Soirée entre amis

[Felis Catus]

Bonsoir,

Ce soir je devais aller manger chez des amis de mon compagnon que j'apprécie et avec qui je me sens plutôt bien. On appris au dernier moment qu'il y aurait d'autres personnes que je ne connais pas... et là dans mon cerveau c'est direct le trou noir. J'ai essayé la respiration abdominale, je suis allée courir une heure, je me suis habillée, coiffée, maquillée - avec les mains qui tremblent et la boule au ventre - mais rien à faire.

JE N'Y ARRIVE PAS.

Je me suis retrouvée recroquevillée dans un coin avec une crise de larmes incontrôlable, à ne plus supporter que mon compagnon me touche, à me balancer sur moi-même.

Ce n'est pas la première fois...

Est-ce que parmi vous il y a d'autres personnes à qui ce genre de choses arrivent?

Est-ce que certain-es d'entre vous ont réussi à mieux gérer ces situations ?

Pendant des années, j'ai pris sur moi pour aller à toutes les occasions où j'étais invitée, déjà qu'il n'y en a jamais eu tant que ça... je me suis forcée à croire pendant longtemps que j'étais comme tout le monde - juste un peu dans mon monde et très vite fatiguée - mais depuis que j'ai compris que j'étais autiste, je n'arrive plus à essayer de me lier aux autres. Je me suis beaucoup beaucoup plantée ces dernières années, j'ai vécu beaucoup de rejets, alors j'ai l'impression que ça ne sert à rien. Pourtant, je m'intéresse vraiment aux autres quels qu'ils soient, je pose des questions aux gens, j'ai vraiment envie d'entrer en contact, mais ça ne passe pas la plupart du temps.

[Ostara]

Bonsoir,

Ce soir je devais aller manger chez des amis de mon compagnon que j'apprécie et avec qui je me sens plutôt bien. On appris au dernier moment qu'il y aurait d'autres personnes que je ne connais pas... et là dans mon cerveau c'est direct le trou noir. J'ai essayé la respiration abdominale, je suis allée courir une heure, je me suis habillée, coiffée, maquillée - avec les mains qui tremblent et la boule au ventre - mais rien à faire.

JE N'Y ARRIVE PAS.

Je me suis retrouvée recroquevillée dans un coin avec une crise de larmes incontrôlable, à ne plus supporter que mon compagnon me touche, à me balancer sur moi-même.

Ce n'est pas la première fois...

Est-ce que parmi vous il y a d'autres personnes à qui ce genre de choses arrivent?

Est-ce que certain-es d'entre vous ont réussi à mieux gérer ces situations ?

Pendant des années, j'ai pris sur moi pour aller à toutes les occasions où j'étais invitée, déjà qu'il n'y en a jamais eu tant que ça... je me suis forcée à croire pendant longtemps que j'étais comme tout le monde - juste un peu dans mon monde et très vite fatiguée - mais depuis que j'ai compris que j'étais autiste, je n'arrive plus à essayer de me lier aux autres. Je me suis beaucoup beaucoup plantée ces dernières années, j'ai vécu beaucoup de rejets, alors j'ai l'impression que ça ne sert à rien. Pourtant, je m'intéresse vraiment aux autres quels qu'ils soient, je pose des questions aux gens, j'ai vraiment envie d'entrer en contact, mais ça ne passe pas la plupart du temps.

Je déteste les repas avec des gens que je ne connais pas,je ne suis pas l'aise,en général je m'enferme dans ma bulle,je n'arrive pas à écouter longtemps et je fatigue vite.mais même avec les gens que je connais je ne suis pas à mon aise (sauf si on a une passion commune par exemple animaux, beauté )

Plus jeune j'avais un petit peu plus envie de rentrer en contact avec les autres (souvent un fiasco),avec le temps je m'en suis lassée et je suis devenue beaucoup plus solitaire.

D'une façon générale j'ai du mal à garder des liens avec les autres,et je n'en ressens pas le besoin.

Voilà pour mon vécu propre

[Felis Catus]

Merci beaucoup pour ton message Ostara!

