Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

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Gwen666
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Gwen666 »

Désolé·e je n’ai pas lu tout le fil mais il me semble important en tant que personne transgenre (il s’agit d’une question de genre et pas de sexe donc transgenre et pas transexuel·le) non-binaire (plus précisément j’oscille entre genre neutre et genre masculin alors que j’ai été assigné fille à la naissance même si mon genre est bien plus compliqué que ça en vrai) de préciser quelques points.
Être trans c’est être d’un genre différent de celui assigné à la naissance. Il ne faut pas confondre le genre et l’expression de genre. Ici les premiers messages du sujet emploient l’expression «dysphorie de genre» pour parler d’une expression de genre différente de la norme alors que le terme signifie la souffrance qu’éprouve une personne trans à voir sa transidentité niée par la société.
Par exemple moi quand les gens m’appellent par mon prénom de naissance au lieu de mon prénom d’usage ça me blesse, c’est une manifestation de la dysphorie de genre. C’est un terme inventé par des psychiatres pour dire qu’être trans = être dingue à enfermer, mais il y a beaucoup de personnes trans qui utilisent encore ce terme parce qu’il est pratique faute de mieux pour décrire les dépressions, douleurs psychosomatiques et autres qu’on peut ressentir du fait de sa transidentité.
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Mizton
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Mizton »

Ici les premiers messages du sujet emploient l’expression «dysphorie de genre» pour parler d’une expression de genre différente de la norme alors que le terme signifie la souffrance qu’éprouve une personne trans à voir sa transidentité niée par la société.
Par exemple moi quand les gens m’appellent par mon prénom de naissance au lieu de mon prénom d’usage ça me blesse, c’est une manifestation de la dysphorie de genre. C’est un terme inventé par des psychiatres pour dire qu’être trans = être dingue à enfermer, mais il y a beaucoup de personnes trans qui utilisent encore ce terme parce qu’il est pratique faute de mieux pour décrire les dépressions, douleurs psychosomatiques et autres qu’on peut ressentir du fait de sa transidentité.
Euh, je me permets d'intervenir pour exprimer mon désaccord avec la définition donnée ici de dysphorie de genre : ce terme n'a jamais signifié "souffrance de voir sa transitude niée par la société". Le terme de dysphorie de genre, créé par le milieu médical comme tu le dis, signifie ressentir une souffrance et un rejet (bref l'inverse de l'euphorie) vis à vis de son genre.... sous-entendu, son genre d'assignation.. Bah oui, en gros pour les toubibs/psychiatres and co, la personne trans est une personne un peu barge qui se sent mal vis à vis de son "vrai genre" et qui s'imagine être d'un "autre genre".

Est-ce qu'on dit qu'une personne homosexuelle est "dysphorique d'orientation sexuelle" quand elle voit son orientation sexuelle niée par la société ? ("c'est une phase, ça va passer, c'est parce que t'as pas testé" etc). Non. Parce que c'est pas de la dysphorie ça.. c'est juste de l'homophobie.
Être en souffrance parce que notre genre est nié par la société, c'est souffrir de la transphobie, ni plus ni moins.
On peut, en tant que personne trans, éprouver certaines dysphories, par rapport à certaines parties de son anatomie, par rapport à son prénom d'assignation, par rapport à sa voix etc. Mais généralement, on a aucune dysphorie par rapport à notre genre...
Si quelqu'un-e est malheureux d'être trans, c'est plutôt parce qu'iel vit de la transphobie à tous les niveaux, que ça læ pousse à détester son corps (parce qu'on genre des organes génitaux, des formes de corps etc), que ça pousse à intérioriser tous les discours hyper négatifs qu'on se prend dans la gueule tous les jours (pathétiques, pathologisants, moqueurs, discriminants, violents, dégradants, infantilisants, voyeurs, salaces etc)...

Bref, "dysphorie de genre" = terme pathologisant, à ne pas utiliser (sauf si on est concerné et qu'on l'utilise pour soi uniquement, pas pour désigner la transitude/les transidentités).
Tout le monde est susceptible d'éprouver de la dysphorie, c'est pas réservé aux personnes trans. Et ça ne ferait pas de mal de bien distinguer la transphobie de la dysphorie :/ Pour décrire les dépressions, le mal-être etc, on est pas obligé d'utiliser des termes incorrects et inadaptés qui en plus sont utilisés à nos dépends pour nous pathologiser. Ne peut-on pas juste appeler les choses par leurs nom et parler ouvertement de transphobie (et de ses conséquences : dépressions, isolement, automutilation, mal-être, mésestime de soi, (tentatives de) suicide...) ? C'est plus simple encore, nan ?
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Vad
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Vad »

j'ai vu dans une conférence récemment, selon les dires d'un professionnel travaillant dans un CRA, que la dysphorie est plus présente chez les personnes autistes que les non autistes. Pourquoi?
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Gwen666
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Gwen666 »

