Je déteste les petits enfants

[Lafilleavecsonchat]

Bonjour à tous,

Je voudrais vous faire part de quelque chose dont je ne suis pas fière mais malheureusement c’est comme ça et ça ne va pas en s’améliorant : je hais les petits enfants. Quand je parle de haine c’est que je peux vraiment ressentir une grande violence en moi quand un petit me fixe, dans les transports par exemple. J’ai cet horrible sentiment surtout envers les petites filles. Même le fait de les voir à côté de moi, même si elle ne me fixent pas.. il y a leur voix que je ne supporte pas, mais pas seulement, c’est un ensemble. J’ai vraiment honte de moi mais c’est la vérité, je peux vraiment avoir envie de les éclater.. je n’ai évidemment jamais fait de mal à quiconque, je ne me le permettrais pas mais voilà ce que je ressens et c’est très désagréable. Je pense que c’est moi que je déteste a cet âge là en fait (entre bébé et 5 ou 6 ans), je hais cette petite fille faible et à côté de la plaque que j’etais et je projette tout ça sur les autres petits que je vois. Je sais que c’est plutôt un truc de psychopathe ce que je décris, et qu’il y a plein d’autistes qui aiment les enfants et même en ont eux mêmes ! Seulement je me sens seule avec ça et j’aimerais savoir s’il y a d’autres personnes comme moi ici. Voilà, c’est pas glorieux mais j’y peux rien ?.

[Tugdual]

En as-tu parlé avec un psy ?

Un tel ressenti doit pouvoir être travaillé pour devenir
moins envahissant, et te rendre la vie plus agréable ...

[Anahata]

Bonjour !
Je comprends tout à fait ce genre de ressenti. Alors les enfants non, mais les adultes oui.

Mais ça me fait mourir de rire ce témoignage. C'est honnête et en vous lisant, je me dis que évidemment vous n'êtes pas une psychopathe.
Il y a peut être des souvenirs difficiles en rapport avec votre propre vie, comme vous dites. C'est possible.
Je pense qu'il s'agit d'une angoisse forte qui s'active. Pas d'un désir de faire du mal bien sûr.
Je peux comprendre ce malaise quand je pense aux angoisses que j'avais en rapport avec le 'féminin', ce que j'étais censée être et le décalage interne. Du coup tout ce qui s'y rattachait posait problème. Les vêtements, la voix etc etc. Bon c'est uniquement ma propre analyse et je n'ai pas la prétention de vous la 'coller'.

J'ai des soucis émotionnels quand je vois des enfants sapés comme des adultes. Cheveux gominés, petit blouson en cuir etc. Les manières aussi peuvent me heurter. Je crois que c'est important de ne pas passer trop de temps à suranalyser tout ça. Chacun. Sa sensibilité. Puis c'est tout.

[axurit66]

Haha ! Moi, enfant, je me déteste également à cet âge là.
Mais c'est tout le contraire, c'est avec les petits enfants que je m'entends le mieux et avec qui je passe les meilleurs moments. Le contact avec les jeunes enfants (s'il n'y en a pas trop), ne me fatigue pas au contraire d'un adulte !

Ce que tu dis là ressemble à un traumatisme que tu refoules en éprouvant de la haine envers les petits enfants. Tu devrais trouver un psy spécialisé dans ce domaine, à mon avis il y a des choses à creuser et tu évoques des pistes très pertinentes !

[pimpoline]

Je trouve ça courageux cette honnêteté dont tu fais preuve Lafilleavecsonchat.

Tu as identifié le problème et les raisons probables (j'aurais dit pareil que toi et les autres, bon ça fait cliché mais forcément que si ça te fait réagir à ce point c'est qu'il y a un point qui fait écho avec ta personne).

Donc, les solutions?

Oui en parler, avec un psy, certainement que ça ne peut pas faire de mal.

Sinon, moi je pensais plutôt à poser le malaise par écrit, comme tu l'as fait ici mais plus en détails.
Parce que du coup toute ta haine est donc contenue, il faut pouvoir lui redonner de la place pour qu'elle s'en aille petit à petit.
Ecris, dessine, la scène en tant que telle et puis peut-être écris à cette enfant du même âge que tu étais et que tu n'aimais pas... bref essaie d'illustrer le lien entre la situation extérieure et ce que tu ressens toi à l'intérieur.
Ca permet de mettre de la distance et de faire que les choses décantent d'une autre façon.
Car rationnaliser ne permet malgré tout pas d'évacuer l'émotion, simplement de comprendre.

