Je dis mot, je consent, c'est 42, celui-là même dont j'ai lu quelque part que dans un langage informatique de l'époque de l'écriture du livre (Le guide voyageur galactique, pour ceux qui n'ont toujours pas saisi), 42 était le code numérique pour l'astérisque, * , soit "la carte folle" (wild card), la réponse au hasard (dans plusieurs sens du terme je rend compte après relecture). Après tout, Pensée profonde ne répond pas réellement 42, l'ordinateur dit, en substance, que la question telle quelle est formulée n'a aucun sens. "Tant que vous ne comprenez pas la question, vous comprendrez pas la réponse." En conséquence, garbage in, garbage out. On dit parfois qu'il n'y a pas de mauvaises questions, et de manière générale, c'est vrai : il vaut mieux être curieux et mal formuler, être hésitant, qui rester silencieux et ignorant. Mais pour certains sujets, certaines questions, parce que mal formulées, peuvent mener à des culs de sac ou des résultats complètement farfelus.
Une anecdote à ce sujet, c'est l'ingénieur et vulgarisateur (un peu polémique à cause de ses positions pro-nucléaire) Jean Marc Jancovici, qui commence ses conférences "par la conclusion", soit la réponse à la question pour ainsi dire, et qui demande de façon rhétorique à son auditoire s'ils ont compris. En général ils répondent non, et la conférence de deux heures commence pour définir les termes du problème, donner les sources avec plus ou moins de détails (dépend des conférences), définir les enjeux de la question, etc. In fine, même si la question n'est pas toujours clairement formulée, on comprend quand même beaucoup mieux de quoi on parle et à quoi on répond. Pour lui, résoudre un problème, c'est 95% de définition, 5% de réponse. Maintenant que je suis en train d'écrire ces lignes et d'y penser, je me rend compte que oui, totalement. In fine, qu'est-ce que je fais avec mon mémoire ? Je définis surtout les termes. Tout mon développement ne répond pas vraiment à la problématique, pour pertinente (ou non) qu'elle soit, mais continue de travailler cette problématique. Et finalement la réponse est un peu vague, parce que la connaissance que j'ai du sujet l'est, ou trop aigüe, ce qui empêche toute réponse catégorique à une question catégorique (là encore, le catégorique peut être polysémique sans trop de problème... ).
Si l'histoire est une science, (et je réfléchis à mesure que j'écris ici), ce doit bien être une des seules (edit : ou justement, c'en est une parce qu'elle passe son temps à répondre, comme les autres, que c'est plus compliqué que ça) qui passe son temps à expliquer pourquoi elle ne peut pas répondre aux énoncés tels que la société les lui formule. Exemple : "Est-ce que vous pouvez nous raconter l'histoire de France ?" ou "C'est quoi l'histoire de France ?" le dernier étant un peu plus polysémique. Eh bien pour répondre à cette question, il faut savoir ce qu'on entend par France (institution, les gens, le territoire, etc. à partir de quand : berf, quelle définition en somme, et bon courage parce que tout les historiens admettent que finalement bon c'est compliqué et que finalement chacun fait comme il en a envie et que c'est finalement ça, le consensus de l'histoire de France, avec quand même des trucs potentiellement "bizarres" pour un outsider, du genre, faire de l'histoire, aujourd'hui, sans faire l'histoire des gens, et aussi des femmes, et des classes populaires, les gens trouvent ça cheloue, mais je m'égare dans mon égarement)), qu'on entend par faire l'histoire de, confère la parenthèse, et puis, sois dit en passant, la question d'histoire et de récit est aussi en question. La plupart des historiens admettent être des narrateurs et des raconteurs d'histoire, même s'ils bétonnent vraiment la phase de recherche pour écrire (là où certains écrivains y vont sans préparation, et souvent, sans être méchant, ça se vois...) et qu'en sus, ils rendent accessibles à tous leur "bible" d'écriture, soit ce qu'on appel la bibliographie, qui renvois, via notes de bas de pages (plus ou moins consensuelles dans leurs usages en fonction des auteurs et des traditions nationales ; exemple, un français à un colloque allemand : "Nos collègues d'outre Rhin auraient-ils l'extrême amabilité de mettre un peu plus de texte parmi leurs notes de base de pages ? (ou quelque chose de la sorte)) et index, liste en fin d'ouvrage, etc.
