Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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freeshost
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Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance ?

Message par freeshost »

Salut, la compagnie Asperansa,

Par analogie avec la discussion "Femme Asperger, vous étiez comment étant enfant ?", je crée cette discussion. :mrgreen:

Pour ma part, j'étais très fortement dans mon monde, presque pas en contact avec l'extérieur social, cela jusqu'à 12-13 ans. Je m'appelais "freeshost le silencieux". :lol:

J'ai fait une scolarité "normale", mis à part le fait que, jusqu'à fin primaire, il n'y avait rien à faire avec moi concernant certaines branches (notamment "Catégorie Environnement"). Au contraire, pour la mathématique, je faisais partie des élèves ayant de l'avance et auquel l'enseignant donnait le programme des années suivantes. :lol:

Comme beaucoup de personnes spectro-autistes, je n'aimais pas être touché. Je parlais très peu.

Pour l'écriture, j'ai dû souvent recopier des textes et des devoirs car illisibles. :lol:

Je vous avais déjà dit, dans ma discussion de présentation entre autres, que j'avais appris à lire "tout seul". Ma mère croyait que l'enseignante avait une superbe méthode, et c'était réciproque. :lol:

Il y avait des soupçons d'autisme, mais le spectre était encore peu connu à l'époque.

Je me souviens avoir pris une fois un jeu trop au sérieux. Je faisais partie des gendarmes et je tapais un méchant. :lol:

Fin primaire, je m'amusais parfois à jouer dans la cour à une "bataille" de fronts. Deux personnes, front contre front, l'une doit pousser l'autre jusqu'à une ligne. :lol:

Déjà petit, j'apprenais les horaires de bus de la ville (facile, il y avait seulement trois lignes, aux horaires très réguliers ; j'avais donc juste à apprendre les irrégularités :mrgreen: ).

Tout petit (avant l'âge de sept ans), il paraît que je sortais parfois de la maison tout seul et allais marcher çà et là. On me cherchait. :lol:

Parfois, quand on rentrait en voiture, il y avait une route que je quémandais sans cesse. "On peut passer par cette route ?" :lol:

J'aimais aussi bien trier (sans forcément aligner) des pièces de jeu (par couleur, par forme, par taille).

Lors d'une brève période, je dessinais sur les murs, dans les livres d'école des frères et sœurs. :mrgreen:

Je regardais beaucoup à répétition Tintin (en bande dessinée comme en dessin animé). On m'avait offert Êtes-vous tintinologue ?, un livre avec cinquante questions par album (parmi les 22).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
romain444
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par romain444 »

freeshost a écrit :Je regardais beaucoup à répétition Tintin (en bande dessinée comme en dessin animé). On m'avait offert Êtes-vous tintinologue ?, un livre avec cinquante questions par album (parmi les 22).
Aaaah tintin ! Pour ma part je n'aimais que les bandes dessiné ! je les ai toutes lu en français, et j'en ai relue 4/5 en anglais.

Je reprécise que je ne suis pas diagnostiqué, mais je me permet de participé :mryellow: (je commence à prendre des libertés !)

Pour ma part sur le plan scolaire

En primaire je jouais seul dans la cours ou avait parfois une seul amie, mais ma plus grande passion était d'aller voler des stylos et des "bon points" dans le placard de la maîtresse, j'ai fini par les voler dans son bureau à côté d'elle pendant qu'elle essayait de décrypter mon écriture (je ne me suis jamais fait attrapé).
J'étais toujours dernier de la classe, et les profs m’estimait trop lent dans les tâches que j’effectuais. J'ai fini par savoir écrire correctement au cm2.

Au collège je tentais de m'intégrer avec les autres, mais je n'aimais pas ça, par contre ça permettais de "limiter" le harcèlement. Mon niveau quand à lui à commencé a remontais en troisième, grâce au verbe irréguliers (en anglais) qu'il fallait apprendre par cœur, ou encore grâce à la prof de math qui nous donnait des exercices sans nous donner la solution, on avait 30 min pour trouver la réponse, j'y arrivais souvent, mais je me mettais intérieurement dans des colères noir quand je n'y arrivais pas, jusqu'à ne pas écouter la leçon pour continuer à réfléchir chez moi.

