Délinquance et autisme
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Re: Délinquants et autistes
Personnellement, j'apprécie beaucoup de trouver sur Asperansa de l'info neutre, justement sans parti pris mais que des faits. C'est ma définition du verbe "s'informer". Le jour (fictionnel, j'espère) où il n'y aura plus ce genre de "dépêche" ici, je pense que je ne m'y trouverais plus non plus.
Au sujet de l'intervention de Saduoc35, je souhaite préciser que Craig Nicholls (qui a été diagnostiqué par T.Attwood) a vécu ce genre "d'épisode" avec ses parents aussi. Ce sont des épisodes violents qui l'ont mené au diagnostic, en fait.
Au sujet de l'intervention de Saduoc35, je souhaite préciser que Craig Nicholls (qui a été diagnostiqué par T.Attwood) a vécu ce genre "d'épisode" avec ses parents aussi. Ce sont des épisodes violents qui l'ont mené au diagnostic, en fait.
*Diag TSA*
***Nullius in verba***
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Re: Délinquants et autistes
Avant, c'est le genre de metldown que je faisait, mais ça, c'était avant.
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Re: Délinquants et autistes
La prison de Château-Thierry ne recueille pas des personnes considérées irresponsables pénalement par un jugement.FinementCiselé a écrit : ↑vendredi 28 septembre 2018 à 13:09Je ne ne serai pas aussi catégorique que toi là dessus Jean, renseigne toi sur la prison de Château Thierry, son statu est particulier.
Il est vraisemblable, selon mon point de vue, qu'un certain nombre de personnes qui y sont auraient dû être déclarées irresponsables pénalement, et avoir des soins à la place.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Délinquants et autistes
Alors dans les faits, tu as la responsabilité pénale, et la responsabilité civile. Et quoi qu'il arrive même si pénalement non responsable, tu sera reconnu civilement responsable s'il y a victime civile. Et de fait tu peux quand même risquer la prison. Et pénalement irresponsable + prison au civile, c'est souvent un allez simple pour Château Thierry, peut importe ton lieu d'habitation.Jean a écrit : ↑mardi 2 octobre 2018 à 18:51 La prison de Château-Thierry ne recueille pas des personnes considérées irresponsables pénalement par un jugement.
Il est vraisemblable, selon mon point de vue, qu'un certain nombre de personnes qui y sont auraient dû être déclarées irresponsables pénalement, et avoir des soins à la place.
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Re: Délinquants et autistes
A ma connaissance, depuis la révolution française, les dettes au civil ne permettent pas la prison. Mais il faudrait que je fouille ce point.
Les victimes saisissent la CIVI (commission d'indemnisation des victimes d'infractions pénales), qui décident de leur indemnisation.
Considérés comme irresponsables, les personnes font cependant l'objet d'un internement psychiatrique d'office : il n'est pas facile de s'en libérer quand on a commis une agression.
Les victimes saisissent la CIVI (commission d'indemnisation des victimes d'infractions pénales), qui décident de leur indemnisation.
Considérés comme irresponsables, les personnes font cependant l'objet d'un internement psychiatrique d'office : il n'est pas facile de s'en libérer quand on a commis une agression.
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Re: Délinquants et autistes
Tout se joue sur la peine complémentaire. S'il n'y a pas possibilité d'indemnisation ni de réparation, EN PRINCIPE, c'est 2 ans d'office. Même si c'est rarement appliqué (on va plutôt parler d'actions d'intérêt publique et obligations de soins prononcées et donc effectivement internement d'office si refus de soins).
Ceci dit le préfet peu aussi demander une action auprès du juge des libertés (on parle d'emprisonnement administratif, le niveau au dessus de l'internement d'office). Ça reste des options très très particulières mais qui existent. La rareté de la chose pour les cas de troubles autre qu'autisme fait que dans le cas d'autisme ça serait encore plus rare.
Je ne crois pas qu'il y ait actuellement de cas équivalent au niveau mondial, on parle plutôt de troubles provoquant des altérations significatives au niveau de la perception de la réalité, alors en France, je doute en voir de mon vivant et j'espère pas en voir de mon vivant.
Ceci dit le préfet peu aussi demander une action auprès du juge des libertés (on parle d'emprisonnement administratif, le niveau au dessus de l'internement d'office). Ça reste des options très très particulières mais qui existent. La rareté de la chose pour les cas de troubles autre qu'autisme fait que dans le cas d'autisme ça serait encore plus rare.
Je ne crois pas qu'il y ait actuellement de cas équivalent au niveau mondial, on parle plutôt de troubles provoquant des altérations significatives au niveau de la perception de la réalité, alors en France, je doute en voir de mon vivant et j'espère pas en voir de mon vivant.
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Re: Délinquants et autistes
Le compte rendu du journaliste local :Jean a écrit : ↑vendredi 28 septembre 2018 à 1:05 Ce jeudi, j'étais au tribunal Correctionnel de Brest, car je suis poursuivi pour diffamation par une association. Audience sur le fond fin janvier.
Lors de l'audience, il y avait des poursuites pour coups et blessures contre une personne hospitalisée en prison.
Il était entendu en visioconference, ce qui ne m'est pas apparu digne : c'était très difficile de comprendre ce qu'il disait.
Le rapport du psychiatre était accablant, et concluait à une altération du discernement.
A ma grande surprise, le tribunal a conclu à l'irresponsabilite pénale.
C'était ce que je pensais, mais je n'imaginais pas que le tribunal irait jusque là.
https://www.letelegramme.fr/finistere/b ... 091201.php
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Re: Délinquants et autistes
Je m'excuse si cette question est un peu maladroite mais l'article ne précise pas que la personne ayant commis le crime est autiste.Jean a écrit : ↑mercredi 3 octobre 2018 à 0:28 Le compte rendu du journaliste local :
https://www.letelegramme.fr/finistere/b ... 091201.php
Alors je voudrais savoir pourquoi cet article apparait dans le fil "Délinquants et autistes".
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Re: Délinquants et autistes
Ne t'excuse pas.
Je me suis trouvé à assister à cette séance du tribunal correctionnel, et elle m'a impressionnée. Il s'agissait de schizophrénie, et elle posait la question de la conséquence d'un diagnostic sur l'appréciation de la responsabilité d'un délinquant. A ma connaissance, la schizophrénie fait l'objet d'un tel tabou, de tels préjugés, que le délinquant est considéré comme dangereux, comme "à enfermer".
J'ai été surpris de la décision des juges, compte tenu des débats, y compris de la plaidoirie de son avocat. Par contre, je l'ai trouvée logique. Sans illusion : le détenu va passer de l'unité spécialisée en prison à l'HP sous contrainte.
Pour continuer, extraits d'un article récent :
Fausses perceptions de jurés sur la crédibilité et la culpabilité d'un accusé autiste
Avant de lire la description du cas, les répondants de "Diagnostic + info" [contrairement au groupe "sans diagnostic"] étaient informés que l'accusé avait été évalué par un psychiatre légiste et avait reçu un diagnostic de TSA. Ils avaient également reçu des informations supplémentaires définissant les TSA et son impact sur son comportement. Par exemple, les participants ont été informés que l'accusé avait parfois du mal à communiquer correctement, avait une sensibilité sensorielle prouvée et se sentait souvent très anxieux dans des situations inconnues.(...)
Les conclusions actuelles selon lesquelles la présence d’une étiquette de TSA a eu une incidence sur les perceptions de culpabilité, même si l’affaire elle-même n’était pas ambiguë (il était clair qu’une agression avait été commise), fournissent un autre exemple frappant de l’influence qu’un diagnostic peut avoir sur la culpabilité, soulevant d’importantes questions juridiques, philosophiques et éthiques, notamment la question de savoir si les TSA pourraient et devraient être considérés comme une «carte de sortie de prison» (Sutton 2014). Les présents résultats indiquent qu’il est utile de fournir des informations sur les TSA pour prévenir les perceptions négatives de comportements autistes. Toutefois, des recherches plus approfondies sont nécessaires pour étendre les résultats actuels afin de déterminer s’il en résulte que les membres du jury sont trop indulgents et dans quelle mesure ces informations doivent être prises en compte. d'atténuation. Néanmoins, il est important de noter qu'un diagnostic de TSA devrait au moins être utilisé pour aboutir à des ajustements raisonnables afin de garantir un accès équitable au procès, par exemple avec la fourniture d'un intermédiaire pour témoigner (Cooper et Allely 2017), et Il faut également aider les jurys à prendre des décisions éclairées par des experts sur les besoins et les complexités des TSA (Allely et Cooper 2017; Freckelton 2013).
https://link.springer.com/article/10.10 ... 018-3803-7
Je me suis trouvé à assister à cette séance du tribunal correctionnel, et elle m'a impressionnée. Il s'agissait de schizophrénie, et elle posait la question de la conséquence d'un diagnostic sur l'appréciation de la responsabilité d'un délinquant. A ma connaissance, la schizophrénie fait l'objet d'un tel tabou, de tels préjugés, que le délinquant est considéré comme dangereux, comme "à enfermer".
