Après être déjà passé sur la télévision belge et suisse, la TV publique va nous offrir une nouvelle tentative de présentation de personne Asperger à la TV, ce vendredi.
Pitch :
Dans cette coproduction de la RTBF, le commandant Raphaëlle Coste va s'adresser au service des archives judiciaires de la police dans le cadre d'une de ses enquêtes. Mais lorsqu'elle s'y rend, elle ne s'attendait pas à rencontrer Astrid, une femme de 30 ans atteinte d'Asperger, mémoire vivante des enquêtes criminelles qui va lui être d'une aide précieuse.
Je ne vais pas faire de procès d'intention, on va attendre vendredi (ou le retour des téléspectateurs francophones qui y ont déjà eu droit) pour faire chauffer la tronçonneuse.
Modération (Tugdual) : Ajout du lien vers le replay de France-TV, et suppression de la vidéo (devenue inaccessible).
Le vendredi 12 avril, France 2 diffusera le premier épisode de la série "Astrid et Raphaëlle". En attendant, cet épisode est disponible en avant-première sur France.tv, à cette adresse :
Lorsque le commandant Raphaëlle Coste s'adresse au service des archives judiciaires de la police pour une de ses enquêtes, elle ne se doute pas qu'elle va rencontrer une jeune femme aussi brillante que déroutante, mémoire vivante des enquêtes criminelles, Astrid, 30 ans, signe particulier : autiste Asperger.
Mon avis, pour le moment ? Clairement mitigé. Il y a du bon, mais il y a aussi beaucoup de mauvais. Je mets sous spoiler parce que c'est long et que je décris quelques scènes que vous pourriez vouloir découvrir par vous-même.
Spoiler :
Je trouve personnellement que l'interprétation est très mauvaise, mais je pense que c'est plus un problème de direction des acteurs, puisque Raphaëlle me semble aussi peu naturelle qu'Astrid ou d'autres personnages.
J'aime le fait que nous ayons enfin un personnage féminin autiste dans la télévision française. Je n'ai pas souvenir de ce genre de représentation, pas du tout, et le dernier film français ayant un perso autiste était "Monsieur Je-sais-tout" et je l'ai trouvé très mauvais.
Ils autorisent Astrid à être émotionnelle et à ne pas forcément tout savoir sur son "intérêt restreint", ce qui est assez rare pour être souligné.
Il y a des moments qui m'ont semblé très familiers, comme tirés tout droit de mon quotidien, comme cet instant où Astrid essaie d'appeler Raphaëlle et a répété toute la conversation avant de ce faire. Dès qu'elle décroche, Raphaëlle sort du "script" conçu par Astrid et cette dernière raccroche. La scène est un peu abusée et pas forcément bien jouée, mais ça reste bien fait.
Reste que le message actuel de la série est très dérangeant, à mon humble avis. Visiblement, c'est acceptable de manipuler une personne autiste pour lui faire faire ce qu'elle veut (conseil donné textuellement par un des persos : "Les autistes ont une faiblesse et c'est leur intérêt restreint. Tu peux leur faire faire ce que tu veux en utilisant leur intérêt restreint").
Il est aussi important apparemment que, dans un meeting d'adultes autistes, il y ait une mère neurotypique à qui est donné la réplique finale. Après que les adultes aient partagé au sujet de leurs difficultés avec leurs collègues, le fait qu'ils soient toujours ceux qui doivent faire des efforts et que ça peut les mener au burnout, il faut absolument que la mère neurotypique lâche qu'elle espère que son fils de neuf ans aura des soucis avec ses collègues parce que cela veut dire qu'il aura des collègues. Ok...
Déjà, le fait qu'elle soit là m'interroge. Personnellement, j'ai fait partie de groupes de ce genre et, hormis le personnel médical qui organisait nos sessions d'habiletés sociales, nous étions tous autistes. J'aurais été honnêtement mal à l'aise de parler de ma situation et de mes difficultés sociales si une personne neurotypique était là au même statut que moi.
Il y a aussi ce ton patronisant tout le long de l'épisode qui m'agace, avec le perso neurotypique qui balance des "vérités" au perso autiste, en mode "Vous savez que le monde n'est pas noir et blanc, Astrid ?" voire carrément insultant lorsque Raphaëlle déclare tout bonnement : "Vous avez du mal ? J'ai passé tout mon temps à m'adapter à vous et à faire des efforts !", quand Astrid est visiblement au bord de la crise de panique et veut juste retourner à sa vie normale.
J'évoque rapidement la manière de parler d'Astrid, qui me rappelle désagréablement les tonalités utilisées dans "Le goût des merveilles" et "Monsieur Je-sais-tout", comme si on s'exprimait tous comme ça. Sans compter le fait qu'elle passe son temps à mal comprendre des expressions, y compris les plus évidentes, comme si c'était la première fois de sa vie qu'elle entendait ce genre de choses.
C'est un problème récurrent avec les personnages autistes : on dirait systématiquement qu'ils "viennent tout juste" d'être autistes. Qu'ils sont incapables de s'adapter et d'évoluer. C'est d'ailleurs un commentaire qui avait été fait par le réalisateur du "Goût des merveilles" qu'il y avait un vrai challenge dans le fait d'écrire "un personnage qui n'évolue pas".
