Fais-tu une différence entre les émotions individuelles (joie, tristesse, colère, dégoût, peur..), vécues, et les émotions sociales (avidité, jalousie, rivalité..), inconnues ?
Il y a un certain temps, j'ai écrit un texte intitulé: "Qu'est-ce que c'est, être moi ?" J'y écris notamment:
"C’est connaître la peur, la joie, la tristesse, la colère, la surprise, le dégoût.
C’est ne pas connaître l’avidité, la jalousie, la rivalité.
C’est avoir besoin de vivre un événement pour éprouver un ressenti, c’est ne
pas savoir envisager ce ressenti.
C’est avoir accès aux émotions vécues, c’est ne pas avoir accès aux émotions
sociales."
Cela ressemble à ce que tu décris, il me semble.
Mettre des mots sur des sensations internes, c'est extrêmement difficile. L'être humain, quand il est fortement socialisé, cherche toujours à vérifier auprès des autres qu'il n'est pas seul à ressentir ce qu'il ressent, ce qui revient à dire qu'il n'est pas seul tout court. Et pour la plupart des gens, cela passe par le langage, comme moyen de faire du commun. Et ils se trompent souvent ! Cela t'est-il déjà arrivé que quelqu'un veuille te convaincre qu'il sait mieux que toi ce que tu ressens ? Combien de fois ai-je entendu: "tu es déprimée", alors que j'étais tout "simplement" triste, triste de mes conditions d'existence, ce qui n'a rien à voir avec une dépression sans motif...
Mais certaines personnes n'ont pas besoin du langage pour "savoir" ce qu'il en est de ce qu'elles ressentent et de ce que ressentent les autres.
Comme tu l'exprimes très bien -et pour moi tu n'es pas du tout à côté de la plaque - c'est une question de perception -extra sensorielle ?-, et pas une question de traitement d'information (comme le langage).
Oui, certains mots ont été forgés pour tenter de décrire des états d'âme un peu vagues, qui inspirent la poésie !lulamae a écrit : ↑mardi 17 décembre 2019 à 22:42 Si on me dit "mélancolie", je le vois écrit, puis je pense aux vers d'Apollinaire "l'anémone et l'ancolie/ Ont poussé dans le jardin /Où dort la mélancolie / Entre l'amour et le dédain."
Je vais aussi penser à l'étymologie, donc à la couleur noire. L'ensemble de tout cela, et d'autres pensées et associations, va me donner une sorte de représentation mentale, et va m'amener à penser que j'ai compris quelque chose.
Ce sont des jeux de mots, qui font parler...
Cela m'évoque une émission sur France Inter: "Remède à la mélancolie"; personne ne prend la peine de définir l'état en question, et personnellement je peine à me le représenter dans ces conditions, puisque en tant que mot, je ne l'éprouve pas. Mais si quelqu'un fait l'effort de s'interroger pour savoir ce qu'il vit quand il se dit mélancolique, et dans quelles circonstances il s'éprouve ainsi, alors j'apprends réellement quelque chose sur l'âme humaine.
Oui, c'est bien ainsi que je le vois aussi,, plus qu'un écho, c'est créatif et donc révélateur d'une sensation de plénitude vitale.lulamae a écrit : ↑mardi 17 décembre 2019 à 22:42 je me dis que plus qu'une image de soi, ce qui n'est pas très instructif ni intéressant, avec la voix, l'autre personne nous renvoie la possibilité de rebondir entre ses mots et les nôtres, et de créer quelque chose à partir de ça. Le son revient, mais nourri, enrichi, non pas comme un écho.