Les approches d'intervention et de soutien fondées sur les forces sont de plus en plus reconnues comme des pratiques exemplaires, et les objectifs de traitement sont de plus en plus axés sur les questions qui préoccupent la communauté autiste plutôt que sur la normalisation des personnes autistes.
C'est un bon début.
On a déjà commencé (enfin, pas partout, pas dans toutes les écoles, pas dans toutes les institutions, pas dans tous les pays...) à féliciter les "bons" comportements, à expliquer au lieu de dire "c'est comme ça, un point, c'est tout". Faisons de même pour toutes les personnes, peu important les différences ou les similitudes.
Le truc, c'est que certaines forces étaient "cachées", non remarquées, parce que, en tant que caractéristiques, elles étaient d'abord jugées en fonction de leur consonance avec des normes avant d'être observées en tant qu'atouts. Espérons que l'inverse prévaudra désormais : chercher d'abord le positif avant de chercher la conformité à des normes sociales. La montagne comme la plaine (les caractéristiques) ne changent pas ; le point de vue duquel nous les regardons (les normes sociales), quant à lui, peut changer.
Rajoutons encore que la neurodiversité ne concerne pas seulement le spectre autistique, le spectre dys, etc., mais aussi le spectre schizophrénique, le spectre LGBTAQI..., le spectre état-civil-nombredenfants (il y a des personnes qui ne recherchent pas de personne conjointe, il y a des personnes ou des couples qui ne veulent pas d'enfants, etc.), le spectre pourcentage d'activité rémunérée (nous ne travaillons pas toutes à cent pour cent), le spectre transports (marche, vélo, train, bus, métro, voiture, trottinette, avion, bateau, skate, moto, etc.), le spectre communication (face à face, internet, appels, vidéocam, messages, Whatsapp, FaceBook, Slack, Discord, forums, chats, etc.), le spectre alimentaire (végétarisme, végétalisme, anti-gluténisme, anti-calciumisme, cétogénisme, etc.), le spectre linguistique (monolinguisme, bilinguisme, multilinguisme, équilinguisme, etc.), etc.
Le mouvement pour la neurodiversité me semble devoir s'inspirer de l'humanisme (
l'existentialisme est une humanisme). Si c'est pour se faire calife à la place du calife (ou victime à la place de la victime (
victim playing)), on peut relire
Animal farm (en simplifié, lire la bande dessinée de Bob et Bobette
La commission vache, quand les autres espèces deviennent aussi pas-sages que la nôtre...
). Critiquer un rôle pour mieux l'endosser ?
En ce qui concerne le spectre autistique, ainsi que divers autres spectres, il importe d'apprendre et enseigner à aller au-delà de l'apparence. Vous voyez des béquilles qu'utilise une personne qui serait blessée au pied (encore qu'elle peut faire semblant d'être blessée...), vous voyez une personne qui tâtonne avec sa canne donc aveugle de prime abord, vous voyez une personne avec un voile et pensez alors qu'elle est musulmane (pas forcément à raison), etc. Pour les personnes autistes, vous ne voyez pas forcément de signes évidents. Car l'autisme fait partie de ces différences dites "invisibles". Il requiert bien plus que l'interprétation d'un stimulus visuel pour prendre la mesure de la différence. [C'est dire combien nombreuses personnes sont excessivement esclaves de l'apparence visuelle, de leurs yeux. Faisons donc l'expérience d'un bandeau noir plusieurs jours, d'abord dans des contextes et des activités peu dangereuses.]
Au-delà des apparences (notamment visuelles). Au-delà du stimulus.
Au-delà de la réputation. Au-delà de ce qu'on a appris, envisager l'évolution tant de l'être (autre comme soi) que des représentations qu'on en a (en d'autres mots : continuer d'apprendre).
Au-delà des intentions. Vous savez... les procès d'intention... les personnes n'ont pas et ne doivent pas forcément avoir toutes les mêmes buts et les mêmes idéologies...
