lulamae a écrit :J'ai lu aussi sur les publications internationales (comme Nature) des alertes sur l'usage de l'hydroxychloroquine. Ce n'était pas une manière de remettre en question tes connaissances. Je lis et j'essaie de comprendre ce que tu veux dire.
Je veux dire que des publications il y en a de partout qui disent tout et son contraire, et qu'en tant que gouvernement soit tu en parles (et correctement parce que faut pas se rater) soit tu n'en parles pas. Si tu prends toujours celles qui vont dans le même sens, et que ta communication ne reflète jamais l'essence réelle et objective + la diversité factuelle que n'importe qui peut trouver en allant consulter les plateformes, tu tombes dans la désinformation. Ce qui est suicidaire d'un point de vue politique s'agissant d'open source (ce serait encore autre chose de raconter des craques sur des documents qui ne sont pas en libre accès).
L'autre souci, c'est que ça tombe de partout très très vite et très très fort, qu'il y a une quantité phénoménale de données très compliquées à analyser à une cadence folle, de manière la plus objective possible, et sur des outils que tout le monde ne maîtrise pas forcément à la perfection. Entre effectivement le Lancet, Nature, Science, PLOS, Frontiers, etc, etc, etc, c'est un flot ininterrompu dans lequel il faut trier mais alors vraiment trier.
En France, on a pris (sous le feu des projecteurs
of course) l'option "conseil scientifique" et pardon mais de l'extérieur ça ne fait pas très reluisant d'imaginer cette petite bande menée par un vieux schnock (je ne dis pas ça de manière irrespectueuse mais juste il a l'âge qu'il a en plus d'avoir reconnu
lui de gros loupés) en train de se dépatouiller avec une diffusion inédite de données massives non-stop, à l'échelle planétaire (donc extrêmement hétérogènes), et à qui on demande d'avoir un avis un peu sur tout et rien toutes les 20 minutes. Avis que des fois on suit des fois pas, c'est selon... par contre c'est dorénavant le couteau suisse-argument d'autorité ultime à dégainer en cas de besoin, comme tout ce qui contient "science" ou "scientifique".
En rajoutant à ça l'incompétence manifeste des têtes d'affiche du gouvernement sur tout ce qui concerne la science, leur arrogance et leur certitudes en dépit de cette incompétence, tu ne peux te retrouver nulle part ailleurs que dans une impasse. Et même une fois là, ils continuent de creuser en essayant de se dédouaner puérilement sur le 1er clampin qui passe. Le pire dans l'histoire c'est que tu as un chouette voisin pour bien faire ressortir ta bande de bras cassés (cf Merkel avec son doctorat en chimie quantique et son entourage qui déjà en impose plus). Je pense qu'à un moment faut arrêter de creuser, ce qui veut dire par exemple éviter de "s'appuyer sur une étude du Lancet" de manière tonitruante pour faire exactement le contraire de ce qu'elle dit.
lulamae a écrit :Tu as parlé dernièrement d'installer Marine Le Pen au pouvoir, mais n'est-ce pas justement en laissant se répandre ce type de discours qu'on encourt le risque ?
Le tout est je pense de savoir ce qu'on entend par "laisser se répandre" et des stratégies qu'on met en place. Certaines stratégies (ou manque de stratégies) font bien plus que laisser se répandre, elles aident. Parmi les choses qui aident, il y a la généralisation de la confusion et de manières de communiquer inadaptées. Par exemple utiliser des notions de façon impropre ainsi que des amalgames, à tel point que plus personne ne s'en rend compte.
Pour reprendre ce que tu évoques, à mon avis, le fait d'amalgamer déjà dès le départ un bonhomme et un traitement est une erreur importante, puisque tu circonscris le débat de façon définitive et fais d'une hypothèse scientifique une question de personne. Quiconque (éventuellement de très sérieux et n'ayant rien à voir avec le bonhomme) envisagera la piste y sera strictement associé quoi qu'il arrive ou qu'il dise.
Que le gars communique, fasse des vidéos ou je ne sais quoi au fond on s'en balance: chacun est responsable des paradigmes au travers desquels il envisage une question donnée, et si je veux détacher complètement les hypothèses décrites dans les papiers chinois + les autres de cette personnalité en particulier, je suis libre de le faire. Il n'a forcé personne à rien, surtout pas à regarder ses vidéos. La preuve, plein de gens dont je fais partie n'en ont rien vu et s'en portent très bien (j'ai par contre lu son rapport de mission 2003 et je suis contente de l'avoir fait).
Beaucoup de formulations de type "il a (encore) fait parler de lui" aussi... Mais qui parle, en fait? Parce que des médias qui critiquent la sur-médiatisation de quelque chose ou de quelqu'un, ça évoque le principe du pompier pyromane quand même...
