Sorte de repli autistique et ennui existentiel
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Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Bonjour,
Je n'ai pas tellement l'habitude de m'exprimer abondamment, mais je ressens tout de même le besoin d'échanger un peu ici, parmi des profils qui pourraient un peu comprendre ou se retrouver dans mon parcours.
Pour commencer, cela fait déjà plusieurs années que je suis entré dans la vie professionnelle, j'ai un boulot qu'on pourrait qualifier d'assez stable et sécurisant pour une personne ayant des difficultés autistiques. Mais il ne me stimule pas tant, bien qu'il permet aussi de s'intéresser à des choses assez diverses dans son cadre. Je le vois comme une nécessité matérielle.
L'ambition professionnelle pour elle-seule ne m'intéresse pas. Je ressens plus le besoin de m'épanouir personnellement et humainement.
Les années passent, j'approche de la trentaine, je pense avoir réglé ou accepté le passé. D'ailleurs je le prend comme il a été, il est fait d'expériences intéressantes, ou non fructueuses. Rien n'est linéaire. Je construis peu à peu, mais j'en reste paradoxalement au même stade.
Des phases d'ennui m'ont permis de m'intéresser à des choses diverses, notamment la psychologie, pour mieux me comprendre ainsi que mes semblables.
Je pense avoir déjà fait une bonne part de mon introspection, bien que celle-ci risque de durer tout au long de ma vie, au vu de mon penchant plutôt méditatif et un peu spirituel.
Bien vivre avec soi, ne pas attendre ou chercher l'impossible, faire ce qui dépend de soi, ce sont des préceptes que je me suis déjà répété.
Je pense souvent au futur, à ma vie comme j'aimerais qu'elle ressemble, mais quant au présent, il me semble encore un peu statique du fait de mes contraintes, et d'un certain ennui existentiel.
Je m'intéresse parfois à l'état du monde, à ses problématiques assez diverses, tout en restant détaché, comme si le monde ne me concernait pas assez.
Vers quoi se porter ? La distraction ? Les passions ? L'érudition ? Les projets ? La vie relationnelle ? Le développement personnel ? La spiritualité ? De nouvelles expériences ?
J'ai un petit cercle d'amis assez différents, rencontrés au fil des années souvent autour d'intérêts communs. Les uns sont solitaires, d'autres plus relationnels. Certains vont bien, d'autres moins. Je les soutiens, j'aide, dans la mesure de ce que je peux, je peux amuser ou faire rire. Ils me permettent des moments de partage, et de découvrir des choses que je n'aurais pas perçues autrement.
Pourtant, en ce moment, je m'isole, j'ai l'impression que moi seul peut régler ma baisse de motivation, je n'arrive pas à demander à ce qu'on aide, aussi.
J'ai plutôt un profil créatif, l'art me passionne, du moins dans certaines branches, d'ailleurs j'ai encore quelques projets ou activités de ce côté, bien que depuis un moment, les choses avancent peu.
J'ai souvent une soif d'échanger, mais avec la nature autistique, les rapports peuvent être difficiles à construire. Des Aspies que je connais sont plus solitaires que moi, il leur faut leur paix et leur espace. Les activités grégaires peuvent m'être peu accessibles à cause des surcharges qu'on connaît souvent ici.
Le contact social comme tel m'intéresse peu, je suis plus à la recherche de contact humain, ce qui pour nous est bien difficile car il dépend à la fois de soi, et de trouver les âmes qui seront réceptives à notre présence.
Des personnes en sont un peu dans une situation proche ?
J'espère que le post ne paraîtra pas trop abstrait ou ennuyeux.
Au plaisir de lire vos retours. Bonne journée.
Je n'ai pas tellement l'habitude de m'exprimer abondamment, mais je ressens tout de même le besoin d'échanger un peu ici, parmi des profils qui pourraient un peu comprendre ou se retrouver dans mon parcours.
Pour commencer, cela fait déjà plusieurs années que je suis entré dans la vie professionnelle, j'ai un boulot qu'on pourrait qualifier d'assez stable et sécurisant pour une personne ayant des difficultés autistiques. Mais il ne me stimule pas tant, bien qu'il permet aussi de s'intéresser à des choses assez diverses dans son cadre. Je le vois comme une nécessité matérielle.
L'ambition professionnelle pour elle-seule ne m'intéresse pas. Je ressens plus le besoin de m'épanouir personnellement et humainement.
Les années passent, j'approche de la trentaine, je pense avoir réglé ou accepté le passé. D'ailleurs je le prend comme il a été, il est fait d'expériences intéressantes, ou non fructueuses. Rien n'est linéaire. Je construis peu à peu, mais j'en reste paradoxalement au même stade.
Des phases d'ennui m'ont permis de m'intéresser à des choses diverses, notamment la psychologie, pour mieux me comprendre ainsi que mes semblables.
Je pense avoir déjà fait une bonne part de mon introspection, bien que celle-ci risque de durer tout au long de ma vie, au vu de mon penchant plutôt méditatif et un peu spirituel.
Bien vivre avec soi, ne pas attendre ou chercher l'impossible, faire ce qui dépend de soi, ce sont des préceptes que je me suis déjà répété.
Je pense souvent au futur, à ma vie comme j'aimerais qu'elle ressemble, mais quant au présent, il me semble encore un peu statique du fait de mes contraintes, et d'un certain ennui existentiel.
Je m'intéresse parfois à l'état du monde, à ses problématiques assez diverses, tout en restant détaché, comme si le monde ne me concernait pas assez.
Vers quoi se porter ? La distraction ? Les passions ? L'érudition ? Les projets ? La vie relationnelle ? Le développement personnel ? La spiritualité ? De nouvelles expériences ?
J'ai un petit cercle d'amis assez différents, rencontrés au fil des années souvent autour d'intérêts communs. Les uns sont solitaires, d'autres plus relationnels. Certains vont bien, d'autres moins. Je les soutiens, j'aide, dans la mesure de ce que je peux, je peux amuser ou faire rire. Ils me permettent des moments de partage, et de découvrir des choses que je n'aurais pas perçues autrement.
Pourtant, en ce moment, je m'isole, j'ai l'impression que moi seul peut régler ma baisse de motivation, je n'arrive pas à demander à ce qu'on aide, aussi.
J'ai plutôt un profil créatif, l'art me passionne, du moins dans certaines branches, d'ailleurs j'ai encore quelques projets ou activités de ce côté, bien que depuis un moment, les choses avancent peu.
J'ai souvent une soif d'échanger, mais avec la nature autistique, les rapports peuvent être difficiles à construire. Des Aspies que je connais sont plus solitaires que moi, il leur faut leur paix et leur espace. Les activités grégaires peuvent m'être peu accessibles à cause des surcharges qu'on connaît souvent ici.
Le contact social comme tel m'intéresse peu, je suis plus à la recherche de contact humain, ce qui pour nous est bien difficile car il dépend à la fois de soi, et de trouver les âmes qui seront réceptives à notre présence.
Des personnes en sont un peu dans une situation proche ?
J'espère que le post ne paraîtra pas trop abstrait ou ennuyeux.
Au plaisir de lire vos retours. Bonne journée.
HPI (testé en 2017)
TSA (diagnostiqué en 2019)
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Je me retrouve pas mal dans ce que tu écris, donc ça ne me paraît pas abstrait ou ennuyeux, bien que moi-même je doive paraître ainsi aux yeux des autres.
J'aime me sentir proche d'une autre personne sans me sentir envahie, j'aime partager mes centres d'intérêt, bref j'aime quand je sens qu'on va pouvoir aller loin dans les échanges intellectuels et quand je sais que je ne vais pas me sentir mal à l'aise ou bizarre, y compris en expliquant que j'ai certaines limites (fatigabilité, hypersensorialités). Mais est-ce que ce n'est pas ce que tout le monde recherche finalement: des gens gentils, intéressants, non jugeants?
A vrai dire, j'ai du mal à imaginer qu'on puisse ne pas se retrouver (du tout) dans ton post.
A la grande différence pour moi que je n'ai pas réussi à établir un cercle d'amis, si petit soit-il.
Et je pense que tout un chacun doit parfois faire face à ces phases de repli et se motiver seul pour voir du monde ou créer des liens.
Evidemment c'est sûrement plus douloureux et long pour certains que pour d'autres.
Qu'est-ce que tu définis par contacts humains et âmes réceptives du coup?
