Effondrements soudains

[mistenflute]

Connaissez-vous cela ?
Certains jours je me lève détruit, mon visage est profondément marqué et la dépression me creuse et me tourmente, ainsi que l'anxiété. Impossible de me concentrer sur rien, juste un immense ennui accompagné de pensées sombres, tristes, désespérantes, cela dure quelques jours au plus , durant lesquels je suis harassé et accablé, puis soudain un matin je me lève et tout est redevenu normal. Cela se produit souvent quand il y a de hautes pressions atmosphériques. Ces effondrements soudains et ces relèvements tout aussi soudains, je ne les comprend pas.

[Fluxus]

Salut, ce que tu dis me parle beaucoup en ce qui concerne mes phases de dépression : Se réveiller un matin, avoir des douleurs physiques atroces, ne pas pouvoir se lever, ne même pas avoir la force de pouvoir manger et être trop fatigué pour pouvoir faire quoi que ce soit. Quand c'est comme ça, j'arrive juste à me lever pour aller aux toilettes et prendre une douche qui me fait du bien sur le moment mais les effets s'atténuent rapidement.

En revanche, quand je suis dans mes phases d'effondrement qui eux, seraient plutôt liés aux TSA de manière plus directe, il y a souvent un élément déclencheur et une accumulation de choses qui font que j'en arrive à l'effondrement.

C'est bizarre à dire mais j'ai l'impression d'avoir plus de maîtrise sur les effondrements que sur la dépression, qui elle, est rarement contrôlable. En fait quand c'est vraiment un down TSA, j'arrive à mieux gérer parce que par instinct, je sais ce qui me soulage ou me fait du bien et je sais que de toutes façons, tant que j'ai pas réussi à redescendre complètement (au niveau des nerfs on dira), ça va pas aller mieux.

La dépression, elle, est beaucoup plus imprévisible et fourbe, je trouve.

Aujourd'hui je vais mieux sur le plan dépressif mais je sais que je peux rebasculer à n'importe quel moment. J'ai pu m'en sortir sans traitement antidépresseur pour le moment, j'arrive de nouveau à gérer les angoisses et l'anxiété sans anxiolytiques.

Mais quelque chose qui m'avait vraiment aidé au niveau de la dépression et c'est vraiment pas simple du tout, c'est de rester dans l'activité au maximum, sans pour autant forcer ou me brusquer : Mettre une paire de basket, même en pyjama et aller marcher autour de chez moi, au soleil pendant une grosse demi-heure ou une heure, m'efforcer de prendre la lumière naturelle alors que ma seule envie c'est de rester dans le noir et de dormir parce que je me sens vidée.

Je marchais littéralement en rond. Mais ça me permettait de penser à pleins de choses, de réfléchir sur moi-même, de faire le point et en même temps je maintenais le mouvement.

Au début c'était 15mins, puis 30mins, puis 1h, puis parfois plus. C'est pas remède miracle mais ça peut aider à soulager pour essayer petit à petit de ne pas s'engouffrer dans le cercle de l'inactivité. Rester en mouvement.

[mistenflute]

Je suis sous anti-depresseurs et neuroleptiques, et parfois des benzos mais rien n'y fait.

[Fluxus]

Je suis sous anti-depresseurs et neuroleptiques, et parfois des benzos mais rien n'y fait.

Peut-être discuter des traitements en question avec les professionnels qui te suivent si ça ne convient pas ?

[mistenflute]

Ça convient. En mode survie. Outre le fait que je suis autiste, j'ai commencé les médicaments quand j'avais 7 ans, à une époque où les médicaments n'étaient pas aussi sûrs qu'aujourd'hui. Je me maintiens sans taper dans mes anxiolythiques qui me font peur et qui ne règlent rien.

[Fluxus]

C'est peut-être bête comme question, parce que j'imagine que comme une majorité d'entre nous tous, en étant sujet à l'anxiété, tu as déjà du tenter un milliard de choses en espérant que ça te soulage, d'autant plus que ouais, si on doit en arriver à aller taper dans les traitements c'est que pas grand chose fonctionne mais tu as déjà tenté les méthodes un peu plus alternatives et plus naturelles ?

J'imagine que oui mais je pose toujours la question au cas où, des fois on peut trouver des trucs qui fonctionnent alors qu'à première impression, on pourrait penser que ça ne fonctionne pas

[mistenflute]

Plus jeune le shit et parfois maintenant l'alcool.
Non, je ne suis pas fan des trucs naturels. Mon dernier truc c'est le cbd, mais ça agit si peu. Je suis abonné aux trucs durs étant donné que je suis très très sujet aux dépressions et plus ça va moins je les supporte. D'où mon intérêt pour le fil sur le suicide. J'ai bien peur d'être trop atteint pour me passer des médocs, surtout que j'en suis dépendant depuis des décennies. J'ai voulu arrêter un irs il y a quelques années et j'ai failli mourir.

