je m'excuse, ce texte risque d'être long, mais je suis retombé dans une petite phase de dépression aujourd'hui, et après avoir été diagnostiqué (TSA) il y a deux semaines, je me dis qu'il y a peut-être une chance que d'autres gens ici se reconnaissent dans ce que je vais écrire.
En bref : je ne sais pas comment me reposer. C'est un problème récurrent depuis toujours et j'ai beau me rendre compte de ce problème, il finit toujours par reparaître (j'en suis conscient maintenant, alors je sais que je vais mettre en place des stratégies mentales pour l'éviter mais en me basant sur mon expérience passée, il y a de grandes chances pour que ça tienne 1 semaine / 1 mois / etc et que je retombe dans ce cercle vicieux après un certain temps, pour la n-ième fois).
Dans mon esprit, je ressens le temps comme une série de tranches. Je sens que je dois toujours allouer telle tranche à telle action. Par exemple, en ce moment, j'alloue telle tranche à l'apprentissage du piano, telle tranche à l'apprentissage du portugais, telles X tranches à faire un projet perso qui doit me servir pour ma recherche de missions freelance (je me lance dans le freelancing depuis peu). Mais je compartimente également mon temps off : je donne telle tranche de temps pour une balade dehors, telle tranche de temps pour la cuisine, les étirements, etc. C'est obsessionnel, je dois toujours orchestrer tout mon temps. Et en orchestrant même ce qui devrait être du temps de repos pour lui assigner des blocs d'activités qui devraient me permettre de me reposer (se balader, faire la sieste, etc), ces activités deviennent des obligations et ne me reposent plus. Généralement je finis par m'en rendre compte et essayer de dé-réguler un peu ça mais même ma dé-régulation est une régulation. Je suis incapable de lâcher prise et de dire : maintenant je fais n'importe quoi pendant n'importe quelle durée.
D'autre part, comme tout est organisé, dès que je prends du retard sur mes propres contraintes auto-imposées, cela génère du stress et de la fatigue. Et je finis par me retrouver dans un cycle que j'appellerai plutôt une crise comme maintenant, où je me retrouve en saturation totale, vidé de toute mon énergie, mentalement incapable de faire quoi que ce soit, je pense que la vie n'a plus de sens, comme un état de mini-dépression (je dis mini- car ça ne dure pas des années) ou mini-burnout.
C'est le cas maintenant et du coup il se produit ce qui se produit en général : je me rends compte que je ne peux pas continuer comme ça et je décrète que le lendemain, je ne fais rien, je ne touche pas à mon ordinateur, je me laisse aller, je passe toute la journée au lit si je veux, pour récupérer. (mais en ce faisant, je régule aussi un peu le lâcher-prise… paradoxe ?

Ça marchera peut-être. Mais d'expérience je sais que je vais progressivement me remettre à tout réguler jusqu'au prochain pétage de plomb. Je ne sais pas comment sortir de ce cercle vicieux. Quand j'interroge des gens de mon entourage, j'ai l'impression que c'est naturel pour eux, de lâcher prise, se laisser aller, etc.
Tout cela branché au fait que j'ai tendance à tout transformer en obligation : je trouve un livre qui me plaît, je lis les 100 premières pages -> je _dois_ lire ce livre jusqu'à la page finale tout de suite, quitte à ne pas dormir de la nuit. Je sens que j'ai besoin de contacts humains -> je _dois_ orchestrer un appel avec un ami demain à X heure, puis dans une semaine avec une autre personne à Y heure, etc. Même si finalement la veille je me rends compte que je n'ai plus spécialement envie de parler à la personne, non, j'ai décidé que j'allouai telle tranche de temps à faire cet appel, je dois le faire. Je suis capable d'annuler cela avec un peu d'effort mais ce que je veux souligner, c'est cette tendance à tout transformer en obligation gravée dans le marbre, même des choses qui devraient être amusantes ou me permettre de lâcher prise.
Et pour revenir sur les tranches de temps, c'est difficile difficile pour moi de changer d'avis et de faire autre chose que ce que j'avais prévu pendant une tranche de temps donnée. En fait, c'est comme si mon cerveau était incapable d'envisager les autres possibilités : je suis en train de travailler sur mon ordinateur, j'ai besoin d'une pause, mais mon cerveau ne voit que le travail sur l'ordinateur comme possibilité, comme si je n'avais plus de jambes pour aller me balader ou plus de livres dans ma bibliothèque.
J'ai l'impression que ce fonctionnement est quelque chose qui a pu m'aider (pour l'apprentissage des langues, toutes les choses qui demandent de la constance) mais au final ce n'est pas soutenable. C'est un enfer.
Suis-je le seul dans ce cas ? Avez-vous trouvé des solutions qui marchent pour vous ?
Dans tous les cas, ça m'aura fait du bien de poser ça à l'écrit et de le partager