J'aime me sentir proche d'une autre personne sans me sentir envahie, j'aime partager mes centres d'intérêt, bref j'aime quand je sens qu'on va pouvoir aller loin dans les échanges intellectuels et quand je sais que je ne vais pas me sentir mal à l'aise ou bizarre, y compris en expliquant que j'ai certaines limites (fatigabilité, hypersensorialités). Mais est-ce que ce n'est pas ce que tout le monde recherche finalement: des gens gentils, intéressants, non jugeants?
A vrai dire, j'ai du mal à imaginer qu'on puisse ne pas se retrouver (du tout) dans ton post.
A la grande différence pour moi que je n'ai pas réussi à établir un cercle d'amis, si petit soit-il.
Et je pense que tout un chacun doit parfois faire face à ces phases de repli et se motiver seul pour voir du monde ou créer des liens.
Evidemment c'est sûrement plus douloureux et long pour certains que pour d'autres.
Qu'est-ce que tu définis par contacts humains et âmes réceptives du coup?
TSA HPI
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Merci @Pimpoline pour cette réponse qui me permet de me sentir moins seul, souvent quand j'ouvre un sujet par ci par là, ça souvent fait des flop et des plouf sans écho, ahah.
Oui, pareil pour ne pas être envahi, ni envahir personne. Tout lien doit être volontaire pour chacun.
De toutes façons, il y a des amis que je vois rarement vu qu'ils ne sortent pas trop. Pour ma part, si j'étais plus entouré, je sortirais peut-être plus explorer le monde dehors. Mais seul, ça m'arrive aussi. Un musée, une marche, etc.
Pareil, j'aime être avec des gens ayant un sens humain, intéressants, passionnés, originaux, perspicaces, stimulants, amusants, drôles, ayant leur caractère et leurs manies, qui m'apprennent quelque chose que je ne savais ou ne connaissais pas... Biensûr qu'on ne peut pas être tout, on ne peut pas avoir toutes les personnalités non plus.
Contacts humains ou âmes réceptives...
C'est vague et abstrait, je l'avoue. Hmm au-delà d'un échange d'infos ou de dire ce qu'on fait ou aime, quelque chose de plus, je ne sais pas, chacun l'a déjà éprouvé j'imagine. Des discussions ou des expériences qui nous transportent, où chacun prend part dans l'échange et où il y a une curiosité ou un écho partagé...?
Ce que je ne trouve pas beaucoup au quotidien, où on parle beaucoup de nos affaires matérielles, temporelles, etc. Voilà...
Oui, pareil pour ne pas être envahi, ni envahir personne. Tout lien doit être volontaire pour chacun.
De toutes façons, il y a des amis que je vois rarement vu qu'ils ne sortent pas trop. Pour ma part, si j'étais plus entouré, je sortirais peut-être plus explorer le monde dehors. Mais seul, ça m'arrive aussi. Un musée, une marche, etc.
Pareil, j'aime être avec des gens ayant un sens humain, intéressants, passionnés, originaux, perspicaces, stimulants, amusants, drôles, ayant leur caractère et leurs manies, qui m'apprennent quelque chose que je ne savais ou ne connaissais pas... Biensûr qu'on ne peut pas être tout, on ne peut pas avoir toutes les personnalités non plus.
Contacts humains ou âmes réceptives...
C'est vague et abstrait, je l'avoue. Hmm au-delà d'un échange d'infos ou de dire ce qu'on fait ou aime, quelque chose de plus, je ne sais pas, chacun l'a déjà éprouvé j'imagine. Des discussions ou des expériences qui nous transportent, où chacun prend part dans l'échange et où il y a une curiosité ou un écho partagé...?
Ce que je ne trouve pas beaucoup au quotidien, où on parle beaucoup de nos affaires matérielles, temporelles, etc. Voilà...
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Je me retrouve également en partie dans ce que tu as écrit. J'ai peu d'ami(e)s, et il me suffit généralement de les voir une ou deux fois par an, mais en dehors de cela, je pense à eux, ils sont "présents" pour moi. J'aime aussi garder des contacts par mail.Veilleur a écrit : J'ai souvent une soif d'échanger, mais avec la nature autistique, les rapports peuvent être difficiles à construire. Des Aspies que je connais sont plus solitaires que moi, il leur faut leur paix et leur espace. Les activités grégaires peuvent m'être peu accessibles à cause des surcharges qu'on connaît souvent ici.
Le contact social comme tel m'intéresse peu, je suis plus à la recherche de contact humain, ce qui pour nous est bien difficile car il dépend à la fois de soi, et de trouver les âmes qui seront réceptives à notre présence.
Pour rencontrer des gens avec qui on ait une chance d'entrer dans une discussion intéressante, je pense qu'il faut des circonstances particulières qu'on ne trouve pas souvent : tu cites partager des intérêts communs, j'ajouterais avoir une occasion de les aborder, et souvent pour cela, être dans un endroit calme, pour pouvoir s'absorber dans la discussion, et être seuls. Les discussions sont beaucoup plus aléatoires quand on se retrouve à plusieurs personnes, sauf si on se connaît déjà bien.
J'ai la capacité en revanche utile d'être tellement absorbée dans une discussion quand je la trouve intéressante, que j'oublie tout autour, il n'y a plus que ce partage d'idées qui compte, et ça donne une intensité particulière, qui me permet ensuite de revivre ce moment, et de prolonger l'échange dans ma tête.
J'apprécie particulièrement les amitiés dans lesquelles il est possible de continuer à avoir des échanges de fond par écrit, mais c'est très rare.
Pour le sentiment d'ennui existentiel, c'est peut-être que vers 30 ans tu te sens encore dans une sorte de provisoire, de recherche, et tu te dis que tu ne devrais pas en être là ?
Mais c'est peut-être le mode de vie qui te convient, aussi.
Diagnostic d'autisme juillet 2019.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
@Lulamae :
Merci pour ta réponse.
Ça me plaît aussi de converser par mail différé, pour le côté correspondance où on s'applique à répondre à plusieurs sujets, où on découvre un peu la façon d'écrire ou de penser de l'autre... ça permet d'être un peu plus exhaustif dans ses réponses et de développer un peu plus. C'est une manière d'échanger.
Pour le contexte des échanges... Endroit calme et être seuls. C'est assez vrai mais peu de situations quotidiennes me le permettent vraiment.
Les gens semblent le plus souvent pressés et ne prennent pas la peine de parler vraiment. Juste de balancer quelques phrases ou remarques rapides avec leurs petits codes et leurs petits jeux à eux qui sont parfois une manière de tester si on est comme eux, si on est de la même espèce sociale, et si l'échange peut se poursuivre.
Mais ça ne marche pas bien avec moi.
Après je n'ai pas vraiment d'activités ou ateliers me permettant de voir d'autres gens. Même si mes intérêts pourraient me le permettre.
Le plus souvent aussi quand je discute à deux (il faut deux personnes pour qu'il y ait un dialogue, sinon seule une parle..) je suis assez impliqué aussi.
Mais ça ne m'empêche pas de me sentir un peu seul parmi l'humanité ces temps-ci.
Non. L'ennui existentiel n'est pas vraiment un mode de vie qui me convient vu que cela me pèse plutôt ces temps-ci... C'est justement la recherche d'un autre état ou d'une autre étape, entrer dans une phase où on fait ce qui correspond à notre nature.
Pour le reste, j'ai des choses à faire... Mais mon présent manque d'intérêt pour la vie terrestre ralentit beaucoup mon élan.
Merci pour ta réponse.
Ça me plaît aussi de converser par mail différé, pour le côté correspondance où on s'applique à répondre à plusieurs sujets, où on découvre un peu la façon d'écrire ou de penser de l'autre... ça permet d'être un peu plus exhaustif dans ses réponses et de développer un peu plus. C'est une manière d'échanger.
Pour le contexte des échanges... Endroit calme et être seuls. C'est assez vrai mais peu de situations quotidiennes me le permettent vraiment.
Les gens semblent le plus souvent pressés et ne prennent pas la peine de parler vraiment. Juste de balancer quelques phrases ou remarques rapides avec leurs petits codes et leurs petits jeux à eux qui sont parfois une manière de tester si on est comme eux, si on est de la même espèce sociale, et si l'échange peut se poursuivre.
Mais ça ne marche pas bien avec moi.
Après je n'ai pas vraiment d'activités ou ateliers me permettant de voir d'autres gens. Même si mes intérêts pourraient me le permettre.