J'ai été surpris de la décision des juges, compte tenu des débats, y compris de la plaidoirie de son avocat. Par contre, je l'ai trouvée logique. Sans illusion : le détenu va passer de l'unité spécialisée en prison à l'HP sous contrainte.
Pour continuer, extraits d'un article récent :
Fausses perceptions de jurés sur la crédibilité et la culpabilité d'un accusé autiste
Avant de lire la description du cas, les répondants de "Diagnostic + info" [contrairement au groupe "sans diagnostic"] étaient informés que l'accusé avait été évalué par un psychiatre légiste et avait reçu un diagnostic de TSA. Ils avaient également reçu des informations supplémentaires définissant les TSA et son impact sur son comportement. Par exemple, les participants ont été informés que l'accusé avait parfois du mal à communiquer correctement, avait une sensibilité sensorielle prouvée et se sentait souvent très anxieux dans des situations inconnues.(...)
Les conclusions actuelles selon lesquelles la présence d’une étiquette de TSA a eu une incidence sur les perceptions de culpabilité, même si l’affaire elle-même n’était pas ambiguë (il était clair qu’une agression avait été commise), fournissent un autre exemple frappant de l’influence qu’un diagnostic peut avoir sur la culpabilité, soulevant d’importantes questions juridiques, philosophiques et éthiques, notamment la question de savoir si les TSA pourraient et devraient être considérés comme une «carte de sortie de prison» (Sutton 2014). Les présents résultats indiquent qu’il est utile de fournir des informations sur les TSA pour prévenir les perceptions négatives de comportements autistes. Toutefois, des recherches plus approfondies sont nécessaires pour étendre les résultats actuels afin de déterminer s’il en résulte que les membres du jury sont trop indulgents et dans quelle mesure ces informations doivent être prises en compte. d'atténuation. Néanmoins, il est important de noter qu'un diagnostic de TSA devrait au moins être utilisé pour aboutir à des ajustements raisonnables afin de garantir un accès équitable au procès, par exemple avec la fourniture d'un intermédiaire pour témoigner (Cooper et Allely 2017), et Il faut également aider les jurys à prendre des décisions éclairées par des experts sur les besoins et les complexités des TSA (Allely et Cooper 2017; Freckelton 2013).
https://link.springer.com/article/10.10 ... 018-3803-7
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Re: Délinquants et autistes
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L’autisme du lanceur de fausses alertes à la bombe ignoré
Par Jacob Magid
Pour la plupart des détenus de la prison d’Ayalon de Ramle, les heures de visite se déroulent dans une salle ouverte, semblable à une cafétéria, où les détenus s’assoient à côté de leurs proches et les embrassent à la fin de la séance.
Mais pour M. – un Israélo-américain de 20 ans condamné en juin pour avoir fait des milliers de fausses alertes à la bombe contre des centres communautaires juifs américains et d’autres cibles dans le monde entier – les visites ont lieu de chaque côté d’une vitre de séparation, où il peut parler à ses parents par le biais d’un téléphone filaire.
De telles précautions ne sont pas prises pour n’importe quel prisonnier. Les menaces proférées par M. – dont le nom reste confidentiel et que l’on appelle dans de nombreuses émissions israéliennes « Ashkelon Hacker » – ont conduit à de nombreuses évacuations d’écoles, à des atterrissages d’urgence d’avion, au brouillage d’avions de combat. Il a même menacé d’exécuter des enfants qu’il prétendait détenir en otage.
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J’ai accompagné les parents du détenu lors de leur visite hebdomadaire jeudi matin en espérant rencontrer ce M. Mais le jeune homme qui attendait derrière la vitre était tout à fait différent du suspect que vous auriez pu imaginer après avoir lu son casier judiciaire.
M. est autiste.
Bien que chaque cas soit unique et que beaucoup préfèrent dire que personne ne peut être défini par son diagnostic, pour les parents de M., c’est la première chose qu’ils veulent que vous compreniez au sujet de leur enfant.
G et S, les parents du suspect des alertes à la bombe, à leur domicile à Ashkelon, le 26 avril 2017. (Crédit : DH/Times of Israel)
Dès que M. nous a vus de l’autre côté de la vitre, il a fait signe de la main comme seuls les jeunes enfants le font, en utilisant son poignet.
Alors que le jeune homme de 20 ans a peu à peu commencé à parler de son traitement à l’intérieur de la prison, nous avons compris pourquoi il n’avait pas l’air plus heureux de nous voir.
La visite de 30 minutes a permis de révéler le résultat jusqu’ici caché des mesures prises par un système juridique israélien qui, selon les parents de M., entend démontrer qu’il ne fera preuve d’aucune pitié à l’égard de leur fils pour avoir causé de tels dégâts dans le monde entier.
Si cela signifie placer une personne de 20 ans chez qui on a diagnostiqué un trouble grave du développement dans une prison à sécurité maximale, qu’il en soit ainsi.
La chambre du suspect accusé d’avoir lancé les fausses alertes à la bombe, à son domicile à Ashkelon, le 26 avril 2017. (Crédit : DH/Times of Israel)
Pleurer de douleur
M. – seul de l’autre côté de la vitre, sans menottes pour la première fois depuis des heures – était assis en face de ses parents, qui lui parlaient par téléphone sous les yeux de trois gardes armés.
« Comment vas-tu, M. ? demanda S. sa mère malade et inquiète. (Les noms de ses parents sont également censurés).
« Je vais bien », répondit gravement son fils. « Ils ont amélioré mes conditions ces derniers jours » – les gardes ont décidé de le menotter avec les mains devant au lieu de derrière le dos.
« Comment va ton poignet ? » demanda S. « Montre-le-moi. Il te fait encore mal ? »
Le jeune homme souleva son poignet et lui montra des marques qui, selon lui, avaient été causées par l’un des gardiens de prison qui lui avait tordu alors qu’il était encore menotté, lui enfonçant les menottes de métal dans la peau et, selon ses parents, lui brisant un os.
Cet incident s’était produit deux semaines plus tôt, quand deux agents de probation se sont rendus à la prison pour préparer un rapport sur M. qui sera présenté à son audience de détermination de la peine le 9 octobre.
Le père de M., G., lui a demandé de raconter ce qui s’était passé, et le détenu s’est exécuté à contrecœur.
Il a indiqué que les officiers lui avaient demandé d’expliquer pourquoi il avait commis de tels crimes. « Je leur ai dit que je voulais que tout le monde s’amuse », a dit M., conformément à ses déclarations durant tout le procès, soulignant le fait qu’il ne comprenait pas la gravité de ses actes.
G et S, les parents du suspect des alertes à la bombe, à leur domicile avec des cartes dessinées par M et un IRM de son cerveau, à Ashkelon, le 26 avril 2017. (Crédit : DH/Times of Israel)
Evidemment insatisfaits de la réponse, M. se souvient comment les surveillants lui ont menotté les mains derrière le dos et ont commencé à les tordre. « J’ai pleuré de douleur », nous a-t-il dit.
G. et S. m’ont dit que leur fils a demandé à plusieurs reprises à voir un médecin, mais cela lui a été refusé. Ils ont déposé une plainte à la police contre le garde, mais celui-ci est resté en charge de M.
Un triste anniversaire
Samedi dernier, M. a fêté ses 20 ans. Ses parents avaient prévu de lui souhaiter un joyeux anniversaire lors de leur appel quotidien, mais le téléphone n’a jamais répondu. Quand il a enfin décroché, deux jours plus tard, M. a dit à son père qu’il avait passé la quasi-totalité de son anniversaire attaché à son lit.
