FinementCiselé a écrit :Aeryn a écrit :Talegan a écrit :Pourquoi craindre les faux positifs ?
Parce que donner un diagnostic de TSA n'est pas anodin, donc il vaut mieux être sur de son coup.
Parce que si la personne n'est pas TSA, elle a a priori bel et bien des "symptômes", qui sont alors en lien avec une autre "pathologie", qu'il faut identifier correctement afin que la personne puisse bénéficier des soins adaptés.
Parce qu'avoir beaucoup de faux positifs reviendrait à avoir une quantité importante de gens diagnostiqués TSA sans l'être, ce qui induit une sorte de confusion générale et revient à nier le diagnostic des personnes réellement TSA (ça discrédite le diagnostic pour tout le monde si ce diagnostic est basé sur un test qui donne trop de faux positifs).
Egalement valable pour les faux négatifs.
Non, justement : un faux négatif par définition est diagnostiqué négatif donc il n'a pas à encaisser un diagnostic TSA qui ne serait pas le sien. Et le risque de discrédit est beaucoup moindre :
- trop de faux positifs = être trop laxiste (« donner le diagnostic à tout le monde ») ;
- trop de faux négatifs = être trop sévère (« donner le diagnostic uniquement aux cas extrêmes »).
Mais effectivement, les faux négatifs peuvent causer des errances diagnostics car en cherchant une autre cause, ils risquent fort d'être mal diagnostiqués ailleurs (autrement dit, un faux négatif de TSA risque de venir un faux positif d'autre chose). Il faut aussi avoir à l'esprit qu'un faux négatif peut éventuellement être par la suite correctement diagnostiqué par une autre équipe alors que l'inverse est plus difficile (pour des raisons tant psychologiques que corporatives et légales, il est plus facile / acceptable / moins risqué pour un médecin de poser un diagnostic positif sur un diagnostic négatif qu'annuler un diagnostic positif).
Les faux, positifs ou négatifs, posent aussi de gros problèmes en recherche ; dans ce domaine, les coûts des examens sont souvent élevés et le nombre de patients faible, il est alors préférable de placer un seuil qui produit peu de faux positifs. C'est cette approche qui a été choisie pour les seuils de l'ADOS.
(Dans d'autres domaines, par exemple les maladies contaminantes, c'est en général l'inverse qui est choisi afin de protéger au maximum les populations ; par exemple pour le VIH, les tests rapides sont conçus pour donner le moins de faux négatifs possibles (quitte à avoir davantage de faux positifs) et c'est pour cela que si le premier test est positif, il faut passer un second test, différent, qui confirme ou pas le premier.)
Idéalement, il n'y aurait ni faux positifs ni faux négatifs dans un diagnostic médical mais c'est rarement le cas et il faut souvent choisir un seuil adapté à la « pathologie » par rapport au risque, à l'éthique, à la société, etc. Quand je dis la société, c'est aussi un élément important : par exemple on peut imaginer que pour l'autisme, qui est un diagnostic extrêmement stigmatisant en France
(et où culturellement on a tendance à poser des étiquettes à vie sur les gens et à juger à l'aune de ces étiquettes), les médecins placent le curseur vers le moins possible de faux positifs (donc automatiquement davantage de faux négatifs) (attention, pas forcément consciemment : influencer inconsciemment est le propre de la culture).