Le plus souvent aussi quand je discute à deux (il faut deux personnes pour qu'il y ait un dialogue, sinon seule une parle..) je suis assez impliqué aussi.
Mais ça ne m'empêche pas de me sentir un peu seul parmi l'humanité ces temps-ci.
Non. L'ennui existentiel n'est pas vraiment un mode de vie qui me convient vu que cela me pèse plutôt ces temps-ci... C'est justement la recherche d'un autre état ou d'une autre étape, entrer dans une phase où on fait ce qui correspond à notre nature.
Pour le reste, j'ai des choses à faire... Mais mon présent manque d'intérêt pour la vie terrestre ralentit beaucoup mon élan.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Sus à la dictature du travail à temps plein. Celui-ci (avec l'industrie du divertissement, la société du spectacle de Guy Debord) nous bouffe des parts du marché cognitif (lire La démocratie des crédules, de Gérald Bronner
Attention au bore-out, syndrome de l'ennui [professionnel].
Not just for money. Not for power. Not for paper.
What is a paper without pepper ? À quoi bon des billets de banques et des diplômes si la vie n'est pas pimentée ?
Voilà pourquoi je ne recherche pas le travail à temps plein (surtout qu'on peut s'interroger sur les impacts social et écologiques des divers métiers). J'ai alors du temps libre à consacrer à mes divers intérêts spécifiques, encore que ce temps libre ne me suffit pas. En tout cas, ceux-ci ne sont pas orientés vers la rentabilité, encore moins vers le profit, mais plutôt vers la compréhension des comportements, vers le partage et la sérénité, vers l'humilité et le lâcher-prise.
Par contre, je suis moins intéressé par l'échange que par la lecture et l'apprentissage. Pour le partage, je vais souvent pointer vers un lien, partager des fichiers ou conseiller d'acheter tel livre.
Attention au bore-out, syndrome de l'ennui [professionnel].
Not just for money. Not for power. Not for paper.
What is a paper without pepper ? À quoi bon des billets de banques et des diplômes si la vie n'est pas pimentée ?
Voilà pourquoi je ne recherche pas le travail à temps plein (surtout qu'on peut s'interroger sur les impacts social et écologiques des divers métiers). J'ai alors du temps libre à consacrer à mes divers intérêts spécifiques, encore que ce temps libre ne me suffit pas. En tout cas, ceux-ci ne sont pas orientés vers la rentabilité, encore moins vers le profit, mais plutôt vers la compréhension des comportements, vers le partage et la sérénité, vers l'humilité et le lâcher-prise.
Par contre, je suis moins intéressé par l'échange que par la lecture et l'apprentissage. Pour le partage, je vais souvent pointer vers un lien, partager des fichiers ou conseiller d'acheter tel livre.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
Diagnostiqué autiste en l'été 2014
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Bonjour,
Je me suis moi aussi beaucoup reconnu dans vos posts.
J'ai 26 ans, j'ai un diplôme de M2 pas très vendeur sur le marché de l'emploi (beurk beurk, je rejoins freeshost sur le refus de l'injonction à l'emploi (et non au travail, cf B. Friot sur la différence entre les deux)). Après avoir fait quelques jobs par-ci par-là, j'ai passé le capes, fait une première année de stage à l'issue duquel je n'ai pas été titularisé donc je recommence.
Je m'en suis toujours très bien sorti à l'école ou dans mes études, même lorsque je n'étais pas capable d'écouter ou de rester physiquement en classe. Mais à cette époque, je pouvais encore si j'en avais besoin sécher une journée de cours (et c'est arrivé très souvent à l'université, il y a même eu des semestres entiers où je n'allais pas en cours). Je pouvais ne pas me lier avec les gens de ma formation sans conséquences.
Au travail, je fais cours seul à des classes de 30 élèves, le lieu de pause me paraît extrêmement bruyant, il y a ces reunions avec 10 ou 15 ou l'ensemble des collègues. Je dois passer minimum 2h30 par jour dans les transports en commun. Et je trouve tout cela terriblement épuisant, mais je ne vois pas quoi faire d'autre de ma vie et puis malgré ces difficultés, j'aime mes élèves, j'aime préparer leurs cours, je suis ravi-e quand une heure de cours se passe bien et/ou que je vois un-e élève s'accrocher et faire des progrès, j'aime aussi corriger leurs travaux et leur rendre avec un commentaire et des conseils individualisés. Du coup, je ne sais pas tellement comment concilier mes difficultés et ce métier que j'aime, qui est déjà difficile en stage à 9h de cours/semaine + 2 jours de fac (où je pense demander la non-assiduité), me demandera encore plus de temps et d'énergie si je suis titularisé : 28h de cours/semaine + toute la préparation, les reunions, les corrections, le temps en transport, les pauses dans une salle bruyante avec des collègues avec lesquels j'ai la majorité du temps de grandes difficultés à communiquer au delà du "Salut, ça va?".
Quand je ne suis pas au travail, j'aimerais voir d'autres gens. Mais à part mon copain et certain-e-s de ses proches ami-e-s (que je n'ose pas tellement contacter quand je suis seul-e, même si nous sommes devenu-e-s amu-e-s aussi) je ne connais personne dans cette trop grosse ville que je n'habite que depuis un an et demi. Je n'ai généralement pas le courage d'aller initier de nouveaux contacts. De fait, je suis tellement sensible aux bruits et aux contacts visuels (plus qu'aux autres stimuli) que lorsque je suis seul-e dès que je sors je porte un casque avec de la musique très fort et je fais une activité qui me permet d'être en mode bulle: par exemple jouer à apparier les couleurs du décor autour de moi, lire en marchant ou là où je suis...
J'ai aussi du mal à analyser certaines situations sociales, expressions de visage, blagues... Et du coup, le courant ne passe pas avec beaucoup de gens car leurs conversations me paraissent très plates. Après une de ces conversations avec des copains à lui, mon concubin m'a expliqué récemment qu'il y avait des enjeux implicites que je n'avais pas du tout perçus. Et je peux aussi avoir des bugs, par exemple ne pas savoir à quel moment je suis sensé parler ou si une conversation est ouverte ou fermée. Tout ça m'angoisse beaucoup, et de toute façon je trouve les trois quarts des conversations des gens inintéressantes ou me sens en décalage.
Pour toutes ces raisons, je ne sors presque plus sans mon amoureux et me replie beaucoup sur moi, je n'ose même plus la plupart du temps proposer des sorties à mes ami-e-s parce que je sais qu'au bout d'une heure ou deux tout m'aggressera et que j'aurai besoin de prendre un anxiolytique (j'essaye de me médiquer le moins possible) ou de me boucher les oreilles et/ou me rouler en boule, etc. Mais sociabiliser presque uniquement avec mon copain fait peser une grosse responsabilité sur lui et ce n'est pas très juste, car je peux faire une crise d'angoisse s'il m'annonce qu'il fera sans moi une sortie qui n'était pas prévue ou s'il me prévient seulement la veille. Après je m'en veux et c'est encore pire, donc l'angoisse remonte, et je m'en veux donc ça monte encore...
Du coup, j'essaye de sortir de cette phase de repli mais je trouve ça très difficile. Je me sens presque en permanence en décalage avec les gens, j'ai du mal à savoir comment me comporter ou quoi dire, et souvent je ne trouve pas d'intérêt à ces échanges ou ne trouve pas les personnes très intéressantes.
Comme vous, j'aimerais rencontrer des personnes avec qui il soit possible de discuter ou faire d'autres choses dans un endroit calme et qui comprennent mes limites. Et avec qui on puisse s'apprendre des choses mutuellement, s'amuser (en dehors des codes "normaux" de l'humour), stimuler nos curiosités et nos passions. J'ai eu un bon début hier car je devais être seul-e le soir et pour éviter une nouvelle crise d'angoisse et de déprime de plusieurs heures j'ai proposé à des amies rencontrées par mon amoureux de sortir. Je leur ai expliqué que je n'allais pas très bien pour tout un tas de raisons qui s'accumulent, et toutes les deux m'ont dit que la prochaine fois que j'angoisse ainsi d'être trop seul-e et aussi d'être exposé à trop de bruit ou d'interaction, je peux les contacter et aller chez elles quelques heures ou quelques jours, que si je n'ai pas envie de parler ce n'est pas un problème. Ce sont deux amies très intelligentes et avec des connaissances dans des domaines variés, qui connaissent mes difficultés quotidiennes et m'acceptent comme je suis et ça fait du bien. J'ai été très touché et j'espère que j'oserai le faire, mais ça m'angoisse aussi d'aller me poser dans un endroit que je ne maîtrise pas bien, auquel je ne suis pas habitué-e.
ps: Merci à tous les membres du forums, grâce à vous je me sens moins seul.
