Gestion des intérêts quand on a pas le temps ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
nouvo
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Re: Gestion des intérêts quand on a pas le temps ?

Message par nouvo »

Chini a écrit : L'hyper-focalisation et contenir l'anxiété sont deux choses que je retrouve dans mon rapport au travail, ou plutôt aux thèmes liés à mon travail (c'est pas le travail en lui-même, je ne suis pas workaholic, c'est vraiment les sujets que j'étudie, et j'ai tout fait dans ma vie pour en arriver là). Un intérêt intense, qui me fait plonger dedans, sur des temps démesurés, où mon attention tout entière est focalisée, et je ressens de l'anxiété lorsque je ne peux m'y consacrer et avancer...

Si c'est de cela dont il s'agit (un IR), comme forme de camouflage social, c'est pas mal...
Pour reprendre de ce qui était dans, me semble-t-il, ton 1er message,
enfant puis ado faisais-je dans les collections aussi : fanions de foot puis sous bock de bière comme principales, et avais-je fait des mises « sous verre » (plexi) sur de grands supports avec les plus beaux.

Et vis à vis de la partie précédemment quotée, ce fut 2 de mes directions.

La 1ère dans la tranche environ 10-27 ans : eau – nature – pêche – pêche à la mouche – milieux aquatiques [supposition et souhait perso d'époque de postuler pour l'école des gardes-pêche niveau Bac] mais études dans cette direction ++ en biologie puis écologie pour viser l'hydrobiologie. Je suis allé jusque là et c'était pas gagné, en outre au lycée – et fait un stage d'étude et de recherche dans ce qui était visé, avec un hydrobiologiste dans une DIREN (Direction Régionale de l'Environnement), SEMA (Service de l'Eau et des Milieux Aquatiques). Je n'eus réussi à me faire embaucher dans cela par la suite ni dans ce qui est proche (préservation de l'environnement au sens plus large) – j'avais quand même bossé après dans 2 magasins de pêche puis j'ai arrêté pour diverses raisons.
A toutes les étapes ce fut dès enfant le besoin de focalisation, d'apaiser et de m'isoler – cela se manifestait vis à vis de l'eau, je pouvais rester très longtemps fixé sur l'eau qui coule et recevais qq réprimandes parfois quand il s'agissait du gazon du jardin – et dans la nature étais-je plus aise, l'eau coule toute seule !
J'allais pêcher à pied de chez moi d'époque, qq centaines de mètres (2 pas plus) surtout les vairons enfant.
Il y eut ensuite la pêche à la truite, puis à la suite d'un déménagement à l'adolescence, de 10 kms seulement et sur la même rivière (la Seine, vers sa source) mais étais-je dans un secteur assez royal pour la pêche, des truites, des ombres et la pêche à la mouche.
J'ai appris à fabriquer des mouches (c'est assez « de l'art miniature ») et c'est focalisation +++
- tiens, il m'eut aussi effleuré d'essayer de faire guide de pêche à la mouche, mais ça n'a été plus loin.
Et par la suite, j'ai approfondit la connaissance « des mouches » (ce ne sont des mouches à proprement parler ou des diptères mais des éphémères et choses comme ça) et la connaissance des milieux aquatiques (études universitaires). Et en pratique et en hydrobiologie, l'on étudie (et identifie, ordinairement à la loupe binoculaire) toutes les petites bestioles. Focalisation +++

Dans la tranche 28 ans à un peu aujourd'hui (aujourd'hui ce sont les restes) ce fut les plantes et les jardins.
Ca avait pris la même voie : focalisation, apaisement, s'isoler et étude / approfondissement : plantes adaptées à la sécheresse surtout. Rendu à plusieurs reprises chez le spécialiste en France de ces plantes (et c'est très scientifique aussi) – création de mon propre jardin (environ 200 espèces) et à une époque étais-je même recommandé sur mon secteur par ce spécialiste.
Ai-je créé qq jardins, adaptés à la sécheresse et écologiquement pensés, en ai-je des aptitudes et intérêts, mais il s'est avéré que des paramètres m'étaient trop difficiles et trop couteux : interaction / échanges / communication / et sur une base trop incertaine et aléatoire que sont les plantes avec pour moi leur approvisionnement et recherche.
Aujourd'hui et le quotidien c'est plutôt maintenir le minimum de travail jardin/ espaces verts et assurer / assumer certains choix antérieurs.
Pour la lecture et le monde imaginaire comme IR, si je comprends bien, cela pourrait également servir à se couper du monde, donc contenir l'anxiété quand on ne le comprends pas ou que l'on s'y sens mal à l'aise, etc... par exemple à l'adolescence
Je pense que c'est envisageable sous cet angle
Et donc la souffrance que l'on ressent quand on n'a pas le temps pour ses IR serait liée au fait ne plus avoir ces moments de coupure avec le monde... C'est ça?
Je répondrai à mon niveau, qu'avec l'âge (sans doute) et une meilleure connaissance de soi, n'est-on obligé d'être dans une souffrance ressentie quand on n'a pas le temps pour de ses IR, et qu'il y a d'autres vecteurs de «  se couper du monde » et d'être et se sentir apaisé.
Modifié en dernier par nouvo le mardi 21 janvier 2020 à 17:26, modifié 1 fois.
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Dehlynah
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Re: Gestion des intérêts quand on a pas le temps ?

