burn out autistique

[lucius]

Pour en revenir au sujet, pour en faire un en ce moment et en avoir fait un auparavant, pour limiter ce burnout:
-J'essaie de limiter mes échanges en les poussant à discuter par courriel avec mes collègues pour les pousser à donner des informations plus précises par écrit (car certains sont incapables d'être clairs à l'oral);
-Je débranche le répondeur au max;
-Je limite les contacts porteurs de mauvaises nouvelles ou qui sont anxiogènes ( du style qui me dit, "vite, on n'a plus que 72 heures" -pour un truc pas pressé en réalité-, "pourquoi 'un tel' ne répond pas au téléphone après 20h, ce n'est pas normal"....);
-J'évite au max les gens à qui je dois réexpliquer 20-30-40-100 fois la même chose car soit ils n'écoutent pas, soit sont incapables de comprendre soit refusent de comprendre. C'est usant nerveusement;
-Je me plonge dans une occupation totalement inédite de manière régulière pour penser à autre chose à certaines heures comme moyen de me déconnecter. ex: apprendre une langue, écrire un texte...

PS: j'englobe dans les cap emploi leurs entreprises affiliées car les cap emploi sont devenus plus un business à la fin. Dans mon expérience, j'ai eu aussi le retour négatif d'autres handicapés qui étaient en recherche d'emploi ou en formation avec Cap Emploi.

[Flower]

J'ai un petit suivi avec Cap Emploi, ici ils sont très gentils mais n'ont pas plus d'idées que moi sur ce qu'on pourrait faire.

Le seul "aménagement" possible pour la fatigabilité sera probablement le temps partiel. Sauf que 1) ça coûte cher à la personne, 2) les postes sont généralement calibrés pour un temps plein (+ heures supplémentaires souvent). Donc il faut faire le même travail en moins de temps et pour moins d'argent, c'est assez aberrant...

[Sarah Pâquerette]

@ Lucius : Comment as tu fait pour retrouver ton énergie et ta capacité de compensation après ton 1er burn-out ?

@ Flower : En effet, c'est difficile de trouver une autre idée que le temps partiel par rapport à la fatigabilité. Peut-être que cela dépend quand même du type de travail ?

[lucius]

@ Lucius : Comment as tu fait pour retrouver ton énergie et ta capacité de compensation après ton 1er burn-out ?

J'ai déjà commencé à me détacher émotionnellement de mes activités. Cela ne veut pas dire les bâcler ou en faire le minimum mais ne plus me surinvestir. Certains appelleraient cela le "quiet quitting" mais je n'en étais pas arrivé à ce point.
J'ai dû aussi arrêter de dire "oui" tout le temps et accepter d'exprimer mes réserves, voir mes doutes. Avant, on me disait "accepte tout ce que l'on te propose" mais cela m'a fait beaucoup plus de mal que de bien. Cela m'a beaucoup desservi.

Cela m'a déjà permis de conserver dans un premier temps mon énergie restante.

Puis j'ai décidé de changer d'approche dans mon objectif de parcours pro.

Pour retrouver de l'énergie, j'ai décidé de me trouver un passe-temps utile et concret (qui me sera utile pour plus tard) et de trouver 30min-1h dans la journée pour décrocher et me ressourcer seul (toujours à l'heure du déjeuner mais je mange très vite car je mange seul).

[Sarah Pâquerette]

@ Lucius : Comment as tu fait pour retrouver ton énergie et ta capacité de compensation après ton 1er burn-out ?

J'ai déjà commencé à me détacher émotionnellement de mes activités. Cela ne veut pas dire les bâcler ou en faire le minimum mais ne plus me surinvestir. Certains appelleraient cela le "quiet quitting" mais je n'en étais pas arrivé à ce point.
J'ai dû aussi arrêter de dire "oui" tout le temps et accepter d'exprimer mes réserves, voir mes doutes. Avant, on me disait "accepte tout ce que l'on te propose" mais cela m'a fait beaucoup plus de mal que de bien. Cela m'a beaucoup desservi.

Cela m'a déjà permis de conserver dans un premier temps mon énergie restante.

Puis j'ai décidé de changer d'approche dans mon objectif de parcours pro.