Assis dans un café près de la prison après notre visite de jeudi, G. a fait écouter un enregistrement de l’appel téléphonique dans lequel son fils racontait comment il avait eu peur de recevoir une autre raclée de la part du même officier qui lui avait fait mal au poignet. Lorsque les gardiens sont venus dans sa cellule pour leur inspection de nuit vendredi – un jour avant son anniversaire – M. leur a demandé s’il pouvait se rendre dans la « chambre des oreillers », où les détenus à risque d’automutilation sont parfois placés.
Shira Nir, l’avocate d’un adolescent israélo-américain soupçonné d’avoir passé des centaines d’appels menaçants à des institutions juives, présentant à la cour des magistrats de Rishon Lezion ce qui serait une image de la tumeur au cerveau de son client, le 30 mars 2017. (Crédit : Flash90)
Après que sa demande lui a été refusée, M. a dit à son père qu’il avait prévenu les gardiens qu’il allait se faire du mal.
« Il ne comprend pas les conséquences de telles menaces », a expliqué G., tout en précisant que son fils a en effet essayé de se suicider à plusieurs reprises. La prison, de son côté, a placé un gardien avec lui pendant presque 24 heures par jour, selon le père.
Mais apparemment cette mesure de précaution n’était pas suffisante ; M. a dit qu’il a passé les 18 heures suivantes, de 21h30 à 15h30 le lendemain, attaché à son lit – « comme Jésus-Christ », sa mère secouait la tête incrédule.
« S’ils le gardent là-dedans plus longtemps, il va mourir », a affirmé S., qui tremblait sur sa chaise dans le café, en déplorant le refus des gardiens de le laisser sortir de sa cellule plus de 30 minutes par jour.
J’ai cessé de manger à 20h42.
De retour à Ayalon, G. a demandé à son fils s’il se souvenait d’autres cas récents d’abus de la part des gardiens.
M. a commencé à s’agiter. « Peut-on parler d’autre chose ? » a-t-il supplié.
Cette « autre chose » en quelque sorte était moi. Le comportement de M. a changé presque instantanément devant l’occasion de parler à un nouveau visage.
L’homme a été amené devant la Cour des Magistrats à Rishon Letzion, suspecté d’être à l’origine de milliers de fausses alertes à la bombes contre des institutions juives du monde entier, le 23 mars 2017. (Crédit : Flash90)
Il m’a demandé d’où je venais et ce que je fais dans la vie. À trois reprises, alors que sa mère lui posait des questions, il lui a demandé de me passer le téléphone – un étranger qu’il n’avait jamais rencontré auparavant.
Ses parents craignaient que la présence d’un journaliste puisse inquiéter les gardiens, alors ils m’ont demandé de ne pas poser de questions sur les accusations portées contre M. ou de diriger la conversation comme une interview.
J’ai demandé à M. comment il gardait le moral derrière les barreaux.
« J’espère que je serai bientôt libéré », a-t-il dit simplement.
Afin que la conversation reste informelle, j’ai demandé au jeune homme ce qu’il aimait le plus à la cantine de la prison.
« Je n’ai pas l’intention de manger à partir de dimanche, parce que je vais faire une nouvelle grève de la faim », a répondu M. de façon catégorique.
Son père a expliqué que M. avait déjà fait une grève de faim pendant quatre jours à la fin de la semaine précédente.
M. a précisé qu’il avait cessé de manger « à 20h42 » mercredi soir dernier, en fournissant un niveau de détail commun aux personnes atteintes de sa maladie.
M. se souvient que le lundi matin, les effets de la grève de la faim l’ont épuisé et qu’il a recommencé à manger. Mais, comme son père l’avait rapporté au Times of Israel la semaine dernière, le jeune homme de 20 ans a annoncé son intention de recommencer une grève de la faim une nouvelle fois.
Le centre communautaire juif de Nashville, Tennessee, après une menace à la bombe reçue le 9 janvier 2017. (Crédit : capture d’écran The Tennessean)
« Jusqu’à ce qu’ils améliorent mes conditions », a précisé M.
Quels remords ?
Le jeune homme bégayait souvent et parlait avec un zozotement. Lors de notre pause dans le café de Ramle après la visite, ses parents ont expliqué que ces effets sont parmi les plus bénins dus à la tumeur cérébrale qui, selon eux, a joué un rôle non négligeable dans le trouble du discernement de M. au fil des années.
S. a ajouté que les symptômes de la tumeur se sont aggravés depuis l’incarcération de son fils il y a près d’un an et demi, mais la prison a refusé de le laisser consulter un neurologue.
Les dossiers médicaux décrivant la tumeur ont été présentés au tribunal par la défense pendant le procès, mais ils n’ont pas été mentionnés dans le verdict ; de même que les témoignages de plus de 10 experts psychiatriques présentés par la défense, selon lesquels M. n’était pas responsable de ses actes.
La décision finale contre M. a même ignoré un rapport ordonné par le tribunal dans lequel un psychiatre clinique du ministère de la Protection sociale a conclu qu’il « ne pouvait faire la distinction entre le bien et le mal ».
Par la suite, le juge Zvi Gurfinkel a reconnu le diagnostic d’autisme de M., mais a estimé qu’il ne s’agissait pas d’un « élément » l’exonérant de toute responsabilité.
Entre autres choses, la décision s’appuyait sur un passage que le psychiatre du district de Tel-Aviv a inclus dans son rapport pour le compte de l’État, dans lequel il a cité M. qui lui a dit : « Je réalise que ce n’est pas un jeu, et je suis désolé ».
Les parents de M. ont rejeté catégoriquement la possibilité que leur fils ait pu faire une telle déclaration.
Citant une interview que lui et son épouse ont donnée au Times of Israel le mois qui a suivi l’arrestation de son fils, G. a affirmé que « M. ne sait pas formuler des excuses. Il ne comprend pas ce qu’est le remords. »
L’avocat Yoram Sheftel (Crédit : Flash90)
L’avocat du détenu, Yoram Sheftel, a déclaré qu’il avait demandé la preuve que cette reconnaissance avait été faite, mais qu’on lui avait dit que le psychiatre du district avait perdu les notes de son évaluation en question.
Les parents de M. ont indiqué qu’ils ont l’intention de dénoncer les différentes omissions de la décision « illégitime » de Gurfinkel lors d’un appel devant la Cour suprême qui sera déposé immédiatement après le prononcé de la sentence.
« Personne ne demande qui a payé M. »
G. a qualifié le procès de « grand complot », arguant que la hâte de l’État à intenter des poursuites a empêché l’État de poser les questions difficiles liées à l’affaire de son fils.
Le père affirme que M. n’avait pas effectué d’alertes à la bombe par téléphone de sa propre initiative. Le jeune homme avait en fait publié une liste de prix pour ses services d’intimidation en ligne. En utilisant bitcoin, les clients pouvaient commander la menace d’un « massacre dans une maison privée » pour l’équivalent de 40 dollars, un appel menaçant un « massacre scolaire » pour 80 dollars et la menace d’un attentat à la bombe dans un avion pour 500 dollars.
G. a souligné que son fils n’a jamais utilisé l’argent – une preuve supplémentaire, selon lui, des motivations floues de M. dans la perpétration des délits.
La prison Ayalon à Ramle. (Wikipedia CC BY 2.5)
Tout en se gardant d’excuser les actions de son fils, G. a fait remarquer que « personne n’a demandé qui a payé M. ».
« Tout le monde se contente d’accuser un garçon autiste et ignore le fait qu’il y a des gens derrière chacune de ces situations », a-t-il accusé.
Tout en refusant de préciser, G. a dit que les noms seraient portés à la connaissance du public « dans un avenir proche ».
« Cela a détruit nos vies », a confié le père dans le café, mais il était évident que les deux avaient décidé de continuer à se battre.
La vie est belle ?
La volonté de garder espoir s’est aussi manifestée dans la manière dont ils ont achevé leur visite à M.
A la fin de la visite, S. a parlé à son fils d’un jeune homme de 19 ans, Ben Megarry, autiste de 19 ans, qui a également été condamné pour avoir fait une vingtaine de menaces à la bombe par téléphone dans des écoles au Royaume-Uni.
Mais dans la version britannique de cette affaire, Megarry a évité la prison et s’est vu infliger une peine de deux ans de probation et 70 heures de travaux d’intérêt général.
Le cas était semblable à celui de M., mettant en scène un jeune homme causant des dommages depuis sa propre chambre à coucher, tout en semblant incapable de comprendre les conséquences de ses actes.
« Je voulais lui donner une raison d’espérer », déclara S. après la visite, bien que, sur le moment, il ne fut pas certain que M. avait compris.