Je me suis moi aussi beaucoup reconnu dans vos posts.
J'ai 26 ans, j'ai un diplôme de M2 pas très vendeur sur le marché de l'emploi (beurk beurk, je rejoins freeshost sur le refus de l'injonction à l'emploi (et non au travail, cf B. Friot sur la différence entre les deux)). Après avoir fait quelques jobs par-ci par-là, j'ai passé le capes, fait une première année de stage à l'issue duquel je n'ai pas été titularisé donc je recommence.
Je m'en suis toujours très bien sorti à l'école ou dans mes études, même lorsque je n'étais pas capable d'écouter ou de rester physiquement en classe. Mais à cette époque, je pouvais encore si j'en avais besoin sécher une journée de cours (et c'est arrivé très souvent à l'université, il y a même eu des semestres entiers où je n'allais pas en cours). Je pouvais ne pas me lier avec les gens de ma formation sans conséquences.
Au travail, je fais cours seul à des classes de 30 élèves, le lieu de pause me paraît extrêmement bruyant, il y a ces reunions avec 10 ou 15 ou l'ensemble des collègues. Je dois passer minimum 2h30 par jour dans les transports en commun. Et je trouve tout cela terriblement épuisant, mais je ne vois pas quoi faire d'autre de ma vie et puis malgré ces difficultés, j'aime mes élèves, j'aime préparer leurs cours, je suis ravi-e quand une heure de cours se passe bien et/ou que je vois un-e élève s'accrocher et faire des progrès, j'aime aussi corriger leurs travaux et leur rendre avec un commentaire et des conseils individualisés. Du coup, je ne sais pas tellement comment concilier mes difficultés et ce métier que j'aime, qui est déjà difficile en stage à 9h de cours/semaine + 2 jours de fac (où je pense demander la non-assiduité), me demandera encore plus de temps et d'énergie si je suis titularisé : 28h de cours/semaine + toute la préparation, les reunions, les corrections, le temps en transport, les pauses dans une salle bruyante avec des collègues avec lesquels j'ai la majorité du temps de grandes difficultés à communiquer au delà du "Salut, ça va?".
Quand je ne suis pas au travail, j'aimerais voir d'autres gens. Mais à part mon copain et certain-e-s de ses proches ami-e-s (que je n'ose pas tellement contacter quand je suis seul-e, même si nous sommes devenu-e-s amu-e-s aussi) je ne connais personne dans cette trop grosse ville que je n'habite que depuis un an et demi. Je n'ai généralement pas le courage d'aller initier de nouveaux contacts. De fait, je suis tellement sensible aux bruits et aux contacts visuels (plus qu'aux autres stimuli) que lorsque je suis seul-e dès que je sors je porte un casque avec de la musique très fort et je fais une activité qui me permet d'être en mode bulle: par exemple jouer à apparier les couleurs du décor autour de moi, lire en marchant ou là où je suis...
J'ai aussi du mal à analyser certaines situations sociales, expressions de visage, blagues... Et du coup, le courant ne passe pas avec beaucoup de gens car leurs conversations me paraissent très plates. Après une de ces conversations avec des copains à lui, mon concubin m'a expliqué récemment qu'il y avait des enjeux implicites que je n'avais pas du tout perçus. Et je peux aussi avoir des bugs, par exemple ne pas savoir à quel moment je suis sensé parler ou si une conversation est ouverte ou fermée. Tout ça m'angoisse beaucoup, et de toute façon je trouve les trois quarts des conversations des gens inintéressantes ou me sens en décalage.
Pour toutes ces raisons, je ne sors presque plus sans mon amoureux et me replie beaucoup sur moi, je n'ose même plus la plupart du temps proposer des sorties à mes ami-e-s parce que je sais qu'au bout d'une heure ou deux tout m'aggressera et que j'aurai besoin de prendre un anxiolytique (j'essaye de me médiquer le moins possible) ou de me boucher les oreilles et/ou me rouler en boule, etc. Mais sociabiliser presque uniquement avec mon copain fait peser une grosse responsabilité sur lui et ce n'est pas très juste, car je peux faire une crise d'angoisse s'il m'annonce qu'il fera sans moi une sortie qui n'était pas prévue ou s'il me prévient seulement la veille. Après je m'en veux et c'est encore pire, donc l'angoisse remonte, et je m'en veux donc ça monte encore...
Du coup, j'essaye de sortir de cette phase de repli mais je trouve ça très difficile. Je me sens presque en permanence en décalage avec les gens, j'ai du mal à savoir comment me comporter ou quoi dire, et souvent je ne trouve pas d'intérêt à ces échanges ou ne trouve pas les personnes très intéressantes.
Comme vous, j'aimerais rencontrer des personnes avec qui il soit possible de discuter ou faire d'autres choses dans un endroit calme et qui comprennent mes limites. Et avec qui on puisse s'apprendre des choses mutuellement, s'amuser (en dehors des codes "normaux" de l'humour), stimuler nos curiosités et nos passions. J'ai eu un bon début hier car je devais être seul-e le soir et pour éviter une nouvelle crise d'angoisse et de déprime de plusieurs heures j'ai proposé à des amies rencontrées par mon amoureux de sortir. Je leur ai expliqué que je n'allais pas très bien pour tout un tas de raisons qui s'accumulent, et toutes les deux m'ont dit que la prochaine fois que j'angoisse ainsi d'être trop seul-e et aussi d'être exposé à trop de bruit ou d'interaction, je peux les contacter et aller chez elles quelques heures ou quelques jours, que si je n'ai pas envie de parler ce n'est pas un problème. Ce sont deux amies très intelligentes et avec des connaissances dans des domaines variés, qui connaissent mes difficultés quotidiennes et m'acceptent comme je suis et ça fait du bien. J'ai été très touché et j'espère que j'oserai le faire, mais ça m'angoisse aussi d'aller me poser dans un endroit que je ne maîtrise pas bien, auquel je ne suis pas habitué-e.
ps: Merci à tous les membres du forums, grâce à vous je me sens moins seul.
Kim-Agine, Kim-ono, Kim-mersion, Kimpossible, Kim-mortel...
Diagnostiquéx TSA et HP le 16 octobre 2019.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
@freeshost : Ah oui, le bore-out, j'en ai peur. C'est pour ça que je fais mon boulot, ce qui est demandé et nécessaire sans en demander plus, et en même temps je fais autre chose, pour pas dépérir dans notre beau système, en plus je suis fonctionnaire !
J'aimerais me reconvertir, mais là, ça dépend de moi, je ne vais pas me plaindre si je n'y oeuvre pas assez sur le temps qu'il me reste, même si c'est encore délicat de cumuler job, fatigabilité, et projet de réorientation.
@Kimagine : être prof et aspie, ça doit être compliqué...
Pour les échanges... je pense qu'angoisser nous dessert à notre insu, car on va se restreindre et nous empêcher de prendre part à l'échange. Quelqu'un qui parle avec entrain et passion, ça ne peut qu'attirer les personnes qu'il nous faut ? Et puis les autres, voilà... ça peut paraître simpliste, mais la peur de déplaire nuit peut-être plus que la simple recherche ou envie d'échanger. Les personnes passionnées attirent, il ne faut pas le négliger. ça peut être un avantage à nous aspies. Même si le monde peut être démotivant.
Et pour les limites, bah... autant en parler que faire semblant de rentrer dans un cadre qui ne nous convient pas et qui nous empêchera de donner de notre meilleur. Enfin je pense. Vaut mieux avoir des personnes soucieuses de tes distinctions que ceux qui les ignorent, alors peut-être qu'en parler peut aider chacun dans le lien. Ceux qui partiront n'en auront pas tant valu la peine. Se révéler aide, sinon on n'est que masqué. Mais ça dépend si on a affaire à des connaissances ou plus !
