Perplexité devant la déclaration :"
Il y a une progression anormale du nombre d'enfants autistes en France" (Sophie Cluzel)
Ecoutez quand même l'ensemble de la déclaration :
Cet après-midi, le conseil national de l'autisme "au sein des TND" se penchait sur l'amélioration des délais de diagnostic notamment dans les CRA, où ils sont en moyenne de 465 jours Et encore les délais des CRA les plus élevés (plus de 25 mois - jusqu'à 5 ans en réalité) ont disparu du calcul ...
Alors, entendre parler du diagnostic à 6 mois, c'est plutôt ASTAP. Le message, quand il est question de 6 mois, 18 mois, 24 mois montre cependant une volonté politique d'y arriver, malgré les résistances de la plupart des professionnels.
6 mois, par contre, c'est bien culotté, car il y a encore très peu d'études scientifiques qui l'envisagent. A moins de prendre pour argent comptent les prétentions des psychanalystes de PREAUT sur les bébés à "risque autistique".
Mais il n'y a pas la moindre étude qui dit qu'il y a une progression du nombre d'enfants autistes en France (sans parler d'"anormale").
Aux USA, la tendance est à une stabilisation. Mais surtout les nouveaux critères du DSM 5 conduisent comme prévu à une diminution des diagnostics.
Seul élément : "
Menée en Californie et publiée en mars, la dernière étude en date montre une augmentation de la fréquence de l’autisme et de lésions cérébrales précoces chez des enfants exposés au chlorpyrifos avant et après la naissance. Facteur déterminant : leurs mères vivaient à moins de 2 000 mètres d’un lieu de pulvérisation." in "Chlorpyrifos : les dangers ignorés d’un pesticide toxique" Le Monde 17 juin 2019.
Et voilà le "multifactoriel" et "l'environnemental" embarqués dans l'augmentation imaginée de l'autisme. On croirait entendre Bernard Golse ou Michel Botbol, ces psychanalystes en retraite qui utilisent ces mots pour continuer de mettre sur le dos de la dépression de la mère l'autisme de leur enfant. Mais évidemment, Sophie Cluzel ne n'aperçoit pas qu'elle a repris leurs éléments de langage.
Qu'il y ait une augmentation des diagnostics d'autisme en France, on ne peut que s'en réjouir, et c'est l'objectif des différents plans autisme, y compris celui dont est responsable Sophie Cluzel.
Mais il ne faut pas confondre cela avec la prévalence. Rien n'est prévu d'ailleurs sur le sujet dans le 4ème plan.
Dans celui-ci, il y a des orientations sur la recherche. 3 équipes ont été choisies pour les coordonner. Attendons de voir quels sont leurs projets, leurs orientations, si tout du moins les personnes concernées ont le droit d'en avoir connaissance.
Sur un autre plan : est-ce que vous imaginez Sophie Cluzel déclarer ""Il y a une progression anormale du nombre d'enfants trisomiques en France" ? Tout de suite, on imaginerait qu'il faut augmenter le nombre d'avortements thérapeutiques, ou faire des recherches pour les détecter plus tôt in utero - pour quoi faire? Est-ce que l'idée essentielle n'est pas d'identifier les accompagnements nécessaires pour une vie en société, et d'identifier ensuite le plus tôt possible les personnes qui en ont le plus besoin ?
Et puisqu'il est question d'environnement, est-ce qu'il ne nous faut pas beaucoup plus de Greta Thunberg ? Avec le changement climatique comme intérêt spécifique ?