Tandis que les parents échangeaient quelques derniers mots avec leur fils, un gardien est entré dans la pièce et a commencé à leur crier dessus. « Je vous ai déjà dit 20 fois de terminer la visite, et vous ne m’avez pas écouté », a-t-il aboyé.
G. et S. se sont regardés sous le choc, car ni l’un ni l’autre n’avait entendu le gardien attirer leur attention plus d’une fois.
An ambulance exits the Ayalon Prison in Ramle (photo credit: Yossi Aloni/Flash90)
Une ambulance quitte la prison d’Ayalon à Ramle (Crédit: Yossi Aloni/Flash90)
« J’ai l’intention d’en informer la hiérarchie », a ajouté le gardien. G. et S. n’ont pas dit un mot, craignant de contrarier davantage un gardien qui pourrait très bien faire partie des responsables de leur fils dans la journée.
En se dépêchant de prendre congé, les parents ont posé leurs paumes sur la vitre, tout comme M. l’a fait de l’autre côté.
En sortant, ils ont jeté un dernier coup d’œil par la vitre pour voir leur fils être menotté et emmené par les gardiens dans la direction opposée.
Juste au-dessus de cette vitre, il y avait une phrase peinte avec les doigts : « La vie est belle ». Au mieux, il pourrait s’agir d’une référence à la vie de ce côté de la vitre, même si, espérons-le, personne ne l’a remarqué.
La mère d’un adolescent israélo-américain qui serait responsable de centaines d’appels de menace à la bombe contre des institutions juives sur plusieurs continents pendant un entretien accordé à la Deuxième chaîne, le 1er avril 2017. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)
En réponse aux accusations de mauvais traitements infligés à M. par les gardiens de la prison d’Ayalon, l’Administration pénitentiaire israélienne (API) a publié le communiqué suivant :
« Le déroulement de la détention de [M.] a été caractérisé par un comportement difficile, incluant des tentatives d’automutilation, de la violence contre autrui, des dommages matériels et des tentatives répétées d’échapper à la surveillance des gardiens. De plus, au cours de sa détention, le détenu a continué d’utiliser le téléphone public pour porter atteinte à la sécurité publique ».
« Afin de le protéger et de préserver l’ordre public, des directives de sécurité strictes ont été établies, qui concilient l’obligation de l’API de le maintenir en détention légale… et la nécessité de tenir pleinement compte de sa situation particulière. Tout au long de sa détention, de nombreuses tentatives ont été faites pour l’intégrer dans des processus thérapeutiques, mais le détenu n’a pas coopéré. Il convient également de préciser que les demandes de la famille du détenu sont traitées de manière professionnelle et au quotidien. Par ailleurs, les enquêtes menées à la suite de ces demandes – notamment par des agents externes – n’ont pas révélé de faute, ni de preuve de leurs allégations ».
Pour leur part, G. et S. ont répondu par le communiqué suivant :
« L’API et l’Etat d’Israël ont ignoré les recommandations des experts médicaux qui ont déclaré que la place de M. n’est pas en prison, mais plutôt dans un programme de réhabilitation au sein d’une institution. En conséquence, ils exercent une force et une violence excessives [contre M.], qu’ils dissimulent avec un professionnalisme alarmant. Chacune de nos demandes n’a pas fait l’objet d’une enquête et a plutôt été classée d’une manière qui est typique de celle d’un pays du tiers monde. Nous, ses parents, craignons pour sa vie ».
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10 ans de prison pour l’auteur des fausses alertes à la bombe de centres juifs
Par Jacob Magid
Le tribunal de district de Tel Aviv a condamné jeudi un homme israélo-américain, reconnu coupable d’avoir lancé des milliers de fausses alertes à la bombe contre des centres communautaires juifs américains et d’autres cibles dans le monde, à 10 ans de prison.
Le jeune homme de 20 ans, M., dont le nom complet est sous embargo en Israël, a été diagnostiqué autiste et souffre également d’une tumeur au cerveau qui, selon ses parents et son avocat, a entièrement affecté son comportement. Mais si le juge Tzvi Gurfinkel a reconnu l’état de santé de M., il a conclu qu’il était néanmoins responsable de ses actes et qu’il comprend la différence entre le bien et le mal.
La peine, qui inclut une amende de 60 000 shekels (15 000 euros), est de trois ans plus longue que les sept années demandées par l’accusation. Gurfunkel a statué que la peine de M. M. sera comptée à partir de son arrestation en mars 2017.
M. a été reconnu coupable en juin de centaines de chefs d’accusation d’extorsion, de publication de fausses informations qui ont provoqué la panique, d’infractions sur ordinateur et de blanchiment d’argent, entre autres accusations.
Les autorités affirment qu’il a passé des milliers d’appels de menaces, principalement vers des centres communautaires et des écoles aux États-Unis, de janvier à mars 2017, en utilisant un service d’appel en ligne qui lui a permis de dissimuler sa voix et son identité. Il a également ciblé des centaines de compagnies aériennes et d’aéroports, de centres commerciaux et de postes de police aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Grande-Bretagne, et a tenté d’extorquer le sénateur républicain Ernesto Lopez du Delaware.
Ses menaces ont entraîné des brouillages des communications d’avions de chasse, des largages de carburant et des atterrissages d’urgence, des évacuations d’écoles et de nombreuses autres conséquences désastreuses. Il a parfois menacé d’exécuter des enfants qu’il prétendait détenir en otage.
M. a admis avoir fait quelque 2 000 faux appels d’alerte à la bombe à des hôpitaux, des compagnies aériennes, des écoles et diverses institutions juives par ennui.
Les fausses alertes à la bombe, qui se sont produites au beau milieu d’une montée de l’extrême droite aux États-Unis, ont effrayé les communautés juives et fait craindre une montée de l’antisémitisme.
Son avocat a déclaré aux médias israéliens en juin qu’il avait tenté de se suicider au moins cinq fois en prison, depuis son arrestation en mars dernier. Plus tôt cette année, il a brièvement échappé à la surveillance de la police après une audience devant un tribunal de district de Jérusalem.
En plus d’être passible d’une longue peine d’emprisonnement en Israël, M. a été inculpé de crimes de haine par le ministère américain de la Justice, ce qui lui aurait valu une lourde peine de prison dans ce pays.
Le mois dernier, le tribunal de district de Tel-Aviv a émis une nouvelle série d’actes d’accusation contre M. M., l’accusant d’avoir lancé trois autres fausses alertes depuis la prison et d’avoir tenté de s’échapper de sa garde à vue.
L’autisme du lanceur de fausses alertes à la bombe ignoré
Par Jacob Magid
Pour la plupart des détenus de la prison d’Ayalon de Ramle, les heures de visite se déroulent dans une salle ouverte, semblable à une cafétéria, où les détenus s’assoient à côté de leurs proches et les embrassent à la fin de la séance.
Mais pour M. – un Israélo-américain de 20 ans condamné en juin pour avoir fait des milliers de fausses alertes à la bombe contre des centres communautaires juifs américains et d’autres cibles dans le monde entier – les visites ont lieu de chaque côté d’une vitre de séparation, où il peut parler à ses parents par le biais d’un téléphone filaire.
De telles précautions ne sont pas prises pour n’importe quel prisonnier. Les menaces proférées par M. – dont le nom reste confidentiel et que l’on appelle dans de nombreuses émissions israéliennes « Ashkelon Hacker » – ont conduit à de nombreuses évacuations d’écoles, à des atterrissages d’urgence d’avion, au brouillage d’avions de combat. Il a même menacé d’exécuter des enfants qu’il prétendait détenir en otage.
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J’ai accompagné les parents du détenu lors de leur visite hebdomadaire jeudi matin en espérant rencontrer ce M. Mais le jeune homme qui attendait derrière la vitre était tout à fait différent du suspect que vous auriez pu imaginer après avoir lu son casier judiciaire.
M. est autiste.
Bien que chaque cas soit unique et que beaucoup préfèrent dire que personne ne peut être défini par son diagnostic, pour les parents de M., c’est la première chose qu’ils veulent que vous compreniez au sujet de leur enfant.
G et S, les parents du suspect des alertes à la bombe, à leur domicile à Ashkelon, le 26 avril 2017. (Crédit : DH/Times of Israel)
Dès que M. nous a vus de l’autre côté de la vitre, il a fait signe de la main comme seuls les jeunes enfants le font, en utilisant son poignet.
