L'avantage des forums de discussion, c'est que l'on peut venir y discuter lorsque l'on est disponible. Lorsqu'on estime avoir le temps de lire et, éventuellement, de répondre.
Un autre avantage, c'est que - en théorie - on peut prendre le temps de formuler nos messages et nos réponses sans la pression que l'on ressent parfois lors d'une discussion "en live" où il faut trouver nos mots rapidement, sur le vif. Ce qui est parfois très difficile pour certains.
Mais !
Un forum reste un lieu où le seul recours que l'on a pour s'exprimer, ce sont les mots. Or, nous ne sommes pas tous égaux dans l'art de manipuler mots, phrases et tournures de phrases pour exprimer ce que l'on pense et/ou ressent. Et l'on est pas tous égaux dans l'art de comprendre ce qui a été écrit par les autres. Certaines tournures de phrases considérées comme simplement honnêtes et directes par certains pourront être ressenties comme étant rudes et discourtoises par d'autres. C'est une difficulté auxquels tous les utilisateurs de forum sont confrontés. Et je crois que sur un forum où la majorité des gens sont touchés (directement ou indirectement) par le spectre autistique, c'est une difficulté qui est forcément exacerbée.
L'une des premières chose à faire lorsqu'on vient ici c'est donc de se mettre dans un état d'esprit le plus ouvert possible et de ne jamais oublier que ce qu'on va lire ou écrire pourra être mal interprété (pas consciemment, pas méchamment, pas intentionnellement). De nombreux facteurs plus ou moins contrôlables peuvent intervenir pour faire en sorte que la compréhension s'établissent mal entre le lecteur et le rédacteur d'un message. je vais en citer quelques uns - sans ordre particulier - pour que vous compreniez mieux mon point de vue.
Il y a le facteur "temps" : On dispose tous d'un temps limité que ce soit pour lire les messages, pour en rédiger ou encore y répondre. En fonction du temps dont on dispose, on va accorder plus ou moins d'attention aux messages que l'on va lire, on va les lire plus ou moins en diagonale et ce faisant, on pourrait manquer quelques détails qui pourraient en modifier notre compréhension; lorsqu'on va rédiger un message, en fonction du temps dont on dispose, on pourra utiliser plus ou moins de mots, accorder plus ou moins d'attention aux choix de nos mots ou de nos tournures de phrases et la manière dont notre message pourra être perçu et comprit pourra s'en voir modifié.
Il y a le facteur "fatigue" : ici, on le sait tous plus ou moins, je pense, mais il est bon de le rappeler ici : la fatigue accumulée au cours de la journée aura une grande influence sur la façon dont on va percevoir les choses, les mots, les messages et une tout aussi grande influence sur la façon dont on va s'exprimer. Or, on ne va pas s'interdire de venir discuter si on est fatigué (on parlerait plus beaucoup, sinon, je crois). Mais il faudrait bien garder à l'esprit que plus on est fatigué ( et stressé - car il me semble que l'un ne va pas sans l'autre), alors on pourra plus facilement se sentir offensé / agressé à la lecture d'un message et l'on pourra répondre de manière plus sèche ou malhabile.
Il y a aussi le facteur "émotionnel" : certains sujets nous concernent plus que d'autres. Je pourrais aussi utiliser les verbes : impacter, toucher, émouvoir, perturber... Bref, il y a des sujets plus délicats que d'autres. Soit qu'ils vont éveiller des sentiments / émotions douloureux, soit qu'ils vont éveiller notre colère. Réagir posément sur ce genre de sujet sera toujours difficile. Il y a alors différentes approches : soit on "laisse tomber", sachant que les choses pourraient s'envenimer rapidement ; soit on décide de réagir malgré tout parce que le sujet nous tient trop à coeur et qu'on ne veut pas faire l'impasse.
Le truc, c'est que si un seul des ces facteurs vient impacter notre façon de lire ou écrire un message, alors les choses peuvent encore bien se passer. Le soucis, c'est lorsque ces trois facteurs interviennent en même temps. Pire, lorsque ces trois facteurs viennent impacter les messages .. comment dire ? disons "à toutes les étapes de sa vie" c'est à dire lorsqu'il est écrit, lu et lorsqu'on y répond. Là, en général, ça explose.
