À propos de la tendance à considérer "les vrais autistes".

[Alceste]

Je viens de parcourir différents sujets, et une fois de plus je constate que certains expriment une réticence à accepter l'idée qu'on puisse être diagnostiqué autiste et

ne pas se "sentir" handicapé
ou
avoir une activité professionnelle nécessitant de nombreuses interactions dans des environnements variés
ou
vivre en couple sans difficulté apparente.

Et pourtant.
Il y a sur ce forum des personnes qui en témoignent. Pourquoi mentiraient-elles ?

J'en tire pour ma part 2 hypothèses :

1) nous ne ressentons sans doute pas tous les difficultés de la même manière.
Certains trouvent facile de marcher sur une poutre, d'autres ont le vertige.
Pourquoi ne pas admettre que ce soit vrai aussi pour les différentes expressions du syndrome, plus vives chez certains, ou - à intensité égale - plus vivement ressenties.

2) la définition du syndrome est suffisamment floue pour que les extrémités du spectre correspondent à des réalités très différentes.
Un handicapé moteur peut avoir perdu ses membres, ou leur usage, il peut en avoir perdu 1, 2, 3 ou 4.
Il peut ne plus pouvoir se déplacer, ou courrir avec des spatules en carbone plus vite qu'un valide.
Pourquoi ne pas admettre cette diversité chez les autistes.

C'est dommage de ne pas parvenir à partager cette vision très large de la réalité des uns et des autres, parce que les échanges en pâtissent.

Certains n'osent (parfois, quand la polémique est vive) exprimer leur point de vue qu'en message privé.
Je ne crois pas que qui que ce soit ici souhaite cela.
C'est pourtant une réalité.

Avant de dénoncer et de vilipender ce message et son auteur, merci de bien vouloir laisser passer un moment, et d'essayer de le relire avec bienveillance.
Je suis sans doute maladroit, mais mon intention n'est que de faire progresser l'acceptation de tous ceux qui sont autistes, également malgré leurs différences.
Pour que les échanges (lorsque ce n'est pas le cas. Je ne généralise pas. Ça se passe souvent bien) puissent se faire de manière plus apaisée et constructive.

Je vous souhaite une bonne journée.

[Benoit]

Si tu trouves que je "vilipende", tu devrais aller visiter les tréfonds du forum ou discuter avec les "anciens", ceux qui ne mettent pas de gants (et qui interviennent très rarement ici) pour remettre les choses en perspective.

[Manichéenne]

Je viens de parcourir différents sujets, et une fois de plus je constate que certains expriment une réticence à accepter l'idée (...)

Qui ? Où ? En quels termes ?
Avant de développer ton message, tu pars d'un postulat posé rapidement sans que je comprenne vraiment de quoi il s'agit.
Peux-tu préciser ?

Il y a bien quelques échanges récents qui ressemblent de loin à ce que tu exprimes, mais je ne les ai pas compris comme toi, donc je ne sais pas si c'est de ça qu'il s'agit.

[Meddio]

Je pense aussi être concerné par le message.

Pour ma part je vais ajouter quelques autres hypothèses :

- On ne se rend pas compte de son handicap (ce qui rejoint quelque part le 1))

- On se sent tous handicapés mais pas pour les mêmes choses.
Exemple simpliste mais parlant : A arrive à communiquer ses émotions sans exploser ou être dépassé par elles mais ne comprend pas certains codes sociaux alors que pour B c'est le contraire : A ne se sent pas handicapé par rapport à B et réciproquement.


J'ai parcouru le forum et j'ai vu des sujets verrouillés bien plus véhéments et j'ai aussi remarqué que certaines choses reviennent cycliquement - intégration des nouveaux, prise en compte de la sensibilité de chacun, mais aussi fiabilité des diagnostics et - il me semble - parfois des individus.

* Je pense que Benoit et Manichéenne vous voyez desquels je parle, pour Alceste, je ne sais pas si tu as parcouru les anciens fils du forum par exemple dans la section "à propos du site" mais pas que. Ne me sentant pas l'âme d'un archiviste ce soir, je pourrai donner les liens auxquels je pense ultérieurement si vous ne voyez pas à quoi je fais référence.

[Alceste]

À tous les trois ...
Il est vrai que j'ai réagis - entre autres - à votre échange, mais il n'était pas de l'intensité de ceux qui ont motivé ce sujet.
S'il ne s'agissait que de cela, ce serait anecdotique.
Ne vous formalisez donc pas.
J'avais bien pris garde au contraire à ne pas y faire référence.
Il y a d'autres exemples bien plus antagonistes.

Mais le sujet reste posé.
Il soulève de véritables questionnements.

Quant à l'existence de propos encore plus affirmés, et donc caricaturaux de mon point de vue, je ne vois pas en quoi ils m'aideraient pour mon "insertion" professionnelle ou mon "bonheur" familial.
Je ne tiens donc pas à m'y référer.
J'admets que nous puissions avoir des avis divergents. Je demande simplement à pouvoir conserver un espace d'expression.

Bien sincèrement.

[Meddio]

@Alceste :

Clarification : Je ne me suis pas formalisé !

Le développement qui va suivre est tiré de mon expérience et ne concerne QUE la communauté dont j'ai fait l'expérience dans ma ville d'origine (je n'ai pas vérifié ailleurs)

Certains juifs d'Europe de l'Est se sentent plus légitimes dans leur souffrance que les juifs du Maghreb - car plus largement présents pendant la seconde guerre mondiale et donc plus légitimes pour parler de la Shoah . De plus, ils se revendiquent d'une pratique plus orthodoxe que ceux du Maghreb à qui ils reprochent une pratique et une foi plus légère.

Les juifs du Maghreb, eux, se sentent plus légitimes que ceux d'Europe de l'Est car ils seraient les vrais descendants des tribus d'Israël ayant quitté la Palestine, les juifs d'Europe de l'Est ayant été convertis autour du Moyen-Âge (je ne me suis pas amusé à vérifier ce fait d'ailleurs je m'en moque).

Moi qui suis les deux à la fois, quand on m'a envoyé à la synagogue et que j'ai vu ça j'ai été choqué et je me suis fait la réflexion suivante : comment un peuple qui a traversé de telles épreuves, été victime de racisme à un point très important peut s'entre-déchirer et pratiquer le racisme "intestin" ?

Il y avait en plus des "concours de judaïsme" par arbre généalogique interposé : "mes quatre grands-parents sont juifs", "ah moi c'est les trois", "moi j'ai qu'un parent", "oh c'est le père ou la mère ? sinon tu es un goy" (insulte suprême et raciste qui veut dire "gentil" dans le sens niais et qui désigne un neur non-juif) et des suspicions quant à certains d'être moins juifs que d'autres - Les nazis ont dû bien rigoler si ça existait déjà à leur époque car ils ne se sont pas encombrés de tout ça.

J'ai été dégoûté et n'ai plus remis les à la synagogue

Voilà, j'ai fait ce qu'on appelle une parabole. Vous y trouverez ou non des liens avec des situations. Si c'est HS, ignorez-là, si vous pensez que c'est éclairant pour quelque chose, tant mieux c'est mon but, si tout le monde s'en moque, tant pis.

[Alceste]

@meddio

j'aime bien tes illustrations.
je crois que j'en comprends le sens.


@ ...
précision en l'air qui ne vise personne : pour ma part je ne veux pas entrer dans des polémiques inutiles en nommant untel ou unetelle, je ne veux pas non plus qu'on prenne au pieds de la lettre la définition exacte de chacun des mots que j'emploie, en recherchant si on ne pourrait pas y trouver un sens caché ou une maladresse. il peut m'arriver d'être approximatif. je revendique le droit d'être imparfait.

[Benoit]

En matière de handicap l'important n'est pas "ce qu'on ressent" mais ce qui se passe.

On peut tout à fait - hypothétiquement - envisager des environnements bienveillants de façon générale dans lesquels aucune personne autiste ne serait en situation de handicap.
A partir de là, on peut décliner tout un spectre d'environnement qui auront des effets différents sur chacun.

Malgré l'évolution de la société, je continue de croire en la vertu de rechercher ce type d'environnement pour tous, et pas que les autistes par dessus le marché.

[Tugdual]

Je ne comprends pas le titre. Que veut dire :

la tendance à considérer "les vrais autistes"

?

Nous considérons ici comme "vrais autistes" ceux qui ont un diagnostic officiel.

