Corinne a écrit :Qu'en est-il de votre perception de la "Théorie de l'esprit" pour les SA ?
y'a-t-il pour les SA surtout difficulté à comprendre le comportement de l'autre, ou la difficulté porte-t-elle prioritairement sur savoir "comment" répondre à ce qui a été perçu ?
C'est les 2 de mon point de vue.
Si l'aspie ne comprend pas le comportement (les intentions par ex) de l'autre, il ne peut pas savoir comment y répondre ou comment y répondre de façon adéquate.
Et même si l'aspie arrive à comprendre le comportement de l'autre (ce qui n'est pas souvent le cas sauf si ce comportement est répétitif ou connu car expliqué), il va avoir des difficultés pour savoir comment se comporter ou comment répondre à ce qui a été perçu à cause de ses difficultés de communication et de son inexpérience (situation nouvelle).
http://www.psychoweb.fr/divers/le-savie ... nse-a.html
Au niveau cérébral, le sillon temporal supérieur droit est activé avec la compréhension du sens d’histoires et de dessins mettant en scène des personnes mais aussi par les mouvements des mains, du corps, de la bouche, du regard et des mimiques émotionnelles. Son rôle serait ainsi de détecter et d’expliquer les comportements d’autrui en leur attribuant soit une cause physique, soit une « intention » à l’égard de soi.
Les pôles temporaux quant à eux, sont activés dans les situations de rappel en mémoire épisodique visuelle ou auditive, en mémoire émotionnelle autobiographique : la capacité à inférer les contenus mentaux d’autrui peut avoir à s’appuyer sur l’expérience propre du sujet, donc sur sa mémoire personnelle, épisodique et sémantique.
Il a été, par exemple, montré que dans 80 % des cas d'autisme, le débit sanguin était significativement diminué de façon bilatérale au niveau des lobes temporaux. Ces zones du cerveau étant impliquées dans la "perception sociale", une anomalie de ces régions serait pertinente avec les difficultés relationnelles observées chez les autistes.
Le lobe temporal sert schématiquement de pivot entre les cortex auditif, visuel, frontal (siège de l'intégration de l'information et de la décision) et lymbique (émotion)
En clair pour moi, le dysfonctionnement se situe au niveau des lobes temporaux et du sillon temporal qui ne jouent pas leur rôle de relais de traitement de l'information visuelle ou auditive par l'analyse spontanée. En résumé dans un contexte peu clair : perception du message non verbal connu (ex : un regard de colère) ou "perception incomplète" du message si celui-ci est inconnu, non appris (ex : un regard de désir) voire mauvaise perception du message (ex : un regard "noir" de désir perçu comme un regard de colère) --> pas d'hypothèses formulées spontanément --> incompréhension --> pas de possibilité de prise de décision adéquate et non apprentissage si le message non verbal n'a pas été expliqué car non demandé par l'aspie (vu les difficultés à communiquer de façon générale)
Ce qu'il est possible aussi, c'est qu'il existe un système compensatoire qui force à l'analyse (donc non spontanée mais "forcée) mais dont les possibilités de traitement sont probablement moins fines, moins intuitives. C'est ce qui se passe lorsque l'on demande aux personnes étudiées de formuler des hypothèses à partir d'une expérience, d'un contexte particulier en laboratoire de test.
De mon point de vue, cela n'a rien d'une "théorie". C'est vraiment une incapacité à décoder les signaux non verbaux à cause d'une non analyse spontanée, d'un dysfonctionnement de la capacité intuitive et déductive que tout NT possède plus ou moins bien.
Cela devrait donc s'appeler autrement que "théorie de l'esprit". On devrait l'appeler uniquement "cécité mentale spontanée".
Une solution éventuelle pour les aspies est donc de se "forcer" à se poser la question : "Qu'est ce que ce message non verbal veut bien signifier ?" et à réfléchir dessus, au lieu de ne plus y penser ou de ne pas demander d’explications.