Pour retrouver de l'énergie, j'ai décidé de me trouver un passe-temps utile et concret (qui me sera utile pour plus tard) et de trouver 30min-1h dans la journée pour décrocher et me ressourcer seul (toujours à l'heure du déjeuner mais je mange très vite car je mange seul).

Merci pour ta réponse. Tu n'avais pas été en arrêt maladie ? Était-ce un burn-out uniquement lié au travail ou plus global ?

Désolée si je pose beaucoup de questions, je suis particulièrement intéressée de comprendre et d'échanger au sujet du burn-out autistique étant donné que je pourrais être potentiellement concernée.

[lucius]

Je dirais global (avec le travail, ma santé - physique et psychologique- et ma famille difficile à gérer).
Non, je n'étais pas en arrêt-maladie. Le problème est que l'arrêt-maladie ne fait que retarder le rétablissement du burn-out autistique, selon moi, car les problémes persisteront au retour sauf si on change d'approche. Il faudrait pendant cet arrêt mettre en place un plan pour diminuer les difficultés au quotidien et ce n'est pas si simple vu que l'arrêt-maladie a plein de contraintes. Et surtout, j'avais des crédits sur le dos donc je ne pouvais pas me permettre un arrêt.

J'ai eu tant de problémes de santé au cours de ma vie que j'ai appris la résilience très très tôt pour survivre. J'ai de même côtoyé tant de psys que j'ai appris que je ne pouvais pas compter sur eux (la quasi-totalité n'a jamais diagnostiqué mon TSA et ont préféré par facilité évoquer un stress post-traumatique lié à ma maladie et des dépressions).

Mais c'est à ce moment que l'on m'a prédiagnostiqué mon TSA à cause d'un malaise dépressif reconnu comme un burn-out autistique plus tard dixit un médecin.

[Sarah Pâquerette]

Je dirais global (avec le travail, ma santé - physique et psychologique- et ma famille difficile à gérer).
Non, je n'étais pas en arrêt-maladie. Le problème est que l'arrêt-maladie ne fait que retarder le rétablissement du burn-out autistique, selon moi, car les problémes persisteront au retour sauf si on change d'approche. Il faudrait pendant cet arrêt mettre en place un plan pour diminuer les difficultés au quotidien et ce n'est pas si simple vu que l'arrêt-maladie a plein de contraintes. Et surtout, j'avais des crédits sur le dos donc je ne pouvais pas me permettre un arrêt.

J'ai eu tant de problémes de santé au cours de ma vie que j'ai appris la résilience très très tôt pour survivre. J'ai de même côtoyé tant de psys que j'ai appris que je ne pouvais pas compter sur eux (la quasi-totalité n'a jamais diagnostiqué mon TSA et ont préféré par facilité évoquer un stress post-traumatique lié à ma maladie et des dépressions).

Mais c'est à ce moment que l'on m'a prédiagnostiqué mon TSA à cause d'un malaise dépressif reconnu comme un burn-out autistique plus tard dixit un médecin.

Merci beaucoup pour ces précisions. Tu sembles en effet sacrément résilient et capable de rebondir. Je trouve cela admirable au vu de tout ce que tu as dû affronter.
Ton témoignage me semble en tout cas très encourageant, et aussi intéressant sur l'aspect retour au travail en lien avec le rétablissement.

[Flower]

@ Flower : En effet, c'est difficile de trouver une autre idée que le temps partiel par rapport à la fatigabilité. Peut-être que cela dépend quand même du type de travail ?

Bien sûr, il y a des endroits où déjà le temps partiel est vraiment possible, c'est-à-dire où on accepte de modifier le poste ou d'embaucher par exemple. Il y a aussi des métiers plus ou moins difficiles pour un autiste, et parfois il peut suffire d'aménager certaines choses pour faire descendre la fatigue (genre ne pas exiger la présence à des réunions sauf si c'est indispensable).
D'ailleurs ça renforce l'idée qu'il faut un diagnostic le plus tôt possible pour ne pas faire de "mauvais" choix professionnels. C'est un peu mon problème finalement, je suis coincée dans un métier qui ne me convient pas vraiment.
Il faudrait aussi des employeurs et des chefs un minimum compréhensifs et bienveillants. J'ai eu de la chance d'en avoir souvent eu (en tout cas des chefs bienveillants) et aussi de travailler dans un environnement international. Là malheureusement c'est plutôt le contraire...