Alors que le jeune homme de 20 ans a peu à peu commencé à parler de son traitement à l’intérieur de la prison, nous avons compris pourquoi il n’avait pas l’air plus heureux de nous voir.
La visite de 30 minutes a permis de révéler le résultat jusqu’ici caché des mesures prises par un système juridique israélien qui, selon les parents de M., entend démontrer qu’il ne fera preuve d’aucune pitié à l’égard de leur fils pour avoir causé de tels dégâts dans le monde entier.
Si cela signifie placer une personne de 20 ans chez qui on a diagnostiqué un trouble grave du développement dans une prison à sécurité maximale, qu’il en soit ainsi.
La chambre du suspect accusé d’avoir lancé les fausses alertes à la bombe, à son domicile à Ashkelon, le 26 avril 2017. (Crédit : DH/Times of Israel)
Pleurer de douleur
M. – seul de l’autre côté de la vitre, sans menottes pour la première fois depuis des heures – était assis en face de ses parents, qui lui parlaient par téléphone sous les yeux de trois gardes armés.
« Comment vas-tu, M. ? demanda S. sa mère malade et inquiète. (Les noms de ses parents sont également censurés).
« Je vais bien », répondit gravement son fils. « Ils ont amélioré mes conditions ces derniers jours » – les gardes ont décidé de le menotter avec les mains devant au lieu de derrière le dos.
« Comment va ton poignet ? » demanda S. « Montre-le-moi. Il te fait encore mal ? »
Le jeune homme souleva son poignet et lui montra des marques qui, selon lui, avaient été causées par l’un des gardiens de prison qui lui avait tordu alors qu’il était encore menotté, lui enfonçant les menottes de métal dans la peau et, selon ses parents, lui brisant un os.
Cet incident s’était produit deux semaines plus tôt, quand deux agents de probation se sont rendus à la prison pour préparer un rapport sur M. qui sera présenté à son audience de détermination de la peine le 9 octobre.
Le père de M., G., lui a demandé de raconter ce qui s’était passé, et le détenu s’est exécuté à contrecœur.
Il a indiqué que les officiers lui avaient demandé d’expliquer pourquoi il avait commis de tels crimes. « Je leur ai dit que je voulais que tout le monde s’amuse », a dit M., conformément à ses déclarations durant tout le procès, soulignant le fait qu’il ne comprenait pas la gravité de ses actes.
G et S, les parents du suspect des alertes à la bombe, à leur domicile avec des cartes dessinées par M et un IRM de son cerveau, à Ashkelon, le 26 avril 2017. (Crédit : DH/Times of Israel)
Evidemment insatisfaits de la réponse, M. se souvient comment les surveillants lui ont menotté les mains derrière le dos et ont commencé à les tordre. « J’ai pleuré de douleur », nous a-t-il dit.
G. et S. m’ont dit que leur fils a demandé à plusieurs reprises à voir un médecin, mais cela lui a été refusé. Ils ont déposé une plainte à la police contre le garde, mais celui-ci est resté en charge de M.
Un triste anniversaire
Samedi dernier, M. a fêté ses 20 ans. Ses parents avaient prévu de lui souhaiter un joyeux anniversaire lors de leur appel quotidien, mais le téléphone n’a jamais répondu. Quand il a enfin décroché, deux jours plus tard, M. a dit à son père qu’il avait passé la quasi-totalité de son anniversaire attaché à son lit.
Assis dans un café près de la prison après notre visite de jeudi, G. a fait écouter un enregistrement de l’appel téléphonique dans lequel son fils racontait comment il avait eu peur de recevoir une autre raclée de la part du même officier qui lui avait fait mal au poignet. Lorsque les gardiens sont venus dans sa cellule pour leur inspection de nuit vendredi – un jour avant son anniversaire – M. leur a demandé s’il pouvait se rendre dans la « chambre des oreillers », où les détenus à risque d’automutilation sont parfois placés.
Shira Nir, l’avocate d’un adolescent israélo-américain soupçonné d’avoir passé des centaines d’appels menaçants à des institutions juives, présentant à la cour des magistrats de Rishon Lezion ce qui serait une image de la tumeur au cerveau de son client, le 30 mars 2017. (Crédit : Flash90)
Après que sa demande lui a été refusée, M. a dit à son père qu’il avait prévenu les gardiens qu’il allait se faire du mal.
« Il ne comprend pas les conséquences de telles menaces », a expliqué G., tout en précisant que son fils a en effet essayé de se suicider à plusieurs reprises. La prison, de son côté, a placé un gardien avec lui pendant presque 24 heures par jour, selon le père.
Mais apparemment cette mesure de précaution n’était pas suffisante ; M. a dit qu’il a passé les 18 heures suivantes, de 21h30 à 15h30 le lendemain, attaché à son lit – « comme Jésus-Christ », sa mère secouait la tête incrédule.
« S’ils le gardent là-dedans plus longtemps, il va mourir », a affirmé S., qui tremblait sur sa chaise dans le café, en déplorant le refus des gardiens de le laisser sortir de sa cellule plus de 30 minutes par jour.
J’ai cessé de manger à 20h42.
De retour à Ayalon, G. a demandé à son fils s’il se souvenait d’autres cas récents d’abus de la part des gardiens.
M. a commencé à s’agiter. « Peut-on parler d’autre chose ? » a-t-il supplié.
Cette « autre chose » en quelque sorte était moi. Le comportement de M. a changé presque instantanément devant l’occasion de parler à un nouveau visage.
L’homme a été amené devant la Cour des Magistrats à Rishon Letzion, suspecté d’être à l’origine de milliers de fausses alertes à la bombes contre des institutions juives du monde entier, le 23 mars 2017. (Crédit : Flash90)
Il m’a demandé d’où je venais et ce que je fais dans la vie. À trois reprises, alors que sa mère lui posait des questions, il lui a demandé de me passer le téléphone – un étranger qu’il n’avait jamais rencontré auparavant.
Ses parents craignaient que la présence d’un journaliste puisse inquiéter les gardiens, alors ils m’ont demandé de ne pas poser de questions sur les accusations portées contre M. ou de diriger la conversation comme une interview.
J’ai demandé à M. comment il gardait le moral derrière les barreaux.
« J’espère que je serai bientôt libéré », a-t-il dit simplement.
Afin que la conversation reste informelle, j’ai demandé au jeune homme ce qu’il aimait le plus à la cantine de la prison.
« Je n’ai pas l’intention de manger à partir de dimanche, parce que je vais faire une nouvelle grève de la faim », a répondu M. de façon catégorique.
Son père a expliqué que M. avait déjà fait une grève de faim pendant quatre jours à la fin de la semaine précédente.
M. a précisé qu’il avait cessé de manger « à 20h42 » mercredi soir dernier, en fournissant un niveau de détail commun aux personnes atteintes de sa maladie.
M. se souvient que le lundi matin, les effets de la grève de la faim l’ont épuisé et qu’il a recommencé à manger. Mais, comme son père l’avait rapporté au Times of Israel la semaine dernière, le jeune homme de 20 ans a annoncé son intention de recommencer une grève de la faim une nouvelle fois.
Le centre communautaire juif de Nashville, Tennessee, après une menace à la bombe reçue le 9 janvier 2017. (Crédit : capture d’écran The Tennessean)
« Jusqu’à ce qu’ils améliorent mes conditions », a précisé M.
Quels remords ?
Le jeune homme bégayait souvent et parlait avec un zozotement. Lors de notre pause dans le café de Ramle après la visite, ses parents ont expliqué que ces effets sont parmi les plus bénins dus à la tumeur cérébrale qui, selon eux, a joué un rôle non négligeable dans le trouble du discernement de M. au fil des années.
S. a ajouté que les symptômes de la tumeur se sont aggravés depuis l’incarcération de son fils il y a près d’un an et demi, mais la prison a refusé de le laisser consulter un neurologue.
Les dossiers médicaux décrivant la tumeur ont été présentés au tribunal par la défense pendant le procès, mais ils n’ont pas été mentionnés dans le verdict ; de même que les témoignages de plus de 10 experts psychiatriques présentés par la défense, selon lesquels M. n’était pas responsable de ses actes.
La décision finale contre M. a même ignoré un rapport ordonné par le tribunal dans lequel un psychiatre clinique du ministère de la Protection sociale a conclu qu’il « ne pouvait faire la distinction entre le bien et le mal ».
