Est-ce que les Asperger sont avides de savoir ?

[Zengali]

Oui mais je ne parle qu'en mon nom.
Asperge et HPI, je ne peux vivre et respirer que si j'apprends quelque chose. Maintenant j'arrive à apprendre quelque chose même dans les conversations idiotes de machine à café (au pire, je retiens les conversations pour un usage ultérieur). Mais en vrai, je lis, je lis, je lis.
Des articles scientifiques, des publications en lien avec mon activité autour du numérique et du handicap, la presse quotidienne sur internet, des forums (professionnellement j'ai une corporation qui poste beaucoup, ça m'aide à me fondre dans la masse), des essais, peu de romans mais quand même. Je consomme avidemment les médiathèques du coin.
Je me documente sur les langues, les pays, les modes de transport...
Je fais de mes mains (ce qui n'est pas gagné mais très utile : bricolage, créations) et donc j'apprends (grâce à des tutos entre autres).

Je ne le dirai jamais assez : internet m'a sauvée, m'a ouvert les portes de la communication réelle vers les autres. Sans quoi je serai encore plus seule que maintenant.

[brainst0rming]

Pour ma part, je me pose la question mais sous un autre angle... Est-ce qu'on peut aussi parler d'avidité pour le "savoir faire" au sens avide d'apprendre plutôt que de "savoir" au sens acquérir des connaissances ? Ou est-ce que les personnes avec autisme ont vraiment cette curiosité pour le savoir au sens connaissances ?

Le côté "avide de savoir" était déjà un point qui m'avait posé question me concernant que je faisais des recherches sur le Haut Potentiel car je ne m'y retrouvais pas. Je ne m'intéresse pour ainsi dire à rien, j'ai une culture G qui est de l'ordre du 0 (j'ai d'ailleurs fais un gros blocage à ce niveau dans mon passage de la WAIS). En fait, je n'ai pas de connaissances théoriques car tout ce qui relève du théorique, ça ne me parle pas ! Je suis une kinesthésique pure et dure et pour moi, tout ce que je ne peux pas apprendre par un biais concret, je ne l'intègre pas.

Je m'intéresse beaucoup à tout ce qui relève du champ social/psychologique, donc c'est du théorique/de l'abstrait, mais souvent, j'intègre les notions par des exemples concrets qui vont me permettre de comprendre. Sinon, les mots seuls ne me parlent pas.
De fait, moi j'aime apprendre de façon concrète. J'aime apprendre à faire des choses, que je sois bonne dans le domaine ou non et en apprenant à faire, je vais, de fait, acquérir de nombreuses connaissances (ça peut être jouer d'un instrument, bricoler, construire, faire du sport quel qu'il soit, etc). Mais dès qu'on rentre dans de l'abstrait, ça m'ennuie pour ne pas dire, ça me dépasse...

Pour exemple : me parler sciences ne fera pas sens pour moi et je n'y comprendrai rien. Par contre, si demain je rencontre un problème concret que je vais devoir régler par le biais des sciences, je vais savoir pourquoi chercher du savoir et là, ça me parlera. Je vais pouvoir me lancer dans des recherches intensives et je serai à fond ! Mais sinon, vous ne me verrez jamais m'intéresser aux sciences...

[minicil]

Sur ce sujet, il peut éventuellement être intéressant de lire l'étude Haut potentiel intellectuel et syndrome d’Asperger : à la rencontre des nouveaux spectres

https://www.sciencedirect.com/science/a ... 5517300634#!

[Tugdual]

Cette étude ne semble pas nous apprendre grand chose ...

Si les objectifs et la méthode sont prometteurs, les résultats forment
un constat finalement simpliste qui n'étonnera pas les habitués du forum :

Leurs rapports au savoir nous questionnent sur la « suffisante perméabilité »
de ce savoir et sur la possibilité pour eux d’utiliser leur intelligence au profit
de leur insertion relationnelle et sociale. Leurs centres d’intérêt spécifiques,
mais aussi les particularités de leur langage rendent parfois difficile la relation
aux pairs d’âge et peuvent les amener à se tourner vers les adultes ou à se
distancier de la relation. Leur rapport au monde, enfin, est communément
marqué par une grande perméabilité sensorielle et émotionnelle susceptible
de les fragiliser.

Quoique la "« suffisante perméabilité » de ce savoir" ne m'est pas clair ...

La discussion souffre de relents psychanalytiques (logique vu l'un des auteurs) :

Le surinvestissement de l’intelligence semble communément être force de pare-
excitation, et participe à une forme de repli interne dont on peut questionner
la continuité d’avec le repli autistique, la remise en cause du réel et son évitement.
Ce surinvestissement viendrait suppléer les fonctions du Moi et permettrait à l’enfant
de maintenir le lien à l’autre, à la réalité, au monde.

Enfin, la conclusion ne s'avance sur rien :

Ce travail de littérature nous amène à nous interroger quant à un continuum
transnosographique entre ces deux entités et nous invite à poursuivre nos recherches
cliniques dans le but de mieux identifier les similitudes et les disparités qui existent
chez ces enfants et les processus psychiques qui les sous-tendent.

[minicil]

Bonjour Tugdual,

Je comprends ta réponse, pour laquelle je te remercie ainsi que d'avoir pris le temps de lire le texte.

Je partage ton avis dans le sens qu'une personne informée n'apprend pas grand chose.

J'aurais dû préciser que ce lien s'adresse aux personnes non informées, ce qui en effet, ne doit pas être le cas de la majorité des personnes de ce forum.

Je suis nouvelle sur ce forum, et je dois encore m'habituer à cet environnement notamment dans mon langage.

Bonne journée.

[Tugdual]

@Minicil : ne vois aucun reproche à ton égard dans mon message,
qui est uniquement un commentaire sur l'étude en question ...

[neige blanche]

J ai apprécié l article et je fais circuler aux non asperger de mon entourage, car tous atypiques et tous curieux (et avides de savoir)

[minicil]

@Tugdual : merci pour ta précision explicite, que j'apprécie beaucoup.

@neige blanche : (-:

[brainst0rming]

J'ai lu cet article, qui reste intéressant bien qu'en effet, un peu trop axé psychanalytique à mon gout. J'ai été étonné que le notion de HPI soit aussi abordée sous la forme de spectre, je n'ai pas le souvenir d'avoir vu ça auparavant (ou je ne l'i pas retenu !).

Petite question toujours liée au sujet de base. Vous arrive t'il, parfois, au contraire, d'être pendant un temps dans le rien ? Plus d'intérêt particulier, pas de domaine d'investissement pendant un temps voir plus rarement, hermétique à de quelconques savoirs ? Puis un élément déclencheur fait que ça revient...

[freeshost]

Oui, l'avidité à du savoir-faire me semble aussi être possible chez les personnes autistes.

[Mais m0ins aisée à combler, satisfaire, chez les personnes qui ont des dyspraxies, des difficultés à la coordination des mouvements, à l'organisation des activités, des hypersensorialités fort sollicitées dans certains contextes, etc.]