Malaises sociaux et comportement d'autrui

[Evie]

Merci beaucoup !

C'est très intéressant, certaines références servent parfois à des vulgarisateurs en hacking social notamment, ça me parle.

Oui, vive la ... on est d'accord

[Clovis]

Je pense ne pas être trop hors-sujet en évoquant la réaction la plus courante lorsque vous évoquez certaines de vos difficultés : "mais non, il ne faut pas dire ça", "mais non, il ne faut pas te sous-estimer", "mais non, il ne faut pas être aussi sévère avec toi même", etc.

C'est gentil de vouloir remonter l'estime de soi de la personne en face... Seulement, aujourd'hui, quand je réalise l'exploit de me livrer suffisamment pour évoquer l'une ou l'autre difficulté ce n'est ni pour m'apitoyer sur moi-même ni pour me flageller. Je peux le plus souvent les évoquer sans trop d'animosité envers moi-même... Ce sont des constats, des bases de travail. Je veux bien que mes constatations soient discutées mais pas de manière purement rhétorique !

Ceci d'autant que lorsque lesdites difficultés ont des conséquences visibles on ne manque pas de vous le faire remarquer !

[Evie]

Oh non, ce n'est pas du tout hors sujet.
Ces petites phrases que tu cites ont également une sorte de violence camoufflée en nous pointant du doigt, si on évoque comme tu dis une difficulté qui nous est propre et qu'on nous répond 'il ne faut pas te sous-estimer' = c'est nous qui nous sous-estimons/qui sommes durs avec nous-mêmes, la responsabilité est mise de notre coté, ça ajoute une charge supplémentaire au fait de nous livrer, indirectement c'est nous le problème, en plus de celui qui est exposé.
Oui ça peut partir d'un bon sentiment mais c'est extrêmement maladroit et (je sais pas pour les autres) généralement ça aggrave la situation, on se sent bête, on regrette d'avoir parlé et on culpabilise de ne pas mieux réagir à quelqu'un d'aussi bien intentionné, faudrait pas être trop ingrat quand même, etc ..
Et en plus, comme tu dis, on est compris de travers et nos intentions de base ne sont pas comprises, voir disqualifiées.
Et après on nous dit que le mutisme c'est mal et qu'il faut s'exprimer, etc ...

[Benoit]

Il y a, entre autres, cette discussion où l'on émet des critiques quand à la méthode ABA (et autres).

Il y a également le thread sur la neurodiversité, qui historiquement vient de l'affirmation par les autistes qu'il existe une frontière entre ce qui pourri la vie des autistes et qu'il faut soigner, et ce qui relève de la différence et qu'il faut conserver, même si ça emmerde les gens. (bon, je paraphrase).

Extrait :

Il est possible que des ambigüités dans le terme de "prévention" aient contribué à la polarisation des points de vue. Certaines personnes de la communauté autistique supposent que la prévention de l'autisme signifierait son eradication totale. Peut être certains chercheurs ont bien pour objectif cette forme de prévention de l'autisme, mais l'objectif de la plupart des recherches est la prévention des défis sévères cognitifs, comportementaux et sociaux qu'on associe à l'autisme et de leur impact négatif sur les individus et leurs familles. Il est utile de faire appel à la distinction entre les formes primaire, secondaire et tertiaire de la prévention, dans ce contexte: les stratégies de prévention primaires visent à éviter le développement d'une condition à travers des activités de promotion de soins ciblant soit la population générale, soit spécifiquement une population à risque; les stratégies de prévention secondaires recherchent à diagnostiquer et traiter une condition dans ces phases précoces avant qu'elle n'occasionne de substantielle morbidité; les stratégies de prévention tertiaires impliquent des interventions visant à réduire les effets négatifs de la condition en rétablissant les fonctionnements et en réduisant les complications liées à la condition autant que possible. Dans le cas de l'autisme, il faut noter que même la "prévention secondaire" relativement radicale ne ciblerait que les morbidités occasionnées par l'autisme et non l'autisme lui même.

[freeshost]

Ah ! Oui ! Voici quelques discussions animées sur la neurodiversité :

- L'autisme autrement: l'approche psychosociale de Julie Dachez,
- [Livre] Neurotribes, The Legacy of Autism and the Future of Neurodiversity (Steve Silberman),
- Neurodiversité.

[Evie]

Merci!

Je viens de lire le fil de discussion animé et c'est vraiment très instructif, c'est un plaisir d'en apprendre plus sur la question.

@freeshost décidément j'aime beaucoup tes interventions et tes références.

Et oui c'est assez houleux parfois mais ça permet de repérer des biais.

Les autres sont passionnants aussi.

[Nebulon]

Evie, j'emet un doute, Que-ce qui ce passe dans les pensées d'une personne qui veut te faire la bise par exemple. Il peut sans doute voire que quel chose ne va pas. Mais devienne t'il vraiment ce que il va pas ? Sait t'il que tu veux pas cela ? J'emet donc le doute qu'il ne sais pas qu'il faut le faire.

[Evie]

Eh bien à vrai dire, je n'ai aucune idée de ce qui se passe dans leurs pensées. Par contre, le fait qu'il y ait clairement des signes non-verbaux indiquant un rejet ou une absence de consentement est suffisant. Si on voit que l'autre en face ne participe pas au geste et se ferme, c'est une indication qu'il vaut mieux arrêter ou demander la permission.
Je n'ai peut-être rien compris à ce mode opératoire mais pour moi, quand quelqu'un ne tend pas la joue, fronce les sourcils, se raidit, détourne les yeux et la tête par exemple, c'est signe qu'il faut stopper.
Un jour, j'ai opté pour une autre méthode en la planifiant un peu (parce que peut-être que le non-verbal n'est pas assez évident), à savoir secouer négativement la tête en disant 'non' (deux signes de négation, quand même), pour éviter de heurter j'ai souri avec gêne, eh bien ça n'a pas empêché l'autre personne de me faire la bise quand même en disant 'roh alleeeez!'. C'est le genre d'attitude intrusive forcée qui peut être évitée tellement facilement en plus, pas besoin de savoir ce qui ne va pas ou pourquoi certaines personnes n'aiment pas ça, c'est pas important. Ce qui est important c'est de respecter les signaux négatifs.
C'est peut-être moi qui ne comprends rien, je ne sais pas. En tout cas ça ne fait pas du bien, on se sent mal après. Le contact non désiré (ou le contact tout court) est une chose qui peut être très pénible à vivre, même si ça peut paraitre ridicule dit comme ça.

[Ailurine]

Il est super intéressant aussi ce fil !

Pour ma part, la bise ne me dérange pas... si j'apprécie la.personne. ce que je n'aime pas, c'est l'hypocrisie du geste. Pourquoi faire la bise à une personne que je connais pas ou que je n'apprécie pas plus que ça ? Pourquoi un vague bonjour ne suffirait pas ? (Déjà que j'ai du mal avec l'idée de dire bonjour à quelqu un qu'on voit tous les jours... Je passe régulièrement pour une malpolie (On me le dit, alors j'essaie de faire des efforts, mais bon). Meme sur internet, je ne dis jamais bonjour une fois faite ma presentation, sauf si on a déjà fait.la remarque...

La poignée de mains, c'est encore pire avec mon SED, surtout quand je tombe sur quelqu'un qui trouve amusant de serrer >< ( ça me rappelle els ateliers pôle emploi, ça :" non mais ça va aps, il faut une poignée fermé ! " je peux déjà pas tenir un stylo, je fais comment ? >< ).

[Clovis]

En général quand je connais pas les gens je les laisse prendre l'initiative sur le rituel de salutation : serrage de main ou pas.

Quand je rencontre des gens que je ne connais pas avec des gens que je connais c'est gênant : dois-je appliquer le même traitement à tous ? Si je fais habituellement la bise à une des femmes présente, faudrait-il que je fasse de même avec celle qu'on me présente ? Etc, c'est sans faim (sic, je laisse la coquille...).

Dans le doute je reste souvent à distance, sans prendre d'autre initiative que de dire bonjour en essayant de faire un sourire...

Et encore j'ai de la chance que faire la bise ou serrer les mains ne me pose pas / plus vraiment de problème en soit.

[Evie]

Oui c'est vrai qu'il y a aussi le problème quand d'autres se rajoutent: doit-on appliquer la même procédure ou non ? etc

Et je ne comprends pas non plus le fait de le faire à des gens qu'on ne connait pas ou qu'on apprécie pas forcément, à plus forte raison. Et dire bonjour à quelqu'un qu'on croise tous les jours, pareil.
Le coup de la poignée de main ferme, je ne comprends pas non plus.

Mais bon, c'est vraiment le fait d'insister quand on met une barrière, là j'ai du mal à trouver des raisons ailleurs que dans le fait qu'on est considéré comme un objet et non un sujet, et qu'on est nié en tant que personne 'tu n'existes pas, ton refus ne compte pas et je fais ce que je veux'.

[Ailurine]

Et encore adulte tu as moyen de refuser, mais enfant ? Ça m'insupporte les gens qui veulent absolument que le gamin fasse la bise alors que clairement il a pas envie ( quand jetais petite, il paraît que j'envoyais bouler les gens qui me.donnaient des surnoms "Je suis pas une biche, je suis une petite fille " ).

[Evie]

Ah tout à fait, c'est atroce quand on est enfant et qu'on doit le faire par pure obéissance, et quand on veut pas c'est tout de suite 'ooh mais pourquoi tu es vilain.e comme ça ?', je trouve ça horrible d'imposer des choses pareilles.

Ailurine: c'est énoncer une vérité avec tact, j'aime bien cette réaction.

[Ailurine]

C'est ça. Si l'enfant veut faire la bise spontanément, pas de soucis, mais s'il est trop jeune pour faire son.propre choix ou s'il refuse, c'est niet. Ça donne l'impression que la volonté des enfants n'a aucune valeur :\

Oui, rétrospectivement, ça me fait beaucoup rire, mais je n'en ai aucun souvenir ^^ par contre, apparemment ça a marqué les gens, parce qu'on me le ressort souvent ^^

[Evie]

Oui, et ce qui semble 'gentil' a une espèce d'aura sacrée donc ne doit surtout pas être remise en question (les bises, les câlins), donc les refuser est systématiquement mal vu. Surtout pour un enfant, en tant que gamin on ne peut qu'aimer ce qui est gentil théoriquement dans l'esprit de beaucoup donc parfois les gens ne prennent pas les refus au sérieux.
Quand c'est spontané de se jeter dans les bras ou faire des bisous en tant qu''enfant, oui c'est génial, mais c'est mieux si ça vient de lui ou d'elle, oui :/

Pareil, étant gamine j'avais aussi eu une réaction, peut-être pas du même genre car totalement dénuée de tact, un vieux monsieur faisait des gazouillis devant moi comme les gens le font d'ordinaire avec les jeunes enfants (genre gaga, vous voyez) et il parait que je l'avais fixé très sérieusement et que j'avais ajouté d'un air grave: 'tu n'es pas beau.' Ça a fait rire tout le monde et on me l'a ressorti très souvent, je n'en ai aucun souvenir, j'étais vraiment toute petite.