Fr.Wikipedia.OrgNéo-luddisme est un néologisme datant de 1990 et désignant une mouvance activiste d'orientation technophobe, c'est-à-dire manifestant son opposition à tout ou partie du progrès technique et se concrétisant par le parasitage, la dégradation, la destruction d'équipements ou encore des occupations de terrain, visant à empêcher la construction de grandes infrastructures jugées contraires aux valeurs et croyances diverses desdits activistes.
Remise en cause, plus ou moins, du progrès technique, le néo-luddisme pourrait reprendre le vent en poupe avec les remises en questions de l'apprentissage-machine, des machines de langage (comme ChatGPT actuellement).
Le néo-luddisme fait suite au luddisme, lequel pouvait s'apparenter à un certain manufacturiste, contre l'automatisme.
Diverses raisons de remettre en question la technologie :
- on délègue des tâches (on fait de la sous-traitance aux logiciels) donc on perd la main ;
- on perd aussi diverses de nos facultés cognitives (mémoriser, analyser, évaluer une situation, prendre des décisions*, etc.) ;
- les logiciels, d'autant plus qu'ils sont "puissants" (1 Watt = 1 Joule / 1 seconde), consomment une quantité croissante (voire exponentielle) d'énergie (ce qui donne des arguments aux personnes qui prônent la décroissance) ;
- * on ne décide plus donc se posent des questions philosophiques et juridiques quant à la responsabilité ;
- l'histoire s'accumule, doit-on alors conserver une trace (numérique) de tout ? Quitte à se priver de place... ;
- l'entrave au respect de la vie privée (récolter, sans nous demander notre consentement explicite, nos données de connexion, nous géolocaliser, récolter notre cursus connecté, nos habitudes, nos contacts, etc.) ;
- les logiciels ont tendance à être utilisés par de nombreuses personnes ("Je ne peux pas quitter Whatsapp car mes contacts veulent rester sur Whatsapp."), ce qui concentre les intérêts (le pouvoir, l'argent) des personnes aux commandes de ces logiciels ;
- etc.
Et vous, en récapitulant l'évolution des outils, des relations entre ceux-ci, de nos usages de ceux-ci, des métiers, des relations entre ceux-ci, et de nos activités, où placeriez-vous les curseurs ?
Face à un excès de recours à la technique (fortement critiquée notamment par Jacques Ellul dans ses ouvrages (mais aussi, dans une moindre mesure, Ivan Illitch, Guy Debord, etc.), comme Le bluff technologique), ne risque-t-on pas de virer vers l'extrême inverse ?
Tous les services que nous utilisons en ligne (logiciel en tant que service ; software as a service), quelles tâches êtes-vous consentants à leur déléguer ?
À l'inverse, beaucoup de nos activités sont rendues dépendantes de l'internet, de l'internet connexion. Lesquelles pensez-vous nécessaires (relativement à des modèles de société) ? Desquelles pensez-vous que nous pourrions voire devrions nous passer ?
Même si vous décidez de ne plus commander sur l'internet, les magasins (de livres, par exemple) utilisent, pour la plupart, des ordinateurs et des logiciels où vous occupez, en tant que clients, une ligne dans une base de données ? Êtes-vous une personne qui commande souvent sur Zalando des vêtements, puis qui renvoie souvent ces vêtements car ne correspond pas à la bonne taille (je crois que Zalando et d'autres ont commencé à faire payer le retour de marchandises) ? Quid du logement lors de vos voyages ? Un hôtel Trivago ? Vous réservez directement sur le site de l'hôtel ? Ou vous envisagez d'improviser sur place ? Ou de loger chez l'habitant ? Lors de vos randonnées pédestres, vous géolocalisez-vous toujours "au cas où vous auriez un accident" ou pour vérifier si vous êtes sur le bon chemin ? Avez-vous besoin de vous faire remarquer ou de raconter votre vie sur TicToc, UnsafeBook, etc. ?
Pourtant, aurions-nous pu, tous les autistes (français, suisses, belges, québécois, etc.) que nous sommes, faire connaissance voire nous rencontrer sans tous ces outils de connexion (forum Asperans ; Unsafebook ; Telegram ; Signal ; courriel ; etc.) ?
Ou pensez-vous que nous devons foncer toujours plus vite, quitter à foncer contre le mur (the show must go on) ? Après tout, les droits humains, eux aussi pourraient-ils être remis en question (du moins leur croissance) ? Après tout, la Terre mourra bien un jour. La tentation d'un certain nihilisme ? Le refus de la mort (individuelle ; collective ; de la Terre ; etc.) est aussi une question philosophique à remettre sur le plateau, non ?
Rage against the machine ? Ou pour l'humain augmenté, le transhumanisme ou le posthumanisme ?
Et si nous improvisions (observions, mémorisons nos observions, observions les évolutions de nos observations, nous adaptions) ? Une aptitude où les logiciels sont bien médiocres. Une aptitude pour entretenir notre autonomie.
Je préfère pétrir moi-même la pâte et choisir moi-même les ingrédients que j'y mets. Après tout, ça ne mange pas de pain. [Les "mixeurs" d'ingrédients régentés par des logiciels aux recettes programmées ne m'intéressent pas du tout. ]