Les stratégies de confrontations indirectes

[Loner]

Plus ça va, plus j'observe ma capacité à ne pas répondre directement aux demandes des gens .
De manière quasi instinctive, automatique et conditionnée, je parviens systématiquement à éviter tout ce qui pourrait m'engager dans une relation.
Au delà de peiner à fixer le regard de quelqu'un, je remarque rarement répondre de façon directe. Aussi, lorsque je suis invité , je diffère en prétextant un planning à vérifier. Parfois j'attendrais le dernier moment pour trouver une excuse bidon, alors même que depuis le départ je savais que je n'irais pas.

Lorsqu'on me téléphone, je ne réponds pas. J attends d'écouter le message (qui m'angoisse autant que le fait de répondre) et finis par répondre par texto ou par mail.

Je passe mon temps à renvoyer des SMS à mon entourage , pour dire tout ce que je n'ai pu dire lors de l'échange..ou m'expliquer sur mes réactions.Le soucis pour moi, m'arranger pour justifier ces stratégies en évitant proprement de les aborder comme réponse à des difficultés.

Prendre un rdv? Aller dans une pharmacie? dès que possible, j'envoie quelqu'un à ma place.
Venir à l' improviste ? Je mors (enfin je ne me montre pas accueillant).

Bref , j'ai le sentiment d'éviter proprement l'exposition, de ne pouvoir vraiment parler de moi.
Lorsque j'y parviens, c'est maladroit, agressif ou ne correspondant finalement pas au message que je souhaitais véhiculer à la base.
le grand drame est de ne pas oser laisser ma place à une personne agée dans le bus , alors que je sais qu'il est normal de le faire, parceque je ne veux pas me faire remarquer.
Je progresse car cela m'est arrivé de ne pas descendre à mon arrêt...lorsque le bus est bondé et necessite que je demande aux gens de me laisser passer.
Pour autant , je ne me sens pas du tout timide.

Vous vivez cela?

[freeshost]

Lorsqu'on me téléphone, je ne réponds que si je suis dans un lieu discret, non occupé avec autrui, si c'est une personne que je connais (donc dans mes contacts, et pas du démarchage téléphonique, lequel devrait être strictement interdit).

Quand je ne veux pas aller à quelque chose qui ne m'intéresse pas, soit je dis que ça ne m'intéresse pas, soit je dis que j'ai déjà prévu autre chose, quitte à mentir.

Mon téléphone est presque toujours sous silencieux, et j'échange la plupart du temps avec des messages.

Pour prendre un rendez-vous (chez le coiffeur, chez un médecin, etc.), je le fais le plus souvent en me rendant sur place. Ça me fait marcher et repérer les lieux. Avant d'y aller, je prépare pour être prêt, savoir ce que je vais dire, les informations qui vont être échangées. Au bout d'un moment, les gens me connaissent : la coiffeuse sait quelle coupe je demande ; le dentiste sait que je viens pour un détartrage et un contrôle ; etc. Bon, pour le serveur du restaurant ou du bar, il sait que... j'aime varier... découvrir de nouveaux plats. Certains savent que j'aime le Talisker (parmi les whiskys).

La plupart des personnes savent que je n'aime pas qu'on vienne chez moi à l'improviste, ou qu'il y a des risques que je ne sois pas présent (cours d'appui à domicile, voyages, etc.).

Pour les places pour les personnes âgées dans les transports publics, ben... déjà, s'il y a de la place, je prends souvent des places hautes, donc difficilement accessibles pour les personnes à mobilité réduite, mais dans le but d'avoir un meilleur point de vue. Souvent, si je vois qu'il reste peu de places, je reste debout. Je ne suis pas comme ces passagers qui s'empressent de trouver une place assise, surtout en entrant avant que tous les passagers sortants soient sortis.

Pour sortir du bus quand il y a beaucoup de personnes, j'anticipe, soit en demandant de me laisser place bien avant l'arrêt du bus, soit en restant debout prêt de la porte du bus.