[Fluxus]

Et dire que de mon côté même sans traitement médicamenteux et avec des phases de dépression qui ne sont pas spécialement violentes (enfin ça dépend des périodes), je trouvais ça ultra compliqué à encaisser... Alors quand en plus on ne voit plus d'issue pour aller mieux, je n'ose même pas imaginer.

Au tout début, les premières phases, c'était très très violent et j'avais régulièrement envie de me laisser crouler sous les idées noires, tellement je ne supportais pas. Ensuite avec le temps, je me disais tout le temps "De toutes façons, je sais que j'aurai une phase où j'irai mieux et je ne ressentirai de nouveau plus, pendant un certain temps, les effets négatifs qu'a la dépression sur mon corps" pour me rassurer que ça n'allait pas durer. Mais ça restait quand même atroce à vivre, surtout sur le plan physique.

J'entends encore aujourd'hui, dans la bouche de certains, que la dépression n'est pas une pathologie, que c'est purement psychique... Oh bordel, s'ils savaient tout ce que ça peut foutre en l'air dans un corps. Perso, j'ai plutôt l'impression que c'est mon psychisme qui ne suit pas le physique qui est en train de crouler sous la dépression, pas l'inverse...

En tout cas, courage à toi... Je sais que c'est pas facile et je sais pas trop quoi te conseiller mais tu as tout mon soutien.

Tu as déjà tenté de te remobiliser dans les phases de "mieux" au maximum pour tenter des choses ? (J'imagine que oui, encore).

[Stefano84]

Ce n'est qu'une suggestion, mais peut-être faut-il explorer aussi la sphère sensorielle ?
J'ai la chance d'avoir une excellente psy et elle m'évoque l'image d'une capsule qui se remplit sans qu'on s'en rende compte.
Par exemple une radio qui grésille, des bruits parasites, une luminosité trop importante (néons), un imprévu, etc...
L'idée est de tenter d'identifier (c'est difficile car on ne s'en rend pas compte) tout ce qui pourrait remplir cette capsule et, soit d'agir en amont, soit pouvoir la vider lorsqu'elle est pleine.
Personnellement j'ai plusieurs outils :
- j'utilise dès que possible un casque réducteur de son,
- je prends un bain très chaud et bois un verre d'eau glacée en sortant (ou inversement), contraste sensoriel
- je ralentis mes gestes à une extrême lenteur pendant 5 mn à 10mn (ça ralentit le fonctionnement cérébral par extension)
- j'utilise un tapis de fleurs type "fakir" (libère endorphines)
- éclairage avec des ampoules 2700K
- couper les écrans
- rituel de fin de travail
- enveloppement dans un drap serré ou couverture lourde
etc...

[mistenflute]

Merci pour les conseils. Par contre j'ai énormément de mal avec le contact de l'eau.
Je ne connaissais pas les tapis fakir.

[Dehlynah]

Salut Mistenflûte
Ce que tu décris je peux le vivre sur une journée aussi (je me réveille plutôt bien et puis bam tout retombe, puis ça remonte - montagnes russes quoi)
ah oui je pensais acquérir un tapis de ce type, à picots, je l'avais testé.
Le problème c'est quand on est trop au fond, c'est d'avoir déjà la capacité d'enclencher 1 action positive (1 simple douche, dessiner...), en cas de grosse crise, où les pensées noires surgissent, où physiquement je me sens très mal (ventre broyé)je prends un anxiolytique, j'essaie de repratiquer le yoga même quand ça va, pour avoir des outils à portée de main (certains souffles) en cas de crise, je suis persuadée que ça peut avoir 1 effet profond sur le long terme
J'écris beaucoup aussi, ça me calme.
Ah je relis que ton traitement ne t'aide pas, alors là C' est super important parce que si tu te tapes plus d'effets secondaires que de bénéfices, pas top...En parler à ton psychiatre me semble la meilleure chose, en insistant bien sur l'aspect invivable des effondrements.
Bon courage

[mistenflute]

J'en parle à ma psychiatre. C'est une excellente psychiatre mais je suis un patient compliqué. Je considère le masking, et le voyant, je considère que tous mes problèmes viennent de là. J'ai même eu des enfants, dont un autiste profond (et une fille surdouée) et en fait tout ce que j'aime c'est rester seul dans mon coin à tricoter des petites musiques...Je change de carrière, mais un peu tard.

[freeshost]

En plus des dépressions, voir peut-être aussi du côté des meltdowns et des shutdowns.