Syndrome d'asperger, haut potentiel intellectuel et émotions des autres

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Carapa
Passionné
Messages : 312
Enregistré le : dimanche 22 mars 2015 à 20:45

Re: Syndrome d'asperger, haut potentiel intellectuel et émotions des autres

Message par Carapa »

Petitepetite a écrit : jeudi 29 novembre 2018 à 15:19- HPI : très grande facilité à voir les émotions des autres, à les ressentir, à les comprendre. On est envahit par ces émotions, d'où une tendance à "en faire trop", à vouloir "sauver" les gens.
Ce n'est pas à vrai dire la définition du HPI, et les gens concernés par celui-ci n'ont pas forcément une très grande facilité à voir les émotions des autres...
Veilleur a écrit : vendredi 27 septembre 2019 à 10:53 Le QI des Aspies est souvent hétérogène, et donc la donnée n'est pas toujours très exploitable, non ? Surtout s'il y a des Dys-, TDA(H), ou troubles anxieux/dépressifs au moment du passage du test.
Un QI hétérogène est également très commun en cas de haut potentiel, même en l'absence de troubles associés. Ce qui est somme toute très logique: plus les scores augmentent, plus l'écart moyen entre eux augmente aussi, ce qui est un effet classique en statistiques.
https://www.researchgate.net/publicatio ... _QI_eleves
Diagnostiqué SA (septembre 2016).
Avatar du membre
Lysandra
Nouveau
Messages : 5
Enregistré le : mercredi 2 octobre 2019 à 20:20
Localisation : Beautiful Qc

Re: Syndrome d'asperger, haut potentiel intellectuel et émotions des autres

Message par Lysandra »

Petitepetite a écrit : jeudi 29 novembre 2018 à 15:19 Modération (Tugdual) : Déplacement du sujet depuis "À propos de l'autisme et du S.A."


Bonjour à tous,
Je constate que sur le plan de la compréhension des émotions des autres, les définitions du SA et du HPI (haut potentiel intellectuel) sont contraires :
- SA : difficultés à voir les émotions des autres, à les ressentir, à les comprendre, et à y répondre de manière "socialement acceptable".
- HPI : très grande facilité à voir les émotions des autres, à les ressentir, à les comprendre. On est envahit par ces émotions, d'où une tendance à "en faire trop", à vouloir "sauver" les gens.

Parmi ceux d'entre vous qui sont autistes asperger avec hpi, quel est votre rapport aux émotions des autres ?

Personnellement, j'ai un HPI, et je vais bientôt effectuer un pré-diagnostic du syndrome d'asperger. Tous les aspects de la définition du SA me correspondent, sauf un : la réciprocité émotionnelle. La tristesse des gens et des animaux me bouleverse au plus haut point, et je crois être en mesure de reconnaître facilement la tristesse chez les autres (peut-être que je me trompe...). Le regard a également une grande importance pour moi, je pense arriver assez bien à voir les sentiments des autres dans leur regard. Je ne sais pas trop quoi penser... :|

Bon, je ne suis pas diagnostiquée mais ce post me rejoint particulièrement. De tous les traits autistiques, je pense que le manque de reconnaissance des émotions est celui qui me fait douter le plus de mon auto-diagnostic.
Voici ce qui se passe dans mon cas : je discute avec une personne et soudain, je vois l’émotion passer sur son visage (un pincement des lèvres, un serrement de mâchoire) et je me dis (exemple) Ah tiens, mon commentaire l’a irrité, ou bien il vient de me dire un mensonge ou bien wow, cette personne me déteste et je ne sais pas pourquoi. Tout cela se passe en une fraction de seconde. Quand l’émotion que j’ai vue est en ma défaveur, je ne peux arrêter d’y penser. Mon cœur bat plus vite, mes mains deviennent moites, et tout ce que je veux, c’est fuir l’interaction (fight or flight). Ce que je fais, en rougissant et en bafouillant.

Ce n’est cependant pas infaillible. Par exemple, l’autre jour, j’ai fait signe à un automobiliste de passer alors que j’allais m’engager sur le passage piétonnier. (Il y avait beaucoup circulation piétonnière et le pauvre attendait depuis longtemps. Je lui faisais donc une faveur) Il est passé en me regardant et j’ai été incapable de reconnaître son expression parce que ce n’était ni un sourire, ni un froncement de sourcil qui pourrait indiquer de la colère. J’ai aussi beaucoup de difficulté à choisir les bons emojis dans mes textos. Il faut vraiment que j’y réfléchisse, à un point tel que souvent j’abandonne.

Je suis également hyper émotive. Je ne peux regarder certains commerciaux sans avoir les larmes aux yeux. Les vidéos youtube qui mettent en vedette l’entraide entre les humains me touchent particulièrement. Certains films sont gravés à jamais dans ma mémoire à cause de la souffrance vécue par les personnages.

Dans son livre Musique autiste, Antoine Ouellette attribue directement son hyper émotivité à son côté HPI (Si je retrouve le passage je le citerai dans un autre post). C’est d’ailleurs la lecture de ce livre qui m’a incité à étudier le sujet du HPI pour savoir si je pourrais l’être. Beaucoup de personnes sont diagnostiquées à la fois autiste et HPI. Il est normal que ces personnes présentent un mélange de caractéristiques des 2 conditions et pas nécessairement dans les mêmes proportions.
Soupçon TSA et/ou HPI, cherche le courage et la motivation pour amorcer les démarches de diagnostic
user6375
Prolifique
Messages : 1162
Enregistré le : mercredi 14 août 2019 à 12:00
Localisation : Sur Gaïa

Re: Syndrome d'asperger, haut potentiel intellectuel et émotions des autres

Message par user6375 »

Aeryn a écrit : samedi 1 décembre 2018 à 12:52 Pour ma part, cela dépend des situations. Je vais parfois ne pas détecter l'émotion chez la personne, parfois je vais comprendre "que quelque chose n'est pas comme d'habitude dans l'état émotionnel de la personne" mais ne pas savoir l'interpréter.
Mais je pense qu'assez souvent, je détecte et comprends l'émotion de la personne, mais je n'y réagis pas de manière adaptée (ex : devant une personne triste, je ne vais pas savoir quoi faire pour l'aider, donc je ne vais pas réagir directement mais plutôt aller chercher une personne qui saura réagir correctement).

Je pense que la polémique sur les autistes qui n'auraient pas d'empathie découle plus de ce problème : la personne autiste ne réagit pas de la "bonne" manière, donc on pense qu'elle n'a pas d'empathie, d'émotions ...
wouah, c'est exactement comme ca que je vois les choses.

Pour ma par, ca se passe un peu de la meme manière. J'arrive également a peu près a reconnaitre les émotions chez les gens (enfin quant elles sont assez clairement exprimées), mais pareil je sais pas comment y réagir. Et dans ce cas, mon coté HP embraye et tente de trouver la meilleurs réaction que je puisse avoir avec la personne dans la situation. Et là je dois dire que c'est pas souvent réussi ... Enfin ca c'était depuis l'enfance jusqu'a récemment que j'entame vraiment un diag, parce que c'est épuisant. Et vu le peu de succès que je rencontre, c'est devenu frustrant et démotivant. Au point que ces temps j'ai l'impression d'un gachis de mes capacités au profit d'une veine tentative de me "normaliser" ... J'ai jamais vraiment réussi a considérer mon HP comme une chance, meme enfant (être cataloguer l'intello de la classe et mis de coté, ca aide pas a être bienveillant sur ses capacités) ... plutot comme un outil que j'ai utilisé pour me faconner un masque qui n'a fait que retarder la compréhension de certaines choses sur moi-même ...

Après pour le coté émotionnel en général, je suis plutot a fleur de peau. Je peux réagir a un petit qqch, tout comme qqch ayant de l'impact pour d'autre n'aura pas d'effet sur moi. C'est très variable en fait. Mais malgré ce que certains proches peuvent penser de moi, je ne suis pas insensible, ni sans empathie, ni sans émotion.
IA helvétique téléchargée en 1982
HQI (que je préfère appeler HP), Diagnostiqué Asperger
viewtopic.php?f=5&t=13627
Avatar du membre
Autiste ou surdoué ?
Prolifique
Messages : 1247
Enregistré le : vendredi 22 janvier 2016 à 14:07
Localisation : Bretagne

Re: Syndrome d'asperger, haut potentiel intellectuel et émotions des autres

Message par Autiste ou surdoué ? »

Bonjour,
Je vais reprendre moi aussi le message de départ pour donner mon ressenti. (sachant que je suis en cours de diagnostic sur des difficultés qui pourraient s'apparenter à des troubles autistiques et HPI mesuré).
J'ai d'autant plus de mal à repérer les émotions d'autrui que je ne les regarde pas : je "regarde ce qu'ils disent" plutôt qu'eux... Toujours le même problème : sur quoi peut-on se baser pour savoir si l'on reconnait les émotions et à quel niveau ? où se trouve le "normal" ?
Quand quelqu'un pleure, je m'en aperçois, même si je ne sais pas comment réagir.
J'ai également beaucoup de mal à identifier mes propres émotions. Je crois simplement que tout ça n'est pas inné chez moi et que je n'ai pas appris. Les manifestations de l'augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine, je les reconnais, mais parler de stress, d'angoisse, d'amour, de jalousie, de faim... j'avoue que ce n'est pas clair du tout pour moi.
L'empathie est une chose différente. Je dirais que c'est plutôt la seule chose qui provoque chez moi des émotions. Je suis très sensible à la situation des autres et me mets trop facilement à leur place... Voir quelqu'un victime d'une injustice me mets dans "tous mes états". Le chagrin est une émotion qui me vient naturellement et que j'identifie... (chez moi du moins !)
On peut vouloir "sauver tous les enfants du monde", en faire même son métier, et ne pas se rendre qu'une personne s'ennuie parce qu'on lui parle de ces enfants depuis un temps trop long et que ça ne l'intéresse pas en fait. :mrgreen:
Voilà mon ressenti personnel...
Diagnostiqué par le CRA en 2020 non autiste mais de gros problèmes dans le ressenti des émotions (alexithymie) et dans la communication sociale.

HQI aussi, ce qui peut aller de pair.