FinementCiselé a écrit :-l'autisme est un diagnostic psychiatrique, et non médical.
Comme c'est moi qui ai lâché le terme, je précise que je le faisais dans le sens dont parle Manichéenne. Ma psychiatre est médecin, et ce sont des certificats médicaux qu'elle remplit. Pas des certificats psychiatriques.
Mon propos c'était de dire que le type qui pense que le diag d'autisme va le rapprocher d'Iron man risque de tomber de haut quand il verra écrit "médical, médico-social, handicap..." sur tous les dossiers et toutes les portes.
Je suis d'accord cependant avec le fait que vivement qu'on en finisse avec la psychiatrie, dont les jours sont comptés et concernant tous les troubles.
Il n'y a pas de diagnostic posé si il n'y a pas de handicap perçu
J'aimerais que ce soit vrai, mais j'ai parfois un peu peur à ce sujet. J'ai peur que ça ne tourne à l'homéopathie cette histoire (diagnostiquer dans le vent pour que les gens soient contents, travers possible en propageant le fameux glamour). Quel risque à aller diagnostiquer autistes des gens qui ne feront aucune démarche derrière, précisément parce qu'ils veulent bien être autistes sur un papier mais pas handicapés?
La perception du handicap peut être problématique aussi, notamment quand on sait que certains psychiatres à la main légère considèrent déjà certains diagnostics (dont le TSA) plus "valorisants" que d'autres. L'OMS considère la dépression comme le 1er facteur d'incapacité dans le monde. Si un diagnostic d'"autisme glamour" commence à être donné aux dépressifs pour leur remonter le moral, ça va en faire du monde...
Ca + l'effet barnum + la confusion que font beaucoup de psys entre TSA et HPI = boum carnage. Sans parler des conséquences sur la recherche, qui devient le carnaval total.
Personnellement, j'irais même jusqu'à parler de prisme, puisque deux autistes ayant les mêmes difficultés, suivant leurs environnement peuvent ne pas avoir la même répercussion au niveau des handicaps.
C'est un des enjeux principaux à mes yeux.
J'éditerai mais bon: quand ma mère a été catastrophée après le diag de voir tous les indicateurs cliniques mis bout à bout et toutes les données factuelles sans avoir rien fait à l'époque, la spécialiste lui a dit que ça avait été une bonne chose au final. Bien que ce soit parfois discutable, pour elle les diagnostics chez les adultes tendent à aller vers la citation de Twain: "ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait".
J'ai eu énormément de mal à faire énormément de choses (ex typique: le permis) mais au final je les ai faites. Si j'avais eu quelqu'un pour me répéter pendant 20 ans que je n'arriverais jamais à les faire, je ne sais pas ce qu'il en serait. Il y en a d'autres que je n'ai pas pu faire, et où un accompagnement aurait certainement aidé, mais il eut fallu qu'il soit adapté et à l'époque même inadapté ça n'existait pas.
Si l'absence de prise en charge crée du sur-handicap, je suis persuadée qu'une prise en charge inadaptée en crée au moins autant.
Plein de choses sont effectivement hors de la portée de plein d'autistes, je ne le nie pas, mais je me méfie aussi des prophéties auto-réalisatrices.
L'incidence de l'environnement est évidente, pardon pour le parallèle mais un poisson rouge dans un bocal n'a rien de ce qu'il lui faut. Ca n'empêche pas plein de gens de continuer à observer leur lente agonie avec délectation. Si tu vas en animalerie on te dit que dans ton bocal tu peux même en mettre 2 et que si tu leur colles les décos aussi toxiques que moches qui remplissent les rayons c'est encore mieux. L'argument c'est que "le poisson s'adapte à la forme du bocal". C'est pas faux: ça s'appelle juste le nanisme, et c'est une forme d'adaptation
particulière impliquant des dysmorphies pas toujours sympas.
On trouve des bocaux et des aquariums de 5 litres partout en France, alors qu'ils sont interdits dans plein de pays, certains limitrophes. Mais non, chez nous on continue de te dire que ton poisson sera heureux dedans. Alors oui, les poissons n'ayant pas de néo-cortex le concept de rendre un poisson heureux reste ce qu'il est. Pour autant, ce n'est pas forcément une raison pour continuer à les regarder s'asphyxier et mourir lentement dans des conditions atroces (au moins le foie-gras au bout du compte c'est pour le manger, là c'est pour les regarder crever parfois durant 3 ans et les foutre à la poubelle ensuite).
Désolée si ça ressemble à "ça y est la fille elle a craqué voilà qu'elle parle de poissons rouges" mais pour moi l'autiste qui brille, qui renvoie une image positive et sans déficits est potentiellement dans le même état que le poisson dans son bocal. Il a même peut-être l'air heureux à la télé ou ailleurs, comme les poissons dans les super mini-aquariums plein de trucs super colorés et rigolos (qui doivent certainement faire rire beaucoup de poissons en plus de les asphyxier).
Benoit a écrit :rien n'empêche de construire des boîtes du premier type autour des personnes autistes (et d'elles mêmes seulement) de façon à prendre en compte leur situation de handicap ET leurs compétences, en s'accomodant de ce qu'ils sont.
Tu t'entendrais bien avec ma psychiatre
elle le voit comme ça aussi, et c'est un peu ce que j'essaie de faire à mon petit niveau.
"Constructrice de boîtes" ça fait un peu trop start-up (=ringard
) donc sur les papiers maintenant je mettrais "créatrice de nouvelles cases". Sur le dossier pour la cantine à la rentrée prochaine ça va en jeter!
@Alceste: avancer c'est ce qui m'intéresse aussi mais avec des oeillères ça ne m'intéresse pas. Je saisis ta position cependant.