Extrait :
Alors que les vaccins commencent à arriver, plus rapidement qu’on l’aurait imaginé à la mi-2020, mais dans un certain désordre, ce sont moins les aléas du démarrage de la vaccination, le ralentissement momentané de production de l’usine belge de Pfizer, qui inquiètent, que l’absence criante d’une stratégie vaccinale cohérente. On l’avait pressenti quand le professeur Alain Fischer, deuxième «monsieur vaccin» (le premier ayant sombré sans bruit une fois que le gouvernement s’était aperçu que ses liens passés avec les firmes pharmaceutiques risquaient de poser un problème de communication), avait benoîtement assumé ne pas «du tout être un spécialiste de ces questions de logistique», alors que la campagne fin décembre était en France au point mort.
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On avait eu confirmation du pilotage en mode automatique quand Olivier Véran, conscient de ne pas avoir assuré une logistique permettant le rappel du vaccin Pfizer dans le délai de 21 à 28 jours, avait évoqué un allongement à 42 jours, aujourd’hui validé par la HAS «pour accélérer la vaccination», alors que ni la Food and Drug Administration (FDA, l’autorité américaine du médicament) ni le fabriquant ne valide cette décision, toutes les études ayant été réalisées avec un rappel à trois semaines.
Il existe en effet un risque théorique que des personnes primo-vaccinées, et donc temporairement insuffisamment protégées, infectées par le coronavirus au-delà des 21 à 28 jours, entraînent une sélection de mutants ayant intégré une certaine résistance au vaccin. Mais nous payons la politique du chiffre du gouvernement, et l’absence de logistique cohérente de la vaccination. «Accélérer la vaccination» en s’exonérant des contraintes scientifiques validées, c’est ouvrir la porte au grand n’importe quoi, une fois de plus : mieux vaut vacciner correctement 1 million de personnes, que vacciner 1,5 million de personnes n’importe comment.