Message par Dehlynah »

La différence avec un simple hobby n'est pas l'intensité, bcp de personnes ont des hobbies forts et bcp de personnes, quand ils sont dans ce qui les intéresse n'ont pas envie d'aller faire ce qui ne les intéresse pas ou moins. C'est ce qui est sous-jacent qui compte, d'où ça part et
la différence avec un simple hobby n'est pas l'intensité, bcp de personnes ont des hobbies forts et bcp de personnes, quand ils sont dans ce qui les intéresse n'ont pas envie d'aller faire ce qui ne les intéresse pas ou moins. C'est ce qui est sous-jacent qui compte, d'où ça part et comment cela se poursuit.
De plus, l'intensité peut être perturbée par des facteurs externes : parents / scolarité / quotidien et sa gestion
Après, des notions comme le plaisir peuvent venir se greffer dessus et contribuer au développement et maintien de l'IR mais c'est assez disjoint.

euh le critère des IR il me semble c"est "l'intensité" et l'objet d'intérêt non?
"Fixer son esprit, dissiper l'anxiété", pour moi c'est une source d'apaisement et de plaisir, c'est une suite logique à un intérêt, je ne vois pas comment on ne pourrait pas " aimer" un intérêt et ne pas éprouver de plaisir.
Je veux bien des exemples, je ne comprends vraiment pas.
Et le problème , c'est justement quand on est empêché de poursuivre ses intérêts, ou quand on est tellement absorbé (intensité oblige) qu'on n'entend plus rien.
Je m'interdis 'parfois) de faire certaines choses quand je suis avec mes enfants, sinon je peux les oublier, oublier de faire à manger, ce genre de trucs et ça craint.
Je me sens un peu mère indigne du coup quand je vous lis Flower et Chini,parce que j'oublie mon " devoir" justement...
Mais il me semble important de trouver un juste milieu, ne pas s'interdire complètement l'accès à ses IR, source d'apaisement justement, et ça peut être bien de voir son parent ultra concentré," focused" donc.
TSA (diagnostic en 2019 par psychiatre spécialisé) - troubles anxio-dépressifs
nouvo
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Re: Gestion des intérêts quand on a pas le temps ?

Message par nouvo »

Dehlynah a écrit : mardi 21 janvier 2020 à 17:24
La différence avec un simple hobby n'est pas l'intensité, bcp de personnes ont des hobbies forts et bcp de personnes, quand ils sont dans ce qui les intéresse n'ont pas envie d'aller faire ce qui ne les intéresse pas ou moins. C'est ce qui est sous-jacent qui compte, d'où ça part et comment cela se poursuit.
De plus, l'intensité peut être perturbée par des facteurs externes : parents / scolarité / quotidien et sa gestion
Après, des notions comme le plaisir peuvent venir se greffer dessus et contribuer au développement et maintien de l'IR mais c'est assez disjoint.

euh le critère des IR il me semble c"est "l'intensité" et l'objet d'intérêt non?
Oui mais " l'intensité " est une notion assez " fourre-tout " à " passe-partout ".
De plus, c'est une notion subjective et appréciative (personnelle).
Rapporté à l'autisme et à des autistes, et qui ne sont bien souvent les plus à même d'auto-quantification analytique, outre modèles à caractère évidents, et un peu "typiques" de certains autistes rapportés dans la littérature et allant au fil des ans, sur un sujet, s'élargissant possiblement de façon tentaculaire et allant jusqu'à l'expertise dans un domaine - cette notion "d'intensité" est selon moi à prendre avec encore plus de pincettes. Car l'intensité vécue par une personne autiste ne sera nécessairement corroborant avec l'intensité manifestée et exprimée. Cela possiblement à la baisse.

"Fixer son esprit, dissiper l'anxiété", pour moi c'est une source d'apaisement et de plaisir, c'est une suite logique à un intérêt, je ne vois pas comment on ne pourrait pas " aimer" un intérêt et ne pas éprouver de plaisir.
Je veux bien des exemples, je ne comprends vraiment pas.
Un exemple perso - pas forcément bien bon -
(et Dehlynah, ai-je écrit un message un peu avant le tien, si des fois tu ne l'as lu - y trouveras-tu peut-être qq éléments)

Par rapport aux plantes, il est ou fut bien des moments choisis où je n'éprouvais pas de plaisir particulier à être à leur contact - seulement était-ce dans ces moments le moins pire endroit où je pouvais me sentir d'être. A voir comme une zone de refuge / de repli.
A d'autres moments je peux m'émerveiller à les connaitre, les voir fleurir, les photographier, ou en planter en les imaginant poussées.
Aussi et dans ce qui s'évoque, c'est le repli / le refuge qui prime - et mon très moyen exemple sans doute vise à illustrer.
diagnostiqué asperger en 2015, à 38 ans