Rah là là, moi non plus à vrai dire je ne ressens pas le besoin de garder le contact - je suis tellement bien dans mon monde - mais je culpabilise à fond par rapport à mon compagnon. J'aimerais tellement arriver à être un peu plus normale de temps en temps... même s'il ne me reproche rien.

Je crois qu'il va falloir que j'apprenne à assumer un peu mieux mes limites...

[Ostara]

Merci beaucoup pour ton message Ostara!

Rah là là, moi non plus à vrai dire je ne ressens pas le besoin de garder le contact - je suis tellement bien dans mon monde - mais je culpabilise à fond par rapport à mon compagnon. J'aimerais tellement arriver à être un peu plus normale de temps en temps... même s'il ne me reproche rien.

Je crois qu'il va falloir que j'apprenne à assumer un peu mieux mes limites...

Je crois que parfois ça dérange moins l'autre qu'on ne se l'imagine
Ça n'as jamais déranger mon mari,au début de notre relation je me forçais a sociabilisé pour pas qu'il voit cet aspect la de moi résultats :sautes d'humeur,colères,larmes et pétages de plombs et au final il m'as dis que ça servait à rien car il m'aime comme je suis.et qu'il voulais juste que je sois heureuse en suivant mes besoins réels.

Oui déculpabilise,tous le monde a des besoins différents a ce niveau là,et a part s'épuiser plus vite s'obliger ne mène nulle part

[Felis Catus]

Oui tu as raison... ça ne sert à rien de se forcer, de toute façon "me forcer" fait partie de mes incapacités... c'est fou quand même. Une partie de moi n'arrive pas à croire que je suis vraiment comme ça.

Heureusement qu'on est tombée sur des partenaires qui voient autre chose en nous et qui nous aiment comme on est.

[Shana2]

Oui tu as raison... ça ne sert à rien de se forcer, de toute façon "me forcer" fait partie de mes incapacités... c'est fou quand même. Une partie de moi n'arrive pas à croire que je suis vraiment comme ça.

Heureusement qu'on est tombée sur des partenaires qui voient autre chose en nous et qui nous aiment comme on est.

Vous avez de la chance d'avoir trouvé votre partenaire. Les deux que j'ai eu sont partis. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé de mon côté aussi. Les changements incessants et le second degré qu'ils pratiquaient ne m'ont pas aidée. L'instabilité qui dominait au quotidien m'a provoqué beaucoup de crises.

[BlueFox]

Vous avez de la chance d'avoir trouvé votre partenaire. Les deux que j'ai eu sont partis. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé de mon côté aussi. Les changements incessants et le second degré qu'ils pratiquaient ne m'ont pas aidée. L'instabilité qui dominait au quotidien m'a provoqué beaucoup de crises.

Je n'ai jamais eu aucune relation d'ordre sentimental, j'ai du mal m'imaginer dedans
L'amour est un sentiment que je ne comprends pas, je ne suis pas sûr de pouvoir le ressentir ; pas comme la majorité des gens semblent le ressentir en tout cas

[Shana2]

Vous avez de la chance d'avoir trouvé votre partenaire. Les deux que j'ai eu sont partis. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé de mon côté aussi. Les changements incessants et le second degré qu'ils pratiquaient ne m'ont pas aidée. L'instabilité qui dominait au quotidien m'a provoqué beaucoup de crises.

Je n'ai jamais eu aucune relation d'ordre sentimental, j'ai du mal m'imaginer dedans
L'amour est un sentiment que je ne comprends pas, je ne suis pas sûr de pouvoir le ressentir ; pas comme la majorité des gens semblent le ressentir en tout cas

Moi je le ressens mais différemment.

[veggie]

Je déteste les repas avec des gens que je ne connais pas,je ne suis pas l'aise

Moi c'est même avec les gens que je connais.

Mon ex-compagne sortait seule avec ses amis, comme elle voyait que je n'étais pas motivé.
Ça fait bizarre de recevoir un sms "bonne année" de sa compagne qui festoie avec ses amis, mais bon...

