne pas t'exprimer correctement, de ne pas être suffisamment clair et compréhensible, est pour moi la peur de ne pas savoir me projeter suffisamment dans des personnages, de ne pas avoir assez de compréhension de l'autre pour donner vie aux personnages, leur créer une identité avec suffisamment de chair. J'ai cette peur de ne savoir écrire que sur moi, mes émotions, comme si je devais être condamnée à écrire un journal ou des poèmes lyriques.
C'est pourquoi il faut ouvrir l'œil et le bon, observer autour de soi, mais aussi trouver des bribes d'idées dans des romans, des films, de la musique, de la photo (nous avons tous un canal pourvoyeur d'images). On peut contourner cette difficulté, par exemple avec un personnage qui sera notre porte-parole, une situation qui ressemble à la nôtre, des thèmes dont nous avons envie de parler, des sujets qui recoupent nos passions.
Ecrire pour soi avant tout et parce qu'on a besoin de l'écriture pour intégrer sa propre vie ou s'insérer dans le monde est un but qui peut t'aider à dépasser l'exigence de "produire un livre". J'ai aussi remarqué que cela m'aidait d'avoir en tête quelqu'un à qui m'adresser, ou quelqu'un à remercier, un peu comme un ami imaginaire qui veillerait sur ma création et m'aiderait à avancer. J'ai du mal à me confronter au papier si je ne personnalise pas ainsi mon travail, même si la personne n'est pas vraiment réelle, ou que c'est quelqu'un du passé, et qu'en tout cas il y a peu de chance qu'elle lise un jour ce que j'ai écrit.
Je te donne ces conseils, mais je dois dire que je n'ai que très peu écrit pendant les trois dernières années, donc parfois tu peux connaître une "traversée du désert" et être un peu désespéré(e), mais on finit par retrouver l'étincelle et s'y remettre. :)
Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Curiouser
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Re: Ecrire

Message par Curiouser »

Même si c'est au sujet de la bande-dessinée, ces remarques et conseils de l'auteur Boulet me semblent tout à fait transposables à la problématique plus large de l'écriture :
Diagnostiquée TSA en janvier 2021. Conjoint diagnostiqué TSA en octobre 2020.

Site : Tout Sur l'Autisme (ressources et documents)
Hufflepuff
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Re: Ecrire

Message par Hufflepuff »

Merci pour vos réponses encourageantes
Diagnostiqué autiste de niveau 1 (ex Asperger) , trouble anxieux généralisé fluctuant et troubles de la fonction exécutive, PTSD, TDA typé inattentif.
Dehlynah
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Re: Ecrire

Message par Dehlynah »

J’aimerais écrire un roman depuis longtemps, mais je suis pris d’anxiété de performance chaque fois que je repense à ce projet.
Comment faire original ? Entraînant ? Lisible même, car mon autisme fait qu’on me redemande de reformuler souvent, mes premières intentions sont rarement très claires.
"C'est en écrivant qu'on devient écriveron." Queneau
écrire tous les jours donc
quant à "faire original", je n'y crois pas trop
c'est en écrivant qu'on trouve sa voie, son style, ses thèmes de prédilection

moi mon problème pour l'instant c'est de terminer, finir
mettre un point final
TSA (diagnostic en 2019 par psychiatre spécialisé) - troubles anxio-dépressifs