Par la suite, le juge Zvi Gurfinkel a reconnu le diagnostic d’autisme de M., mais a estimé qu’il ne s’agissait pas d’un « élément » l’exonérant de toute responsabilité.
Entre autres choses, la décision s’appuyait sur un passage que le psychiatre du district de Tel-Aviv a inclus dans son rapport pour le compte de l’État, dans lequel il a cité M. qui lui a dit : « Je réalise que ce n’est pas un jeu, et je suis désolé ».
Les parents de M. ont rejeté catégoriquement la possibilité que leur fils ait pu faire une telle déclaration.
Citant une interview que lui et son épouse ont donnée au Times of Israel le mois qui a suivi l’arrestation de son fils, G. a affirmé que « M. ne sait pas formuler des excuses. Il ne comprend pas ce qu’est le remords. »
L’avocat Yoram Sheftel (Crédit : Flash90)
L’avocat du détenu, Yoram Sheftel, a déclaré qu’il avait demandé la preuve que cette reconnaissance avait été faite, mais qu’on lui avait dit que le psychiatre du district avait perdu les notes de son évaluation en question.
Les parents de M. ont indiqué qu’ils ont l’intention de dénoncer les différentes omissions de la décision « illégitime » de Gurfinkel lors d’un appel devant la Cour suprême qui sera déposé immédiatement après le prononcé de la sentence.
« Personne ne demande qui a payé M. »
G. a qualifié le procès de « grand complot », arguant que la hâte de l’État à intenter des poursuites a empêché l’État de poser les questions difficiles liées à l’affaire de son fils.
Le père affirme que M. n’avait pas effectué d’alertes à la bombe par téléphone de sa propre initiative. Le jeune homme avait en fait publié une liste de prix pour ses services d’intimidation en ligne. En utilisant bitcoin, les clients pouvaient commander la menace d’un « massacre dans une maison privée » pour l’équivalent de 40 dollars, un appel menaçant un « massacre scolaire » pour 80 dollars et la menace d’un attentat à la bombe dans un avion pour 500 dollars.
G. a souligné que son fils n’a jamais utilisé l’argent – une preuve supplémentaire, selon lui, des motivations floues de M. dans la perpétration des délits.
La prison Ayalon à Ramle. (Wikipedia CC BY 2.5)
Tout en se gardant d’excuser les actions de son fils, G. a fait remarquer que « personne n’a demandé qui a payé M. ».
« Tout le monde se contente d’accuser un garçon autiste et ignore le fait qu’il y a des gens derrière chacune de ces situations », a-t-il accusé.
Tout en refusant de préciser, G. a dit que les noms seraient portés à la connaissance du public « dans un avenir proche ».
« Cela a détruit nos vies », a confié le père dans le café, mais il était évident que les deux avaient décidé de continuer à se battre.
La vie est belle ?
La volonté de garder espoir s’est aussi manifestée dans la manière dont ils ont achevé leur visite à M.
A la fin de la visite, S. a parlé à son fils d’un jeune homme de 19 ans, Ben Megarry, autiste de 19 ans, qui a également été condamné pour avoir fait une vingtaine de menaces à la bombe par téléphone dans des écoles au Royaume-Uni.
Mais dans la version britannique de cette affaire, Megarry a évité la prison et s’est vu infliger une peine de deux ans de probation et 70 heures de travaux d’intérêt général.
Le cas était semblable à celui de M., mettant en scène un jeune homme causant des dommages depuis sa propre chambre à coucher, tout en semblant incapable de comprendre les conséquences de ses actes.
« Je voulais lui donner une raison d’espérer », déclara S. après la visite, bien que, sur le moment, il ne fut pas certain que M. avait compris.
Tandis que les parents échangeaient quelques derniers mots avec leur fils, un gardien est entré dans la pièce et a commencé à leur crier dessus. « Je vous ai déjà dit 20 fois de terminer la visite, et vous ne m’avez pas écouté », a-t-il aboyé.
G. et S. se sont regardés sous le choc, car ni l’un ni l’autre n’avait entendu le gardien attirer leur attention plus d’une fois.
An ambulance exits the Ayalon Prison in Ramle (photo credit: Yossi Aloni/Flash90)
Une ambulance quitte la prison d’Ayalon à Ramle (Crédit: Yossi Aloni/Flash90)
« J’ai l’intention d’en informer la hiérarchie », a ajouté le gardien. G. et S. n’ont pas dit un mot, craignant de contrarier davantage un gardien qui pourrait très bien faire partie des responsables de leur fils dans la journée.
En se dépêchant de prendre congé, les parents ont posé leurs paumes sur la vitre, tout comme M. l’a fait de l’autre côté.
En sortant, ils ont jeté un dernier coup d’œil par la vitre pour voir leur fils être menotté et emmené par les gardiens dans la direction opposée.
Juste au-dessus de cette vitre, il y avait une phrase peinte avec les doigts : « La vie est belle ». Au mieux, il pourrait s’agir d’une référence à la vie de ce côté de la vitre, même si, espérons-le, personne ne l’a remarqué.
La mère d’un adolescent israélo-américain qui serait responsable de centaines d’appels de menace à la bombe contre des institutions juives sur plusieurs continents pendant un entretien accordé à la Deuxième chaîne, le 1er avril 2017. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)
En réponse aux accusations de mauvais traitements infligés à M. par les gardiens de la prison d’Ayalon, l’Administration pénitentiaire israélienne (API) a publié le communiqué suivant :
« Le déroulement de la détention de [M.] a été caractérisé par un comportement difficile, incluant des tentatives d’automutilation, de la violence contre autrui, des dommages matériels et des tentatives répétées d’échapper à la surveillance des gardiens. De plus, au cours de sa détention, le détenu a continué d’utiliser le téléphone public pour porter atteinte à la sécurité publique ».
« Afin de le protéger et de préserver l’ordre public, des directives de sécurité strictes ont été établies, qui concilient l’obligation de l’API de le maintenir en détention légale… et la nécessité de tenir pleinement compte de sa situation particulière. Tout au long de sa détention, de nombreuses tentatives ont été faites pour l’intégrer dans des processus thérapeutiques, mais le détenu n’a pas coopéré. Il convient également de préciser que les demandes de la famille du détenu sont traitées de manière professionnelle et au quotidien. Par ailleurs, les enquêtes menées à la suite de ces demandes – notamment par des agents externes – n’ont pas révélé de faute, ni de preuve de leurs allégations ».
Pour leur part, G. et S. ont répondu par le communiqué suivant :
« L’API et l’Etat d’Israël ont ignoré les recommandations des experts médicaux qui ont déclaré que la place de M. n’est pas en prison, mais plutôt dans un programme de réhabilitation au sein d’une institution. En conséquence, ils exercent une force et une violence excessives [contre M.], qu’ils dissimulent avec un professionnalisme alarmant. Chacune de nos demandes n’a pas fait l’objet d’une enquête et a plutôt été classée d’une manière qui est typique de celle d’un pays du tiers monde. Nous, ses parents, craignons pour sa vie ».
fr.timesofisrael.com
10 ans de prison pour l’auteur des fausses alertes à la bombe de centres juifs
Par Jacob Magid
Le tribunal de district de Tel Aviv a condamné jeudi un homme israélo-américain, reconnu coupable d’avoir lancé des milliers de fausses alertes à la bombe contre des centres communautaires juifs américains et d’autres cibles dans le monde, à 10 ans de prison.
Le jeune homme de 20 ans, M., dont le nom complet est sous embargo en Israël, a été diagnostiqué autiste et souffre également d’une tumeur au cerveau qui, selon ses parents et son avocat, a entièrement affecté son comportement. Mais si le juge Tzvi Gurfinkel a reconnu l’état de santé de M., il a conclu qu’il était néanmoins responsable de ses actes et qu’il comprend la différence entre le bien et le mal.
La peine, qui inclut une amende de 60 000 shekels (15 000 euros), est de trois ans plus longue que les sept années demandées par l’accusation. Gurfunkel a statué que la peine de M. M. sera comptée à partir de son arrestation en mars 2017.
M. a été reconnu coupable en juin de centaines de chefs d’accusation d’extorsion, de publication de fausses informations qui ont provoqué la panique, d’infractions sur ordinateur et de blanchiment d’argent, entre autres accusations.
