MudBloodKnowItAll a écrit : Tu penses que les mangas c'est pas du vrai cinéma c'est ça ?

C'est ça. T'as tout compris.
Benoit a écrit :Il faut écrire mangasse pour bien faire passer le sentiment de supériorité intellectuelle sur ces trucs faits par des étrangers.
Effectivement c'est un point important dans la démarche de base.
Par contre, je trouve ça quand même très intéressant d'analyser ce type de discours. Si on exclue les gens dont tu parles (="tradition intellectualisante franco-française") et ceux qui blablatent sans avoir vu l'ombre d'une oeuvre d'animation (là c'est un peu comme pour la question de la Bd vs "littérature", ce n'est pas intéressant du tout et il est légitime de penser en termes de Mawashi-geri

).
J'aime bien discuter cinéma avec les gens parce que je trouve que ça m'apporte plein d'éléments sur la question des émotions (le cinéma est quand même hyper lié aux émotions, ce n'est pas pour rien que c'est un "outil" dans ma prise en charge psy à mon avis). J'ai remarqué que les mangas avaient quand même un côté très "percutant" émotionnellement parlant. Je pense que ça déroute voire met mal à l'aise une grosse partie du public qui "snobe" ce type de cinéma.
Personnellement, c'est dans les mangas que je retrouve les choses les plus justes au niveau émotionnel, notamment en ce qui concerne les relations amoureuses (je pense à des films comme
"la traversée du temps" notamment). Je doute que les autistes soient forcément les seuls à vivre ces situations de cette manière, et je me suis souvent demandé si ce n'était pas un peu trop pertinent pour certains qui préfèrent du coup les niaiseries peu "investissantes" (car dedans rien ne ressemble de près où de loin à ce qu'ils ont vécu ou ressenti).
Pareil pour la guerre, et
"le tombeau des lucioles". J'ai vu un paquet de films sur la guerre qui m'ont brassée, mais il y en a un que je ne pourrais sans doute jamais revoir (malgré la grande qualité du tout) c'est celui-là.
Il y a des personnes qui ont une sorte de "réflexe de supériorité" quand elle sont ébranlées, et peut-être qu'il y a de ça...
Il y a des choses très frontales aussi, et des critiques très raides sur la société de consommation, le "monde des adultes" (qui sont souvent caricaturés comme courant derrière la réussite sociale, notamment les parents des personnages), l'individualisme, le conformisme... En fait je trouve ça assez amusant parce que j'ai souvent eu l'impression que l'état d'esprit tourné en ridicule est précisément celui des gens qui donnent un sens péjoratif aux mangas.
Je trouve tout ça hyper intéressant au niveau socio-psychologique.
Un peu comme les gens qui "s'inquiètent beaucoup" à propos de ma fascination pour le cinéma Deltoresque. Ils trouvent ça si horrible qu'il ne conçoivent pas qu'on puisse apprécier sans être psychopathe, sinistre ou les 2 .
C'est riche à analyser parce que ça me permet de comprendre le décalage que j'ai à ce sujet, et la lecture qu'ils ont de ce type d'oeuvre. Là encore ça aide beaucoup à piger des choses sur les émotions (ex: au sujet de la "violence-qui-fait-mal" vs "violence-qui-fait-pas-mal").
Je travaille pas mal là-dessus (mangas compris donc) en thérapie, et c'est vrai que ça me fait bien avancer ce genre d'interrogations sur pourquoi qui dénigre ou "craint" tel type d'oeuvre.