Enfin, l'histoire, si elle est une science, est assez cheloue. Si la pratique des articles se fait (comme ailleurs, comme beaucoup insisté avec raison ici) et que certains historiens s'y adonnent beaucoup... le fait est que, le maître étalon, c'est le livre ; mais dans les deux cas, il y a revue par les pairs, notamment avec les comptes rendus de lecture dans les revues. Ils sont parfois assassins. (Je comprend mieux ce professeur qui m'avait dit, un jour, que ce qui liait les membres si peu d'accords de cette profession, c'était, parfois, la haine (il le disait pour plaisanter et au sens large, au détour de la poire et du fromage dans un TD, et c'est le sens que je lui donne ici). La haine de ceux qui ont mal placé leur virgule, qui ont oublié de citer leurs fichues sources dans une note de bas de page à un moment critique, soit, qui vous intéresse, alors que le reste, vous vous en tamponnez, la haine aussi pour les éditeurs qui décident de foutre les notes de bas de page en fin de livre (nan mais allo quoi, ça s'appel des notes de bas de page) ce qui oblige à faire des aller retours permanent, ce qui est amusant pendant cinq minutes, mais qui devient vite épuisant, un peu comme le coït à seul but reproducteur, pour ainsi dire, sans caresses, sans communication, sans affection, sans retours et échanges de regards langoureux, à ce que j'ai entendu dire, bref, passons pour revenir à la haine, la haine pour ceux qui décident de numéroter les notes de bas de pages en recommençant à partir de 1 au début de chaque page, ou ceux qui utilisent le mot ibid n'importe comment, ce qui rend galère la recherche de la référence quand on est page 102, et que l'ibid fait référence à une note page 33 mais que, évidemment, pour le savoir, il faut limite envoyer un fax via minitel ce qui, oui, était probablement impossible à l'époque et l'est définitivement de nos jours, mais j'avoue que je n'ai pas cherché à savoir; la frustration aussi, devant une erreur de définition, l'exaspération de celui qui a fait un bac scientifique face à celui qui a fait un bac L, et ça se vois, parce que les tableaux de stats de l'un n'ont pas d'erreurs, et ceux de l'autre, non, la haine, enfin, des charlatans et diseurs de bonne aventure, aka, le roman national, (Laurent Deutsch) la haine des haineux aussi (Éric Zemmour), et, enfin, surtout, la profonde confusion devant ceux qui font des phrases à rallonge, sans définitions, avec des tirets, des parenthèses, des virgules, et plein de latin dedans et qui sont vachement compliqués à comprendre. Si vous ne comprenez pas de quoi il retourne, vous sortez de l'exemple de ce qu'on appel un tunnel, sauf qu'on me dit que les miens sont faits à peu près de façon lisible. En général. Mes excuses. (Et le pire, c'est qu'il y en a qui font tout ça, et qui n'ont même pas honte.) NB : oui, je sais qu'un tunnel n'est pas nécessairement en une seule phrase, mais souvent, ça y ressemble.
TLDR et sois dit en passant, l'histoire est une science, parce qu'elle administre la preuve. Si vous ne comprenez pas, confère le pavé compliqué ci-dessus.
Tout ceci dit, quand on veut raconter l'histoire d'un, je ne sais pas moi, refuge associatif pour autiste dans les années 90 dans l’Ardèche (sujet totalement inventé hein (sérieusement)), bon, ben, vous voyez bien qu'il faut pas mal de mots. Et genre 40 000 mots plus loin, on est à 100 pages, et on commence à vraiment parler de l'"histoire" du refuge associatif pour autiste dans les années 90 dans l'Ardèche, ou ça se fait en filigrane tout au long d'un livre qui peut aller, fonction du sujet, de 128 (un Que sais-je ? des PUF qui passe son temps à s'excuser d'être trop bref et lacunaire) à un pavé de 800 et quelques pages, voir plus si affinités, ou plusieurs (ou pas) auteurs, parfois en plusieurs volumes, pourquoi pas en papier bible, et avec des bouts de latin partout dedans au point que l'on pense parfois lire un putain de livre d'incantation (expérience, ou, pour le coup, histoire vraie, sans mauvais jeu de mot, allons bon, il est bon mon jeu de mots).
Mais alors, vous me demanderez, quel est le rapport avec le sujet du début ? (Que j’admets avoir mal formulé, et en plus formulé par dessus la jambe, ce qui nous en fait une belle.) Ben, en fait, l'intérêt d'avoir compris que j'étais autiste, en ce qui me concerne, c'est de laisser tomber pour pouvoir en avoir quelque chose à faire, ou en faire quelque chose. Ce que j'étends (edit : ou entend, charmante faute de frappe) par là, c'est que vivre autiste sans le savoir, c'est compliqué. Vivre autiste en le sachant, ça l'est aussi, mais moins. Si je n'avais pas fait le deuil de ma normalité - et en passant, pour reprendre le film H2G2, c'est quoi la normalité ? - je serai là, à m'en vouloir d'avoir fait une énorme digression, d'avoir allumé mon PC en commençant un courrier de questions pour le CRA, pour finalement faire autre chose, pour finalement rédiger ce post, qui est finalement parti dans une direction totalement imprévue, et qui m'a beaucoup fait penser à mon sujet de recherche et mes réflexions dessus, ce qui me donne tout pleins d'idées. Je ne m'en veux pas et ne m'étonne plus d'avoir un langage parfois vulgaire, qui peux parfois rebuter, mais qui est aussi étrangement poli, en tout cas jamais gratuit, tout en étant généreux, et il faut avouer que c'est quand même assez particulier. Bref. Être autiste et le savoir, pour moi, c'est utile, parce que ça aide à savoir qui on est, tout simplement. Difficile de dire si la philosophie est une science, ( c'est son département R&D pour moi et d'autres (je ne sais plus où il le dit, mais je suis assez sûr qu'il le dit (oui, je n'ai rien contre l'humour potache à base de potages))), mais la philosophie à en tout cas quelques "acquis". Certains sont devenus des disciplines scientifiques à part entières (confère la philosophie naturelle qui est devenue... ben, plein de trucs) ou simplement le "connais toi toi-même" que je ne sais plus qui à dit en premier, mais est-ce bien important ?
Ça ne change rien au fait que, être autiste, être sois-même, parfois c'est génial, parfois c'est horrible (souvent d'ailleurs, dans mon expérience personnelle). Et que je n'ai jamais signé pour ça. De manière générale, on vit dans un monde de fous, incohérent, sans but et sans plan, colossal invendu d'un créateur absent (référence à la pièce Diable d'homme), personnages en quête d'auteurs (c'est un vrai livre), etc. etc.
Mais bon. Au moins, à défaut d'arriver à vivre avec quelqu'un - et je doute de pouvoir le faire un jour, mais c'est vraiment un autre sujet - j'arrive au moins à vivre avec moi-même, à comprendre que je ne suis pas haineux, à mieux comprendre ce que je pense et ce que je dis, et les subtilités et inflexions, les chemins de traverse et de travers dans ma façon bien à moi de fonctionner.
PS : mes excuses pour l’orthographe, mais comme je l'ai dis, j'ai d'autres documents sur le feu.