La solitude morale de mon petit-fils

Discussions portant plutôt sur le point de vue des parents d'enfants autistes ou Asperger, par exemple : j'ai un problème avec mon enfant, que puis-je faire ?
EnHans
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par EnHans »

On dirait qu'elles aiment la cacophonie à force d'avoir diabolisé la solitude. Maudit effet de halo, né sur un malentendu, un empressement à juger, ce manque de patience pour observer et tâter les nuances... Certaines préfèrent faire d'la bullshit p'utôt que de vivre au calme, dans la discrétion. Un peu maso', je dirais...
Peut-être que ce sont des personnes qui évoluant dans le calme, la solitude... en ont marre, ne trouvent pas la sérénité, tentent le coup et vont voir l'autre face... qui s'avère finalement pas moins moribonde. Il faut, en effet, tâter les nuances mais sans aucune certitude.
Un enfant diag en 2012
isis30
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par isis30 »

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misty
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par misty »

isis30 a écrit :Alors en lisant les messages postés ici, je veux bien avoir de l'espoir en voyant que des adultes autistes ont réussi à mener une vie presque normale, en ayant un travail, une vie de couple et parfois des enfants, mais en observant mon petit-fils, en voyant sa façon d'agir, en voyant combien il se complait dans la solitude, je doute qu'il puisse avoir un bel avenir devant lui et, comme ses parents, eux aussi très à son écoute, je suis inquiète pour son avenir.
Spoiler : 
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Quand j'étais petite (plus petite que votre petit fils mais pas de beaucoup car ça m'a poursuivie longtemps), je m'entraînais sérieusement à rester la tête sous l'eau très longtemps pour pouvoir aller vivre avec les baleines "quand je serai grande". Je pense que, en plus d'avoir très mal compris la fin du Grand bleu :mryellow: , je ressentais le besoin de me projeter ailleurs parce que je ne me sentais pas du tout à ma place. Et ce quoi que je fasse. Simultanément (pour ouvrir le champ des possibles :geek: ) j'ai élaboré pas mal de plans pour partir dans l'espace.
Du coup, je ne suis pas vraiment surprise ni inquiétée par ce mot, qui est juste très sensé venant d'un enfant autiste qui essaie d'imaginer ce que pourra être sa vie future.

Ce qu'à mon avis vous ne pouvez pas percevoir, c'est que l'enfance, l'adolescence et surtout la scolarité donnent une impression d'immuabilité du contexte: on pense qu'on sera toujours coincés dans ces situations hyper oppressantes, qu'on sera toujours complètement déphasés avec les autres, et surtout qu'il nous sera toujours impossible de partager un minimum "notre monde" avec d'autres individus.
Malgré tout ce que j'ai pu endurer après, la scolarité reste de très loin la pire configuration que j'ai vécue. C'est certainement dû au fait que tout y est très normatif, obligatoire, que les enfants/ados sont complètement dans le moutonisme assidu et les mécaniques de groupe, et qu'en tant qu'autiste on manque de clés pour comprendre tout ça.

A 13 ans et demi on ne peut pas le savoir, mais autiste ou pas la vie n'a rien à voir avec le contexte scolaire, les gens ne sont pas un groupe homogène mais très hétérogène, et surtout il y a de multiples façons de vivre et de se relier aux autres (ou de ne pas le faire, si on ne le souhaite pas).

Je pense que votre inquiétude, bien que rationnelle, tient de la projection de vos propres schémas où la socialisation est un but et pas une conséquence. Personnellement, bien que très renfermée, j'ai toujours eu des personnes (courageuses et tenaces :mrgreen: ) pour "venir me chercher", que je les ai croisées par hasard ou dans le cadre d'intérêts spécifiques. Il n'y a aucune raison que ça n'arrive pas à votre petit fils.
L'effet pervers d'un diagnostic précoce peut être de tomber dans des prophéties autoréalisatrices. Au contraire, en utilisant intelligemment le diagnostic il est possible d'aider votre petit-fils à prendre confiance en lui (ce qui peut être contradictoire avec vos inquiétudes et le fait de comparer), à mieux décoder les situations pour se protéger des abus, et surtout à développer à fond ses intérêts spécifiques. Certains lui amèneront naturellement des interactions sociales (voire des amitiés/amours), d'autres lui permettront juste d'avoir toujours envie de se lever le matin, ce qui est déjà pas mal.
Maintenant en plus il y a internet et la possibilité d'échanger sur tous types de sujets avec des personnes du monde entier. Ce sont des interactions sociales, et une manière de partager "son monde". Quelqu'un parlait récemment des jeux en ligne aussi, je n'y connais rien à part pour les techniques de dessin mais ça semble aider pas mal d'enfants et ados autistes à interagir avec d'autres personnes.

