Solfurie a écrit : ↑mercredi 4 août 2021 à 23:20 Je me permets de participer au sujet relancé.
Je suis moi-même perdue avec cette histoire de "mode" car je vois de plus en plus autour de moi, parfois des gens que je connais dans la vraie vie et qui me paraissaient tout à fait neurotypiques, en tout cas différents de moi et frôlant parfois l'agressivité, la toxicité et la manipulation, se tourner vers le diagnostic d'autisme, au point de "tordre" la description de leur vécu pour le faire correspondre aux caractéristiques de l'autisme, certains ont même décroché ce diagnostic...
Moi-même étant fort intéressée par la psychologie et la psychiatrie depuis plusieurs années, j'avais le sentiment de déceler d'autres profils de troubles de la personnalité chez ces personnes. (Même si ça ne reste que mon analyse, je ne suis pas une professionnelle)
Je dois admettre que ça a un effet dévastateur chez moi, moi qui pensait trouver des réponses sur qui je suis après avoir été diagnostiquée, j'admets être doublement perdue quand je vois que, finalement, la limite entre autisme et neurotypie semble complètement atténuée voire invisible même pour certains professionnels censés savoir tout départager.
Comme cette phrase "on est tous un peu autistes" qui me perturbe un peu.
Est-il possible que l'on soit en effet très nombreux et que nos connaissances sur ce trouble soient trop limitées ?
Ce trouble existe t'il vraiment et ne sommes nous pas tous sur un large spectre englobant tous les comportements ?
Quel sens a ce diagnostic quand on n'a aucun problème apparent à sociabiliser, qu'on enchaîne les relations, qu'on ne semble pas avoir de stéréotypies ni de problèmes sensoriels... qu'on a exactement le même parcours de vie qu'un neurotypique, finalement ?
Peut-on vraiment se dire autiste juste car on connaissait tous les noms de dinosaures enfant, ou parce qu'on est en dépression ? Je vois certains pour lesquels ces arguments suffisent.
Comment expliquer mon anxiété qui me bouffe la vie, la dépression qui m'habite depuis 20 ans, mes problèmes de communication quotidiens, mes crises hebdomadaires, le fait que j'ai toujours mal avec le son et la lumière, que j'ai un mal fou à sortir de chez moi, à rencontrer des gens, à passer du temps avec quelqu'un et entretenir une conversation plus de 5mn, que je sois constamment épuisée, que je sois incapable d'organiser ma vie et de travailler correctement ou même avoir une vie de famille normale, que j'ai une façon de raisonner particulière et très rationnelle qui me met constamment en décalage avec les autres, que j'ai du mal à savoir comment m'habiller, etc... si l'on peut être autiste en ne vivant pas tout cela... ?
Quel est vraiment ce trouble s'il n'y a pas ces caractéristiques ?
Je sais que tous les autistes ne sont pas malheureux, qu'il est question de spectre, que parfois l'autisme peut être "invisible", je fais moi-même partie de ceux qui ont beaucoup caché et surcompensé, je me suis battue corps et âme contre mon autisme toute ma vie car j'ai toujours détesté ce que je suis, malgré tout, je sais faire la différence entre le "camouflage"/la compensation et le fait de paraître tout à fait neurotypique, dans mon cas, ça s'est quand même toujours vu, d'une certaine manière, les gens me font tout le temps des réflexions sur "ce que je suis", toute ma vie on m'a renvoyé au visage le fait que j'étais "stupide", immature et "inférieure" sans que personne ne mette ce mot "autiste" sur ma condition.
Ces gens, eux, ont eu une vie apparemment sans énormes complications, d'ailleurs certains d'entre eux ne semblent pas vouloir un diagnostic car ils souffrent de quelque chose mais juste "pour l'avoir".
À peine ce diagnostic décroché (ou l'autodiag proclamé), ils parlent à tout le monde de leur autisme sur leurs réseaux, l'écrivent dans leur "bio" et s'expriment au nom de tous les autistes, changent de comportement et de façon de s'exprimer, comme s'il fallait "calquer" aux caractéristiques, ils brandissent cela comme pour montrer leur originalité, alors que moi je n'ose toujours pas en parler et je continue à cacher mes difficultés au quotidien par honte. Je continue à recevoir les moqueries et réflexions des autres sans réussir à sortir le moindre son pour leur expliquer mes difficultés. À quoi bon... Et plus ça va moins ça n'a de sens.
Désolée pour ce cri du cœur, j'espère ne froisser personne et m'être correctement fait comprendre.
J'admets être assez perdue, car je ne comprends plus rien, je ne sais même plus ce qu'est vraiment l'autisme et quel sens a mon diagnostic.
Je me perds à nouveau dans ce que je suis et ce que signifie vraiment mon existence.
J'ai peur de ne jamais réussir à parler car personne ne semble vraiment réussir à définir clairement ce trouble et ce qu'il implique.
Peur de ne jamais réussir à y voir clair ni sortir de ma dépression.
Comprendre l'autisme m'obsède, j'ai lu des dizaines de thèses et d'études sur la question, en français, en anglais, avec des centaines de pages, des heures et des heures de lectures passionnées, j'ai appris énormément de choses sur moi, malgré tout, j'ai toujours autant de questions, je suis toujours aussi perdue, et mon besoin d'exactitude en souffre.
Le fait de voir de plus en plus de gens "normaux" ou avec peu de problèmes recevoir ce diagnostic accentue encore plus mon incompréhension.
Veuillez m'excuser pour les émotions qui débordent de mes écrits un peu déconstruits, je suis dans une période difficile en ce moment, je n'ai personne à qui parler de tout cela, en tout cas personne qui peut me comprendre.
N'hésitez pas à me donner votre avis, même si vous n'êtes pas d'accord avec moi, je serais ravie d'échanger avec bienveillance.
Je pense que tu es la personne la mieux placée pour savoir qui tu es, mais ce chemin de qui l'on est dure toute la vie, il est normal d'avoir des doutes, des fulgurances et puis à nouveau des hésitations, de se perdre et se retrouver grâce à une lecture, un récit, un échange...
Là où il me semble qu'il est bon d'avoir du recul c'est par rapport aux médias, aux parcours des autres mis en lumière (et qui cachent bien leurs zones d'ombre qui pourtant seraient très intéressantes à connaître), aux discours à la mode, aux clichés et malheureusement aussi au corps médical, tous les médecins ne sont pas bons! malheureusement, aux idées reçues et préconçues.
Pendant des années, en France, c'est l'approche psychanalytique qui prévalait avec toutes ses dérives, et ce n'est que tardivement que l'approche neurobiologique a enfin été mise en évidence dans le trouble du spectre de l'autisme.
Et je suis sûre que nous n'en sommes qu'aux balbutiements des découvertes sur la complexité des individus.
Alors même s'il y a des traits communs, chacun est unique, et de nombreuses spécificités sont imbriquées et sur un large continuum.
Donc évite de te comparer et crois en tes ressentis profonds
Amy pas si neurotypique que ça