Au lycée, je restais tout le temps seul, les autres ne m'interréssaient pas, seul la musique, l'escalade et l'adrénaline qu'elle me procurais me plaisais, j'y ai aussi découvert les substances illicites (la weed quoi) qui me permettais de passer sur ma phobie scolaire, de cette façon, quand bien même je séchais l'intégralité des cours mon père était satisfait (allez savoir pourquoi), et je priais pour que la CPE m'éjecte du lycée pour trop de cours séché :mryellow:
J'y ai aussi découvert le plaisir de voir dans les yeux de celui qui nous à tant fais souffert psychologiquement la terreur, la douleur et la honte, mais je me suis terrifié tout seul... Rien de glorieux, mais c'est plaisant !

Globalement les gens disait que j'avais une avance, que je tenais des propos irrespectueux aux adultes, puis on à fini par conseiller à ma mère de faire des test, mais elle a refusé (dommage !)

Dans ma vie privée

Je jouais toujours seul, plus jeune au petite voiture, au maître avec ses élèves (seul oui, mais pas dans ma tête), jusqu'au jour où j'ai eu la chance d'avoir un jardin, dans lequel je rejouais des scène tout droit sorti d'une série allemande que je regardais à la télé.

Tout petit je frappais ma mère, ni elle ni moi ne savons pourquoi, ma belle mère finissais par me bloquer dans ma chambre, tout en étant à l'intérieur (oui c'était une femme courageuse !)

Je n'ai jamais réussi à lire un livre jusqu'à maintenant, je décrochais au bout de la deuxième ligne et partait dans mes pensés, ce qui m'a valu pas mal de zéro en français, alors oui j'avais lu le livre mais j'étais incapable d'en dire quoi que ce soit...

Le premier sport que j'ai pratiqué était la course à pieds vers 13 ans, Mon objectif était d'atteindre les 40 km, une fois atteint j'ai arrêté.


Niveau famille ben...

Mon grand père me prédisais/prédis un avenir de voyou (dommage, il n'en saura rien puisqu'en théorie il mourra avant moi), ma tante me trouve antipathique, ma mère me trouve fermé au monde (d'ailleurs petite anecdote, pour y remédier, elle m'a conseillé d'aller au cinéma ou encore d'aller voir des expos :lol: :lol: :lol: :bravo: ), et mon père ne me trouve pas très intelligent.

Un souvenir, je me souviens vers mes 17 ans en repas de famille, leur avoir exposé mon point de vu sur l’illusion que l'ont se fait de la générosité (ben oui, on attend toujours quelque chose en retour). J'ai bien cru que j'allais finir en patté pour chiens !

Dès mon indépendance prise, j'en ai bien sur profité pour mettre les points sur les "i". Et leur donner ce coup ci mon point de vue sur l’incompétence de la sélection naturel !

J'ai accepté l'idée que je n'étais pas stupide assez tard.

Voilà, c'était un résumé (un peu long quand même)

HS: Autre petite anecdote qui m'a vraiment faite rire hier, pour contextualiser la scène, j'ai parlé à mon père de mon envie de faire un diagnostic et il tente depuis de me prouver que je ne le suis pas, hier il m'amène deux verres à bières avec sur chacun d'entre eux une petite cloche qu'il y a sur les vélos, je constate que l'une des deux ne fonctionne pas, je lui fait remarquer en commençant à dévisser la partie supérieur, puis il embraye tout de suite par "tu vois un asperger aurait déjà compris pourquoi". 5 secondes après sa phrase terminé je la revissais et elle fonctionnais, mon regard a suffit pour qu'il comprenne qu'il valait mieux qu'il se taise. :roll: Je crois qu'il à raté sa vocation, il aurait du être médecin !
Diag TSA le 16/10/18
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Meddio
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par Meddio »

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V4V
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par V4V »

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Aspie diagnostiqué, nombreuses comorbidités
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Meddio
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par Meddio »

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Diagnostiqué SA et HPI
Georges-André
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par Georges-André »

Un souvenir, je me souviens vers mes 17 ans en repas de famille, leur avoir exposé mon point de vu sur l’illusion que l'ont se fait de la générosité (ben oui, on attend toujours quelque chose en retour).
Non. Quand tu donnes des sous ou à manger à un SDF ou quand tu fais un don à une oeuvre caritative, t'attends rien en retour.
diag SA avril 2013
sylvainm
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par sylvainm »

Meddio a écrit :Je me permets de réagir à la fac comme "période la plus heureuse" même si l'enfance est dépassée.

Il me semble que l'université soit un milieu particulièrement propice pour un Asperger et je partage tout à fait ce sentiment de période globalement "la plus heureuse" - même si c'est pendant ces années que j'ai eu un ulcère, même si prendre le train était un calvaire quotidien, malgré l'oppression du nombre très important de personnes sur le campus, et malgré la pression constante de savoir le compte à rebours commencé vers la vie active et l'obligation imminente d'avoir "un rôle social". Voilà pourquoi :

- Le grand nombre de personnes crée un anonymat relatif qui, paradoxalement permet de ne plus subir les relations sociales, de ne parler que si l'on en a envie, quand on en a envie et à qui on en a envie, personne pour vous reprocher de ne pas vouloir s'intégrer en ne mangeant pas avec les autres (cf. vie active), personne pour se moquer, insulter, faire de vous un bouc-émissaire (cf. collège), la solitude n'y est plus discriminante.

- Les relations sont donc choisies en terme de personnes et de moment.

- La réussite redevient un facteur d'intégration sociale et n'est plus discriminante non plus (comme elle a pu l'être au collège).

- De plus, pour peu qu'on soit dans une discipline qui colle à "l'intérêt restreint", le contact est forcément plus facile - moins de codes, moins de choses insipides et de conversations vides

- Toujours pour peu qu'on soit dans une discipline qui corresponde à "l'intérêt restreint", on peut véritablement fonctionner à performance normale et consacrer tout notre temps à ce qui nous intéresse - en d'autres termes, on excelle sans avoir l'impression de travailler

- La fac permet également une grande souplesse d'horaires et d'organisation, ce qui est un aménagement non négligeable pour qui a de gros troubles du sommeil, qui craint les heures de pointes, etc.

- On peut rester beaucoup plus dans sa chambre pour travailler et s'organiser à sa guise dans son travail - personne pour convoquer vos parents car vous ne prenez pas de notes, avez un problème avec l'agenda, n'avez pas vos affaires, on peut ne pas venir dans les périodes où ce n'est vraiment pas possible.

- [D'autres idées viendront peut-être]


J'ai eu, comme tout le monde des pics de bonheurs avant et après mais en terme de tendance, l'université a été également pour moi la période la plus heureuse - collège/lycée : la pire.

Enfin, je suis conscient que tous n'ont pas la chance d'aller à la fac et j'ai moi-même eu un parcours scolaire difficile avant l'université, il s'en est fallu de peu que je n'y mette (misse) jamais les pieds.
Plutôt d'accord, je le vois aussi pas mal comme ça, cependant pour moi ça s'était amélioré dès les 2 dernières années de lycée déjà
30 ans, TSA diagnostiqué Janvier 2019
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Cjay
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par Cjay »

Quel sujet...

Pour ma part, je me permets d'y participer malgré que je ne sois pas diagnostiqué à l'heure actuelle.

Enfance étrange. J'ai toujours été très passionné, d'abord par les machines à laver devant lesquelles je pouvais rester des heures à les voir tourner et en attendant avec impatience l'essorage. Puis plus généralement tout ce qui touche au mobilier et à l'immobilier (systèmes comme les VMC, ventilateurs, Skidômes) qui m'impressionnaient de part leur fonctionnement et leur utilité. Puis, comme ça tourne, les voitures. A 6-7 ans je savais différencier les caractéristiques d'un moteur athmo/turbo, V6, V8, traction/propulsion etc... C'est d'ailleurs comme ça que j'alignais mes petites voitures, par leur caractéristiques, sans jamais les faire jouer.

Bien sûr, je ne faisais que penser à ce qui me passionnait et ne jouait pas avec les autres enfants, ce qui alertait les enseignants qui m'envoyaient moi et mes parents chaque année chez le psychologue.
De plus j'avais beaucoup de mal à monter et descendre les escaliers, à être propre la nuit et incapable de porter un bonnet, une casquette ou un sous-pull (si, si, ma mère me faisait porter ça!).

Mon isolement a continué mais s'est empiré puisque je suis devenu soudainement bègue à l'âge de 6 ans, ce qui m'a rendu muet durant cinq ans. J'avais un copain qui partageait certains intérêts avec moi mais qui m'ennuyait car il ne collectionnait pas suffisamment d'infos par rapport à moi.

Puis arrivé au collège, j'ai retrouvé la parole après quelques années chez l'orthophoniste et j'ai alors découvert la musique en commençant à jouer de la guitare, ce qui m'a permis de me faire mes premiers amis, ceux qui s'y intéressaient aussi. Mais comme d'habitude, j'ai collecté des informations précises, classées et datées sur la musique (artistes, albums, années, styles, matériel utilisé, formes d'ondes, spectres musicaux etc...) et à ce jour un de mes seuls amis est l'une de ces rencontres qui a le même intérêt que moi presque à la même intensité.

Comme pas mal d'entre vous, la fac fut une période heureuse pour moi puisque j'ai fait un master en musique, ce qui m'a permis d'être comme un poisson dans l'eau avec uniquement des personnes qui s'intéressent aux mêmes choses que moi (seuls sujets de conversations que je suis capable d'avoir de manière sérieuse et aisée) et puisque c'est à ce moment que je me suis enfin mis en couple aussi. J'ai alors commencé à me sentir mieux dans mes pompes et à intéragir avec pas mal de personnes via le second degré et les blagues. Ce qui est marrant est que je ne comprends presque exclusivement que les jeux de mots que je fais et que parfois quand les autres en rient je croient qu'ils se moquent de moi, encore aujourd'hui haha. Parfois, si je réalise ma bêtise, je ris de moi.

Aujourd'hui je travaille dans la musique et je suis assez heureux. Mais, entouré de beaucoup de monde au quotidien dans le cadre de mes activités professionnelles, en milieu d'après midi je "déraille" souvent car très bavard et maladroit en société, mon cerveau se fatigue vite à force d'efforts de formalité, et finit par faire sortir des propos aléatoires de ma bouche. Heureusement, je travaille avec des musiciens qui prennent cela pour de l'excentricité due à une personnalité artistique bizarroïde. J'ai réussi à surmonter certaines difficultés mais il me reste un bon bout de chemin à faire.

Aujourd'hui, en y repensant, je ne suis pas mécontent d'avoir fait ces choix,en particulier ceux de me professionnaliser dans l'artistique. Cependant, mon anxiété, ma maladresse sociale, mon incompréhension des autres me pèsent encore, mais on s'éloigne du sujet :)
En Psychologie spécialisée TSA: ADI-R passé, et diagnostic TSA posé selon DSM + comorbidités.
Il me reste à confirmer ce diagnostic auprès d'un psychiatre (CRA? Libéral, à voir)...
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Cjay
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Re: Hommes Asperger, comment étiez-vous durant votre enfance

Message par Cjay »

freeshost a écrit :.
Ton blog est inaccessible.
En Psychologie spécialisée TSA: ADI-R passé, et diagnostic TSA posé selon DSM + comorbidités.
Il me reste à confirmer ce diagnostic auprès d'un psychiatre (CRA? Libéral, à voir)...