[Lafilleavecsonchat]

Merci pour vos réponses ! Je vois bien que ce que je vis n'a rien à voir avec le syndrome d'Asperger !!

C'est intéressant l'idée d'écrire à ce sujet.. le dessin c'est pas vraiment mon truc mais l'écriture oui ... donc à essayer.. Quand à ma psy, et bien, je suis en analyse depuis 4 ans et demi et franchement je stagne, je vais devoir passer le pas d'arrêter, de dire stop parce que ça ne m'apporte plus rien, elle me parle en boucle de ma mère et de mon grand-père que j'ai à peine connu et vois la cause de tous mes malheurs là-dedans.. Je trouve ça tiré par les cheveux même s'il y a une part de vrai et elle ne me donne jamais aucune solution concrète pour avancer.. Tout à l'heure, j'ai RDV avec un psychiatre spécialisé dans le TSA, je flippe un peu mais bon je vais essayer, ça fait 3 mois que j'attends le RDV.. même si je risque de me retrouver devant lui et de ne plus savoir quoi dire, ni par quoi commencer.. genre "euh.. je pense que je suis autiste.." ça va être compliqué.. Bref, pour revenir à mon truc de détester les enfants en bas âge, oui j'en ai déjà parlé à ma psy, elle pense que c'est parce que j'ai été humiliée par ma mère et ma tante quand j'étais petite et je pense que c'est vrai.. sauf que le fait d'en avoir parlé ne m'a pas soignée.. Hier une petite fille d'environ 3 ou 4 ans marchait à côté de moi dans l'escalier à la sortie du métro et j'ai eu une montée de haine terrible, j'ai eu envie de lui éclater la tête dans les marches, tout mon corps s'est tendu, j'ai serré les dents, c'était dingue.. j'arrive pas à trouver les petits enfants mignons, je trouve qu'ils ont l'air bête

[axurit66]

ça a l'air assez violent ce que tu ressens quand même. Penses-tu que tu pourrais passer à l'acte un jour ? Ou bien tu arrives toujours à te contrôler avec facilité ?
Tu as l'air d'avoir une franchise et un courage d'en parler qui dépasse bien des normes.

[Benoit]

Y'a quand même de la marge entre "ne pas trouver les enfants mignons" (moi aussi ça m'arrive dans les grandes surfaces) et ce type de pulsion, enfin c'est mon avis.

[Lafilleavecsonchat]

Bien sûr il y a une marge entre ne pas trouver les enfants mignons, et avoir envie de les claquer... Ce que je ressens peut être assez violent effectivement, même s'il y a des moments dans ma vie où c'est moins présent et dans le meilleur des cas je suis indifférente, ou alors je ressens un léger agacement mais sans plus. Je ne passerai jamais à l'acte, j'ai trop de morale pour ça, ce que je ressens est très intérieur et rien ne transparait, j'arrive, heureusement, à maitriser mon comportement. En tout cas ça me fait du bien de ne pas me sentir jugée ici, c'est pas évident d'en parler, j'en suis pas fière, j'en ai même honte et je ne comprends pas bien ce qu'il m'arrive. Du trauma infantile sûrement mais je n'ai aucun souvenir donc je vois pas trop ce que je peux faire avec ça..

[Artelise]

Du trauma infantile sûrement mais je n'ai aucun souvenir donc je vois pas trop ce que je peux faire avec ça..

Il y a des traumatismes qui naissent d'un seul et unique évènement particulièrement marquant et auquel on peut aisément remonter.
Et d'autres qui se façonnent petit à petit, au fil du temps, au fil des comportements, des mots, des regards, etc. que les autres ont à notre égard. S'il s'agit bien de la façon dont ta mère et ta tante avaient tendance à te traiter lorsque tu étais petite, alors ça peut venir de là, sans que tu puisses pointer du doigts des moments particuliers.

je pense en tout cas deux choses :
La première, c'est que tu es bien courageuse d'en parler. Ce n'est évidemment pas facile de parler de ce genre de pulsions et de ressentis.
La seconde, c'est que, effectivement, si tu as le sentiment que ta psy actuelle a fait le tour de la question, que vous tournez en rond et que vos entretiens ne t'apportent pas le soutien que tu en espères, alors, il serait peut-être temps de trouver un autre interlocuteur.

Une chose aussi: je pense que ces émotions violentes te mettent en souffrance et qu'il faut que tu trouves un moyen de t'en libérer.