Nous connaissons les problèmes liés à l'obtention de ce diagnostic : pénurie de
professionnels formés, et parmi ceux-ci, une certaine disparité des procédures.

Mais nous faisons avec, il n'y a pas d'alternative, sauf à sombrer dans l'arbitraire.

[Benoit]

Il y a un sous entendu, qui est explicité dans le premier paragraphe.
Il y a aurait (ici même) foule d'autistes - dont le nom est dans cette enveloppe - qui n'ont besoin de rien.

[Tugdual]

Il y a aurait (ici même) foule d'autistes - dont le nom est dans cette enveloppe - qui n'ont besoin de rien.

Ce n'est qu'un morceau de phrase dans ce premier paragraphe,
donc je n'arrive pas à voir ça comme "LA" question posée ...



Pour le reste, la variété de l'autisme est une évidence ...

[Benoit]

certains expriment une réticence à accepter l'idée qu'on puisse être diagnostiqué autiste et

ne pas se "sentir" handicapé
ou
avoir une activité professionnelle nécessitant de nombreuses interactions dans des environnements variés
ou
vivre en couple sans difficulté apparente.

Et pourtant.
Il y a sur ce forum des personnes qui en témoignent. Pourquoi mentiraient-elles ?

Je vois là dedans une accusation directe au fait que ces "vrais autistes" (je me considère du nombre vu le message) exclueraient des autistes, qu'ils qualifieraient de "faux autistes", ceux qui font partie de cette liste.

J'ai beau chercher, je ne vois personne dans ce forum qui témoigne de ces situations, ou alors il faut interpréter les faits de façon très spécieuse pour ça.
Par exemple une forumeuse dont le nom commence par un 'F' a bien une activité de ce type (2e boulette), mais ne prétend pas pour autant ignorer son autisme.

[Meddio]

@ Tugdual

Il y a un paradoxe de base :

Autisme=handicap
Mais certains autistes ne se sentent pas handicapés. Seraient-ils moins autistes ?

Un élément de réponse a été apporté plus haut :

handicap [égal barré] perception, handicap=faits

Et la perception du handicap est relative au milieu dans lequel évolue la personne ( si la personne évolue dans un milieu favorable et bien veillant, elle ne se sentira pas handicapé et inversement)

Voilà, pour être le plus synthétique et le plus clair possible - si je me trompe, merci de me corriger.

Édité : l'idée sous entendue étant en effet que certains verraient dans les autistes ne demandant pas de l'aide ou se considérant comme mieux "adaptés" des "faux autistes". Toutefois il ne s'agissait pas de jeter une pierre mais de discuter entre les concernés et de réfléchir à la pluralité des autismes - c'est comme ça que je le comprends.

De plus, des hypothèses ont été proposées pour se demander pourquoi certains se sentaient moins handicapés ou plus handicapés que d'autres

[Anahata]

Bonjour Alceste !

As tu une situation particulière à décrire ? Car, là, j'y vois, un peu, un discours du type: il y aurait des gens... Qui feraient ça ça ça... Mais je n'en dis pas plus etc.

Ça fait beaucoup de suppositions pour deviner de quoi il s'agit !

Pourquoi ne pas en parler directement par messagerie privée aux personnes 'impliquées' dans cette contrariété ?

Après dans l'émotion, ça risque d'être compliqué d'en parler sans envenimer la chose. Alors qu'au départ, même si c'est implicite, je pense que l'envie est de revenir à l'équilibre.

Éventuellement, revenir sur une phrase en privé ? Et demander d'autres précisions ?

[WinstonWolfe]

Ici, c'est un forum, un espace où diverses opinions s'expriment. C'est donc normal, à l'occasion, de trouver des opinions tranchées, contraires, parfois illégitimes, parfois pleines de bon sens... La modération s'attache à laisser toutes les opinions s'exprimer dans les limites de la charte, et celles de la légalité. Pour le reste, oui, il y des gens qui trouvent le spectre trop large, d'autres le trouvent trop resserré, d'autres n'ont pas d'opinions là-dessus...

L'affichage de certaines opinions ne dénote pas de la volonté du forum d'inclure ou d'exclure tel ou tel profil lié, d'une façon ou d'une autre, à l'autisme.