En vrai dysphorie de genre c’est pour garder la transidentité dans le DSM et continuer de la pathologiser en faisant semblant de ne pas la pathologiser et de pathologiser à la place la souffrance que vivent certaines personnes trans et la dépression de quand leur transitude est niée par la société.
Ceci est étrange, je vois mon dernier message et j’ai beau savoir que c’est moi qui l’ai écrit je ne me reconnais pas dans ce que je dis. J’ai en partie changé d’avis depuis.
Sur l’emploi du mot «dysphorie» dans la vie quotidienne, je dis souvent «ça me fait dysphoriser» pour exprimer qu’une situation me déprime du fait de la transphobie. Je peux dire «ça me fait dysphoriser» si une personne me mégenre par exemple.
Ce type d’expressions est passé dans le langage courant de beaucoup de personnes trans de mon entourage. Je suis d’accord avec toi, ce n’est pas une raison pour l’utiliser.
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perdue
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par perdue »

En ce moment, je lis Sapiens une histoire de l'humanité.
Je viens de lire un passage qui m'a fait penser à cette discussion.
L'auteur dit qu'il faut distinguer le sexe, mâle ou femelle, qui est biologique, du genre, qui lui est culturel, social. Les qualités masculines et féminines sont intersubjectives et ne cessent de changer selon les sociétés ou les époques et sont issues de mythes sociaux et n'ont donc pas dexistence en tant que telle.
En attente de rendez-vous au CRA (délai d'attente de 18-20 mois...)
Gwen666
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Gwen666 »

Euh le sexe aussi est (au moins en partie) social, sinon il n’y aurait pas d’oppression systémique des intersexes.
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Nanar02 »

Pouvez vous m'indiquer où m'adresser pour un dépistage de dysphorie de genre ?

Merci
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Jean
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Jean »

Quelle région ?
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Lilette
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Lilette »

Il n'y a pas de diagnostic de dysphorie de genre à proprement parler.
Tu peux en parler avec un/des professionnel(s), genre psychiatre etc, mais il n'y a pas de diagnostic comme pour l'autisme.
Peut-être te rendre dans une association LGBT qui pourrait t'orienter/répondre à tes questions ?
TSA.
Aeryn
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Aeryn »

Il y a bien des professionnels / équipes qui diagnostiquent la dysphorie de genre.

Je ne connais pas pour les adultes, mais pour les enfants ça se fait par exemple en Île-de-France à l'hôpital Robert Debré, à la Pitié Salpêtrière, au Kremlin-Bicêtre aussi il me semble.
TSA d'intensité légère à modérée
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Nanar02
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Nanar02 »

Merci pour vos réponses
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Mizton
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Mizton »

C'est peut-être un peu tard mais sait-on jamais si d'autres passent par là :

Je conseille fortement de FUIR les "équipes protocolaires" en hôpital notamment, membres de la SoFECT.

Pour envisager des démarches hormonales, il y a plusieurs moyens :
Option 1 : obtenir une primo-ordonnance d'hormones d'un-e médecin généraliste ou gynécologue ou médecin de planning familial (dans certaines villes seulement) transfriendly.
Pour le suivi hormonal, on peut ensuite voir un-e endoc, ou passer par son médecin traitant (mais c'est + compliqué pour les bilans hormonaux car iels sont limité-e-s pour en prescrire)
=> ça peut être compliqué selon la région et la mobilité. Iels sont rares.

Option 2 :obtenir une attestation d'un-e psychiatre qui "valide" qu'on peut envisager des démarches médicales (c'est ce qu'on appelle la psychiatrisation).
-> puis obtenir une primo-ordonnance d'hormones auprès d'un-e endocrinologue

Pour envisager des démarches chirurgicales :
- trouver un-e chir compétent-e et acceptant d'opérer sans attest psy (c'est possible, mais le choix est limité)
- idem qu'option B (1 attest psy vaut pour tout hein, pas besoin d'en demander une autre normalement). À noter que certain-e-s chirs exigent une prise hormonale (ce qui est injustifié) et/ou une attest d'endoc.

Pour envisager des démarches paramédicales (orthophonie, dermato etc
- consulter librement (mais coûteux)
- idem qu'option B
Note : l'obtention d'une ALD peut être nécessaire pour le remboursement des professions non/mal remboursées.