J'ai commencé à fréquenter les forums de discussion lorsque j'avais une vingtaine d'année, c'est à dire il y a un environ 20 ans maintenant.
Parfois, ça se passait bien et parfois, non. Des disputes, des incompréhension, des éclats, j'en ai connus plus d'un sur le web. Et j'ai fini par comprendre que si je voulais limiter ces déboires, il fallait parfois prendre quelques précautions :
La première : accorder le bénéfice du doute à son / ses interlocuteur(s). Accepter l'idée selon laquelle ils sont peut-être fatigués, stressés, malades, pressés par le temps, de mauvaise humeur... que sais-je-d'autre au moment d'écrire leurs messages / réponses ou au moment de lire mes messages / réponses. Ensuite, évidemment, si, au fil du temps un internaute fait preuve d'indélicatesse quasi permanente ou systématique ou qu'avec une personne en particulier, il semble impossible de discuter posément, alors, on peut laisser tomber le gentil principe du doute et se dire qu'il y a peut-être effectivement impossibilité de dialoguer ouvertement et posément avec l'individu en question (après tout, ça arrive). Ici, évidemment, il faudra aussi tenir compte du fait que la personne à laquelle on s'adresse souffre peut-être de graves difficultés à se faire comprendre ou à formuler ses pensées et/ ou émotion posément et sans agressivité (réelle ou ressentie). Dans ce cas, voir mon paragraphe suivant.
La précaution suivante est de réussir à prendre du recul : si on lit un message qui nous heurte d'une façon ou d'une autre, alors il faut s'interroger : le problème vient-il de moi ou de l'autre ? Peut-être suis-je trop fatigué(e) / stressé(e) et que ça influence mon humeur et ma manière de percevoir les choses. Le message me heurte : est-ce que ça me touche de trop près ? Les mots me semblent secs et les formulations agressives ? l'autre a peut-être manqué de temps ou peut-être a-t-il rédigé son message en cherchant la brièveté et que ça rend son discours abrupte. Comment réagir dans ces cas là ? me demanderez-vous peut-être. Moi, le conseil que je donne et que je m'efforce de respecter moi-même est le suivant : il faut s'interdire de répondre sous le coup de la colère ou de fortes émotions. Il faut s'accorder quelques heures, une bonne nuit de sommeil ou quelques jours si nécessaire avant de répondre (ou pas). Une fois dépouillé de notre colère ou lorsque nos émotions sont devenues moins vives, alors on peut venir relire le message "problématique" et mieux le comprendre ou - à défaut - mieux y répondre. Et dans l'attente de trouver le temps et / ou le calme nécessaire à une réponse posée, compréhensible et pas trop agressive, on peut toujours poster un message du style : "je manque de temps, là. Je développerais une réponse plus tard." Il y a aussi le recours aux MP. Non pas pour agresser la personne, mais pour clarifier les choses. Avec des messages du style : "ton message (donner les références) me semble très agressif / sec / discourtois (autres options possibles, évidemment)". C'était voulu ou c'est juste ta façon de dire les choses qui coince".
Enfin une dernière chose avant de conclure : Il est vrai que certaines personnes appartenant au spectre autistique éprouveront de manière récurrente des difficultés pour s'exprimer et se faire comprendre ; tout comme ils pourront éprouver des difficultés récurrentes à comprendre les autres. Oui, c'est vrai. Toutefois, s'il faut savoir en tenir compte, ça ne devrait jamais être un prétexte pour justifier un comportement inadéquat, discourtois, agressif ou pire. Certaines choses sont difficiles, certes. Et certaines choses demandent plus d'efforts que d'autres, certes. Mais refuser de faire des efforts ou faire face à une situation parce que "c'est difficile", c'est choisir la voie du "je m'en foutisme" et de la facilité - fausse facilité je dirais, d'ailleurs. Car refuser de faire l'effort de se faire comprendre et sans cesse attendre des autres qu'ils fassent preuve de compréhension et d'indulgence, ça ne peut pas marcher sur le long terme.
voilà, c'était mon point de vue sur la question.
Merci d'y avoir prêté attention (pour ceux qui on lu jusqu'au bout) et pardon pour le dérangement pour ceux qui n'en voulait pas (de mon point de vue).