ça me fait penser à deux amis à qui j'ai fini par dire que je suis aspie, ils l'acceptent bien, avec bienveillance, tolérance et soucis de l'autre. Le seul ennui, c'est que je les apprécie, je suis content de les savoir bien dans leur présent, avec ses surprises, avec leurs projets. Mais je ne m'y reconnais pas entièrement, je les respecte et je suis reconnaissant de l'amitié qu'on se donne. Mais sur certains sujets, je peux paraître trop morose, complexe, étrange, incompris, absorbé par des idées impossibles ou lointaines. Les amis ne sont pas identiques, mais offrent à l'autre de l'écoute et de l'acceptation... Et des amis neurotypiques peuvent aider à comprendre le monde, ça peut me blaser ou me faire peur d'essayer, mais ça dépend de ce qu'on vise aussi. On peut leur apporter aussi, énormément, car nous voyons le monde autrement, sans préjugés ou idées pré-conçues. C'est du gagnant-gagnant dans le meilleur des cas.
J'aimerais me reconvertir, mais là, ça dépend de moi, je ne vais pas me plaindre si je n'y oeuvre pas assez sur le temps qu'il me reste, même si c'est encore délicat de cumuler job, fatigabilité, et projet de réorientation.
@Kimagine : être prof et aspie, ça doit être compliqué...
Pour les échanges... je pense qu'angoisser nous dessert à notre insu, car on va se restreindre et nous empêcher de prendre part à l'échange. Quelqu'un qui parle avec entrain et passion, ça ne peut qu'attirer les personnes qu'il nous faut ? Et puis les autres, voilà... ça peut paraître simpliste, mais la peur de déplaire nuit peut-être plus que la simple recherche ou envie d'échanger. Les personnes passionnées attirent, il ne faut pas le négliger. ça peut être un avantage à nous aspies. Même si le monde peut être démotivant.
Et pour les limites, bah... autant en parler que faire semblant de rentrer dans un cadre qui ne nous convient pas et qui nous empêchera de donner de notre meilleur. Enfin je pense. Vaut mieux avoir des personnes soucieuses de tes distinctions que ceux qui les ignorent, alors peut-être qu'en parler peut aider chacun dans le lien. Ceux qui partiront n'en auront pas tant valu la peine. Se révéler aide, sinon on n'est que masqué. Mais ça dépend si on a affaire à des connaissances ou plus !
ça me fait penser à deux amis à qui j'ai fini par dire que je suis aspie, ils l'acceptent bien, avec bienveillance, tolérance et soucis de l'autre. Le seul ennui, c'est que je les apprécie, je suis content de les savoir bien dans leur présent, avec ses surprises, avec leurs projets. Mais je ne m'y reconnais pas entièrement, je les respecte et je suis reconnaissant de l'amitié qu'on se donne. Mais sur certains sujets, je peux paraître trop morose, complexe, étrange, incompris, absorbé par des idées impossibles ou lointaines. Les amis ne sont pas identiques, mais offrent à l'autre de l'écoute et de l'acceptation... Et des amis neurotypiques peuvent aider à comprendre le monde, ça peut me blaser ou me faire peur d'essayer, mais ça dépend de ce qu'on vise aussi. On peut leur apporter aussi, énormément, car nous voyons le monde autrement, sans préjugés ou idées pré-conçues. C'est du gagnant-gagnant dans le meilleur des cas.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Aujourd'hui je repense à ton sujet et je m'y retrouve davantage que l'autre jour, en le relisant.
Y compris dans ton dernier message, où tu évoques les limites des échanges avec tes amis. J'imagine qu'on a tous des bordures qui sont plus ou moins étanches aux autres.
Il y a bien des choses qu'on a du mal à comprendre chez l'autre, même avec la meilleure écoute.
On ne peut pas être en phase tout le temps.
Or donc je me demande ce qui compte le plus, ce qui est le plus important pour toi (je me pose la même question pour moi et j'ai bien du mal à y répondre):
te sentir entouré tel que tu sembles l'être (relativement), avec des gens respectueux et bienveillants mais qui ne te suivront pas dans tous tes délires?
avoir des échanges fournis et denses par écrit, comme ici, avec des gens qui auront l'avantage de te nourrir sur des sujets qui vous sont communs, où la notion d'échange intellectuel prendra le pas peut-être sur le reste?
un mélange de tout ça, le beurre et l'argent du beurre, la tête et le coeur?
Je suis tellement d'accord avec lulamae sur le caractère contextuel de la création des liens. Il sera évidemment toujours impossible de réunir des conditions parfaites, ça n'existe pas.
Je me suis pour ma part donné comme ligne de conduite de me fier à mon intuition: si je ne sens vraiment pas la personne, je n'insiste pas.
Si ça se passe bien lors d'un premier échange, alors j'essaie de rester ouverte à d'autres opportunités de creuser. Même si ça n'a pas fait boum du premier coup (amicalement parlant).
Je me sens obligée de faire ça car j'aimerais qu'on le fasse pour moi: il est très rare que je puisse me montrer sous mon meilleur et vrai jour, dans les contexte standards d'échanges sociaux.
Je sais qu'il en va de même pour plein de gens, alors j'estime que je dois laisser une chance à l'autre de m'en apprendre davantage sur lui, à sa façon. Je te rejoins sur le fait que les autres ont quelque chose à nous apporter, neurotypiques ou pas (heureusement hein, sinon on n'aurait plus à couper la Terre en deux).
Evidemment tout ça c'est de la théorie, en réalité le terrain d'expérimentation est très limité me concernant. Mais depuis que je fais comme ça, je sens que je lâche prise davantage.
Ce qui est difficile à accepter reste de fragmenter ses relations, de constater qu'elles ont des limites, qu'on peut voir certaines personnes et se sentir bien avec elles dans des situations données mais que dans d'autres on n'a rien à faire avec elles. Et cela même sans que la relation soit taxée de superficielle. Je suis encore en recherche d'une relation "globale" où tout serait facile et intense. ça n'existe pas, du coup je me sens fatiguée parfois de m'éparpiller dans différents liens si peu nombreux soient-ils, qui ne m'apportent qu'une pincée de ceci ou cela, qui ne vont pas très loin finalement... et qui pourraient disparaître d'un coup sans que ça me fasse grand chose (ça m'affole toujours un peu de réaliser ça, pourtant c'est la vérité et je sais qu'on est plusieurs ici comme ça).
Difficile aussi de savoir quelles sont les attentes de l'autre, pour ma part j'ai l'impression que les autres sont toujours moins exigeants que moi, à tous niveaux. J'ai pourtant pas l'impression d'attendre grand chose, si ce n'est du respect mutuel (ok ça engendre entre autres la ponctualité et la franchise, moi ça me paraît le minimum, on dirait que c'est peu partagé), du plaisir à passer du temps avec l'autre (dans la limite de mes capacités, y compris celle à avoir envie de voir l'autre).
Et comme tu dis, tout dépend de ce qu'on vise. Tu dirais que tu es frustré par tes relations amicales (celles que tu as décrites)?
Est-ce que tu as parfois envie de les laisser tomber, et que tu continues à entretenir le lien par habitude ou par sécurité affective?
Y compris dans ton dernier message, où tu évoques les limites des échanges avec tes amis. J'imagine qu'on a tous des bordures qui sont plus ou moins étanches aux autres.
Il y a bien des choses qu'on a du mal à comprendre chez l'autre, même avec la meilleure écoute.
On ne peut pas être en phase tout le temps.
Or donc je me demande ce qui compte le plus, ce qui est le plus important pour toi (je me pose la même question pour moi et j'ai bien du mal à y répondre):
te sentir entouré tel que tu sembles l'être (relativement), avec des gens respectueux et bienveillants mais qui ne te suivront pas dans tous tes délires?
avoir des échanges fournis et denses par écrit, comme ici, avec des gens qui auront l'avantage de te nourrir sur des sujets qui vous sont communs, où la notion d'échange intellectuel prendra le pas peut-être sur le reste?
un mélange de tout ça, le beurre et l'argent du beurre, la tête et le coeur?
Je suis tellement d'accord avec lulamae sur le caractère contextuel de la création des liens. Il sera évidemment toujours impossible de réunir des conditions parfaites, ça n'existe pas.
Je me suis pour ma part donné comme ligne de conduite de me fier à mon intuition: si je ne sens vraiment pas la personne, je n'insiste pas.
Si ça se passe bien lors d'un premier échange, alors j'essaie de rester ouverte à d'autres opportunités de creuser. Même si ça n'a pas fait boum du premier coup (amicalement parlant).
Je me sens obligée de faire ça car j'aimerais qu'on le fasse pour moi: il est très rare que je puisse me montrer sous mon meilleur et vrai jour, dans les contexte standards d'échanges sociaux.
Je sais qu'il en va de même pour plein de gens, alors j'estime que je dois laisser une chance à l'autre de m'en apprendre davantage sur lui, à sa façon. Je te rejoins sur le fait que les autres ont quelque chose à nous apporter, neurotypiques ou pas (heureusement hein, sinon on n'aurait plus à couper la Terre en deux).
Evidemment tout ça c'est de la théorie, en réalité le terrain d'expérimentation est très limité me concernant. Mais depuis que je fais comme ça, je sens que je lâche prise davantage.
Ce qui est difficile à accepter reste de fragmenter ses relations, de constater qu'elles ont des limites, qu'on peut voir certaines personnes et se sentir bien avec elles dans des situations données mais que dans d'autres on n'a rien à faire avec elles. Et cela même sans que la relation soit taxée de superficielle. Je suis encore en recherche d'une relation "globale" où tout serait facile et intense. ça n'existe pas, du coup je me sens fatiguée parfois de m'éparpiller dans différents liens si peu nombreux soient-ils, qui ne m'apportent qu'une pincée de ceci ou cela, qui ne vont pas très loin finalement... et qui pourraient disparaître d'un coup sans que ça me fasse grand chose (ça m'affole toujours un peu de réaliser ça, pourtant c'est la vérité et je sais qu'on est plusieurs ici comme ça).
Difficile aussi de savoir quelles sont les attentes de l'autre, pour ma part j'ai l'impression que les autres sont toujours moins exigeants que moi, à tous niveaux. J'ai pourtant pas l'impression d'attendre grand chose, si ce n'est du respect mutuel (ok ça engendre entre autres la ponctualité et la franchise, moi ça me paraît le minimum, on dirait que c'est peu partagé), du plaisir à passer du temps avec l'autre (dans la limite de mes capacités, y compris celle à avoir envie de voir l'autre).
Et comme tu dis, tout dépend de ce qu'on vise. Tu dirais que tu es frustré par tes relations amicales (celles que tu as décrites)?
Est-ce que tu as parfois envie de les laisser tomber, et que tu continues à entretenir le lien par habitude ou par sécurité affective?
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Bonjour. J'ai une question, est ce que ce n'est pas la quasi totalité des gens qui ressentent ça ? Ou c'est seulement chez les "autistes" ou "HP"? Je ne vois pas comment une personne pourrait aimer passer son temps avec pleins gens différents. Aussi ça existe une personne qui ne se pose pas la question de l'ennui dans sa vie ? . Par exemple moi quand j'avais une petite amie j'aimais passer mon temps avec elle et du temps avec mes deux amis. Par contre c'était vraiment épuisant de rencontrer sont cercle d'amies, j'avais l'impression d'être en représentation... Déjà pour commencer comme tout clown qui se respecte je devais mettre mon déguisement ( porter une chemise...) puis je devais mettre un peu d'ambiance et être communicatif (faire un compliment mais pas deux, écouter et essayait de trouver intéressant ce que dit l'autre, répéter le même sketche avec les mêmes phrases qui ont son petit effet sur le public). Qui peut aimer ça franchement ?. Aussi s'ennuyer au travail... J'ai quasiment jamais vue une personne qui aimer vraiment son travail et donc c'est normal qui doivent se poser la question de l'ennui non ?. Je vous pose la question encore une fois, est ce que ce n'est pas tout simplement le fardeau de lettre humain de se poser continuellement ces questions ? Ps : c'est une question et non une affirmation.
Modifié en dernier par J'ai un coeur le jeudi 10 octobre 2019 à 17:39, modifié 1 fois.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Autour de moi j'ai pourtant vu des personnes avoir pas mal d'amis et aimer passer du temps avec eux.
Et ils avaient l'air d'aimer ça. Si c'était le sens ta question.
Il en faut pour tous les goûts! Et oui certains apprécient de faire la conversation, parler de tout et de rien avec beaucoup de gens. L'ennui n'a pas le même sens pour tout le monde.
Et ils avaient l'air d'aimer ça. Si c'était le sens ta question.
Il en faut pour tous les goûts! Et oui certains apprécient de faire la conversation, parler de tout et de rien avec beaucoup de gens. L'ennui n'a pas le même sens pour tout le monde.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Tu as raison et oui c'était le sens de ma question.pimpoline a écrit : ↑jeudi 10 octobre 2019 à 16:31 Autour de moi j'ai pourtant vu des personnes avoir pas mal d'amis et aimer passer du temps avec eux.
Et ils avaient l'air d'aimer ça. Si c'était le sens ta question.
Il en faut pour tous les goûts! Et oui certains apprécient de faire la conversation, parler de tout et de rien avec beaucoup de gens. L'ennui n'a pas le même sens pour tout le monde.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Je crois que tu parles du camouflage et c'est en effet ce qui est épuisant... Il y a plusieurs années je pensais, que c'était pareil pour tout le monde mais a y regarder de plus près beaucoup de personnes aiment réellement faire des voyages, rencontrer du monde, discuter de tout et de rien juste pour faire la conversation et n'aime pas se retrouver seul ou n'avoir personne à qui raconter ce qui se passe dans leur quotidien. ( Pour ma part, je ne comprendrais jamais comment on peut parler/ s'intéresser / savoir quoi répondre au banalité du style: "je suis allée voir machin ce matin", "j'ai pas su quoi choisir entre tel rouge à lèvres ou chaussures", "ce matin, j'ai pris deux cafés au lieu d'un"," tiens je t'ai pas dit, j'ai mal à une dent mais je veux pas aller chez le dentiste" etc... )J'ai un coeur a écrit : ↑jeudi 10 octobre 2019 à 14:37 Bonjour. J'ai une question, est ce que c'est tout simplement ce n'est pas la quasi totalité des gens qui ressentent ça ? Ou c'est seulement chez les "autistes" ou "HP"? Je ne vois pas comment une personne pourrait aimer passer son temps avec pleins gens différents. Aussi ça existe une personne qui ne se pose pas la question de l'ennui dans sa vie ? . Par exemple moi quand j'avais une petite amie j'aimais passer mon temps avec elle et du temps avec mes deux amis. Par contre c'était vraiment épuisant de rencontrer sont cercle d'amies, j'avais l'impression d'être en représentation... Déjà pour commencer comme tout clown qui se respecte je devais mettre mon déguisement ( porter une chemise...) puis je devais mettre un peu d'ambiance et être communicatif (faire un compliment mais pas deux, écouter et essayait de trouver intéressant ce que dit l'autre, répéter le même sketche avec les mêmes phrases qui ont son petit effet sur le public). Qui peut aimer ça franchement ?. Aussi s'ennuyer au travail... J'ai quasiment jamais vue une personne qui aimer vraiment son travail et donc c'est normal qui doivent se poser la question de l'ennui non ?.
Pour l'ennui au travail, je ne suis pas tout à fait du même avis. Certes, il a été prouvé qu'un peu plus de la moitié des français s'ennuie au travail
(source) mais ce qui veut dire que le reste aime ce qu'il fait. De mon point de vue, j'ai du mal à concevoir de faire un travail que je n'aime pas... J'aime ce que je fais le seul véritable ennui c'est de ne pas avoir assez de travail ce qui fait que les heures paraissent longues
Je ne sais pas. J'imagine qu'il nous arrive à tous de penser puisque c'est ce qui fait que nous sommes humains. Maintenant je ne suis pas sûre que nous soyons nombreux à nous prendre autant la tête sur ce type de questionsJ'ai un coeur a écrit : ↑jeudi 10 octobre 2019 à 14:37 Je vous pose la question encore une fois, est ce que ce n'est pas tout simplement le fardeau de l'être humain de se poser continuellement ces questions ? Ps : c'est une question et non une affirmation.
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Je crois que ce que j'ai mis en gras est une piste essentielle, qui vient peut-être davantage après le diagnostic que pendant les démarches - quoique pour moi c'est venu du moment où j'ai commencé le diagnostic, et ce durant un an.pimpoline a écrit : Ce qui est difficile à accepter reste de fragmenter ses relations, de constater qu'elles ont des limites, qu'on peut voir certaines personnes et se sentir bien avec elles dans des situations données mais que dans d'autres on n'a rien à faire avec elles. Et cela même sans que la relation soit taxée de superficielle. Je suis encore en recherche d'une relation "globale" où tout serait facile et intense. ça n'existe pas, du coup je me sens fatiguée parfois de m'éparpiller dans différents liens si peu nombreux soient-ils, qui ne m'apportent qu'une pincée de ceci ou cela, qui ne vont pas très loin finalement… et qui pourraient disparaître d'un coup sans que ça me fasse grand chose (ça m'affole toujours un peu de réaliser ça, pourtant c'est la vérité et je sais qu'on est plusieurs ici comme ça).
D'une certaine manière, la prise de conscience importante est l'immense fatigabilité qui tient au fait d'avoir des sollicitations et interactions forcées, parfois aussi des modes d'action qui ne sont pas les nôtres (par exemple, devoir écouter et regarder en même temps, ou deux personnes différentes qui me demandent un truc, et je ne sais déjà plus où donner de la tête ), et puis les sollicitations sensorielles permanentes, notamment le bruit, la lumière...
Partant de ça, tu vas réaliser que des interactions sociales, tu en as ta dose dans la journée (c'est peut-être plus dominant chez des personnes qui travaillent ou ont un environnement à subir), et te demander : est-ce que j'ai envie de ressortir voir des gens le soir et/ou le WE ? Est-ce que ça m'apporte des ressources et du bien-être ?
Il n'y a pas de fréquence type : il vaut mille fois mieux privilégier la qualité que la quantité - tu me diras : la qualité affective on n'a pas toujours le choix… Oui, mais si on lâche prise là-dessus, on est capable de prendre ce qui nous est donné.
Même quand j'étais seule chez moi toute la journée pendant deux ans, ça me suffisait nettement de croiser un voisin ou une voisine sympa avec son chien, et parler chien 2 mn. C'était MA relation sociale du jour, et c'était très bien comme ça. J'avais même fait un effort pour ça.
Je crois aussi que quand on pense qu'on devrait être comme les autres, on se dit (et sans doute des médecins le diront aussi) que si on n'en ressent pas le besoin, c'est qu'on doit être déprimé(e). Et pourtant, non - on peut être déprimé(e), mais ce n'est pas à cause de ça qu'on n'éprouve pas le besoin de s'entourer de gens.
J'ai eu les mêmes interrogations, la même souffrance : pourquoi je n'y arrive pas ? Mais c'était parce que ne pas savoir comment on fonctionne et ne pas avoir de grille de référence fait qu'on est déconnecté(e) de soi. On croit qu'il faut le faire et on se force, mais on n'y arrive pas, ou on y arrive un moment puis on décompense.
A présent, je ne vois plus les autres, je n'ai plus aucune tentation de me comparer. J'aime bien les gens d'assez loin, et j'aime encore rendre service (je ne vois plus ça comme de l'altruisme, mais une manière de me justifier à mes propres yeux en me disant que je suis utile, et que j'ai des ressources pour apporter une solution à un problème donné). Mais je m'en fiche un peu, je ne pense pas à eux la plupart du temps.
Surmonter la fatigue, c'est déjà un pas important pour se retrouver, retrouver des projets personnels qu'on peut faire seul(e), sans avoir besoin de personne, même en restant chez soi, parce que souvent ce sont des projets d'apprentissage, d'auto-formation, de recherches perso. Et ça comble, surtout quand à côté de ça on a une famille, parfois des enfants. Les moments de solitude et de paix d'esprit sont un luxe, raison de plus pour ne pas les dilapider ! C'est un vrai trésor ("mon précieux !").
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Re: Sorte de repli autistique et ennui existentiel
Bonjour, et content que le sujet soit entretenu par vos échanges !
@pimpoline :
Mais je pense que je peux parler de tout et de rien avec quelqu'un à condition qu'il y ait déjà un lien, parce que ce tout et rien représentera quelque chose pour cette personne dont je me soucie vraiment, de son mode de vie, de sa façon de penser, ressentir, avancer, vivre.
Le plus important pour moi ? En relations humaines, ce serait donc le sentiment de connexion, qui se nourrit de beaucoup de choses, d'intellect, de confiance, de coeur, d'entraide, d'affection, d'acceptation de l'autre, de découvertes. Par exemple, on peut s'apprendre des choses nouvelles vers lesquelles on ne serait pas allé seul, parce que peut-être qu'on aurait même pas eu l'idée d'aller y jeter un oeil (par exemple récemment on m'évoquait l'écologie, la biodiversité époque par époque, l'astrologie, et ça ouvre des domaines ou univers assez immenses, qui ne sont pas forcément dans nos intérêts premiers...).
Pour le beurre et l'argent du beurre, je ne pense pas qu'on puisse dire ça, car en relations proches, je partage, je donne, et même souvent plus ! J'ai peut-être une vision trop immense du don, de l'amitié, ou même de l'amour, puisque le monde ne me renvoie pas toujours d'écho assez fort que je lance lorsque la possibilité se présente. Mais biensûr, il y a la forme des échanges à travailler, que ce soit à l'oral ou par écrit, et je le sais bien.
Je dirais que deux de mes liens les plus solides et anciens durent depuis respectivement 10 ans et 6 ans, et je sais qu'eux, je les garderai pour la vie, comme si le temps avait déjà cimenté la force de notre acceptation.
Ainsi, bien qu'ayant une nature autistique, j'ai l'impression d'être très porté sur mes relations proches... Qui paradoxalement, actuellement, ne suffisent à me sentir assez en phase relationnellement ou personnellement. Alors voilà peut-être le paradoxe, je ne suis pas si seul, mais je ressens aujourd'hui plus de solitude que je n'en ai véritablement, que ce soit dans l'esprit des gens, les liens que j'ai déjà construits et que je peux entretenir ou poursuivre.
Pour mes quelques amis, je dirais qu'ils sont assez différents, mais que je partage avec chacun d'eux quelque chose, sinon ce ne serait pas vraiment des amis. Pour les uns, ce sera un intérêt, ou un trait de caractère, de sorte qu'on s'échange et qu'on peut apporter à l'autre aussi, avec réciprocité.
Mais mon sujet de base en comportait plusieurs. D'une part les relations, et en fait, aussi le rapport à soi...
Et je suis bien d'accord pour dire qu'une seule relation, intense et totale, ne puisse pas vraiment exister. On est grégaires malgré nous, à des degrés divers.
@ J'ai un coeur :
Je pense que les extravertis cherchent la quantité pour aller à la qualité, tandis que les introvertis misent sur la qualité d'une relation pour que celle-ci réponde à beaucoup de leurs critères. ça peut se voir dans les discussions, les extravertis parlent de beaucoup de choses, les introvertis de peu, mais avec plus de justesse, de réflexion... Enfin ça reste un constat global qu'on peut bien nuancer j'imagine selon les contextes ou cas.
Après pour la question de l'amour, il est évident qu'elle devient la personne principale de ta vie, et que les autres passent au second plan, même si elles peuvent garder leur importance... Il me semble évident que si j'étais en couple, je n'abandonnerais pas mes autres amis, mais que je serais moins présent à eux...
Pour le travail, il y a une part d'intérêt et une autre qui reste fonctionnelle car tout travail obéit à des contraintes pratiques qui obéissent aux lois de l'entreprise ou du marché... C'est là la différence entre un travail et une passion pure. Même si on arrive à cumuler les deux, je pense qu'il resterait des obligations, mais qui seraient moins pénibles du fait qu'elles seraient une formalité pour pouvoir nous adonner à cette profession qui répond à notre passion, là où l'on donne le meilleur de nous car c'est ce qu'on aime faire.
@Ellendë :
Pour les surcharges et le camouflage, je crois qu'il n'y a pas d'autre réponse que les limites et besoins de chacun.
Je crois que les HP ont soif de découverte, de stimulation, tandis que l'Aspie aspire à la paix, la routine, la sécurité et le bien-être avant tout. Alors le fait d'être les deux risque déjà d'être une exception ou un paradoxe en soi, car les traits de l'un tire ceux de l'autre à eux...
Pour ma part, la routine me rassure, mais sur le long, elle m'épuise et m'ennuie, car j'ai besoin d'avancer, de neuf, de découvrir aussi. Pour la découverte, le flux permanent m'épuiserait et m'empêcherait de profiter de la moitié des informations sensorielles, intellectuelles ou émotionnelles.
C'est un grand paradoxe réuni chez une seule personne, je dirais, mais après, j'imagine qu'on ne puisse pas établir de loi générale, puisque cela va dépendre d'un individu à un autre.
@pimpoline :
Je dirais qu'ayant des paradoxes, mes liens seront paradoxaux. Même si ma conscience se sent infiniment seule, j'ai besoin de partage, d'apprendre des autres, de bavarder avec des amis. De tout et de rien. Des grandes choses, de savoir ce qu'ils vivent, et même de leurs petites préférences, goûts ou habitudes. Je pense que la vie de compose à la fois des petites et grandes choses. On ne peut jamais totalement ne s'occuper que des unes.Y compris dans ton dernier message, où tu évoques les limites des échanges avec tes amis. J'imagine qu'on a tous des bordures qui sont plus ou moins étanches aux autres.
Il y a bien des choses qu'on a du mal à comprendre chez l'autre, même avec la meilleure écoute.
On ne peut pas être en phase tout le temps.
Or donc je me demande ce qui compte le plus, ce qui est le plus important pour toi (je me pose la même question pour moi et j'ai bien du mal à y répondre):
te sentir entouré tel que tu sembles l'être (relativement), avec des gens respectueux et bienveillants mais qui ne te suivront pas dans tous tes délires?
avoir des échanges fournis et denses par écrit, comme ici, avec des gens qui auront l'avantage de te nourrir sur des sujets qui vous sont communs, où la notion d'échange intellectuel prendra le pas peut-être sur le reste?
un mélange de tout ça, le beurre et l'argent du beurre, la tête et le coeur?
Mais je pense que je peux parler de tout et de rien avec quelqu'un à condition qu'il y ait déjà un lien, parce que ce tout et rien représentera quelque chose pour cette personne dont je me soucie vraiment, de son mode de vie, de sa façon de penser, ressentir, avancer, vivre.
Le plus important pour moi ? En relations humaines, ce serait donc le sentiment de connexion, qui se nourrit de beaucoup de choses, d'intellect, de confiance, de coeur, d'entraide, d'affection, d'acceptation de l'autre, de découvertes. Par exemple, on peut s'apprendre des choses nouvelles vers lesquelles on ne serait pas allé seul, parce que peut-être qu'on aurait même pas eu l'idée d'aller y jeter un oeil (par exemple récemment on m'évoquait l'écologie, la biodiversité époque par époque, l'astrologie, et ça ouvre des domaines ou univers assez immenses, qui ne sont pas forcément dans nos intérêts premiers...).
Pour le beurre et l'argent du beurre, je ne pense pas qu'on puisse dire ça, car en relations proches, je partage, je donne, et même souvent plus ! J'ai peut-être une vision trop immense du don, de l'amitié, ou même de l'amour, puisque le monde ne me renvoie pas toujours d'écho assez fort que je lance lorsque la possibilité se présente. Mais biensûr, il y a la forme des échanges à travailler, que ce soit à l'oral ou par écrit, et je le sais bien.
Je dirais que deux de mes liens les plus solides et anciens durent depuis respectivement 10 ans et 6 ans, et je sais qu'eux, je les garderai pour la vie, comme si le temps avait déjà cimenté la force de notre acceptation.
Ainsi, bien qu'ayant une nature autistique, j'ai l'impression d'être très porté sur mes relations proches... Qui paradoxalement, actuellement, ne suffisent à me sentir assez en phase relationnellement ou personnellement. Alors voilà peut-être le paradoxe, je ne suis pas si seul, mais je ressens aujourd'hui plus de solitude que je n'en ai véritablement, que ce soit dans l'esprit des gens, les liens que j'ai déjà construits et que je peux entretenir ou poursuivre.
Pour mes quelques amis, je dirais qu'ils sont assez différents, mais que je partage avec chacun d'eux quelque chose, sinon ce ne serait pas vraiment des amis. Pour les uns, ce sera un intérêt, ou un trait de caractère, de sorte qu'on s'échange et qu'on peut apporter à l'autre aussi, avec réciprocité.
Mais mon sujet de base en comportait plusieurs. D'une part les relations, et en fait, aussi le rapport à soi...
Et je suis bien d'accord pour dire qu'une seule relation, intense et totale, ne puisse pas vraiment exister. On est grégaires malgré nous, à des degrés divers.
@ J'ai un coeur :
Oui je pense que la majorité des gens ressentent ça. Mais qu'on soit autiste ou Hp, ça peut modifier notre capacité à être réceptif aux signes, notre possibilité de tout exprimer plus instantanément (donc une impression d'être non réceptif ou désaccordé), ou le besoin accru de connexion... Donc au-delà du ressenti, une communication différente des choses, des besoins accrus ou moins visibles... Pour le nombre, ça doit être une question d'introversion ou d'extraversion, pour ma part je suis plutôt introverti-ambiverti (mais ce serait vaste de développer...).Bonjour. J'ai une question, est ce que ce n'est pas la quasi totalité des gens qui ressentent ça ? Ou c'est seulement chez les "autistes" ou "HP"? Je ne vois pas comment une personne pourrait aimer passer son temps avec pleins gens différents. Aussi ça existe une personne qui ne se pose pas la question de l'ennui dans sa vie ? . Par exemple moi quand j'avais une petite amie j'aimais passer mon temps avec elle et du temps avec mes deux amis. Par contre c'était vraiment épuisant de rencontrer sont cercle d'amies, j'avais l'impression d'être en représentation... Déjà pour commencer comme tout clown qui se respecte je devais mettre mon déguisement ( porter une chemise...) puis je devais mettre un peu d'ambiance et être communicatif (faire un compliment mais pas deux, écouter et essayait de trouver intéressant ce que dit l'autre, répéter le même sketche avec les mêmes phrases qui ont son petit effet sur le public). Qui peut aimer ça franchement ?. Aussi s'ennuyer au travail... J'ai quasiment jamais vue une personne qui aimer vraiment son travail et donc c'est normal qui doivent se poser la question de l'ennui non ?. Je vous pose la question encore une fois, est ce que ce n'est pas tout simplement le fardeau de lettre humain de se poser continuellement ces questions ? Ps : c'est une question et non une affirmation.
Je pense que les extravertis cherchent la quantité pour aller à la qualité, tandis que les introvertis misent sur la qualité d'une relation pour que celle-ci réponde à beaucoup de leurs critères. ça peut se voir dans les discussions, les extravertis parlent de beaucoup de choses, les introvertis de peu, mais avec plus de justesse, de réflexion... Enfin ça reste un constat global qu'on peut bien nuancer j'imagine selon les contextes ou cas.
Après pour la question de l'amour, il est évident qu'elle devient la personne principale de ta vie, et que les autres passent au second plan, même si elles peuvent garder leur importance... Il me semble évident que si j'étais en couple, je n'abandonnerais pas mes autres amis, mais que je serais moins présent à eux...
Pour le travail, il y a une part d'intérêt et une autre qui reste fonctionnelle car tout travail obéit à des contraintes pratiques qui obéissent aux lois de l'entreprise ou du marché... C'est là la différence entre un travail et une passion pure. Même si on arrive à cumuler les deux, je pense qu'il resterait des obligations, mais qui seraient moins pénibles du fait qu'elles seraient une formalité pour pouvoir nous adonner à cette profession qui répond à notre passion, là où l'on donne le meilleur de nous car c'est ce qu'on aime faire.
@Ellendë :
Pour les surcharges et le camouflage, je crois qu'il n'y a pas d'autre réponse que les limites et besoins de chacun.
Je crois que les HP ont soif de découverte, de stimulation, tandis que l'Aspie aspire à la paix, la routine, la sécurité et le bien-être avant tout. Alors le fait d'être les deux risque déjà d'être une exception ou un paradoxe en soi, car les traits de l'un tire ceux de l'autre à eux...
Pour ma part, la routine me rassure, mais sur le long, elle m'épuise et m'ennuie, car j'ai besoin d'avancer, de neuf, de découvrir aussi. Pour la découverte, le flux permanent m'épuiserait et m'empêcherait de profiter de la moitié des informations sensorielles, intellectuelles ou émotionnelles.
C'est un grand paradoxe réuni chez une seule personne, je dirais, mais après, j'imagine qu'on ne puisse pas établir de loi générale, puisque cela va dépendre d'un individu à un autre.
Modifié en dernier par Veilleur le jeudi 10 octobre 2019 à 21:03, modifié 1 fois.
HPI (testé en 2017)
TSA (diagnostiqué en 2019)
TSA (diagnostiqué en 2019)