[Loner]

Ah moi aussi dans le bus, mon premier réflexe est de rester debout, si possible près de la porte du milieu. Je ne m'assois jamais près de quelqu'un. C'est le quelqu'un qui ira s'asseoir près de moi. . L'ideal : réussir à choper la place seul juste derrière le chauffeur.

Concernant les restaurants, j'ai tendance à prendre tout le temps la même chose, du coup je ne m'ouvre que peu.

Mon idéal téléphonique: recevoir un appel prévu et dont je sais le contenu. Mais ça restera laborieux.
Et quand par malheur je n'ai pas le choix, je m'isolerai et ferai des kilomètres au grand étonnement des gens autour.

Je bénie l 'inventeur du téléphone sans-fil. A l'époque, j'avais la technique de m'enfermer dans un placard ou un endroit confiné si la longueur du fil le permettait.

N'empêche au boulot, j'ai déjà subi des remarques de collègues qui pensaient que je voulais garder des infos pour moi, que je bossais en solo. Alors que non, c est juste que je ne peux absolument pas être au téléphone avec des gens autour. La pire des agressions, passer un coup de fil avec quelqu'un qui te chuchote ce que tu dois dire. Je pars en cacahouète.

Et le summum de la torpeur, un vendeur qui me demande si il peut me renseigner, m'aider dans un magasin.
Soit je me braque et fuis l'échange.
Soit j'ose pas dire non et je le laisse s engouffrer dans un exercice explicatif qui m embrouille encore plus. Pour en définitive, lui répondre que "je vais réfléchir"

Bref, à certains moments, je suis plein de courage. A d'autres, je n'oserais pas demander une carafe d eau au restaurant ou même taxer un briquet dans la rue.
Je passe plus de temps à élaborer des stratégies pour obtenir ce qui prend à la base que quelques secondes.

[Clovis]

Je me retrouve beaucoup dans ce que vous écrivez même si sur certains points j'ai progressé (disons que je peux faire dans mes meilleurs moments ce que je ne m'imaginais même pas faire il y a 15 ans - ce qui est plutôt logique vu qu'il y a une dizaine d'années j'ai eu de gros doute sur ma capacité à mener sur le long terme ma vie de manière autonome...).

Je suis par exemple capable de m'asseoir volontairement à côté de quelqu'un dans un transport en commun même si je préfère rester debout (idéalement dans un coin pour être moins entouré et pas trop loin de la porte (je sais demander aux gens de se pousser mais je crois que dans ces cas là ma voix n'est pas très efficace...).

Je pense que ça entre dans le type de stratégies évoquées ici : j'ai tendance à dire ce que la personne veut entendre ou accepter tout ce qu'elle propose pour simplifier et écourter l'échange (en caricature : si je suis au marché, que je veux 500g de steack haché, que le commerçant n'en a plus mais me propose 3 kilos de cervelle de baleine à la place, il y a toutes les chances que je dise : "ah... Euh... Parfait").

[Loner]

Je pense que ça entre dans le type de stratégies évoquées ici : j'ai tendance à dire ce que la personne veut entendre ou accepter tout ce qu'elle propose pour simplifier et écourter l'échange.

Oui je pense aussi.
Je ne sais pas si c est pour simplifier l'échange ou proprement l'éviter. Enfin...éviter une quelconque négociation. Négocier est juste impossible pour moi. C'est pas simple de faire valoir ses droits..
Bien souvent je m'enfonce dans un amas explicatif et contextuel alors que je devrais plutôt exposer ma demande simplement et clairement. Bref ce sont beaucoup de détours empruntés pour pas grand chose. Et à faire trop de bruit, on perd finalement le signal..

Pour donner un exemple concret : je dois poser deux heures la semaine prochaine. Cela fait 2 semaines que je traine à demander à mon boss (que je sais sympa, arrangeant et compréhensif ) parceque je ne trouve ni l'audace, ni les mots pour exposer ma demande.. je crains que ça se solde encore par un texto de dernière minute du genre : "mince, j avais completement oublié de vous dire que je dois m'absenter..."

Il y a comme une tentative désespérée de survie alors que dans l'absolu, il n'y a aucun danger.