Je n'aime pas quand c'est trop animé et qu'il y a trop de monde.

[Ostara]

Moi en revanche je capte plutôt bien le second degré (enfin surtout le miens ),je ris rarement de celui des autres a part celui de mon mari,
Par contre j'ai remarqué que je faisais souvent rire les autres en même temps ça m'arrange c'est le seul moyen de communiquer avec lequel je me sens bien

Par contre j'ai mis du temps avant de le maîtriser pleinement et quand je suis fatiguée j'ai plus de difficultés a le saisir.

[BlueFox]

Moi en revanche je capte plutôt bien le second degré (enfin surtout le miens ),je ris rarement de celui des autres a part celui de mon mari,

Alors il y a un second degré que je peine systématiquement à saisir : les sous-entendus "sexuels"

Quand je suis rentré à la fac, c'est très vite devenu un grand sujet de plaisanterie dans mon groupe, je passais totalement à côté

J'ai fini par m'habituer ; en y réfléchissant à deux fois, je pouvais deviner le sens caché... Mais je me demande toujours si j'ai bien compris, à la fin. C'est fou ce que certaines personnes ont l'esprit systématiquement mal tourné quand même

Sinon, j'aime bien faire des blagues mais soit les gens n'ont pas la culture, soit ils passent à côté du sens caché pour mes jeux de mots. Ça c'est à cause de mon père, il a un humour très décalé et souvent beaucoup trop pointu pour le commun des mortels
D'ailleurs, je pense qu'il est autiste, lui aussi. Mais je le laisse dans son ignorance, il ne me croirait pas

[freeshost]

Ouais, ce genre d'épisodes n'est pas rare chez les personnes autistes qui se forcent à aller à un repas de plein de personnes non autistes dont la plupart sont inconnues.

Pour ma part, je ne me force pas à y aller. Bon, plus facile en tant que célibataire.

Si j'y vais, le premier facteur est le nombre de personnes. Plus il y a de personnes, plus il y a de bruit, moins je parle. [Je me contente de manger, boire et photographier - je m'approprie ce rôle pour moins devoir jouer le rôle de la conversation. ]

Le deuxième facteur est l'ensemble des affinités (intérêts communs). À un moment choisi, j'engage la conversation avec UNE personne, en général sur le sujet de la rencontre. Suivant le cours de la conversation, j'observe puis mémorise les intérêts de la personne : de quoi me parle-t-elle ? La conversation peut être courte si nous n'avons aucun intérêt commun. Parfois - régulièrement, devrais-je dire - après la rencontre, je m'intéresse (fais des petites recherches) à des sujets dont nous avons parlé et que je connais peu (pour élargir ma culture générale, scientifique, artistique ou historique , sauf sur les sujets qui ne m'intéressent pas du tout). Ça peut être utile pour des rencontres ultérieures. Cela dit, je mets quand même la priorité sur MES intérêts. Les intérêts communs qui viennent régulièrement entre des personnes (non autistes) et moi : droits humains, trinquer (bière et vin notamment), films ou livres, actualité forte (Covid-19, guerre en Ukraine, etc.), football (je ne regarde pas souvent les matchs, mais je suis au courant car j'entends beaucoup de personnes en parler *).

* Les murs ont des oreilles, et je fais partie de ces murs.

Je ne me pose pas la question de définir si ce sont des potes ou des amis. Chaque relation est unique et évolue, donc ne se résume pas à un mot.

Parfois, on aime moins les rencontres avec des personnes qu'on connaît bien, où une relation sociale est déjà bien tissée. Car les attentes envers autrui ont tendance à augmenter. On est en général moins exigent avec des membres de nos exogroupes (groupes dont on ne fait pas partie) qu'avec des membres de nos endogroupes (groupes dont on fait partie). C'est l'effet brebis galeuse (REPS_03 pages 25-39).

Durant les rencontres, en général, je ne cherche pas à tisser de manière plus serrée les relations. Les relations s'entretiennent, avec beaucoup de communication, sont donc très fatigantes. Et je ne tiens pas à m'épuiser ainsi.

