Autisme et blocage dans l'expression des sentiments envers qn qui nous attire

[Jane]

Bonjour,

Je voudrais savoir si certains ou certaines d'entre vous partagent ces difficultés: quand quelqu'un me plaît j'ai beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens, je sais ce que je ressens mais je n'arrive pas à le dire, ça ne sort pas, je suis bloquée, et à chaque fois ça se termine mal parce que j'ai tendance à avoir plus de facilité à dire les choses par sms ou autres et les gens n'apprécient pas parce que je suis incapable de dire les choses en face et je deviens une tombe. Quand je me retrouve devant la personne je suis tétanisée, bloquée, si je suis à côté d'elle je vais rester les bras croisés, enfermée dans mon être sans possibilité d'agir... ça me rend malheureuse parce qu'avec ce handicap j'ai l'impression que je ne pourrai jamais vivre quelque chose avec qn qui m'attire même si j'ai déjà eu des histoires d'amour ça a mis une éternité pour que je me sente à l'aise et que la personne soit patiente aussi...

Merci,

Jane

[Cjay]

J'ai eu ce problème là un moment.
Je n'avais jamais eu de geste tendre avec mes parents, je n'avais donc jamais cultivé ça.
J'ai remarqué que les couples se disaient "je t'aime" alors avec mes premières histoires je l'ai dit un peu machinalement quelques fois parce que je savais que ça se faisait.

Actuellement je suis en couple depuis 7 ans et je n'ai pas de difficulté à exprimer mon amour.

[Mélimélo5]

Je suis pareille. Dans ma tête ça semble super simple, je me fais plein de films et j'ai plein d'idées pour faire avancer les choses.
Alors que une fois que je suis face à la personne, je stresse, perds mes moyens et donc je donc une impression fermée, tout le contraire de ce que j'avais pensé.

Je pense que le mieux reste d'être patiente mais encore faut-il que l'autre le soi aussi.

Dans mes précèdentes relations j'avais aussi beaucoup de blocages, je ne me sentais pas à l'aise comme avec des amis, cela me pesait au quotidien au point de préférer rompre ou alors l'autre se laissait de mon comportement fermé.

J'ai eu que deux histoires qui on durée l'une un an et l'autre quatre mois et quand j'y repense, je me dis que je suis mieux seule même si ce n'est pas mon but dans la vie de finir seule.

Dsl de ne pas pourvoir t'avancer.
En tout cas je serais contente si d'autres ont des solutions.

[Chiptune]

Je suis pareil, en quelque sorte. Lorsque je dois dire, ou même répondre à un "Je t'aime" je bloque. Pas tout le monde va comprendre le fait que si je deviens extrêmement gêné lorsqu'on me sort un "Je t'aime" ou une preuve d'affection ce n'est pas parce que le sentiment n'est pas réciproque, mais simplement parce que quelque chose d'autre interfère avec mon dialogue.

Parfois, mes parents me sortent ça avant de partir, et je me retrouve dans l'incapacité de leur répondre avant qu'ils ferment la porte. Puis je pense logiquement: "Et si ils avaient un accident?" puis je réalise que finalement, le dernier dialogue que j'aurais eu avec eux serait un dialogue ou j'aurais été incapable de répondre à leurs sentiments.

Pour les relations amoureuses, c'est pareil: je suis simplement soit trop chaud, soit trop froid. Quelques jours je peut être extrêmement attaché et romantique, et le reste du temps je ne répond à aucun signe d'affection et je vais jusqu'à éviter la personne concernée. Ca m'a déjà coûté une relation à distance, car la fille qui était en couple avec moi a automatiquement pris mon manque de signes d'affection comme un "je ne suis plus avec toi". Du coup, on s'est séparé sans aucune confirmation, ni sans aucun consentement de ma part. C'était très étrange.

Donc oui, je partage ces difficultés. Mais je n'ai pas vraiment de solution à donner, j'en suis moi-même au point où j'ai relativement abandonné et préfère me concentrer sur mes centres d'intérêt plutôt que de poursuivre une relation romantique, étant incapable de reproduction de toute façon. Ce qui est sûr, c'est qu'une relation entre un aspie et une autre personne neurotypique serait très très compliquée sans aucune patience de la part des deux personnes. Il faut se comprendre mutuellement pour que ça marche, et accepter les mauvaises choses.

[Jane]

Merci à tous et toutes ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule à ressentir ça...
Oui je pense qu'il faut simplement être patient, prendre son temps, et puis je me dis au fond de moi que si la personne ne fait pas l'effort de comprendre hé bien c'est que tout simplement elle n'en vaut pas la peine.
Par ailleurs, j'ai une autre difficulté, à chaque fois je n'arrive pas vraiment à parler de mon autisme aux personnes que je rencontre et qui peuvent m'attirer, je ne sais pas comment l'aborder, comment formuler les choses et autres mais j'ai besoin d'en parler pour que l'autre puisse me connaitre pour ce que je suis. Comment faites vous?
Merci!

[Plieur Fou]

Il m'a fallu beaucoup de temps avant de le dire avec la sincérité que cela implique , avec la compréhension de l'abstraction que cela implique.

Je me surprend encore à répondre à un :
"Je t'aime "
par un "Moi aussi" automatique, qui a limite un sens de moi aussi je m'aime ...

Le temps et la compréhension de soit (et des autres ?) font le travail avec le temps.

Tout cela n’empêche en rien la continuité de l'entendement qu'un couple comme etant 2 êtres distincts et qu'il n' y aura jamais en mon sens d'unicité,de symbiose, juste de l'acceptation et de la compréhension.

si la personne ne fait pas l'effort de comprendre hé bien c'est que tout simplement elle n'en vaut pas la peine.

J’émets un bémol ici : il leur faut peut-être plus de temps Cela n'enlève en rien leur possible valeur.

à chaque fois je n'arrive pas vraiment à parler de mon autisme aux personnes que je rencontre et qui peuvent m'attirer, je ne sais pas comment l'aborder, comment formuler les choses et autres mais j'ai besoin d'en parler pour que l'autre puisse me connaitre pour ce que je suis. Comment faites vous?

Réponse compliquée :
Il s'agit également de compréhension du sujet ici et donc je prendrais le risque de me faire connaitre comme je suis sans rien dire dans un premier temps afin d’être accepter comme je suis avec mes différences et ainsi pouvoir amener le sujet, si j' y tiens vraiment, pas la suite afin d'éviter les préjugés dès le départ !
Ce n'est pas un manque d’honnêteté mais une prise de recul , un ordre différent de faire, une précaution.

[2N3055]

…
- S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
- Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

[Mélimélo5]

Merci à tous et toutes ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule à ressentir ça...
Oui je pense qu'il faut simplement être patient, prendre son temps, et puis je me dis au fond de moi que si la personne ne fait pas l'effort de comprendre hé bien c'est que tout simplement elle n'en vaut pas la peine.
Par ailleurs, j'ai une autre difficulté, à chaque fois je n'arrive pas vraiment à parler de mon autisme aux personnes que je rencontre et qui peuvent m'attirer, je ne sais pas comment l'aborder, comment formuler les choses et autres mais j'ai besoin d'en parler pour que l'autre puisse me connaitre pour ce que je suis. Comment faites vous?
Merci!

Je n'arrive pas non plus à parler de ma suspicion d'Asperger avec mon entourage. J'ai l'impression qu'ils ne comprendraient pas, ou ne me croirais pas puis c'est tellement personnel.

J'ai tout revu dans ma vie depuis que je me suis renseignée sur le SA en début d'année.
Je m'accepte mieux et d'ailleurs maintenant je culpabilise moins si ma vie sentimentale n'est pas telle que j'aurais voulu.
Je voulais aborder le sujet avec mon ex mais je ne le sentais pas réceptif, déçue j'ai pris mes distances.
C'est important pour moi de trouver quelqu'un avec qui je pourrai en parler et qui me verra telle que je suis et pas seulement l'image que je donne à voir. De pouvoir être moi même au quotidien sans jouer ce rôle habituel.

Je dirais qu'il faut amener le terrain progressivement avec la personne pour lui faire comprendre qu'on doit lui annoncer quelque chose. Si la personne n'est pas réceptive, c'est qu'il ou elle n'est pas réellement intéressé(e) non?

[helene-22]

Le Renard de saint-Exuspéry.... je commence à comprendre pourquoi cela m'a toujours autant tuché. Tout comme le conte du vilain canard... (pas que je me considère comme un magnifique cygne... )

[Flower]

On peut être bloqué sans qu'il n'y ait de lien avec l'autisme...

Expérience personnelle sur ce sujet: Je suis en couple depuis 3 ans avec un homme qui au début a eu très très peur de s'engager dans une relation, parce qu'il n'avait eu que des expériences négatives avant de me rencontrer. Il savait pourtant qu'il avait des sentiments pour moi, mais il n'arrivait pas vraiment à les accepter ni à les exprimer. Parfois quand il se détendait, ça passait, mais c'était toujours difficile. La solution a été de le laisser venir tout doucement, de ne pas forcer les déclarations, d'accepter quand il exprimait différemment ce qu'il ressentait (comme par le fait d'attendre pour voir mon avion décoller). De l'apprivoiser, c'est le bon terme finalement. Ça valait la peine puisque maintenant, il commence à vraiment se détendre et exprime beaucoup plus facilement ses sentiments.

Le truc, c'est que pour qu'une telle constellation fonctionne, il faut évidemment que l'autre soit vraiment intéressé... Chez nous, on s'était vu au départ pour "une aventure", sans enjeu derrière et donc sans besoin d'exprimer quoi que ce soit. Sauf qu'à la fin de la semaine, on avait tous les deux envie de nous revoir.