Pour envisager des démarches juridiques
- changement de prénom : gratuit en mairie sur dépôt de dossier (comprenant des pièces d'identité, attest de témoins et des justificatifs de l'usage quotidien du prénom)
- changement d'état civil : au Tribunal, avec ou sans avocat, sur dossier (justificatifs de l'usage quotidien de son genre, via tout document de son choix, des attestations de proches etc. AUCUN DOCUMENT MEDICAL N'EST DEMANDÉ et le CEC ne peut être refusé par la seule absence de documents médicaux (attestant de transition médicale)


Chacun-e est libre également de passer par la SoFECT mais les délais sont longs, iels exigent un "test de vie réelle" (= s'outer sans aucune démarche médicale.. en gros ça met des gens en danger. de mort. oui.), leurs pratiques sont pathologisantes, transphobes et dangereuses (critères genrés normatifs, critères de refus agistes, homophobes, sérophobes, psychophobes, etc). Et il est d'ailleurs très probable qu'on vous dira non si vous êtes autistes (ou du moins si vous le dites) :/

Pour des contacts de professionnel-le-s de santé transfriendly : https://bddtrans.fr/ (pas forcément super à jour) et/ou aller sur les forums trans demander aux admins des coordonnées de médecins etc, ou se renseigner auprès des associations locales.
J'ai perso une liste sur les Pays de la Loire.

PS : la transitude ne se diagnostique pas. PERSONNE ne peut dire à la place de quelqu'un-e s'iel est "vraiment trans".
Les attestations psychiatriques sont une expression du contrôle médical sur nos vies, et une pathologisation de nos existences. Elles sont censées indiquer que la personne "ne présente pas de contre-indication à entamer des démarches de transition".
évidemment, dans ces circonstances, mieux vaut ne pas déclarer de trouble psy (ou considéré comme tel.. être aspie peut clairement être un motif pour vous garder et freiner vos démarches, le cas échéant).
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Jean »

JIM
Publié le 04/06/2019

Une haute prévalence des psychopathologies chez les individus transgenres

Les individus transgenres ont souvent à gérer de multiples problèmes psychologiques dont il est important de parler avec eux afin de leur offrir la meilleure prise en charge médicale possible. Et ceci a conduit l’équipe de la Transgender Health Clinic de Tel Aviv à inclure un interrogatoire spécifique à l’occasion de la première consultation. Sur les 405 sujets suivis ainsi durant 2,4 ans en moyenne (dont 221 transgenres femmes et 184 transgenres hommes, généralement plus jeunes), ils ont pu constater une plus grande tendance à vivre en couple chez les transgenres femmes et à avoir une descendance (p = 0,03). Par ailleurs, les transgenres hommes ont plus fréquemment un emploi (p = 0,0002) mais moins de soutien familial ou amical (p = 0,04). Ces différences entre les deux genres ne se retrouvent pas lorsqu’on évoque les problèmes psychopathologiques qu’ils encourent, le plus souvent à type de dépression (21 %) ou de troubles anxieux (9,9 %). Si 35 % au total ont des pathologies psychiatriques, 22 % sont soignés médicalement. Par ailleurs, 6,7 % ont fait des tentatives de suicide et 2,5 % se sont infligé des blessures non mortelles. Ces personnes sont également fréquemment fumeur(ses) et 2,5 % rapportent un abus d’alcool, 2,7 % de cannabis et 2,5 % d’héroïne ou de cocaïne. Ces constatations soulignent la nécessité de prendre en charge ces patients dans une équipe multidisciplinaire même lorsque rien n’est apparent ou avoué spontanément.

Dr Dominique-Jean Bouilliez
Référence
Kerem G et coll.: High Prevalence of Psychopathologies among Transgender Patients Presenting at a Large Tertiary Center: Implication for the Treating Clinicians. 21st European Congress of Endocrinology (ECE) (Lyon) : 18-21 mai 2019.
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par pasdumatin »

Je souhaite avoir une transition hormonale.
Dans ce but, j'ai contacté plusieurs généralistes dans ma ville, et dans les villes alentour. Ils sont plutôt réticents.
Même si je fréquente l'ant de ma région, je ne connais pas beaucoup de médecins qui pourraient me venir en aide.
J'ai pris un rv dans un hôpital avec un endocrinologue. Mais j'ai peur d'un rejet comme je suis Asperger.
Tous les jours, je souffre de dysphorie, et c'est un calvaire.
TSA diagnostiqué
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Jean
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Re: Y'a-t-il un lien entre autisme et dysphorie de genre?

Message par Jean »

père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans