Vie à plusieurs : gestion des reproches, des sollicitations, des tensions

[Jeopardy]

Bonsoir à tous,

Navrée s'il y a déjà un sujet similaire, mais je voudrais savoir si vous vivez la même chose que moi. Etant apparemment d'après ma psy dans le déni du diag j'ai un peu de mal à faire la part des choses entre ce qui relève de l'autisme ou pas. Bref, je vis avec famille et ça a toujours été compliqué, parce que je prends les choses trop à cœur, quelques exemples :

- si quelqu'un râle, souffle, fait la gueule, traîne des pieds, claque les portes, ça me met dans un état de stress très intense, j'ai l'impression de le prendre pour moi et de ne pas savoir comment agir, d'ailleurs je soule un peu tout le monde à demander plusieurs fois par jour "ça va ?" "qu'est-ce qu'il y a ?" alors que parfois apparemment il n'y a rien. Je vais être totalement paralysée tant que le conflit ne sera pas résolu et comme les neurotypiques ont tendance à passer à autre chose rapidement et implicitement (ils ne verbalisent pas le fait qu'ils sont de nouveau de bonne humeur), ça me pourrit la vie.

- dans le même genre, étant très tête en l'air il m'arrive souvent de mal faire les tâches ménagères (je vais séquencer le tout dans ma tête mais je vais zapper une étape, par exemple), et c'est propice à des tensions, ce que je peux comprendre. Cela dit quand on me reproche quelque chose (et c'est quotidien, le linge plié que j'ai oublié de remonter, le lave-vaisselle pas vidé s'il a pas tourné à l'heure habituelle, une fourchette laissée de côté quand j'ai fait la vaisselle...) ça prend tout de suite des proportions terribles : je vais corriger mon erreur en silence, puis une fois remonter je vais exploser en larmes en me rappelant toutes les fois où j'ai mal fait quelque chose, en ruminant le fait que je suis vraiment bonne à rien, j'ai souvent des idées suicidaires à ce moment-là et ce sont des effondrements qui peuvent durer plusieurs heures et me laissent parfois avec un mal de tête toute la journée. Quand ça arrive pour une bouteille d'eau pas rangée, c'est un peu excessif... Le fait est que toutes les émotions sont au même niveau, y a pas de juste milieu.

- enfin, comme je ne vis pas seule je suis souvent dérangée dans mes tâches par les autres qui viennent me demander des services, ou juste me parler. En soi ce ne devrait pas être un problème mais moi ça me bouscule tout mon emploi du temps et ensuite j'ai énormément de mal à me remettre à ce que je faisais, parfois ça me contrarie tellement que j'ai ces espèces d'effondrements dont je parle plus haut aussi. Il est très fréquent que je passe plus de temps dans ma journée à essayer de raccrocher les wagons pour me remettre à travailler correctement qu'à travailler réellement, c'est très frustrant.

Voilà, honnêtement j'ai du mal à savoir si tout ça a à voir avec l'autisme ou si ça s'explique par autre chose, donc j'aimerais bien votre avis sur la question.

[Jolteon]

Pour moi le 2e et 3e exemples sont dus à l'autisme.

[Clovis]

Bonsoir à tous,

Navrée s'il y a déjà un sujet similaire, mais je voudrais savoir si vous vivez la même chose que moi. Etant apparemment d'après ma psy dans le déni du diag j'ai un peu de mal à faire la part des choses entre ce qui relève de l'autisme ou pas. Bref, je vis avec famille et ça a toujours été compliqué, parce que je prends les choses trop à cœur, quelques exemples :

- si quelqu'un râle, souffle, fait la gueule, traîne des pieds, claque les portes, ça me met dans un état de stress très intense, j'ai l'impression de le prendre pour moi et de ne pas savoir comment agir, d'ailleurs je soule un peu tout le monde à demander plusieurs fois par jour "ça va ?" "qu'est-ce qu'il y a ?" alors que parfois apparemment il n'y a rien. Je vais être totalement paralysée tant que le conflit ne sera pas résolu et comme les neurotypiques ont tendance à passer à autre chose rapidement et implicitement (ils ne verbalisent pas le fait qu'ils sont de nouveau de bonne humeur), ça me pourrit la vie.

Je ne sais pas s'il y a un rapport net avec l'autisme mais je me retrouve largement dans ton message et dans cette première partie en particulier.

J'ai aussi tendance à demander régulièrement aux autres si tout va bien. C'est clairement lié à l'autisme, à mon avis, dans la mesure où celui-ci altère notre capacité à reconnaître les émotions chez les gens qui nous entourent. Pour moi globalement un visage est positif, négatif ou, à la rigueur, un neutre qui selon ma propre humeur peut être interprété comme positif ou négatif. En effet je me demande, à l'expérience, si lorsque je demande beaucoup aux autres comment ils vont c'est surtout un signe de ma propre nervosité.