Les autorités affirment qu’il a passé des milliers d’appels de menaces, principalement vers des centres communautaires et des écoles aux États-Unis, de janvier à mars 2017, en utilisant un service d’appel en ligne qui lui a permis de dissimuler sa voix et son identité. Il a également ciblé des centaines de compagnies aériennes et d’aéroports, de centres commerciaux et de postes de police aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Grande-Bretagne, et a tenté d’extorquer le sénateur républicain Ernesto Lopez du Delaware.
Ses menaces ont entraîné des brouillages des communications d’avions de chasse, des largages de carburant et des atterrissages d’urgence, des évacuations d’écoles et de nombreuses autres conséquences désastreuses. Il a parfois menacé d’exécuter des enfants qu’il prétendait détenir en otage.
M. a admis avoir fait quelque 2 000 faux appels d’alerte à la bombe à des hôpitaux, des compagnies aériennes, des écoles et diverses institutions juives par ennui.
Les fausses alertes à la bombe, qui se sont produites au beau milieu d’une montée de l’extrême droite aux États-Unis, ont effrayé les communautés juives et fait craindre une montée de l’antisémitisme.
Son avocat a déclaré aux médias israéliens en juin qu’il avait tenté de se suicider au moins cinq fois en prison, depuis son arrestation en mars dernier. Plus tôt cette année, il a brièvement échappé à la surveillance de la police après une audience devant un tribunal de district de Jérusalem.
En plus d’être passible d’une longue peine d’emprisonnement en Israël, M. a été inculpé de crimes de haine par le ministère américain de la Justice, ce qui lui aurait valu une lourde peine de prison dans ce pays.
Le mois dernier, le tribunal de district de Tel-Aviv a émis une nouvelle série d’actes d’accusation contre M. M., l’accusant d’avoir lancé trois autres fausses alertes depuis la prison et d’avoir tenté de s’échapper de sa garde à vue.
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Délinquants et autistes
Voir une conférence avec une expérience sur la stigmatisation concernant la schizophrénie :
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Re: Délinquance et autisme
Modération (Tugdual) : Des messages hors-sujet ont été déplacés ici.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Délinquance et autisme
ENTREVUE
La judiciarisation pénale des personnes autistes :un phénomène en émergence?
http://www.autisme.qc.ca/assets/files/0 ... quable.pdf
Un entretien avec Guillaume Ouellet (Ph. D.), chercheur au Centre de recherche et d’expertise sur la déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l’autisme et professeur associé au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
pp.25-27
La judiciarisation pénale des personnes autistes :un phénomène en émergence?
http://www.autisme.qc.ca/assets/files/0 ... quable.pdf
Un entretien avec Guillaume Ouellet (Ph. D.), chercheur au Centre de recherche et d’expertise sur la déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l’autisme et professeur associé au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
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Re: Délinquance et autisme
Un peu dégueu, l'irresponsabilité pénale ...
ouest-france.fr
Ils avaient supprimé « Despacito » de Youtube : deux jeunes hackers jugés à Paris
Deux geeks de 19 ans ont comparu lundi après-midi devant le tribunal correctionnel à Paris pour avoir piraté la chaîne américaine Vevo, sur Youtube, en avril 2018. Ils avaient fait disparaître quelques heures le clip du succès planétaire « Despacito » pour « montrer de quoi ils sont capables ».
Des amis virtuels depuis quatre ans qui se sont rencontrés physiquement lors d’une confrontation chez le juge. Les deux « geeks » de 19 ans se sont retrouvés à nouveau ce lundi, à la barre du tribunal cette fois. Ils étaient poursuivis pour avoir modifié les titres de 88 clips populaires de la chaîne Vevo, sur Youtube.
Ils avaient aussi supprimé plusieurs vidéos, dont celle du célèbre « Despacito », de Luis Fonsi, la plus visionnée de tous les temps. Elle avait été toutefois rapidement remise en ligne avec ses cinq milliards de vues.
L'un des prévenu atteint d'un autisme Asperger
Le problème, souligne rapidement une magistrate, après un bref résumé du « mode opératoire technique », c’est la motivation des deux prévenus : « En fait un passe-temps, pour tuer l’ennui. Le but, c’est de s’amuser, de montrer de quoi on est capable et d’être reconnu », répète-t-elle, alors que les deux as de l’informatique sont peu loquaces.
L’un vit en Isère, l’autre dans les Hautes-Pyrénées. Ce dernier « souffre d’un autisme Asperger, caractérisé par un cyber-addiction ». L’autre est présenté comme un « garçon immature, replié sur lui-même, qui passe toute la journée sur son ordinateur. »
Excluant toute autre motivation que « l’amusement », le tribunal note que les jeunes prévenus n’avaient même pas cherché à protéger leur adresse IP (numéro d’identification de l’ordinateur). L’enquête ouverte par le parquet de Paris en collaboration avec le district de Manhattan avait permis de rapidement les identifier, d’autant qu’ils étaient connus sous les pseudonymes « Kurois’h » et « Prosox ».
Jusqu'à un million de dollars de préjudice
« Les faits sont simples », pour la procureure de la République, citant l’image du clip « Despacito » remplacée par une photo d’un gang armé, inspirée de la série espagnole « La Casa de Papel ». Elle relève seulement le préjudice, estimé par Vevo, qui n’était pas partie civile à l’audience : « Entre 155 000 et un million de dollars US, parce qu’au moment de l’infraction, c’était le clip le plus vu, accompagné d’un grand nombre de publicités. »
Elle requiert six mois de prison assortis d’un sursis simple à l’encontre du jeune Isérois. Mais souligne néanmoins que « le but n’est pas d’accabler ces deux jeunes garçons, ils peuvent construire leur vie et s’insérer. » Et d'insister :« Ils sont capables, avec leur talent, de faire des choses extrêmement belles, y compris pour l’État », en citant l’exemple de « la DGSI (la Sécurité intérieure) à la recherche de ce genre de profil pour combattre la cyberdélinquance ».
Les chanteurs « trouvent ça plutôt marrant »
De son côté la Défense a surtout critiqué le « préjudice » évoqué, qui « n’est pas constaté : Vevo n’est pas là, Youtube non plus, et refuse de communiquer le montant, insiste Me Benjamin Mock. La vidéo a d’ailleurs été remise en ligne peu après ». Les « chanteurs n’en ont pas grand-chose à faire, au pire ils trouvent ça plutôt marrant », pointe aussi Me Lucile Collot.
Le tribunal a finalement condamné le jeune Isérois à 140 heures de travail d’intérêt général, sans inscription à son casier judiciaire. Le deuxième prévenu, souffrant d’autisme, est quant à lui déclaré irresponsable pénalement.
Partager cet articleLes deux jeunes hackers, particulièrement doués pour leur âge sont "capables, avec leur talent, de faire des choses extrêmement belles, y compris pour l’État " a insisté la procureure
ouest-france.fr
Ils avaient supprimé « Despacito » de Youtube : deux jeunes hackers jugés à Paris
Deux geeks de 19 ans ont comparu lundi après-midi devant le tribunal correctionnel à Paris pour avoir piraté la chaîne américaine Vevo, sur Youtube, en avril 2018. Ils avaient fait disparaître quelques heures le clip du succès planétaire « Despacito » pour « montrer de quoi ils sont capables ».
Des amis virtuels depuis quatre ans qui se sont rencontrés physiquement lors d’une confrontation chez le juge. Les deux « geeks » de 19 ans se sont retrouvés à nouveau ce lundi, à la barre du tribunal cette fois. Ils étaient poursuivis pour avoir modifié les titres de 88 clips populaires de la chaîne Vevo, sur Youtube.
Ils avaient aussi supprimé plusieurs vidéos, dont celle du célèbre « Despacito », de Luis Fonsi, la plus visionnée de tous les temps. Elle avait été toutefois rapidement remise en ligne avec ses cinq milliards de vues.
L'un des prévenu atteint d'un autisme Asperger
Le problème, souligne rapidement une magistrate, après un bref résumé du « mode opératoire technique », c’est la motivation des deux prévenus : « En fait un passe-temps, pour tuer l’ennui. Le but, c’est de s’amuser, de montrer de quoi on est capable et d’être reconnu », répète-t-elle, alors que les deux as de l’informatique sont peu loquaces.