Une personne est déjà en voie de perdre le combat si elle se bat dans l'optique de ne plus devoir se battre, si elle s'adapte à fond dans l'espoir de ne plus devoir s'adapter.
Par conséquent, pour toute personne, autiste ou non, élément d'un ensemble ou non, toujours envisager le changement (c'est d'ailleurs une stratégie d'adaptation, par l'anticipation, même si elle est plus fatigante cognitivement que le je-m'en-foutisme ou le statu-quo-isme (penser alors vouloir que rien ne change)).
Quand les normes descriptives deviennent des normes prescriptives. Quand les habitudes deviennent des attentes.
De plus, l'expression "faible fonctionnement" sert à réduire les attentes et, par extension, à limiter les chances de réussite d'une personne.
Vous connaissez ou êtes en passe de découvrir
les prophéties auto-réalisatrices,
l'effet Pygmalion,
l'effet Rosenthal,
l'effet Golem et
la menace du stéréotype.
Une fois forts en affaire avec ceux-ci, il vous deviendra évident qu'ils peuvent aisément favoriser
le biais de confirmation, un des biais (si ce n'est LE biais) de base (mais bien concurrencé par
l'effet de halo,
halo effect ;
crétin de cerveau). [Mince ! Je commence à voir des liens entre l'effet de halo et
le paradoxe de Simpson ! C'est grave, docteur ?
Hmmm...
pas tant que ça...
]
Même si nous mettions de côté la croyance qu'une personne est handicapée par son environnement social et adoptions plutôt l'hypothèse du modèle médical selon laquelle le handicap est inhérent à une personne, il serait sans doute préférable de présumer qu'une personne a une capacité donnée (c.-à-d., de présumer qu'elle a une capacité donnée sauf preuve claire du contraire) et de fournir ainsi une occasion de réussite, plutôt que de présumer une incapacité, ce qui entrave le développement.
Même s'il me semble que nous devons faire la part des choses entre les facteurs internes et les facteurs externes, il me semble de bon augure de mettre l'emphase sur le positif (sans pour autant nier le négatif [tristesse*, colère*, harcèlement, traque furtive, etc.]).
* Encore que... à long terme, ressentir de la tristesse, de la colère, ce n'est pas forcément négatif.
Une norme se base sur la valorisation d'une caractéristique (qualifiée alors de qualité). Si on change l'ensemble de qualités que l'on valorise, on change les personnes qui occupent les sièges au Parlement (ou dans quelque autre hiérarchie).
Une troisième critique du mouvement de la neurodiversité est que l'encadrement de l'autisme par le paradigme de la neurodiversité implique que les personnes autistes n'ont pas besoin de soutien, car la neurodiversité est censée nous faire croire que l'autisme est "juste une variation naturelle"
Il est vrai qu'il me semble que l'autisme peut avoir des côtés handicapants dans la communication, mais surtout dans la communication
small talk, moins dans l'échange sur le fond, la matière, lesdits intérêts spécifiques, le vif du sujet, droit au but (pas besoin de perdre trop de temps et d'énergie en politesses et autres frottis dans le sens du poil
).
Pour une personne (autiste ou non autiste) qui souffre moins (voire pas du tout) de la solitude, qui a besoin de relativement peu d'interactions sociales, celle-ci peut être très productive, pas forcément au niveau pécuniaire, mercantilisme, capitaliste. Les personnes prisonnières du marché capitaliste et conditionnées alors par celui-ci vont intérioriser la valeur que représente le capital, et donc faire valoir celui-ci, adapter leurs comportements en vue de capitaliser. [Idem pour les femmes qui remarquent que... adopter certaines tenues et certaines attitudes... ben... ça rapporte du capital social, affectif, voire financier... ça fesse, ça décoiffe, ça suggère, ça séduit, ça gère, ça rapporte... je veux ma dopamine ! (accompagnée d'adrénaline, de noradrénaline etc.)
]