Par ailleurs pour l'énervement, l'agacement, etc. des gens qui m'entourent je le vis toujours assez ou très mal même quand il est parfaitement clair que je ne suis pas en cause (personne qui trépigne devant un bug informatique ou toute autre raison bénigne de s'irriter). Et quand je n'arrive pas à contrôler l'effet que ça me fait ça se retourne contre moi car je suis un "empêcheur de s'agacer / s'énerver en rond."

Et oui, j'ai aussi plus de mal que les autres pour passer à autre chose après un moment de tension. En fait je en sais jamais quel niveau d'importance accorder à ce que je considère comme une friction... Parfois moi ça me marque beaucoup et la personne en face ne s'est a priori même pas rendue compte qu'il y avait eu un tel moment ou alors si peu qu'elle semble l'avoir réellement oublié.

Un exemple du point auquel je suis sensible : au début de notre vie commune ma femme s'irritait souvent le matin parce qu'elle était en retard au moment de partir, ça tombait au moment de préparer le sac du repas de midi. Pour ma tranquillité j'ai pris l'habitude de préparer au maximum les choses moi même la veille, juste pour éviter de commencer la journée par un moment si désagréable... C'est un principe général : pour éviter que les autres ne s'irritent j'essaye toujours d'éviter les problèmes qu'ils pourraient rencontrer. Mon sens du sacrifice égoïste...

Bon, j'aurais encore bien d'autres choses à dire sur ces sujets...

[lulamae]

Je me retrouve complètement dans ces situations (la première m'a presque fait rire tellement c'est ce que je vis) !

A ce détail près que si je sais que la personne n'en a pas après moi, je peux supporter qu'elle s'énerve, quoique les mouvement brutaux ou les bruits me crispent. Je pense que du moment que ça ne m'implique pas, j'ai développé des stratégies pour m'évader... très souvent, en fait. Je m'en aperçois en ce moment. Je suis physiquement là, mais en fait très loin, comme sur une île déserte où rien ne m'atteint. Par contre, quand je suis dans cet espace, c'est une souffrance d'être rappelée à la réalité, et ça ne me met pas de bonne humeur. Je ne fais l'effort de m'ancrer que pour mes filles ou des ami(e)s que je vois de temps en temps, mais je n'ai plus envie de le faire pour grand-monde.

Pour ce qui est des reproches, je les prends très mal aussi, ça m'affecte beaucoup. Il est vrai que la plupart des gens ne savent pas faire des reproches factuels, basés sur le comportement - ils étiquettent, généralisent à qui mieux mieux et ça me paraît d'une injustice crasse qui me fait sortir de mes gonds. J'ai eu du mal avec ça par rapport à ma fille aînée, parce qu'elle se "plaignait" de moi à sa psy, laquelle voulait absolument que j'"entende" sa plainte. Or, c'était des trucs vieux de 4 ans qu'elle ressassait, uniquement avec les psys, je croyais ça réglé depuis longtemps. Un jour, j'ai répondu assez froidement que je n'allais pas pleurer là-dessus pendant dix mille ans, et qu'il fallait passer à autre chose. Ca a été fini. Mais lorsque c'était justifié, j'ai fait des efforts pour reconnaître ce qu'elle ressentait et modifier mon comportement. On se dispute beaucoup moins, mais elle a ce truc de me ressortir des trucs antiques... maintenant, je sors promener la chienne pour éviter le clash. Il y en a au moins une qui est contente.

[Dehlynah]

Clairement, définitivement : la vie à plusieurs, la cohabitation, ne me va pas du tout, ça me rend malade, ça m'épuise. Vie de famille, de couple, sans enfants - avec enfants ( très compliqué pour moi la vie avec mes 2 enfants) coloc, j'ai tout fait ( sauf la vie en communauté, à un moment j'en rêvais mais plus pour le côté " autarcique, vie dans la nature etc.), donc je parle en connaissance de cause, mais je le savais dans mon for intérieur depuis longtemps (tout en me pensant égoïste, individualiste - ce qui me m'a poussée sans doute à me forcer) que j'étais faite pour une vie solitaire.
Tout le problème est bien là dans la cohabitation : la gestion des sollicitations, des tensions, des conflits ( chez moi en ce moment les bagarres entre frère et soeur ), des reproches (en couple à un moment on s'était dit : "plus de reproche!" - ça ne sert à rien, à part énerver l'autre, comme tu dis Lulamae - constater, dire les choses de manière factuelle, en CNV c'est ce qui est conseillé - pas de jugement de valeur, d'extrapolation, de généralisation - mon ex était champion là -dedans - je ratais les pâtes et vlan j'étais la pire des personnes, "négligente", " égoïste" - ben oui je l'avais certainement fait exprès, c'était un acte malveillant pour l'empoisonner quoique à un moment j'aurais été tentée... ) etc....Et j'en passe. C'est de la survie permanente.

[Cjay]

Haha la première situation cest tout moi aussi!
Étant plus jeune ma mère avait souvent tendance à faire un peu la tête et je me sentais toujours coupable de sa colère. Quitte à tourner un peu autour du pot et chercher à savoir si j'étais d'une manière ou d'une autre à l'origine de tout ça!
Cest pesant car ça ne te quitte pas de la journée.
Il n y a en effet qu'en verbalisant je la situation se détend.

[Loner]

Difficile de déterminer ce qui a trait au TSA mais je corresponds exactement à tout ce que tu as décris.

[apache]

- enfin, comme je ne vis pas seule je suis souvent dérangée dans mes tâches par les autres qui viennent me demander des services, ou juste me parler. En soi ce ne devrait pas être un problème mais moi ça me bouscule tout mon emploi du temps et ensuite j'ai énormément de mal à me remettre à ce que je faisais, parfois ça me contrarie tellement que j'ai ces espèces d'effondrements dont je parle plus haut aussi. Il est très fréquent que je passe plus de temps dans ma journée à essayer de raccrocher les wagons pour me remettre à travailler correctement qu'à travailler réellement, c'est très frustrant.

Je me retrouves dans les 3 points, mais celui-ci est le plus difficile à gérer... Même en mettant un casque anti-bruit et en demandant à ne pas être dérangée, on m'interrompt pour des petits riens, en pensant que ça ne me demandera pas spécialement d'effort. Difficile de rester zen dans ces moments-là !

[Besaid]

idem pour moi
je me retrouve dans certaine situation

- si quelqu'un râle, souffle, fait la gueule, traîne des pieds, claque les portes, ça me met dans un état de stress très intense, j'ai l'impression de le prendre pour moi et de ne pas savoir comment agir,

ces situation me stresse voir me font mal
certain bruit ont tendance a me faire mal
la seule parade que j'ai trouver ces m'isoler pour mettre mon casque et écouter la musique pour me couper de tout sa

je demande jamais si quelqu'un va bien
car si elle va mal je saurais pas quoi faire et sa risquerais de m'angoisser
et si sa m'angoisse je le rumine
et si je le rumine je tourne en rond
et si je tourne en rond je perd pied
et si je perd pied bin j'arrive pu a intérioriser et je déprime

- dans le même genre, étant très tête en l'air il m'arrive souvent de mal faire les tâches ménagères (je vais séquencer le tout dans ma tête mais je vais zapper une étape, par exemple), et c'est propice à des tensions, ce que je peux comprendre. Cela dit quand on me reproche quelque chose (et c'est quotidien, le linge plié que j'ai oublié de remonter, le lave-vaisselle pas vidé s'il a pas tourné à l'heure habituelle, une fourchette laissée de côté quand j'ai fait la vaisselle...) ça prend tout de suite des proportions terribles : je vais corriger mon erreur en silence, puis une fois remonter je vais exploser en larmes en me rappelant toutes les fois où j'ai mal fait quelque chose, en ruminant le fait que je suis vraiment bonne à rien, j'ai souvent des idées suicidaires à ce moment-là et ce sont des effondrements qui peuvent durer plusieurs heures et me laissent parfois avec un mal de tête toute la journée. Quand ça arrive pour une bouteille d'eau pas rangée, c'est un peu excessif... Le fait est que toutes les émotions sont au même niveau, y a pas de juste milieu.

je suis pas tête en l'air mais je marche par étape
je visualise comment je doit procéder
pour moi chaque chose doivent être fait de la même manière sa m'angoisse si ces pas fait ainsi
par exemple : la vaisselle je la fait toujours de la même manière en lavant d'abord tout les verres , ensuite les couverts ensuite les assiettes et je fini par les casserole etc
et sa a tendances a m'énerver quand je voie une personne qui ne reproduis pas mon schéma du coup maintenant je la fait moi même sa évite les tensions

[Tugdual]

Modération (Tugdual) : 
Rappel : la section "Espace TSA", comme son sous-titre le précise, est dédiée aux témoignages des personnes diagnostiquées (voir les détails ici et la synthèse là).

[geybuss]

je me retrouve bien dans les 3 points, avec des nuances d'intensité.
J'ai déjà dit à ma mère depuis des années que je n'étais pas apte à gérer ses problèmes informatiques ou de téléphonies.. Déjà difficile de gérer les miens. Et à chaque fois que je vais chez elle, j'ai droit à un de ses gros agacements parce que ceci ou cela ne marche pas. Cela me met dans un état de tension intérieure épouvantable. Hélas, je n'arrive pas à communiquer à propos de cela avec mes proches qui de toute façon, sont plutôt en déni de mon diag, ils font comme s'il n'existait pas.