Ce qui aide aussi, c'est l'imprudence. Les annonces pétaradantes sur Discovery, par exemple. Là pour le coup on était totalement dans la croyance à mes yeux, parce que d'un point de vue factuel en observant les données disponibles sur le moment, je trouvais à cette com' des allures de ce que proposent les témoins de Jéhovah (lui aussi faut l'attendre le cul sur la chaise, les yeux fermés et les mains ouvertes parce que c'est la réponse à tous tes problèmes, il me semble).
Alors suite à ces belles grandes promesses, puis à ce silence radio total venu derrière, qui a relancé la question presque 2 mois après le gros coup de com' et demandé des nouvelles de ce qui avait été vendu comme "des 1ères réponses rapidement sous 3 semaines"? Ben Marine le Pen, bien sûr. Le problème est là. Et quand tu as des experts du "surf sur boulettes", eh bien tu essaies de limiter au max les boulettes.
Sauf que là, encore, en diabolisant un max + enterrant (ou au moins en essayant) la piste HCQ, on propose quoi à cette population qui en a peut-être un peu ras-le-bol? De continuer à ramer dans le sillage de l'OMS avec nos cure-dents? De regarder vers l'horizon des autres potentielles solutions, genre l'artemisia des malgaches qui avec leur PIB vont nous servir sous quinzaine une vaste étude 24 carats rentrant dans tous les clous et exigences de l'OMS? Apparemment c'est d'eux que ça doit venir, et de toute manière chez nous à part se payer leur tête avec le mépris habituel qu'on réserve à ces populations personne ne lève le petit doigt. S'il n'y avait pas eu quelques allemands et danois pour se révéler un peu moins crétins que la moyenne, on serait encore assis les bras croisés à attendre des essais top sur des molécules de la part de pays parmi les plus pauvres de la planète, alors même que les britanniques sont incapables dans un tel contexte de lever des fonds...
Le refrain "des études doivent être menées pour confirmer ou infirmer..." on ne l'a jamais autant entendu. Par contre si des gens se lassent que ça ne soit jamais suivi de "ok allez go on y va qui ouvre le portefeuille en 1er?", ça va peut-être devenir compréhensible à un moment. Et ça aussi c'est risqué.
Concernant les théories du complot (liées ou pas à ça), le souci je crois c'est qu'on n'a jamais rendu personne plus intelligent en étant soi-même d'une bêtise affligeante. La plupart des "influenceurs" qui se vantaient de faire de la pédagogie et de lutter contre ce genre de choses sont devenus des caricatures qui tournent en rond autour de 3 ou 4 têtes de turcs en tirant toujours sur les mêmes ficelles, avec en toile de fond toujours les mêmes épouvantails dans une sorte de fourre-tout simpliste et plein de préjugés.
Sans grande surprise, ils ont été parmi les 1ers à amalgamer directement et systématiquement les "défenseurs" du Pr Raoult aux théories du complot et cie, ce qui sur le principe me parait complètement bovin. Dans un contexte de pandémie mondiale majeure + naufrage socio-économique associé, certains ont peut-être juste besoin de voir quelqu'un faire quelque chose au lieu d'attendre que le père Noël descende par la cheminée (c'est un réflexe humain plus que connu et documenté), du coup je pense idiot, dans une majorité de cas, d'aller chercher plus loin.
Ca ne veut pas dire qu'aucun "partisan de Raoult" ne se nourrit de soupe complotiste, mais juste qu'avant de faire de la stigmatisation pavlovienne il faut bien garder à l'esprit que la stigmatisation est une échelle vers le complotisme comme vers tous les extrémismes (c'est très documenté dans la radicalisation par exemple).
Donc en admettant comme "acceptable" que certains soient et restent un temps (c'est très humain là aussi) dans une sorte d'"euphorie de reconnaissance/importance", parce qu'on sent vraiment le circuit de récompense qui tourne comme un hamster dans sa roue au fur et à mesure qu'ils "recrutent", le souci est que pendant ce temps les autres recrutent d'autant plus. Quand tu observes de l'extérieur des gens censés éduquer à certaines dérives, apparaissant eux-même tout gonflés de se sentir exister avec une base dure de "clientèle" qui se rapproche limite du fanatisme, concernant des profils sans doute un peu fragiles; ça ne respire pas exactement l'autonomie intellectuelle.
Je crois que si on veut protéger les gens en défendant des concepts fondamentaux tels que le raisonnement scientifique, la pensée critique et l'indépendance d'esprit, ça sera d'autant plus efficace si on arrête dans le même temps de planter des clous dans les cercueils de ces concepts par notre propre attitude.
Bref: pour moi c'est un très gros ensemble de choses et surtout ça relève en grande partie de la responsabilité individuelle (autant en tant que récepteur qu'en tant qu'émetteur).