[Sarah Pâquerette]

@ Flower : En effet, c'est difficile de trouver une autre idée que le temps partiel par rapport à la fatigabilité. Peut-être que cela dépend quand même du type de travail ?

Bien sûr, il y a des endroits où déjà le temps partiel est vraiment possible, c'est-à-dire où on accepte de modifier le poste ou d'embaucher par exemple. Il y a aussi des métiers plus ou moins difficiles pour un autiste, et parfois il peut suffire d'aménager certaines choses pour faire descendre la fatigue (genre ne pas exiger la présence à des réunions sauf si c'est indispensable).
D'ailleurs ça renforce l'idée qu'il faut un diagnostic le plus tôt possible pour ne pas faire de "mauvais" choix professionnels. C'est un peu mon problème finalement, je suis coincée dans un métier qui ne me convient pas vraiment.
Il faudrait aussi des employeurs et des chefs un minimum compréhensifs et bienveillants. J'ai eu de la chance d'en avoir souvent eu (en tout cas des chefs bienveillants) et aussi de travailler dans un environnement international. Là malheureusement c'est plutôt le contraire...

Merci pour ces précisions et explications.
En effet, en l'absence de diagnostic, les difficultés peuvent être encore moins comprises par les employeurs, et par a personne elle-même potentiellement.

[Dehlynah]

ben moi je suis plutôt dans une refonte totale de mon mode de vie, ma fatigabilité a augmenté en flèche depuis burn out/ dépression grave etc. si je dors "que" 8h par ex. je suis explosée, pas opérationnelle, déprimée, j'ai des vertiges, ça m'effraie tellement c'est violent parfois.
Il me faut dormir 10 voire 12h pour être bien physiquement, cognitivement, psychiquement, donc ça limite l'affaire.
Je suis en arrêt (mon boulot était impossible au vu de ma situation perso très compliquée et de ma constitution - prof - formatrice aussi pour adultes - j'étais passionnée par ma matière, mais là - ouf - j'ai fait le deuil, il m'a fallu du temps) pour prendre le temps de cette refonte avec pas mal d'aides - psys, éduc, AS - autour de moi (tout a fini par se mettre en place alors que oui pendant des années j'ai erré) , je commence à ne plus culpabiliser et à réaliser que c'était vraiment vital et nécessaire.
Chaque parcours est différent. Le tout c'est de trouver un équilibre.

[Sarah Pâquerette]

ben moi je suis plutôt dans une refonte totale de mon mode de vie, ma fatigabilité a augmenté en flèche depuis burn out/ dépression grave etc. si je dors "que" 8h par ex. je suis explosée, pas opérationnelle, déprimée, j'ai des vertiges, ça m'effraie tellement c'est violent parfois.
Il me faut dormir 10 voire 12h pour être bien physiquement, cognitivement, psychiquement, donc ça limite l'affaire.
Je suis en arrêt (mon boulot était impossible au vu de ma situation perso très compliquée et de ma constitution - prof - formatrice aussi pour adultes - j'étais passionnée par ma matière, mais là - ouf - j'ai fait le deuil, il m'a fallu du temps) pour prendre le temps de cette refonte avec pas mal d'aides - psys, éduc, AS - autour de moi (tout a fini par se mettre en place alors que oui pendant des années j'ai erré) , je commence à ne plus culpabiliser et à réaliser que c'était vraiment vital et nécessaire.
Chaque parcours est différent. Le tout c'est de trouver un équilibre.

Merci beaucoup pour ton témoignage.
Est-ce que ton diagnostic a été fait suite au burn-out et à la dépression ? Quelles sont les aides dont tu bénéficies ?
Désolée si je pose beaucoup de questions, je trouve intéressant de mieux comprendre le parcours des différentes personnes concernées par le burn-out autistique.