L’un vit en Isère, l’autre dans les Hautes-Pyrénées. Ce dernier « souffre d’un autisme Asperger, caractérisé par un cyber-addiction ». L’autre est présenté comme un « garçon immature, replié sur lui-même, qui passe toute la journée sur son ordinateur. »
Excluant toute autre motivation que « l’amusement », le tribunal note que les jeunes prévenus n’avaient même pas cherché à protéger leur adresse IP (numéro d’identification de l’ordinateur). L’enquête ouverte par le parquet de Paris en collaboration avec le district de Manhattan avait permis de rapidement les identifier, d’autant qu’ils étaient connus sous les pseudonymes « Kurois’h » et « Prosox ».
Jusqu'à un million de dollars de préjudice
« Les faits sont simples », pour la procureure de la République, citant l’image du clip « Despacito » remplacée par une photo d’un gang armé, inspirée de la série espagnole « La Casa de Papel ». Elle relève seulement le préjudice, estimé par Vevo, qui n’était pas partie civile à l’audience : « Entre 155 000 et un million de dollars US, parce qu’au moment de l’infraction, c’était le clip le plus vu, accompagné d’un grand nombre de publicités. »
Elle requiert six mois de prison assortis d’un sursis simple à l’encontre du jeune Isérois. Mais souligne néanmoins que « le but n’est pas d’accabler ces deux jeunes garçons, ils peuvent construire leur vie et s’insérer. » Et d'insister :« Ils sont capables, avec leur talent, de faire des choses extrêmement belles, y compris pour l’État », en citant l’exemple de « la DGSI (la Sécurité intérieure) à la recherche de ce genre de profil pour combattre la cyberdélinquance ».
Les chanteurs « trouvent ça plutôt marrant »
De son côté la Défense a surtout critiqué le « préjudice » évoqué, qui « n’est pas constaté : Vevo n’est pas là, Youtube non plus, et refuse de communiquer le montant, insiste Me Benjamin Mock. La vidéo a d’ailleurs été remise en ligne peu après ». Les « chanteurs n’en ont pas grand-chose à faire, au pire ils trouvent ça plutôt marrant », pointe aussi Me Lucile Collot.
Le tribunal a finalement condamné le jeune Isérois à 140 heures de travail d’intérêt général, sans inscription à son casier judiciaire. Le deuxième prévenu, souffrant d’autisme, est quant à lui déclaré irresponsable pénalement.
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Re: Délinquance et autisme
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Condamné à 19 ans à 5 ans de prison avec sursis : "L'autisme ne peut tout excuser"
Céline Biourge Publié à 15h10
Le 18 décembre 2017, le jeune homme, autiste, avait poignardé au cou son ex-petite amie âgée de 13 ans. Elle avait reçu trois coups de couteau. Les entailles étaient profondes, mais aucune fonction vitale n’avait été touchée.
Le jeune homme bénéficie de ce sursis à certaines conditions. Il doit chercher activement du travail ou pouvoir démontrer une occupation significative en journée. Il doit également suivre une thérapie.
Précisons que la victime avait fait tourner une photo de lui dénudé sur les réseaux sociaux. Le jeune homme, très en colère, avait préparé sa vengeance.
« L’autisme ne met pas à l’abri des responsabilités »
Cette condamnation n’étonne pas Eric Willaye, directeur général de la Fondation SUSA (UMons), une fondation d’utilité publique qui a pour mission le diagnostic et l’accompagnement des personnes avec autisme de tous âges.
« L’autisme ne met pas à l’abri des responsabilités. L’autisme peut expliquer des modalités réactionnelles ou peut expliquer la façon dont quelqu’un perçoit une situation. Mais en dehors de cela, ce n’est pas pour ça qu’elle ne peut pas être rendue responsable des actes qu’elle commet. Et là, une évaluation de la réelle capacité à comprendre les actes, qui sont des actes acceptables et les actes qui sont inacceptables, devra être produite », explique ce psychologue de formation.
D’où l’importance d’une évaluation individuelle : dans ce genre de situation, « une évaluation devra être faite sur la situation spécifique de la personne. On ne peut pas traiter la question de manière générale quant à l’autisme. L’autisme recouvre des conditions extrêmement variables allant de personnes qui sont dans des degrés de dépendance pour lesquels il faut les aider dans tous les actes de leur vie journalière. Donc, il s’agira de réaliser une évaluation à la fois des capacités intellectuelles et des capacités relatives aux relations sociales : comment la personne comprend ces relations sociales, comment elle comprend les émotions des autres, comment elle est capable de gérer ses propres émotions, comment elle est capable de gérer son impulsivité vis-à-vis des situations auxquelles elle est confrontée. Et là, la réponse quant à l’autisme ne donne absolument aucune réponse fiable par rapport à cette question ».
« L’autisme ne peut tout excuser »
Reste que « les problématiques d’impulsivité doivent être prises en compte », précise Eric Willaye. « Et là, certaines personnes avec autisme peuvent être fortement impactées dans leur capacité de propre gestion de leurs propres émotions, voir de la compréhension des émotions d’autrui. Et ça, c’est l’autisme dans sa problématique de la communication sociale ».
Dans le cas de cette condamnation par le tribunal correctionnel d’Hasselt, une photo du jeune autiste dénudé avait été publiée sur les réseaux sociaux. Ce qui « permet de comprendre pourquoi on commet acte comme celui-là, autiste ou non ». Reste que « s’il y a eu préparation de l’acte, ce n’est pas un acte impulsif ». La responsabilité de son auteur est donc davantage engagée. « L’autisme ne peut tout excuser ».
Condamné à 19 ans à 5 ans de prison avec sursis : "L'autisme ne peut tout excuser"
Céline Biourge Publié à 15h10
Le 18 décembre 2017, le jeune homme, autiste, avait poignardé au cou son ex-petite amie âgée de 13 ans. Elle avait reçu trois coups de couteau. Les entailles étaient profondes, mais aucune fonction vitale n’avait été touchée.
Le jeune homme bénéficie de ce sursis à certaines conditions. Il doit chercher activement du travail ou pouvoir démontrer une occupation significative en journée. Il doit également suivre une thérapie.
Précisons que la victime avait fait tourner une photo de lui dénudé sur les réseaux sociaux. Le jeune homme, très en colère, avait préparé sa vengeance.
« L’autisme ne met pas à l’abri des responsabilités »
Cette condamnation n’étonne pas Eric Willaye, directeur général de la Fondation SUSA (UMons), une fondation d’utilité publique qui a pour mission le diagnostic et l’accompagnement des personnes avec autisme de tous âges.
« L’autisme ne met pas à l’abri des responsabilités. L’autisme peut expliquer des modalités réactionnelles ou peut expliquer la façon dont quelqu’un perçoit une situation. Mais en dehors de cela, ce n’est pas pour ça qu’elle ne peut pas être rendue responsable des actes qu’elle commet. Et là, une évaluation de la réelle capacité à comprendre les actes, qui sont des actes acceptables et les actes qui sont inacceptables, devra être produite », explique ce psychologue de formation.
D’où l’importance d’une évaluation individuelle : dans ce genre de situation, « une évaluation devra être faite sur la situation spécifique de la personne. On ne peut pas traiter la question de manière générale quant à l’autisme. L’autisme recouvre des conditions extrêmement variables allant de personnes qui sont dans des degrés de dépendance pour lesquels il faut les aider dans tous les actes de leur vie journalière. Donc, il s’agira de réaliser une évaluation à la fois des capacités intellectuelles et des capacités relatives aux relations sociales : comment la personne comprend ces relations sociales, comment elle comprend les émotions des autres, comment elle est capable de gérer ses propres émotions, comment elle est capable de gérer son impulsivité vis-à-vis des situations auxquelles elle est confrontée. Et là, la réponse quant à l’autisme ne donne absolument aucune réponse fiable par rapport à cette question ».
« L’autisme ne peut tout excuser »
Reste que « les problématiques d’impulsivité doivent être prises en compte », précise Eric Willaye. « Et là, certaines personnes avec autisme peuvent être fortement impactées dans leur capacité de propre gestion de leurs propres émotions, voir de la compréhension des émotions d’autrui. Et ça, c’est l’autisme dans sa problématique de la communication sociale ».
Dans le cas de cette condamnation par le tribunal correctionnel d’Hasselt, une photo du jeune autiste dénudé avait été publiée sur les réseaux sociaux. Ce qui « permet de comprendre pourquoi on commet acte comme celui-là, autiste ou non ». Reste que « s’il y a eu préparation de l’acte, ce n’est pas un acte impulsif ». La responsabilité de son auteur est donc davantage engagée. « L’autisme ne peut tout excuser ».
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans