Le Dr G., spécialiste de pédiatrie à Fréjus (Var), savait-il à quoi il s’exposait ? Il vient d’être condamné par la section disciplinaire de l’Ordre des médecins de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : « une sanction d’interdiction d’exercer les fonctions de médecin pendant une durée de trois mois, prenant effet le 1er février 2020 et assortie d’un sursis de deux mois ».
Le Dr G. était poursuivi par le conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), qui avait porté plainte en janvier 2018, estimant que le Dr G. enfreignait le code de déontologie médicale. Et ce « faisant la promotion d’un traitement homéopathique de l’autisme et en ayant une attitude (…) hostile à la vaccination ». L’AFP nous précise que le CNOM, dans sa sagesse, avait dans un premier temps demandé au conseil départemental du Var de l’Ordre des médecins de contacter le médecin pour « débattre avec lui » des thérapeutiques qu’il pouvait proposer.
Or l’instance départementale avait estimé que la pratique professionnelle de ce médecin était « exempte de reproches ». Aussi L’Ordre national avait alors décidé de porter plainte directement contre lui. Il n’est en effet pas rare d’observer des divergences d’appréciation entre le sommet national et la base départementale de l’institution ordinale. Les territoires ont des raisons que la raison parisienne ne peut qu’ignorer.
« Pollution par les vaccins souvent chargés en aluminium »
Le CNOM s’appuie ainsi sur les articles du code de déontologie médicale qui précisent qu’un médecin s’engage à assurer des soins « fondés sur les données acquises de la science » et qu’il ne peut proposer au patient « comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé » – interdiction du charlatanisme 1.
Or, ajoute l’AFP, dans un « protocole thérapeutique » publié sur internet 2 en février 2016, le Dr G. estime notamment que l’autisme est la « conséquence de la pollution qui envahit notre planète », y incluant la « pollution par les vaccins souvent chargés en aluminium » à côté de la « pollution par l’oxyde de carbone », « par des métaux lourds » ou encore par certaines bactéries.
Et l’AFP d’ajouter que le Dr G. est membre du conseil d’administration du Syndicat national des médecins homéopathes français et qu’il propose un traitement à base d’une goutte de sang du malade diluée et de produits homéopathiques dont « des dilutions homéopathiques de vaccin » 2 « De telles indications et thérapeutiques ne correspondent pas aux données acquises de la science » et « manquent de prudence en ne faisant pas état des débats existants sur l’efficacité de tels traitements », estime la chambre disciplinaire de l’Ordre régional des médecins.
On attend, désormais, de savoir si praticien et/ou le CNOM feront appel de cette décision. Ce qui aiderait à préciser les frontières françaises actuelles des concepts de charlatan et de charlatanisme.
1.
Article 39 (article R.4127-39 du code de la santé publique) : «
Les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanisme est interdite. »
Charlatanisme : subst. masc.Art d’exploiter la crédulité d’autrui érigé en système. Le charlatanisme à côté du mérite est comme le zéro à la droite d’un chiffre et décuple sa valeur (Stendhal, Lucien Leuwen, t. 3, 1836, p. 228)
2. Toujours disponible sur internet : «
Traitement homéopathique pour l’autisme : Chlorum et les autres… » : «
Des recherches menées en neurophysiologie ont montré que le cerveau des enfants autistes présentait un niveau de chlore trop élevé. Des essais de traitement par des diurétiques éliminant le chlore ont mis en évidence des effets positifs sur l’éveil et le comportement des patients traités, mais ces produits provoquent des effets secondaires. Nous avons donc eu l’idée de traiter les enfants autistes par des doses homéopathiques de chlore pour réduire l’excès de chlore et obtenir des améliorations sans effet secondaire.
Depuis deux ans, plusieurs enfants ont reçu Chlorum 9 CH : cinq granules une fois par semaine pendant un mois, puis 12 CH une fois par semaine pendant le deuxième mois, puis 15 CH dans les mêmes proportions le troisième mois et 30 CH le quatrième mois. Les premiers résultats sont remarquables avec un certain éveil à la réalité, une qualité de contact jamais obtenue avant, une communication bien meilleure. Sur vingt dossiers étudiés, sept enfants semblent ne plus présenter de trouble du spectre autistique au bout d’un an de traitement. »