J'attends l'épisode suivant pour me faire une idée plus précise. Je ne suis pas convaincue pour le moment.
Diagnostiquée Autiste et Syndrome d'Asperger en 2018
Suspicion d'autisme depuis 2009
Bon, ce qui figure en spoiler me conforte dans mon idée de regarder autre chose.
Et rien de tout ça ne me surprend quand on est familier du microcosme de l'autisme (où comme chacun sait, il n'y a pas d'autistes).
Au temps pour moi, je n'ai pas vérifié assez en profondeur si le sujet avait déjà été amené. J'ai supposé qu'il serait abordé dans cette catégorie spécifique, aka Arts et littérature.
Je vais probablement continuer à regarder parce que j'écris des reviews sur la représentation des autistes en général, mais je n'ai pas grand espoir
Diagnostiquée Autiste et Syndrome d'Asperger en 2018
Suspicion d'autisme depuis 2009
J'ai du mal à voir dans ces situations ce que ça apporte à la série d'avoir une protagoniste autiste.
A part de faire des clichés (ils se rendent compte qu'on va pas forcément bien le prendre?) et des séquences malaisantes. (ce qui relève de l'a-côté et pas de la mécanique).
allociné a écrit : Dans Astrid et Raphaëlle, c'est la force du duo qui fait le charme de l'unitaire, malgré une enquête qui manque parfois de profondeur et dont l'issue se devine un peu trop facilement. On y trouve un ton savament dosé entre le drame et la comédie, grâce un bon dosage d'humour qui repose sur le comique de situation du choc de la rencontre entre une autiste Asperger et une femme qui n'a pas le temps de s'attarder sur les principes. L'enquête à multiples rebondissements et son format de 90minutes font que le tout se rapproche d'un Sherlock au féminin. Mais il n'y a aucune volonté de faire du sensationnel ici : l'atout majeur de la série est de faire de la pédagogie sur l'autisme, en se tenant au plus près de la réalité des personnes concernées.
L'une des séquences les plus réussies est ainsi celle où Raphaëlle assiste à une séance au sein d'un groupe de parole entre autistes* dont Astrid fait partie, et où chacun fait entendre sa voix et ses entraves au quotidien. Comme le dit la comédienne Sara Mortensen, vue dans Plus Belle la vie et qui livre ici une performance surprenante, "il y a autant d'autistes que d'autismes", et leur statut est encore trop négligé ou méconnu en France, où l'autisme est encore considéré par beaucoup comme une maladie mentale ou un handicap. Grâce à son côté franc, Raphaëlle, vecteur du point de vue du spectateur, prend Astrid telle qu'elle est, et ne prend pas de gants. Ici, les deux héroïnes avancent de concert, et chacune se sert de l'autre pour avancer. Jamais le traitement du personnage d'Astrid ne tombe dans le stéréotype du héros Asperger brillant et capable de tout résoudre, proche du surhomme.
* le concept du "groupe de parole" pour autistes, j'ai du mal à imaginer, mais ça existe peut-être ?
Le téléfilm pourrait devenir une série si c'est une réussite. A défaut d'autre chose ce soir, je vais regarder (je suis chez ma mère, donc je fais un effort pour regarder la TV, chez moi c'est Netflix sur l'ordi )...
* le concept du "groupe de parole" pour autistes, j'ai du mal à imaginer, mais ça existe peut-être ?
Les cafés Aspergers?
Edit: En tous cas quand j'allais dans une certaine association c'est ce que l'on faisait, tous assis autour de la table à discuter.
C'était pas véritablement un café aspie en fait.
Modifié en dernier par Lilette le vendredi 12 avril 2019 à 17:45, modifié 1 fois.
WinstonWolfe a écrit : ↑vendredi 12 avril 2019 à 17:44
lulamae a écrit : ↑vendredi 12 avril 2019 à 17:39
le concept du "groupe de parole" pour autistes, j'ai du mal à imaginer, mais ça existe peut-être ?
Les ateliers d'habileté sociale peuvent aussi se faire sous forme de groupe de parole.
Oui, c'est peut-être ça. Le neuro-psychologue de Ste Anne m'a conseillé d'en faire, mais je n'ai pas envie avant d'être sûre d'être autiste. Je voyais ça comme des mises en situation, un peu comme un jeu de rôles.
* le concept du "groupe de parole" pour autistes, j'ai du mal à imaginer, mais ça existe peut-être ?
Les cafés Aspergers?
Edit: En tous cas quand j'allais dans une certaine association c'est ce que l'on faisait, tous assis autour de la table à discuter.
C'était pas véritablement un café aspie en fait.
Je ne sais pas trop dans quel contexte c'est montré dans la série à vrai dire. Mystère jusqu'à ce soir...
Juste pour préciser le principe et le déroulement des groupes d’habileté sociale : GHS
C’est un endroit où les personnes tentent d’évoquer leur ressenti par rapport aux événements de la semaine, et où les techniques de communication sont explicitées pour tenter d’éviter conflit / incompréhension / difficultés.
J'ai tenté le replay et pas tenu assez pour pouvoir donner un vrai avis, par contre je veux bien savoir ce que F.Fillon est venu faire là dedans (type qui retire les 8000€ au tout début). Il a participé en tant que grand spécialiste de l'autisme?