Rien n'est perdu, il est jeune et peut vivre plein de belles choses à sa manière et dans des schémas qui vous échappent sans doute mais n'en existent pas moins. Et si finalement il va vivre seul dans les bois, eh ben s'il est heureux ainsi tant mieux. :)
Ce qui compte c'est que ça tienne du vrai choix et pas de la résignation.
*Diag TSA*

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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par isis30 »

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EnHans
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par EnHans »

Il est beau aussi votre message.
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freeshost
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par freeshost »

Pour mes proches, je ne m'inquiète pas. Ils sont autonomes. :)

Tu connais mon univers à part. :mrgreen: On peut y trouver des bonheurs, et pas forcément dans les interactions sociales.

Une des clés de la sérénité est de ne pas être trop exigeant. Société tu m'auras pas. :mrgreen:

Seul dans sa catégorie ?
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Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
Marisol
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par Marisol »

Merci !

Ils sont chouettes vos messages ; ça aide :bravo:
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lucius
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par lucius »

isis30 a écrit : vendredi 5 juillet 2019 à 20:58
lucius a écrit : vendredi 5 juillet 2019 à 19:20 Il fait aussi faire attention que, quelques fois, lorsque l'on diagnostique quelqu'un, des proches découvrent des aspects de la personne ayant un TSA comme si ils ne l'avaient jamais remarqué ou que c'était nouveau pour eux. ils peuvent le voir d'un œil différent et des fois surréagir face à l'annonce du TSA.
Non Lucius, les intérêts restreints, fort nombreux, qu'il a eus depuis qu'il est né (vélux, éoliennes, piles, Furby, calendriers et montres), on les avait remarqués bien avant le diagnostic d'autisme, on les avait remarqués avant même qu'on nous parle juste de dyspraxie.
Depuis quelques années, depuis qu'on a commencé à comprendre qu'il était autiste, on a aussi compris son intérêt pour tous ces objets.
Et idem pour l'humour qu'il prenait toujours au premier degré, mais un peu moins maintenant qu'il a grandi.
Après oui, il est ado, avec tous les problèmes des ados.
Je parlais dans un cas plus général et pas précisément de vous. J'ai rencontré des personnes qui ont pris conscience des habitudes ou intolérances de leurs enfants qu'après un diagnostic (et cela ne concerne pas que les enfants atteints de TSA mais pour des maladies).
Ayant une maladie et des soucis en plus, on m'a pré-diagnostiqué Asperger et j'ai eu une confirmation assez incertaine depuis. Résultat, je continue de douter.
Number7
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par Number7 »

Je pense qu'il faut laisser à votre petit-fils le temps de grandir, comme n'importe quel ado.

Pour ma part, je comprends son aspiration qui est assez semblable à celle que j'avais à son âge et plus jeune encore (dans un cas plus extrême, je rêvais de devenir un chat et de ne plus avoir à interagir avec mes pairs et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand j'ai réalisé que ça n'arriverait jamais. Je devais avoir 8 ou 9 ans :lol: ).

La plupart des amis que j'ai eu à son âge étaient généralement des personnes introverties, socialement anxieuses, peut-être même autistes. On partageait des intérêts communs pour le manga. S'il existe des clubs dans son collège relatifs à ses intérêts particuliers, n'hésitez pas à l'encourager à en faire partie (mais n'insistez pas s'il refuse, il se braquerait et ne gagnerait rien de l'expérience si elle lui est imposée).

Je n'ai pas gardé un seul ami de cette période. Mes amis les plus chers sont ceux que j'ai connu en ligne avant de les rencontrer IRL. Nous discutons régulièrement et avons beaucoup de choses en commun (passion pour les jeux vidéo et médias en général, implication dans le féminisme, appartenance à la communauté LGBT et une certaine anxiété sociale qui nous permet de mieux respecter les limites des uns et des autres).

C'est quelque chose que vous pourriez encourager, accompagner. Si l'opportunité d'une rencontre IRL se présente, suggérez un lieu public et faites en sorte qu'il soit accompagné. Qu'un oeil soit gardé sur lui, discrètement.

Votre petit-fils est fier d'être autiste, c'est une très bonne chose. A-t-il des modèles autistes, de fiction ou réels, sur lesquels s'appuyer ? Billy, du film Power Rangers de 2017, est autiste et le coeur du groupe. Dans la série Community, Abed Nadir est aussi autiste et également intégré à son groupe d'études. En plus de Josef Shovanec, je conseille également les écrits d'Hugo Horiot et Julie Dachez.

Laissez le temps faire les choses. Votre petit-fils grandira à son rythme. Tant qu'il est heureux, c'est le principal. Aspirer à tout prix à ce qu'il soit "normal" ou s'approche de la normalité lui serait préjudiciable. J'ai passé trop longtemps à essayer d'être comme les autres et les conséquences ont été désastreuses (auto mutilation, pensées suicidaires, trouble de l'alimentation, crises de panique etc.). L'important, c'est qu'il soit en paix avec lui-même.
Diagnostiquée Autiste et Syndrome d'Asperger en 2018
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Papillons
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par Papillons »

De toute façon c'est compliqué tout ça. Mon fils, 13 ans, adorerait avoir des amis, mais ne sait absolument pas s'y prendre depuis qu'il est rentré au collège. Dans les situations d'interaction sociale, il leur parle en boucle de son chat et son chien, donc ça limite beaucoup les échanges. Je n'ai pas trouvé la solution encore pour qu'il développe ses compétences sociales, mis à part passer du temps à échanger avec lui en essayant de le faire parler d'autres sujets qu'il aime bien aussi :) Et comme l'ont rappelé certains dans ce post, surtout passer du bon temps ensemble, fabriquer des souvenirs positifs et constructifs. Vous êtes sa mamie, profitez-en, vous avec moins la pression que ses parents ;)
maman d'un garcon de 13 ans diagnostiqué TED NS.
isis30
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par isis30 »

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Flower
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par Flower »

En même temps, s'il n'a pas l'habitude de sortir sans accompagnateur, je trouve assez normal qu'il insiste sur le fait qu'il sortira tout seul s'acheter une glace. C'est une façon de développer et d'affirmer son autonomie - je suis grand et je fais tout seul, sans avoir besoin de personne.

Quand on est si bien entouré au sein de sa famille, effectivement avoir des copains peut devenir secondaire, mais ce n'est pas très grave non plus. Mieux vaut avoir près de soi un petit nombre de personnes sur lesquelles on peut compter que d'avoir plein de copains qui disparaissent à la première difficulté. En plus les amitiés du collège tiennent rarement au-delà, donc on peut se demander si cela vaut l'investissement. Rien n'empêche de développer des amitiés plus tard.
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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freeshost
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Re: La solitude morale de mon petit-fils

Message par freeshost »

isis30 a écrit : mardi 16 juillet 2019 à 8:43Dimanche soir nous l'avons emmené voir un conteur sur la place du petit village où j'habite, et ce conteur était entouré de deux très bons musiciens.
Je craignais qu'il ne s'ennuie un peu et demande à rentrée à la maison (à 50 mètres de la place), eh bien il ne s'est pas ennuyé du tout vu qu'il aime les histoires (il en écrit d'ailleurs) et qu'il aime aussi la musique.

Assis à mes côtés, bien droit sur sa chaise, "sérieux comme un pape" malgré son allure de Petit Prince, il a été très attentif.
Il n'aime pas trop les applaudissements, mais comme il est poli, au début il applaudissait très doucement, presque avec réticence mais petit à petit, emporté par des histoires qui oscillaient entre le réel et l'imaginaire, il s'est mis à applaudir avec plus en plus de vigueur.
Il m'a dit que ça ces petites saynètes l'avaient beaucoup intéressé et qu'il n'avais pas éprouvé le besoin de se lever et de marcher de long en large comme il le fait souvent.
L'écrivain :mrgreen:
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)