Je te souhaites bon courage !

[pimpoline]

Bon, peut-être une idée saugrenue mais as-tu pensé à l'EMDR pour ce problème précis?
On ne sait jamais... vu qu'il y a visiblement bien un traumatisme à l'origine du déclenchement de cette pulsion (tous ces mots étant à prendre avec des précautions bien sûr: je ne suis pas psy, je ne te juge pas, je viens juste essayer d'apporter comme les autres des idées).

Clairement la psychanalyse a ses limites... je suis d'accord pour dire que ressasser et expliquer n'aide pas à avancer. Ca ne suffit pas pour dépasser.

[Tugdual]

Quand à ma psy, et bien, je suis en analyse depuis 4 ans et demi et franchement je stagne, [...]

Plutôt aller voir du côté des psys comportementalistes ...

[rapsody]

Bonjour

Je vais être encore moins glorieuse que toi: moi c'est souvent les gens que je déteste, dans le métro en l'occurence.
Pas tous, mais certains, et souvent des femmes, accoutrées, trop maquillées ou ridiculeusement arrangées. Quand ca colle pas, qu'il y a un décalage, mais surtout, que leur accoutrement, m'agresse.
L'autre jour une femme avait les doigts plein de bagues j'étais assise en face d'elle. Elle avait aussi plein de barettes dans les cheveux. J'ai senti un souffle long de rejet massif, plus que parler de haine. Elle me genait terriblement. Mais je ne saurais pas faire la part des choses entre gêne, ou détester. Pour rien au monde je ne lui voudrais de mal, ca c'est sur, mais j'ai senti en moi non pas une violence, mais un truc fort de rejet.
Ca me fait penser à ce que tu décris.

J'en ai parlé avec mon psy qui m'explique que meme sans parler, l'acoutrement de cette femme m'agressait, me violentait, comme ca peut arriver avec les bruits, ou les images, ou les odeurs.

Toi c'est les petites filles, ca me semble pas si différent. Je ne suis pas particuliermeent touchée par les petites filles non plus, sans les détester, mais je ne ressens pas de sensibilité pour elles, je préfere les petits garcons, auxquels je m'identifie plus, meme si je suis une femme.

Bref, ça m'arrive aussi de détester qui m'agresse, alors qu'il n'a rien fait pour, juste par sa présence. Mais pour rien au monde je ne lui voudrais du mal alors. Donc détester n'est sans doute pas le bon terme.
Tu dis que tu voudrais les frapper, ca par contre je ne ressens pas cela du tout. Juste une intense gene, rejet.

[Lilette]

Y'a quand même de la marge entre "ne pas trouver les enfants mignons" (moi aussi ça m'arrive dans les grandes surfaces) et ce type de pulsion, enfin c'est mon avis.

C'est entièrement min avis aussi, tu devrais quand même aller en parlée à un psychiatre ou psychologue je ne sais pas, mais c'est quand même assez violent là

[Zebra3]

« De bébé à 5-6 ans » donc ça le fait aussi avec les bébés ?
Et avec les bébés/petits animaux ça le fait aussi ?

Je demande parce que le cerveau est parait-il câblé pour s’attendrir face à un bébé, pour le protéger et favoriser la survie de l’espèce, etc, alors on sait jamais, des fois que les connexions soit « inversées » dans ton cerveau, et qu’au lieu de t’attendrir tu te raidis, ce serait pour le moins embêtant :/

Autre cause éventuelle qui me traverse l’esprit, outre le comportement de ta mère et ta tante, peut-être vivais-tu à cet âge là une profonde incompréhension des autres enfants ? (à la crèche, à l’école…) Et que tu vivais ça éventuellement comme de la peur que tu ne pouvais/n’arrivais pas à exprimer ?
Ou que tu as associé une crainte de cet âge (sentiment de perdition en crèche ou à l’école) aux jeunes enfants ?

Ou peut-être sont-ils trop imprévisibles ?

Il parait que les phobies peuvent se former comme ça, que pour se débarrasser d’une peur non identifiée, l’esprit « l’accroche » à une chose bien identifiable, et qui n’a pourtant rien à voir avec la peur/angoisse ressentie (après je ne sais pas si c’est une théorie psychanalytique ou pas).

Comme les autres, je pense qu’il y a quelque chose à faire en thérapie, peut-être plutôt comportementale, un peu comme avec les phobies d’araignée, que tu sois au contact d'enfants pour justement analyser ce que tu ressens.