Cela dit, et ayant la chance de ne pas être trop hyperacousique ou agoraphobe, il m'arrive d'aller seul à des fêtes locales (tout comme il m'arrive souvent de voyager seul). Car il n'y a aucune attente envers moi (mis à part le paiement des consommations ). Car je peux explorer de manière improvisée, à mon propre rythme, sans quelque personne sous ma responsabilité. Car je ne suis à aucun moment au centre des attentions. En général, mon appareil photo m'accompagne (sauf si la lumière est insuffisante).

Il y a des évènements où je peux être très à l'aise, que je sois seul ou avec d'autres relations : les évènements auxquels je me suis préparé ; les spectacles d'humoristes ; les concerts de musiciens que j'aime et où le public (moi compris) chante par cœur les chansons (et dont les paroles me conviennent). (un concert de casseroles ) Voire les concerts de musique classique où le public écoute et applaudit mais ne parle pas. [Ce serait d'ailleurs bien que les personnes qui regardent un film au cinéma se taisent pendant le film, du début à la fin.]

[BlueFox]

Cela dit, et ayant la chance de ne pas être trop hyperacousique ou agoraphobe

Je peux me tromper, mais comme généralement les gens qui parlent d'agoraphobie confondent son sens, j'en profite pour faire une parenthèse et "étaler ma science" (c'est cadeau)

> Contrairement à ce que les gens croient, l'agoraphobie n'est pas la phobie de la foule. C'est la phobie des "grands espaces". Peuplés ou non.

Il y a vraiment un contresens très fréquent avec ce mot, notamment dans les médias

La phobie de la foule, c'est l'ochlophobie


Bon, j'espère que j'aurai appris un truc à quelqu'un, et que ce n'est pas trop hors-sujet

Fin de la parenthèse

[seul]

Cela dit, et ayant la chance de ne pas être trop hyperacousique ou agoraphobe

Je peux me tromper, mais comme généralement les gens qui parlent d'agoraphobie confondent son sens, j'en profite pour faire une parenthèse et "étaler ma science" (c'est cadeau)

> Contrairement à ce que les gens croient, l'agoraphobie n'est pas la phobie de la foule. C'est la phobie des "grands espaces". Peuplés ou non.

Il y a vraiment un contresens très fréquent avec ce mot, notamment dans les médias

La phobie de la foule, c'est l'ochlophobie


Bon, j'espère que j'aurai appris un truc à quelqu'un, et que ce n'est pas trop hors-sujet

Fin de la parenthèse

Tu m'as appris quelque chose !
De toutes façon même quand on est seul on est un peu avec des inconnus. Il y a sûrement une interaction entre les âmes mêmes éloignées. Du moins c'est mon espoir.

[Felis Catus]

L'amour est un sentiment que je ne comprends pas, je ne suis pas sûr de pouvoir le ressentir ; pas comme la majorité des gens semblent le ressentir en tout cas
[/quote]

L'amour est une construction sociale plutôt récente! Ce qui est assez commun chez la plupart des humains (et des animaux) c'est l'attirance sexuelle qui peut tourner à l'obsession, mais qui ne peut pas durer très longtemps... par ailleurs il y a un pourcentage - sûrement plus élevé qu'on le pense -d'individus qui ne ressentent pas cette pulsion.

Passé la période fusionnelle, il arrive que par chance une relation qui fait du bien aux deux partenaires s'installe. Et il y a autant de manière d'avoir une relation positive avec un partenaire qu'il y a de couples heureux. Quand je dis "je t'aime" à mon compagnon, ça veut dire "je suis heureuse qu'on ait une relation qui nous fait du bien, merci beaucoup d'exister" un truc du genre... mais je n'identifie pas du tout ça au sentiment amoureux tel qu'il a beaucoup été décrit dans notre culture et qui me fait horreur personnellement.

Tout ça pour te dire que tu as le droit d'appeler amour ce que tu ressens même si ça ne ressemble pas à un scénario type "Love actually"

La majorité des gens ne ressent pas "ça" non plus à mon avis - ils croient qu'ils devraient - et ça les rend malheureux.