Fluxus a écrit : ↑mardi 3 août 2021 à 21:23
Qu'en est-il des "effets de mode" concernant la neurodivergence ?
Sans vouloir m'écarter du sujet initial, je me suis sentie mal pour une chose et une seule quand j'ai eu mon diagnostic : Je ne voulais pas en parler, à personne parce que je ne voulais pas être associée à cet "effet de mode" dans lequel on retrouve des gens qui sont dans cette démarche de diagnostic abusif justement.
D'autant plus que plus c'est popularisé sans être vulgarisé, donc avec tous les clichés qui vont avec, plus c'est dédramatisé par les gens qui ne connaissent rien à la réalité de l'autisme, à ce que c'est etc.
J'entends partout des propos de type : "Dans 10 ans, tout le monde sera autiste" et ça me fait mal d'entendre ça parce que je trouve ça triste d'avoir été diagnostiquée tardivement, même si 22 ans, c'est pas franchement tard comparé à d'autres, j'ai vécu dans l'errance avec un diagnostic que j'aurai pu avoir 20 ans avant si les avancées actuelles avaient existé.
Bref, je veux pas que, quand je vais potentiellement devoir me résoudre à confier à quelqu'un que je suis autiste, on le banalise encore comme si ça ne changeait rien.
C'est compliqué cet entre 2 parce qu'on est à mi-chemin dans le "Ça ne change rien parce que j'accepte et je ne te vois pas comme un monstre" et en même temps dans le "Ça ne change rien parce que je ne comprends pas que je dois m'inclure dans ton monde et je ne vais pas respecter tes particularités ou tes spécificités".
J'ai eu le problème, justement à cause de mon manque d'inhibition. Quand j'ai mis le mot autisme sur les particularités qui me rendaient charmant, quand j'ai parlé ouvertement et sincèrement de mes problèmes, des conflits se sont manifestés et j'ai progressivement été mis à la porte. J'admet avoir traité de sombre conne une étudiante en psycho qui essayait peut-être de m'aider (en ignorant tout ce que je lui disais pour ressortir des phrases comme issues d'un manuel), mais bref. Ça a été assez violent. Mon dernier déboire a été avec une personne qui dit ne pas supporter les gens qui se victimisent ou se cachent derrière leur maladie. Enfin, elle m'a fait un procès d'intention sur le pourquoi je l'avais contacté. Elle avait fait webtoon, pas envie de travailler, était curieux, ait proposé de le lire pour offrir critique constructive, par curiosité, pour m'amuser et rendre servir. Une pierre trois coups. Mais bon. C'était suspect.
De toutes manières, ils me bloquent avant que je ne puisse m'expliquer et être compris. Présumé coupable. Ou juste une méthode pour filtrer au plus vite. Tant mieux en quelque part. J'évite de les déranger, j'évite de me blesser le cœur sur les bords obtus de leur compréhension.
C'était naïf de ma part de croire que je pouvais parler sincèrement et ouvertement, comme d'habitude. Mais je ne sais pas comment faire autrement qu'en étant transparent.
Je vais juste te transmettre le conseil qu'on m'a donné : n'en parle pas. Dit les symptômes : j'ai du problème avec le bruit, ce genre de choses. Mais ne parle jamais de l'autisme à qui que ce soit qui ne soit pas de confiance. Et quand bien même, attend toi à être surprise. En bien, ou en très mal. Si ce n'est pas ton médecin, ton supérieur hiérarchique dans une entreprise, si ce n'est pas strictement nécessaire pour la personne de le savoir, mieux vaut ne rien dire. Des gens que je pensais gentils, ouverts d'esprits, ayant eux même des parcours compliqués se sont soudain transformés en parfait étrangers après l'incident que j'ai évoqué. (Incident long et compliqué, mais bon.)
Je viens d'être très pessimiste, mais je peux au moins donner une bonne nouvelle. Quand au détour d'une question bizarre "Quel est le contrat social qui nous lie ?", je me suis senti obligé d'expliquer à mon directeur de recherche (enfin) pourquoi j'avais explosé en vol lors de mon M1 et du redoublé, en évoquant l'autisme, il a été très surpris de voir quelqu'un d'aussi honnête, disant que c'était rare de nos jours. Lors de notre dernier entretien, il s'est adapté un peu, évitant le second degré. Bref, il a fait de son mieux avec sa compréhension du problème. Mais de manière générale, les autres m'ont juste mis à la porte, surtout quand je suis devenu encore plus déprimé et agressif face à leur manque de compréhension.
Et pour être franc (ne sais faire que ça de toute façon, peu ou prou), j'ai 23 ans et moi aussi l'impression qu'on ma volé une part de ma vie. J'aurai peut-être pu éviter un Lycée et un Mémoire aussi apocalyptiques si j'avais été repéré plus tôt. Et ce qui me fend le cœur, c'est tous (toutes, d'ailleurs) les trentenaires ou quarantenaires qui arrivent sur le forum, se rendant soudain compte que ça n'est plus possible, qu'il y a un problème quelque part.