[lucius]

Je voudrais évoquer un point que j'avais parlé plus haut. Lorsque je parlais de décrocher, je pensais à se balader, faire des siestes de 10-30 min, faire un jeu, bouquiner, augmenter le nombre de pauses...

Voici deux liens intéressants pour retrouver une certaine qualité de vie au travail:

• Travailler en tant qu’autiste Asperger

• Sieste au travail : règles, avantages, inconvénients, mise en place…

[Sarah Pâquerette]

Je voudrais évoquer un point que j'avais parlé plus haut. Lorsque je parlais de décrocher, je pensais à se balader, faire des siestes de 10-30 min, faire un jeu, bouquiner, augmenter le nombre de pauses...

Voici deux liens intéressants pour retrouver une certaine qualité de vie au travail:

• Travailler en tant qu’autiste Asperger

• Sieste au travail : règles, avantages, inconvénients, mise en place…

Merci pour ces liens intéressants et ces précisions.

[Dehlynah]

Est-ce que ton diagnostic a été fait suite au burn-out et à la dépression ?

pas vraiment (oui et non), en fait des dépressions et des burn out j'ai connu que ça, après là ces dernières années ça a été une vraie accumulation sur tous les plans -et je crois bien que c'est parce que j'ai des enfants et que ça n'allait plus du tout que j'ai été " repérée", j'ai eu de la chance, les personnes ont été bienveillantes, de toute façon je n'avais plus rien à perdre, j'ai fait une demande d'aide à l'ASE.
Séparation, procédure de divorce, déménagement, arrêt maladie (donc rencontre avec une AS de l'éduc nat qui a évoqué le fait de me faire aider sur le plan éduc - mais j'y pensais aussi) - incapacité à travailler, j'étais dans un épuisement total, il y a eu des diagnostics non posés ou à l'arrache.

Tout ça cumulé fait que j'étais au bord du suicide, pleurs en continus (il y a 3 ans, je me rappelle d'une crise de larmes de 4h, je pouvais plus m'arrêter -enfin cela dit il y a quelques mois suite à une rupture j'ai replongé - par contre je vois quand même que ça va mieux -dans l'ensemble) en fait j'avais déjà connu ce genre d'états, mais j'avais pas d'enfants à m'occuper...
Trouver un bon psychiatre aussi a été difficile, j'ai une super psycho aussi, bref tout un étayage dont j'aurais eu besoin depuis longtemps.

Suite à des crises (effondrements, burn-out), je "rebondissais", je croyais rebondir en fait, je croyais avancer (et dans un sens j'ai avancé mais pas en profondeur, j'ai agi, je me suis déplacée à l'extérieur, en apparence), mais dans une forme de déni en fait, pour mieux me recasser la gueule plus loin et plus tard et puis je m'étais habituée en quelques sortes à ces montagnes russes, je croyais normal de vivre comme ça, avec l'angoisse, le ventre noué, les idées suicidaires etc.

J'ai une RQTH mais je me pose beaucoup de questions sur mes capacité à tenir un job quelqu'il soit (j'ai un projet qui me tient très à coeur en ce moment, je crois que j'ai trouvé ma voie mais en théorie, et comme d'hab mettre ça en pratique ), surtout au vu de mon état de fatigue général (la dépression épuise les ressources je crois), ma fragilité globale (je suis souvent malade, et quand ça s'enflamme c'est grave).

Pour répondre à ta question plus précisément, j'ai contacté un psychiatre spécialisé TSA de ma région suite à un diag de bipolarité (posé à la va vite alors que comme pour les TSA, il y a un protocole sérieux à suivre pour le diag de bipolarité), mais possible que je sois aussi bipolaire...J"avais eu un prédiag TSA par une neuropsy, j'avais aussi récupéré mes dossiers d'HP (vieux de 15 ans...), bref à un moment je me suis dit : il est temps de mettre un peu au clair tout ça !

Du coup là je veux vraiment avancer, de l'intérieur.

[Sarah Pâquerette]

Merci pour tes réponses et ton témoignage Dehlynah. Je comprends mieux ta situation.
C'est très dur et très touchant ce que tu évoques. Je te souhaite une belle avancée de l'intérieur, ça a l'air vraiment parti pour après toutes ces années si pleines de souffrance.